LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI
Bonsoir à tous. Merci de cet accueil chaleureux.
C’est un honneur d’être ici. C’est vraiment un privilège d’être invité au banquet de la Saint-Matthieu et un privilège encore plus grand de m’adresser à vous.
J’aimerais d’abord remercier le maire Scholz de son aimable invitation. C’est tout un défi de prendre la parole après le ministre des Affaires étrangères, M. Gabriel, mais je vais faire de mon mieux, bien humblement, comme les Canadiens savent le faire.
Vous savez. Quand on a reçu l’invitation du Maire à participer à ce souper historique, il n’y avait aucun doûte que j’allais faire le voyage.
Évidemment la réputation de ce souper, tant pour cet excellent repas que pour la salle magnifique, est bien connue, mais le choix d’accepter l’invitation à été rendu facile à cause de l’amitié entre nos deux peuples.
On est partenaires sur la scène mondiale depuis longtemps.
Les Canadiens et les Allemands valorisent la démocratie et la primauté du droit. Nous comprenons l’importance de la coopération internationale et du partenariat. Et nous partageons une vision progressiste du monde, puisque nous connaissons bien les opportunités qui accompagne le changement.
Je dis souvent que l’objectif de notre gouvernement est d’aider la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie. Et c’est justement grâce à cette vision du changement que nous avons été élus. Les Canadiens s’inquiètaient de leur avenir, et nous leur avons promis de les appuyer en cette période d’incertitude.
Cette inquiétude – cette anxiété – n’est pas unique au Canada. Elle est partout.
Les gens de partout dans le monde ont peur de ce que l’avenir leur réserve.
Et qui pourrait le leur reprocher?
Au rythme où vont la mondialisation et les changements technologiques, les gens craignent réellement que la situation de leurs enfants soit pire que la leur. Qu’ils n’auront pas les mêmes possibilités que nous, même s’ils sont beaucoup plus instruits et infiniment plus habiles avec les technologies.
Les citoyens, quelle que soit leur allégeance politique, cherchent la voie à suivre. Ils veulent du leadership. Ils cherchent une voix.
Et, jusqu’à présent, ils se sentent un peu laissés pour compte.
Quand des entreprises affichent des profits records sur le dos de travailleurs qui se font constamment refuser un emploi à temps plein – et la sécurité d’emploi qui l’accompagne – les gens se sentent rejetés.
Et quand les gouvernements favorisent des intérêts particuliers au lieu des intérêts des citoyens qui les ont élus, les gens perdent espoir.
Les écarts grandissants provoquent une perte de confiance à l’égard des gouvernements, des employeurs.
Et cela devient « nous » contre « eux ».
Nous voyons cette inquiétue se transforme en colère presque quotidiennement.
Les gens ont comme réflexe de se replier sur eux. De céder au cynicisme. De s’éloigner les uns des autres.
Il est donc temps pour nous, en tant que leaders politiques et dirigeants d’entreprise, d’en faire plus. Il est temps de s’attaquer vraiment aux problèmes auxquels font face les gens de la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie. Que votre objectif soit de bâtir une entreprise prospère ou de diriger un gouvernement respecté et efficace, le temps est venu de se rendre compte que les vieilles façons de faire ne fonctionne plus.
On ne peut pas appliquer un ancien modèle et s’attendre à réussir dans ce nouveau monde.
Les gens sont en quête de leadership. Il revient à chacun d’entre nous de déterminer le genre de leadership qu’ils vont trouver.
Les gens n’ont pas besoin de leaders pour leur dire qu’ils ont des problèmes.
Les gens ont besoin de leaders pour les aider à trouver des solutions, collectivement.
Je veux profiter de ce discours pour nous lancer un défi. En insistant sur le fait que pour relever les défis auxquels nous faisons face, il faut agir vraiment, il faut un vrai leadership. Je choisis de le dire ici, en Allemagne, parce que je sais que vous comprenez. En ce qui concerne les valeurs, l’approche, la réussite inclusive, vous êtes sur la bonne voie et vous êtes un exemple à suivre.
Mais nous devons tous en faire davantage.
Pour les dirigeants d’entreprise, il s’agit de penser au-delà de la responsabilité à court terme envers les actionnaires. Vous avez une autre responsabilité tout aussi importante envers les travailleurs, leur famille et les communautés qui vous soutiennent.
Il est temps de verser un salaire suffisant. De payer vos impôts et d’offrir à vos travailleurs les avantages – et la paix d’esprit – de contrats stables et à temps plein.
On ne peut insuffler de la loyauté dans une culture d’entreprise quand les employés sont surmenés et se sentent dévalorisés. Donnez à vos employés des opportunités qui leur permettront de perfectionner et de moderniser leurs compétences pour un monde qui évolue constamment.
Vous devez faire partie des communautés où vous avez des activités en prenant conscience que ces villes vous soutiennent et que vous, vous devez les soutenir à leur tour.
Et quand vous apprenez qu’une employée attend un enfant, félicitez-la. Ne la laissez pas se demander si elle aura un emploi à son retour.
Vous devez veiller à ce que le milieu de travail, surtout dans les hauts échelons, soit le reflet de toute la diversité de la société.
Il est temps d’élargir la vision de la relation entre l’employeur et l’employé. De traiter les employés comme des partenaires de la réussite.
Je comprends parfaitement l’ironie de la situation : je parle des combats de la classe moyenne à une salle où les gens portent des smokings et des robes de bal, tout en portant moi-même un nœud papillon.
Mais c’est une discussion nécessaire. Nous devons prendre conscience de notre responsabilité collective envers les gens qui nous ont élus. Envers ceux qui nous ont fait confiance.
Ce n’est pas dans cette pièce que nous allons trouver les réponses. Les réponses sont ailleurs. Après avoir quitté cette salle, nous devrons tous bien écouter les gens qui s’inquiètent de leur avenir.
Entendre en personne leurs préoccupations, trouver des solutions avec eux et les mettre en œuvre.
Le changement n’est pas chose facile et le travail nécessaire commence avec chacun d’entre nous – dans nos salles de réunion, autour de la machine à café et dans nos parlements.
En ce qui concerne les parlements, permettez-moi de vous parler un peu de ce le nôtre à fait au Canada.
Nous savons que nous sommes loin d’être parfaits, mais notre succès n’est pas venu tout seul et nous savons qu’il faudra des efforts pour que les choses demeurent ainsi. Au cours des dernières années, j’ai écouté les gens me parler de leurs inquiétudes. Du fait que la marée ne parvenait pas à soulever tous les bateaux.
Au Canada, nous avons pris certaines mesures pour aider à soulager cette inquiétude. Pour aider les gens à composer avec l’incertitude liée à un monde qui évolue constamment.
Par exemple, nous avons augmenté les impôts du 1% des plus riches, afin de pouvoir baisser les impôts de la classe moyenne.
Nous avons amélioré les prestations pour enfants en introduisant une nouvelle allocation canadienne pour enfants mensuelle et non imposable. Cette initiative permet à neuf familles sur dix d’avoir plus d’argent pour faire face à ce qu’il en coûte pour élever leurs enfants. Grâce à elle, nous sommes sur le point de réduire d’environ 40 pour cent la pauvreté chez les enfants dans notre pays.
Nous avons augmenté l’aide financière aux étudiants canadiens afin de rendre les études postsecondaires plus abordables.
Et nous investissons dans une foule de programmes de formation et d’emploi destinés aux travailleurs canadiens sans emploi ou sous-employés, pour leur permettre de perfectionner leurs compétences et ainsi d’être prêts à entrer sur un marché du travail moderne.
Ce ne sont que quelques exemples de ce que nous avons fait pour aider les gens à s’adapter et à absorber les changements que nous ressentons tous.
Nous n’aurions pas pu le faire sans d’abord écouter les Canadiens.
En fait, avant de venir ici, pendant un mois et demi, j’ai parcouru le Canada. En l’espace que quelques semaines, j’ai participé à une douzaine d’assemblées publiques, en remplissant des arénas et des centres communautaires, j’ai répondu à des questions pendant des heures. Sur tout et sur rien. Aucun scénario, aucune mise en scène. J’ai simplement écouté les Canadiens de la classe moyenne me faire part de leurs préoccupations. Et surtout, de l’aide dont ils ont besoin de la part de mon gouvernement.
Les politiciens dans la salle penseront sans doute qu’il peut être très risqué de répondre à une foule de questions pendant des heures. C’était imprévisible et, à certains moments, très intense. Mais c’est seulement en ayant ces conversations difficiles que nous pouvons aller au cœur des sujets importants.
Je veux vous laisser avec ceci : il est toujours possible de faire mieux. Et nous devons faire mieux.
Nous ne réussirons pas chaque jour.
Mais les Canadiens et les Allemands doivent continuer à donner l’exemple.
Mais que vous soyez à la tête d’une entreprise ou d’un gouvernement, le moment est venu de réaliser que cette colère et cette anxiété qui s’emparent de notre monde sont bien réelles. Et elles sont là pour rester.
Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les préoccupations de nos travailleurs et de nos citoyens. Nous devons régler les causes profondes de leurs préoccupations et prendre au sérieux l’effet que la transformation de notre économie a sur la vie des gens.
Mesdames et messieurs, nous pouvons tous jouer un rôle pour alléger la transition vers la nouvelle économie.
Pour commencer, il faut écouter.
Faisons mieux, parce que nous savons que nous le pouvons.
Pour nos citoyens, pour nos travailleurs et pour le monde entier.
Merci beaucoup.