Main Container

logo

Discours du premier ministre à l’Université Cheikh Anta Diop au Sénégal

Main Content

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Chers étudiants, chers amis.

Monsieur le recteur, distingués invités, bonjour.

Tout d’abord, merci de m’accueillir à l’UCAD, un lieu empreint d’histoire où ont été formés de nombreux leaders qui ont laissé leur marque sur le Sénégal.

Je suis arrivé il y a quelques jours et je comprends bien maintenant pourquoi la « teranga » sénégalaise est légendaire.

Vous savez, avant de faire le saut en politique, j’étais enseignant.

Et je dois vous avouer que parfois, les salles de cours et les jeunes me manquent. Les événements comme celui-là, où j’ai la chance d’échanger avec des étudiants, sont parmi mes préférés.

Je suis donc très heureux d’être avec vous aujourd’hui.

Il y a quelques semaines, nous avons tous célébré l’arrivée non seulement d’une nouvelle année, mais d’une nouvelle décennie.

L’année 2020 marque un véritable tournant dans notre histoire commune.

Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir qui les attend.

Sur les tendances, les défis et les opportunités qui définiront notre époque.

Nombreux sont ceux qui se demandent à qui appartiendront les 10 prochaines années.

Pour ma part, j’ai tendance à penser que l’avenir appartiendra à ceux et celles qui sauront innover et concrétiser des nouvelles idées.

À ceux qui feront preuve d’audace et d’ambition.

À l’aube de cette nouvelle décennie, les défis auxquels le monde est confronté transcendent les frontières.

Les changements climatiques. Le terrorisme. Les épidémies. Les cyberattaques.

Les écarts sociaux qui persistent, qui s’aggravent.

Ce sont des enjeux qui nous touchent tous d’une façon ou d’une autre.

Votre génération le sait mieux que quiconque.

D’abord, ces défis font partie de votre quotidien. Vous les étudiez en cours. Vous les voyez aux nouvelles. Dans certains cas, vous en avez même fait l’expérience.

Mais au-delà des défis et des enjeux, ceux qui ont grandi dans l’ère de l’information saisissent également les opportunités que présente cette époque nouvelle.

Je ne vous apprends rien en disant que vous maîtrisez les nouvelles technologies beaucoup mieux que vos aînés.

La technologie et l’innovation jouent un rôle toujours plus important au sein de l’économie mondiale.

À travers le monde, les jeunes en profitent.

Ici, au Sénégal, cette génération branchée – votre génération – s’affirme comme un moteur de croissance.

Vous lancez de nouvelles entreprises. Vous innovez. Vous bâtissez l’avenir auquel vous aspirez.

Un avenir plus juste, plus prospère et plus prometteur.

Dans les dernières années, le Sénégal est devenu un pôle commercial majeur non seulement sur le continent africain, mais sur l’échiquier mondial.

Le Sénégal a tant d’atouts – et c’est en partie en raison de sa jeune main-d’œuvre instruite et motivée.

Les pays du monde en prennent note. Le Canada ne fait pas exception.

Les jeunes sont déjà des leaders qui nous montrent la voie à suivre à bien des égards.

Les jeunes Sénégalais et la jeunesse africaine plus largement en témoignent.

Mais pour relever les grands défis de notre époque – pour saisir pleinement les opportunités de demain – les jeunes doivent pouvoir compter sur des gouvernements qui eux aussi sont prêts à innover.

Au Canada, au Sénégal et ailleurs, les dirigeants se doivent de travailler ensemble pour assurer la réussite de ceux qui nous ont élus.

C’est à nous de créer les conditions propices à votre épanouissement.

À nous de vous donner les outils nécessaires pour occuper les emplois de demain, pour renforcer nos communautés, pour vous dépasser.

Et c’est ce qui m’amène ici aujourd’hui.

Le Canada et le Sénégal entretiennent des liens solides – des liens historiques qui reposent notamment sur une langue et des valeurs communes.

Je pense par exemple à la diversité religieuse. Les musulmans et les chrétiens vivent ici non seulement en harmonie, mais aussi dans l’amitié.

Comme vous, les Canadiens savent que la diversité fait notre force.

Nous sommes également tous deux des porte-parole visionnaires de la Francophonie contemporaine, et nous collaborons au sein de plusieurs organisations multilatérales.

Cela dit, je crois qu’une grande partie du potentiel entre le Canada et le Sénégal – et, de façon générale, entre le Canada et l’Afrique francophone – demeure encore inexploitée.

Le continent africain est là où j’effectue ma première tournée internationale de l’année et de la décennie parce que je veux que ça change.

Je veux que les entrepreneurs canadiens découvrent le talent, le savoir et le marché africains.

Je veux encore plus que vous fréquentiez nos universités et que nos jeunes fréquentent les vôtres.

Je veux multiplier les partenariats dans des domaines comme l’intelligence artificielle, la lutte contre les changements climatiques, l’utilisation durable des ressources naturelles, l’innovation, la santé et l’aérospatiale.

Je veux faire passer notre partenariat à un niveau supérieur.

L’engagement du Canada à devenir un partenaire encore plus solide pour le Sénégal et pour la jeunesse africaine s’exprime en deux temps, soit sur le plan bilatéral et sur la scène internationale.

Le but de notre visite cette semaine est de célébrer la relation très spéciale que le Canada entretient avec le Sénégal et, surtout, d’intensifier notre partenariat.

Hier, par exemple, j’ai participé à l’inauguration d’un nouveau bureau du Centre de recherches pour le développement international pour l’Afrique de l’Ouest.

Notre objectif est d’appuyer l’innovation et la recherche réalisées ici.

Pour que les jeunes scientifiques et entrepreneurs puissent mettre leurs idées en pratique.

En 2018, nous avons également annoncé l’initiative de chaires de recherche africaines O.R. Tambo, qui a pour but de faire progresser la recherche et l’innovation sur le continent.

Nous venons tout juste d’annoncer le nom des 10 chercheurs africains qui bénéficieront de ce nouveau programme visant à soutenir leurs travaux.

Ces jours-ci, les Canadiens et les Sénégalais se penchent sur les mêmes questions.

On s’inquiète des écarts qui persistent.

Les écarts – entre hommes et femmes, entre riches et pauvres, entre régions rurales et urbaines – qui font obstacle à notre prospérité commune.

Le président Sall et moi en avons beaucoup parlé au fil des ans et nous avons resserré notre collaboration pour les combler.

Depuis le début de mon mandat, l’une des priorités phares de mon gouvernement est de faire avancer l’égalité des sexes chez nous et ailleurs.

Parce qu’aucun pays ne peut espérer atteindre son plein potentiel sans la participation de tous ses citoyens.

Nous avons réalisé des progrès importants au cours des dernières années.

Au Canada, nous avons un cabinet paritaire et ici, près de 50% des parlementaires sont des femmes.

Mais encore aujourd’hui, les femmes se voient refuser des opportunités simplement parce qu’elles sont des femmes.

Mais en plus, il faut souligner que les obstacles auxquels les femmes sont confrontées ne sont pas toujours les mêmes.

Les personnes dont l’identité se situe à l’intersection de différents groupes font face à des obstacles additionnels. Je pense par exemple aux expériences des femmes handicapées.

La discrimination fondée sur le sexe se manifeste dans nos milieux de travail, dans nos écoles et dans notre vie de tous les jours.

Les femmes le savent trop bien.

C’est inacceptable. Nous devons faire mieux.

Souvent, les fossés commencent à se creuser dans les salles de cours ou même avant – lorsqu’on décide qui mérite une éducation, qui mérite une chance de réussir.

Or, l’éducation devrait être le droit de tous et non le privilège de quelques-uns.

C’est pourquoi mon gouvernement s’est engagé à appuyer l’égalité des sexes à tous les niveaux et dans tous les domaines.

Hier, nous avons annoncé un nouvel investissement dans l’éducation des jeunes Sénégalaises qui travaillent dans des domaines comme la science, les mathématiques et l’innovation.

Des domaines où les femmes sont encore sous-représentées.

Nous faisons aussi des investissements similaires pour les jeunes Canadiennes, parce que nous savons que l’innovation et la technologie joueront un rôle encore plus important dans l’économie de demain.

La création d’emplois n’est qu’une partie de l’équation. Il faut également veiller à ce que les jeunes aient les compétences nécessaires pour saisir ces nouvelles opportunités.

Sur la scène mondiale, le Canada s’attaque aux grands défis auxquels notre monde est confronté avec ses partenaires.

La lutte contre le terrorisme. Les cyberattaques. La pauvreté.

Mais la plus grande menace à laquelle nous faisons face, non pas en tant que pays, mais en tant que monde, ce sont les changements climatiques.

Nous travaillons avec les pays d’Afrique pour atténuer les conséquences du réchauffement planétaire, protéger l’environnement et bâtir des économies plus vertes.

Dans le cadre de notre présidence du G7, j’ai travaillé de près avec le président Sall et l’ensemble des partenaires à la table du G7 pour élaborer la Charte sur les plastiques dans les océans.

Cette initiative rassemble gouvernements, entreprises et membres de la société civile autour de la santé de nos océans.

C’est une bonne nouvelle non seulement pour l’environnement, mais pour l’économie puisque des milliers d’emplois dépendent de nos littoraux et de nos eaux.

Le réchauffement planétaire, la pollution plastique, la montée du niveau de la mer, la surpêche – tout ça menace le gagne-pain de nombreux travailleurs.

Ce n’est pas un enjeu sénégalais ou canadien. C’est un enjeu mondial.

Avant de venir à Dakar, j’étais en Éthiopie pour participer au Sommet de l’Union africaine.

Parmi les sujets abordés, nous avons parlé de l’économie bleue et de la manière dont nous pouvons travailler ensemble en vue d'exploiter le potentiel économique des océans de façon durable.

Pour assurer la prospérité de nos communautés et de nos économies à long terme, tous les pays à travers le monde doivent repenser leur façon de faire.

Et là, encore une fois, les jeunes nous montrent le chemin à suivre.

Vous savez, lorsque mon gouvernement est arrivé au pouvoir en 2015, nous nous sommes engagés à renouveler la relation que le Canada entretient avec le Sénégal, et le continent africain dans son ensemble.

Je suis ici aujourd’hui parce que je veux approfondir encore plus les liens qui nous unissent.

Comme on dit au hockey, on a l’avantage de la glace.

Nous parlons la même langue. Nous avons les mêmes valeurs.

Et surtout, nous partageons les mêmes ambitions.

Comme vous, nous voulons contrer les effets d’un climat qui se dérègle.

Comme vous, nous voulons combler les écarts, créer des emplois, encourager l’innovation, assurer la sécurité de tous et veiller au bien-être de chacun.

Ces jours-ci, nombreux sont les pays qui prônent leur différence.

Qui se définissent par les enjeux qui leur sont propres, par les avantages qui font leur exception.

À première vue, le Canada et le Sénégal peuvent paraître comme deux endroits très différents.

Situés sur deux continents, séparés par un océan.

Mais adopter une vision aussi étroite du monde, c’est mal comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés.

C’est se priver non seulement des solutions, mais des opportunités qui sont à notre portée.

Les jeunes le savent mieux que quiconque.

Mes chers amis, cette nouvelle décennie peut être le début d’un nouveau chapitre pour le Canada et le Sénégal – pour les jeunes Canadiens et la jeunesse africaine.

Le Canada veut être votre partenaire à parts égales et à part entière.

Je nous invite donc à oser la collaboration.

À faire preuve d’imagination et d’ambition.

L’avenir auquel nous aspirons est à portée de main.

À nous de le saisir non seulement en tant que partenaires, mais en tant qu’amis.

Encore une fois, merci de cet accueil chaleureux.