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Allocution du premier ministre devant le Parlement des Pays-Bas

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LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Dank u wel, Madame la Présidente Bergkamp.

Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Députés, chers amis, c'est un honneur de m'adresser à vous aujourd'hui dans cette salle historique.

Comme on l'a souligné, chaque automne, les bulbes de tulipes que vous – les Néerlandais – nous envoyez sont plantés dans des jardins et des parcs partout à Ottawa.  

En fait, ils ont été plantés la semaine dernière.  

Et ces tulipes poussent chaque printemps, peu importe la longueur de l'hiver et le froid qu'il fait au Canada – et je peux vous dire que notre hiver est long et froid.  

Mes amis, nous sommes convaincus que les mesures que nous prenons aujourd'hui produiront des résultats demain.

Parce que si nous semons les graines d'un avenir meilleur, ce jour meilleur arrivera.

C'est ce que croyaient les soldats canadiens lorsqu'ils ont débarqué sur les plages d'Europe il y a 80 ans.  

C'est ce qu'ils croyaient lorsqu'ils se sont battus pour se frayer un chemin jusqu'aux Pays-Bas.  

Alors qu'ils repoussaient canal par canal, ville par ville, les forces obscures du fascisme.

Plus tard aujourd'hui, je vais visiter le Cimetière de Bergen-op-Zoom où de nombreux soldats canadiens ont été enterrés.

Et quand je rendrai hommage à ceux qui ont fait l'ultime sacrifice, je penserai à tout ce pour quoi ils se sont battus.

À l'héritage qu'ils ont laissé.

En voyant des noms comme Lloyd MacDonald et Romeo Gagnon, je me rappellerai aussi, bien sûr, que le Canada est un pays bilingue.  

Ce matin, je vais donc m'inspirer du multilinguisme pour lequel sont reconnus les Pays-Bas et rester fidèle à mon bilinguisme canadien.

Nos deux pays sont unis par des générations de gens qui ont tout mis en œuvre pour bâtir de meilleurs lendemains.

Des gens qui ont défendu ce qui leur était cher.

Je pense à la démocratie et aux droits de la personne, à la conviction que tous les êtres sont égaux et que l’union fait véritablement la force.

Et nous devrions en être fiers.

Nous devrions nous en réjouir.  

Mais en fait, ce n’est pas ce dont je veux parler aujourd’hui.

Si nos deux pays sont liés, et je sais que nous le sommes, c'est non seulement par notre histoire commune, mais aussi par notre avenir commun.

En tant qu'amis, alliés et partenaires de part et d'autre de l'Atlantique, le Canada et les Pays-Bas sont tous deux attachés aux lendemains meilleurs que nous voulons voir et aux valeurs progressistes qui nous y mèneront.  

La primauté du droit.

La croyance en la raison.

La défense des droits de la personne.

Les institutions multilatérales qui servent le bien commun en faisant la promotion de l'équité et de l'égalité.

Bien sûr, vous savez déjà tout cela.

Après tout, bon nombre de ces idées et de ces idéaux sont représentés ici.

Je pense au fait que, bien avant que le siècle des Lumières ne balaie l'Europe, vous, ici aux Pays-Bas, étiez des pionniers du progrès, prônant la raison et la science comme voie à suivre.  

Mes amis, cette voie est toujours la nôtre.

Et c'est ce dont je veux vous parler aujourd'hui.

Notre génération est confrontée à de réels défis.

La montée du populisme et de l'extrémisme.

Un monde plus imprévisible.

Des travailleurs qui perdent leur emploi à cause de l'automatisation.

Des feux de forêt qui dévastent des villes entières et le niveau de la mer qui monte dans des pays entiers.

Ce n'est pas le monde de ces penseurs néerlandais d'il y a des centaines d'années.  

Ce n'est pas le monde dans lequel nos grands-parents ont combattu côte à côte le régime nazi.

Mais si la radicalisation en ligne pousse quelqu'un à haïr son concitoyen, est-ce vraiment si différent de l'intolérance que nos grands-parents ont cherché à vaincre?

À l'ombre des grandes puissances, de la concurrence et de l'autoritarisme, la voie à suivre n'est-elle pas celle de la primauté du droit, des valeurs universelles et de la coopération?  

Pour les travailleurs qui s'inquiètent de leur avenir, l’établissement d’économies qui profitent à tous n’est-elle toujours pas la solution?   

Et alors que les changements climatiques menacent notre monde, ne sommes-nous pas une fois de plus appelés à nous mobiliser pour offrir à nos enfants un avenir meilleur?

Le populisme et l’extrémisme.

Les inégalités.

Les menaces pour l’environnement.

Ces défis ne sont pas nouveaux.

Ce sont des enjeux que nous connaissons depuis longtemps et que nous avons déjà réussi à régler à d’autres époques.

Alors, il faut se dire que les solutions sont peut-être plus près de nous que nous le pensons.

À seulement 10 minutes d'ici se trouve la Cour pénale internationale.

Lorsque nous parlons de notre engagement commun envers les valeurs progressistes, il est difficile de trouver un meilleur exemple.

Après tout, une équipe de Canadiens a joué un rôle central dans la mise en place de cette cour qui a maintenant son siège ici même à La Haye.  

C'est la preuve qu’ensemble nous pouvons nous dresser – et nous nous sommes dressés – contre l'injustice, la haine et les pires crimes.  

Et c'est la preuve que notre réponse à ces injustices repose toujours sur la primauté du droit et sur notre engagement à respecter les droits de chaque personne.  

Voilà les bases que nous avons jetées ensemble.

Les bases sur lesquelles nous pouvons nous appuyer.

Au Canada, nous nous attaquons à la haine et à la radicalisation en ligne et nous assurons la sécurité de nos communautés au moyen de mesures visant à protéger les lieux de culte et les centres communautaires.   

L'antisémitisme ne doit jamais être toléré, et il en va de même pour l'islamophobie et la haine sous toutes ses formes.

Bien entendu, ce travail s’étend au-delà de nos frontières.

Je pourrais vous parler de la nouvelle filière d'immigration que nous mettons en place pour offrir un refuge sûr aux défenseurs des droits de la personne qui sont en danger, y compris ceux de l’Afghanistan, un autre endroit où les Néerlandais et les Canadiens ont défendu côte à côte la paix et les droits de la personne.  

Ou du lancement d'un nouveau centre canadien pour promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance dans le monde.

Ou encore du fait que nous continuerons d'accroître le soutien que nous apportons aux institutions et aux groupes qui défendent la démocratie, les droits de la personne et le droit international dans le monde.  

Je pourrais vous parler de tout le travail que le Canada a accompli à l’égard de la démocratie, des droits de la personne et du droit international. 

Mais au bout du compte, tout se résume à ceci : 

Nous savons quel monde nous voulons.

Et nous savons que nous ne pourrons pas le bâtir seuls. 

Nos deux pays sont solidaires dans la défense des droits de la personne et de la primauté du droit.

Le Canada et les Pays-Bas font une intervention conjointe devant la Cour internationale de Justice pour que des comptes soient rendus aux Rohingyas qui ont été victimes d'un génocide.  

Et nous avons uni nos efforts pour tenir le gouvernement syrien responsable des crimes contre l'humanité qu'il a commis contre ses propres citoyens.  

Les points que je viens d'exposer peuvent sembler si évidents pour les personnes présentes dans la salle que l'on pourrait se demander pourquoi il faut même les exprimer.  

Mais en cette époque de déraison, de désinformation, de scepticisme et de cynisme, nous devons reconnaître qu'il y a des gens qui veulent détruire ce que nous construisons et qui s'opposent à ces valeurs positives que nous partageons.  

Et soyons francs.

Il n'y a pas que des conspirationnistes et des personnes marginalisées en colère sur Internet.

Il y a aussi des acteurs étatiques qui utilisent la désinformation, la propagande et la cyberguerre pour nuire à nos économies et à nos démocraties et pour saper la confiance des gens dans les principes qui nous unissent.

Nous devons donc rester forts et unis.

Au sein de l'OTAN, de l'ONU et des tribunes multilatérales du monde entier, pour répondre à la menace de l'autoritarisme par le travail acharné de la démocratie.  

Pour contrer les menaces qui pèsent sur la sécurité et la stabilité.

Et pour montrer que les sociétés qui acceptent les différences, qui prônent le débat ouvert et qui se soucient de chacun de leurs citoyens offrent en fin de compte un meilleur présent et un meilleur avenir pour tous.

Nous ne sommes pas en première ligne d'une guerre mondiale comme l'étaient nos grands-parents.  

Cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons simplement nous croiser les bras et présumer que le travail qu'ils ont commencé est terminé.  

Mes amis, notre travail ne fait que commencer.

Au Canada, nous devons nous attaquer aux injustices auxquelles les peuples autochtones sont confrontés depuis bien trop longtemps.

Le gouvernement a un véritable rôle à jouer.

C'est pourquoi nous travaillons d'arrache-pied à tous les dossiers, de l'eau potable à la réparation des torts historiques.

Mais les personnes ont aussi un rôle à jouer.

Parce que la réconciliation – ou, d'ailleurs, le fait de bien traiter une communauté – est un travail partagé.  

Et je sais que nos citoyens sont tout à fait à la hauteur de la tâche. 

Il suffit de penser à ce que nous avons tous été capables d'accomplir au cours des 18 derniers mois.

La COVID-19 est un défi auquel nous n'aurions jamais pu nous attendre.

Mais des pays comme les nôtres, comme le Canada et les Pays-Bas, réussissent à s’en sortir.

Il y a bien des raisons à cela.

Ne nous faisons pas d'illusions, nous avons eu la chance, en tant que pays du Nord, en tant que nations commerçantes, d'obtenir les vaccins dont nos citoyens ont besoin plus rapidement que la plupart des autres pays.  

Mais il y a aussi une autre raison.

Et celle-ci est que nous vivons dans des pays où les gens veillent les uns sur les autres.  

Où nous sommes prêts à rester à la maison pour protéger nos voisins, et où nous savons qu'il est dans notre intérêt à tous que la petite entreprise du coin reste à flot.   

Avec le début de la fin de cette pandémie et de cette crise économique mondiale, on a la chance de rebâtir en mieux.

Et, pour ce faire, nos économies doivent d’abord être fortes, résilientes et profitables à tous.

Comme nos pays prônent la libéralisation des échanges commerciaux, il est clair que, si nous refermons nos portes, nous ne pourrons pas créer de bons emplois ou laisser nos entreprises croître.

Si dans chacun de nos pays nous voulons favoriser une prospérité partagée et bâtir une classe moyenne forte, nous devons placer notre confiance dans des échanges commerciaux justes et progressistes. 

Et il ne fait aucun doute que le Canada et les Pays-Bas le savent déjà.

Grâce à l’AECG, nous avons déjà fait augmenter de 18 % le commerce de marchandises entre nos pays et de 50 % le commerce de services.   

Nous travaillons ensemble en tant que nations prônant la libéralisation des échanges commerciaux.

Ce qui veut dire plus de bons emplois bien payés pour la classe moyenne.

Plus de possibilités et de clients pour nos petites entreprises. 

Plus de croissance pour l’ensemble de l’économie.

C’est pourquoi le Canada, par l’intermédiaire du Groupe d’Ottawa, dirige les efforts réalisés pour réformer l’OMC. Parce qu’un système commercial ouvert, libre, équitable et fondé sur des règles peut stimuler la prospérité mondiale et renforcer la classe moyenne partout – pourvu que nous veillions à ce que ce système inclue tout le monde et à ce que tout le monde puisse en tirer des avantages.

Tout à l’heure, je vais rencontrer des dirigeants du milieu des affaires et du domaine de l’environnement pour discuter du prochain chapitre de notre collaboration.

Une innovation verte et une croissance propre qui permettent de créer de nouvelles possibilités pour les travailleurs et qui favorisent la résilience des économies, pour le bien de tous.

Mes amis, tout le monde mérite d’avoir un bon emploi.

Mais n’oublions pas que ce n’est pas le seul critère que les gens ont en tête quand ils pensent à la vie qu’ils veulent pour leurs enfants et leur famille.

Après tout, à quoi bon une économie forte ou une société ouverte si notre maison a été ravagée par des feux de forêt ou si notre quartier est complètement inondé?

Nous sommes devant une crise climatique et nous devons prendre nos responsabilités.

Les changements climatiques constituent le plus grand défi de notre génération.

Pour le relever, nous devons nous en remettre à la science.

Et entendre raison.

Parce que si nous faisons autrement, ce ne sera pas suffisant.

Je sais que vous comprenez cela. 

Les vélos, qui sont un symbole des Pays-Bas, témoignent de votre engagement.

Mes amis, c’est un exemple que nous suivons au Canada. En effet, nous avons réalisé des investissements sans précédent dans les pistes cyclables et les sentiers pédestres.

Sur la question de l’ambition climatique, nous sommes au même diapason.

Nos deux pays se sont engagés à éliminer graduellement l’électricité produite à partir du charbon.

Nous avons mis un prix sur la pollution.

Nous investissons dans l’énergie renouvelable et faisons des progrès en matière d’adaptation aux changements climatiques.

Le monde a besoin de pays comme les nôtres, qui défendent ce en quoi ils croient.

Qui disent : oui, c’est bien une crise et oui, nous pouvons nous y attaquer.

Des pays qui s’en remettent à la science.

Qui trouvent des solutions nouvelles.

Qui exercent un leadership pour le bien de nos enfants.

Et, cette semaine en particulier, nous avons la chance de faire exactement cela.

La COP26 aura lieu dans quelques jours.

Je vais y être et je sais que le premier ministre Rutte y sera aussi.

Saisissons cette occasion pour poursuivre notre collaboration.

Pour donner de bons emplois verts à nos travailleurs et laisser un avenir radieux à nos enfants.

Les changements climatiques.

Les inégalités.

La radicalisation.

Ce sont là de grands défis; plus grands que nos deux pays.

Alors, pourquoi est-il important que nous parlions de cela ici?

Pourquoi suis-je en train de vous dire tout cela, dans cette salle historique, aujourd'hui? 

C’est dans cette même salle que s’est déroulé en 1948 le Congrès de l’Europe, où les Canadiens se sont joints aux dirigeants des quatre coins de l’Europe pour rebâtir après la Deuxième Guerre mondiale.

C’est dans cette même salle qu’ils ont fait le choix de travailler ensemble plutôt que d’être divisés.

D’adhérer à la démocratie et aux droits de la personne plutôt qu’à la haine et à l’injustice.

De croire en la raison et au progrès, et de rejeter la peur et la méfiance.

C’était leur choix.

Maintenant, ce choix est le nôtre. 

Ni l’un ni l’autre de nos pays n’est le plus grand, le plus riche ou le plus puissant.

Cependant, pour bâtir un monde meilleur, il ne s’agit pas de rester seuls.

Il s’agit d’être solidaires.

Mes amis, plantons les graines – et les bulbes – d’un avenir meilleur.

Et ayons foi en leur promesse de lendemains plus prometteurs.

Merci.

Dank u wel.