Transcription - Allocution lors de la signature de l’accord de coordination avec la Première Nation de Cowessess
Allocution lors de la signature de l’accord de coordination avec la Première Nation de Cowessess
Comme pays et comme gouvernement, les dernières semaines nous ont rappelé que le chemin vers la réconciliation exige qu’on reconnaisse les erreurs du passé et qu’on cherche à faire mieux.
C’est une honte de savoir qu’ici, à Cowessess, et partout au pays, des enfants sont morts à cause de la politique des pensionnats.
Plus tard aujourd'hui, je vais visiter le site des sépultures anonymes pour honorer leur mémoire et discuter avec beaucoup d’entre vous pour entendre vos témoignages, en tant que survivants.
Le Canada doit reconnaître la vérité. On doit aussi comprendre la vérité.
En ce moment où, d’un océan à l’autre, les Canadiens secouent la tête et se sentent coupables de ce passé honteux qui nous est révélé en tant que nation. C’est une réalité que les communautés comme ici, à Cowessess, connaissent depuis des années, des décennies et des générations.
Le tort causé par les pensionnats, les liens rompus entre les générations et les conséquences du traumatisme intergénérationnel se poursuivent.
Mais pendant que les Canadiens allochtones réfléchissent à l’histoire des pensionnats, ils doivent aussi réfléchir au fait que les pensionnats enseignaient aux enfants autochtones qu’ils ne valaient rien et n’avaient aucune valeur.
Que leur culture ne valait rien et n’avait aucune valeur.
Que leurs langues n’avaient aucune importance.
Que leurs traditions n’avaient aucune pertinence.
En même temps, ces politiques et enseignements néfastes ont été infligés à des générations de fiers Autochtones.
Dans les externats de partout au pays, les soi-disant écoles ordinaires que fréquentaient les Canadiens allochtones, ces mêmes messages voulant que les connaissances, traditions, cultures et langues autochtones soient sans valeur étaient propagés et enseignés.
Lorsqu’on parle de réconciliation aujourd'hui, il ne s’agit pas simplement de parler des peuples autochtones et des gouvernements qui leur ont fait du tort, même si ça fait assurément partie du problème. Il s’agit également de faire en sorte que les Canadiens allochtones comprennent que ce qu’on leur a enseigné était faux et néfaste.
Et que cela a mené à la mise en place de politiques, d’institutions et de façons de faire dans ce pays qui ne respectaient pas, ne reconnaissaient pas et ne valorisaient pas la force, la valeur et les contributions extraordinaires des peuples, des communautés et des connaissances autochtones.
Par conséquent, il ne s’agit pas seulement de réparer les torts causés par les pensionnats et leurs répercussions dans les communautés; tous les Canadiens doivent se joindre à nous sur le chemin de la réconciliation.
Parce que dans toutes nos institutions, dans toutes nos façons de faire résonne l’écho de ces enseignements erronés d’une manière qu’on commence à peine à comprendre.
De tels moments d’esprit communautaire, de célébration, de force, de culture, de profondeur, de langue, d’amour, de respect et d’harmonie avec la nature ne doivent pas uniquement être vécus par les fortes communautés autochtones, mais par tous les Canadiens, pour qu’ils puissent s’en inspirer.
Le travail de réconciliation ne transformera pas uniquement les communautés et les peuples autochtones au Canada.
Le travail de réconciliation doit et va transformer tout le Canada et tous les Canadiens.
C’est le travail qu’on doit accomplir ensemble.
Et, bien sûr, on doit d’abord le faire auprès des enfants.
C’est le réveil douloureux que les Canadiens de partout au pays ont vécu avec la découverte de ces sépultures.
C’est la raison pour laquelle on est ici aujourd'hui – pour mieux faire les choses au profit de la génération actuelle et des enfants et familles des prochaines générations.
De concert avec la Première Nation de Cowessess et la Saskatchewan, le gouvernement du Canada signe le tout premier accord de coordination en vertu de la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
C’est le résultat du travail de réconciliation que des communautés comme celle de Cowessess ont accompli durant de nombreuses années.
On se réunit pour signer cet accord aujourd'hui, quelques semaines à peine après les tragiques découvertes.
C’est parce qu’au cours des dernières années, des leaders comme le chef Cadmus et d’autres sont intervenus pour nous aider à élaborer conjointement une loi qui reconnaît que les services à l’enfance et à la famille qui arrachent les enfants à leurs communautés et les éloignent de leurs cultures, de leurs langues, de leur territoire ne sont pas le chemin qu’on doit suivre à l’avenir en tant que pays.
Les enfants ont besoin de rester auprès de leur communauté, qui va les protéger, les soutenir et leur enseigner.
Voilà pourquoi on a élaboré conjointement une loi appelée C-92. Elle va faire en sorte qu’à l’avenir, les enfants vont recevoir le soutien et la protection dont ils ont besoin de la part de leur propre communauté, dans leur langue et dans leur culture.
Elle signifie qu’aucun enfant – enfin – ne sera enlevé à la communauté dont il fait partie. C’est notre objectif, et c’est pourquoi on signe le tout premier accord conclu au pays ici, aujourd'hui, à Cowessess.
Les enfants ne devraient plus jamais être amenés loin de leur demeure, de leur famille et de leur communauté.
La loi qu’on a fait adopter en juin 2019 le garantit.
Pour appuyer cet accord, on investit 38,7 millions de dollars pour la mise en œuvre du système de services à l’enfance et à la famille de la Première Nation de Cowessess.
Il s’agit d’un grand pas en avant.
Et au bout du compte, ça veut dire que moins d’enfants et de jeunes seront pris en charge.
Partout au pays, on travaille avec d’autres Premières Nations afin de conclure des accords du même genre.
Je prends l’engagement suivant : on va continuer de travailler comme partenaire avec toutes les communautés afin de leur fournir ce dont elles ont besoin pour que leurs enfants soient en sécurité et puissent s’épanouir.
Lorsque les enfants des Premières nations, des Inuits et des Métis grandissent dans leur communauté, entourés de leur culture et de leurs proches, ils ont de meilleures opportunités de s’épanouir et de réussir. Et je sais que c'est ce que nous voulons tous à travers le Canada pour tous les enfants.
Plus tôt aujourd'hui, le chef Delorme a gracieusement accepté une tresse de foin d’odeur que je lui ai offerte en l’honneur de l’accord d’aujourd'hui et en gage de ma volonté de travailler en partenariat et en union avec tous les groupes en vue d'atteindre cet objectif.
On va continuer d’avancer sur le chemin de la réconciliation et de répondre aux priorités des peuples autochtones dans le cadre de la réforme des services à l’enfance et à la famille.
À chacune des étapes, on va être là, comme partenaire, afin de se concentrer sur ce qu’on peut faire de mieux pour vos enfants, pour tous nos enfants.
Parce que c’est ce qu’il leur faut et ce qu’ils méritent.
Encore une fois, merci, Cadmus, de m’avoir accueilli dans votre communauté en cette occasion si importante non seulement pour Cowessess, mais aussi pour tout le Canada.
Meegwetch.