Transcription - Discours sur l’anniversaire prochain de la tragédie de l’École polytechnique de Montréal de 1989
Discours sur l’anniversaire prochain de la tragédie de l’École polytechnique de Montréal de 1989
Monsieur le Président,
Il y a de ces moments où on voudrait tous avoir la capacité de retourner en arrière et changer le cours de l’histoire.
On voudrait tous que le 6 décembre 1989 ait été simplement une autre journée normale à l’École Polytechnique de Montréal.
Pour ces 14 jeunes femmes brillantes qui ont violemment perdu la vie, et pour les autres victimes de cet acte lâche et odieux dont on se souvient aujourd’hui. Dimanche, ça va faire trente et un ans qu’elles sont dans nos pensées.
Trente et un ans que sont mortes injustement Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte et Barbara Klucznik-Widajewicz.
Malheureusement, il est impossible de changer le passé, mais on peut encore changer l’avenir.
Il est de notre devoir de ne jamais oublier la nature misogyne de cet attentat antiféministe qui a frappé Montréal, le Québec et le pays tout entier au cœur de nos valeurs.
Les femmes et les filles au Canada, et partout ailleurs dans le monde, ne devraient pas avoir à craindre de réussir, d’être ambitieuses, ou de militer pour un avenir meilleur.
L’égalité homme-femme est non-négociable. Maintenant et pour toujours.
Aucun parent ne devrait avoir à pleurer la perte d’une fille comme des parents l’ont fait à Montréal il y a 31 ans.
Aucune famille ne devrait avoir à vivre un deuil inconsolable comme celles de Portapique l’ont vécu en avril dernier.
Monsieur le Président, le lobby des armes à feu n’aime pas quand on utilise le terme « armes d’assaut ».
Ils disent que c’est un terme vide de sens.
Eh bien, permettez‑moi de vous dire ce qui n’est pas vide de sens : la vie des gens que nous avons perdus à cause de ces armes.
Les Canadiens savent qu’il n’y a pas de place dans notre pays pour des armes conçues dans le but de tuer le plus grand nombre de gens possible dans le moins de temps possible.
Ils savent que ces armes n’ont pas été conçues pour chasser le cerf.
C’est pourquoi, au mois de mai, nous avons annoncé l’interdiction de 1 500 modèles d’armes à feu de style arme d’assaut, y compris le Ruger Mini-14, dont le tueur s’est servi à Montréal le 6 décembre 1989. L’achat et la vente de ces armes sont maintenant illégaux au Canada.
De plus, nous allons bientôt aller de l’avant avec une mesure législative visant à donner suite au reste des engagements que nous avons pris pour protéger les Canadiens contre la violence par arme à feu.
Il faut s’attaquer à la violence, peu importe où elle est perpétrée, en public ou à la maison.
Les femmes, les filles et les personnes aux diverses identités sexuelles méritent d’être en sécurité et de se sentir en sécurité.
Durant la pandémie, on a demandé aux Canadiens de rester à la maison lorsque c’était possible, afin de se protéger et de protéger les autres.
Ça a été difficile pour tout le monde.
Alors, imaginez à quel point ça a été plus difficile encore pour les personnes qui ne se sentent pas en sécurité à la maison, mais qui ont le sentiment de ne pouvoir aller nulle part ailleurs.
Il s’agit d’un simple fait : cette pandémie a empiré la violence fondée sur le sexe.
C’est inacceptable.
Au cours des derniers mois, nous avons accéléré les investissements dans les refuges et les maisons de transition, et nous continuons d’avancer dans l’élaboration d’un Plan d’action national sur la violence fondée sur le sexe.
Nous avons fait d’importants progrès, mais il reste toujours du travail à faire.
Et nous sommes prêts à accomplir cette tâche difficile aux côtés de militants, de bénévoles et de toutes les personnes qui luttent pour le changement.
Monsieur le Président, au mois de mai, nous avons banni 1 500 modèles d’armes d’assaut, incluant le Ruger Mini-14, utilisé en 1989 à Polytechnique.
Ces armes sont des outils conçus pour tuer des gens et elles n’ont pas de place dans notre société.
En plus, nous présenterons très bientôt un projet de loi fidèle au reste de nos engagements sur cette question.
En même temps, pendant qu’on continue de travailler à réduire la circulation de ces armes à feu, il faut aussi s’attaquer à la source même de la violence.
Nous avons un devoir de vigilance.
Nous devons contrer la misogynie, la discrimination et la haine – partout – que ce soit en ligne, à l’école, dans les milieux de travail ou n’importe où ailleurs dans nos vies.
Nous devons mettre fin à la violence et au racisme inacceptables que subissent les femmes et les filles autochtones.
Nous devons pouvoir offrir un environnement sécuritaire avec des chances égales pour tous.
Aujourd'hui, le pourcentage de femmes qui étudient en ingénierie dans de nombreuses écoles partout au pays est plus élevé que jamais auparavant.
C’est formidable, mais je sais qu’on peut faire encore mieux.
C’est important qu’on continue à prendre des mesures concrètes en vue d’encourager les femmes et les filles à entreprendre une carrière dans les domaines des STIM.
Et c’est important de ne jamais oublier pourquoi il s’agit d’un objectif qu’il faut défendre.
Nous le devons aux victimes de l’École Polytechnique, et nous le devons à tous les Canadiens.
Notre engagement envers la sécurité de nos communautés et envers l’égalité doit rester fort.
Il faut continuer de nous tenir debout aux côtés des filles et des femmes, des minorités, des survivantes et des alliés qui luttent contre toute forme de violence.
Monsieur le Président, la vie est fragile.
Trop de tragédies comme celles de la Polytechnique nous l’ont rappelé au cours des dernières années.
La vie est fragile, et c’est pour ça que nous devons faire en sorte que nos valeurs, elles, ne le soient pas.
Merci.