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LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

As-salamu alaykum.

Ces derniers temps, beaucoup de Canadiens aiment faire une promenade en soirée pour respirer un peu d’air frais après de longues journées passées à la maison durant cette pandémie.

Dimanche, à London, en Ontario, c’est ce qu’ont fait une grand-mère, deux parents et deux enfants.

Trois générations de la famille Afzaal – Salman, Madiha, leurs enfants Yumna et Fayaz, et leur grand-mère.

Mais, contrairement aux autres soirs, ils ne sont jamais rentrés chez eux.

Leurs vies leur ont été volées dans un acte de violence brutal, lâche et éhonté.

Ces meurtres ne sont pas survenus par accident.

Il s’agit d’un attentat terroriste, motivé par la haine, au cœur de l’une de nos communautés.

Monsieur le Président, je suis horrifié par l’attaque qui a enlevé la vie à quatre membres d’une famille et blessé gravement un petit garçon de neuf ans dimanche soir à London, en Ontario. 

Nous sommes de tout cœur avec leurs proches durant ces moments extrêmement difficiles.

Et on espère tous que le petit garçon pourra se remettre de ses blessures rapidement.

Même si on sait qu’il vivra longtemps avec la tristesse, l’incompréhension et la colère causées par cette attaque lâche et islamophobe.

Ce n’est malheureusement pas un cas isolé.

La grande mosquée de Québec.

Le meurtre lâche de Mohammed Aslam Zafis dans une mosquée de Toronto.

Les violentes attaques visant des femmes noires musulmanes à Edmonton.

Et tant d’autres personnes à travers le pays qui ont fait face à des insultes, à des menaces et à la violence.

Elles ont toutes été ciblées en raison de leur foi musulmane.

Cela se produit ici, au Canada.

Et il faut que ça cesse.

Monsieur le Président, on ne doit pas s’habituer à cette violence.

On ne doit pas se laisser désensibiliser.

On ne peut pas accepter que ça devienne normal. 

Chaque fois qu’on est témoins de cette haine, on doit la dénoncer.

Et ça commence par de petits gestes.

Les mots ont leur importance.

Ils peuvent semer la graine de ce qui deviendra une tendance hideuse et envahissante.

Et parfois, ils mènent à la véritable violence.

Les blagues qui ne sont pas drôles.

Le racisme désinvolte.

Les insinuations qui visent seulement à diminuer les gens.

La rhétorique toxique.

La désinformation et l’extrémisme en ligne.

La polarisation dont on est trop souvent témoins dans notre discours public et nos politiques.

Comme dirigeants et comme Canadiens, il ne suffit pas de dire qu’assez, c’est assez.

On doit agir.

On doit empêcher quelque forme de haine que ce soit de prendre racine.

Parce que les conséquences peuvent être bien trop graves.

On l’a vu à Christchurch.

On l’a vu à d’autres endroits dans le monde.

Et on l’a vécu, ici, chez nous.

En ce moment, les Canadiens sont indignés par ce qui s’est passé dimanche.

Et beaucoup de musulmans canadiens ont peur.

Hier soir, j’ai parlé au maire de London, Ed Holder, et avec un représentant de la communauté musulmane locale, Nawaz Tahir, pour offrir mes condoléances et discuter de l’urgence de ce qu’on peut faire de plus pour assurer la sécurité de nos communautés.

Monsieur le Président, nous sommes solidaires des résidents de London et des communautés musulmanes de partout au pays.

On va continuer de financer des initiatives comme le Programme de financement des projets d’infrastructure de sécurité afin de protéger les communautés à risques ainsi que leurs écoles et leurs lieux de culte.

On va continuer à lutter contre la haine en ligne et ailleurs, ce qui demande la mise en place d’encore plus de mesures pour démanteler les groupes haineux d’extrême-droite, comme on l’a fait dans le cas des Proud Boys en les ajoutant à la liste des entités terroristes du Canada.

Et on va continuer à faire tout ce qu’on peut pour assurer la sécurité de nos communautés.

L’auteur de l’attaque cruelle de dimanche à London ne nous représente pas en tant que Canadiens. 

Parce qu’on sait qu’on est plus forts dans la paix que dans la haine et la violence.

Mais on sait aussi qu’il faut se dire la vérité.

Cette haine et cette violence existent chez nous, que ce soit dans la rue, en ligne, ou ailleurs.

Et tant qu’elle va exister, on va avoir du travail à faire.

Monsieur le Président, s’il y a des gens qui pensent que le racisme et la haine n’existent pas dans ce pays, je leur pose cette question : comment pouvons-nous expliquer la violence faite à cet enfant qui est à l’hôpital?

Comment pouvons-nous regarder les familles dans les yeux et leur dire que l’islamophobie n’existe pas?

Quand on écoute la femme noire musulmane qui regarde constamment par-dessus son épaule à l’arrêt d’autobus en ayant peur que quelqu’un lui arrache son hijab ou la blesse, elle va nous dire que l’islamophobie existe.

Si on écoute les parents qui supplient leurs enfants de ne pas porter de vêtements traditionnels de peur qu’ils se fassent harceler ou attaquer simplement pour ce qu’ils portent, ils vont nous dire que le racisme existe.

Des familles musulmanes ressentent souvent de l’incertitude ou même de la crainte lorsqu’elles sortent dans la rue en portant des vêtements traditionnels. En vérité, la plupart des Canadiens ne se rendent pas nécessairement compte de cette peur que beaucoup trop de Canadiens musulmans et racisés portent avec eux chaque fois qu’ils sortent. Si l’attentat de London entraîne un quelconque impact sur les Canadiens non musulmans, ce devrait être celui de comprendre l’anxiété et la peur que nos concitoyens ressentent, et qu’ils ne devraient pas ressentir. Et c’est à nous tous de comprendre cette expérience, et d’être là pour les soutenir et les aider.

On peut et on doit agir.

Comme Canadiens, on lutte contre une pandémie mondiale depuis maintenant plus d’un an.

Et on l’a fait en se serrant les coudes.

En travaillant ensemble.

Et c’est la seule manière de confronter l’horrible visage de la haine.

Je veux que tous les Canadiens sachent que quand l’un de nous est ciblé, on en sort tous diminués. 

On doit se tenir debout et rejeter le racisme et la terreur, et travailler ensemble pour adhérer à ce qui fait la force de notre pays – notre diversité.  

Que la paix et les bénédictions vous accompagnent.