Allocution prononcée par le très honorable Justin Trudeau, premier ministre du Canada
LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI
Merci, Monsieur Schwab, de cet accueil chaleureux et d’avoir réuni ce groupe impressionnant.
J’aimerais prendre un moment pour rendre hommage à l’un des fondateurs du Forum économique mondial et à un grand Canadien, Maurice Strong, qui est décédé il y a quelques mois.
Maurice a fait preuve d’un leadership incroyable relativement à différents enjeux qui touchent le monde aujourd’hui. Il a notamment exercé un leadership d’avant-garde et incontestable dans le dossier des changements climatiques.
Nous sommes réunis ici aujourd‘hui pour nous pencher sur la question d’une quatrième révolution industrielle et s’y nous y sommes réellement.
Quelle possibilité incroyable.
La machine à vapeur a complètement changé le monde. Tout comme l’électricité et, plus récemment, les ordinateurs. Et maintenant, nous sommes peut-être à la veille d’un changement de la même ampleur, mais qui s’effectue à un rythme beaucoup plus rapide.
La nouvelle technologie est toujours impressionnante. Cependant, nous n’en voulons pas seulement parce qu’elle est tape-à-l’œil; nous en voulons, nous la créons et nous l’appuyons parce qu’elle améliore la vie des gens.
Si, au début du 20e siècle, nous n’avions pas bâti l’infrastructure publique nécessaire pour procéder à l’électrification de masse, seuls les mieux nantis auraient eu du chauffage et de l’eau courante. Et la classe moyenne, à la base des économies résilientes, n’aurait jamais vu le jour.
La technologie doit être au service du progrès humain. Elle ne doit pas le remplacer ou nous distraire de son absence.
En termes simples, tout le monde doit profiter de la croissance si nous voulons la maintenir.
Il n’est pas difficile de voir comment les liens entre l’informatique, l’information, la robotique et les biotechnologies pourraient mener à des progrès spectaculaires. Il est tout aussi facile d’imaginer comment ils pourraient mener au chômage généralisé et à l’inégalité.
La technologie en soi ne dictera pas notre avenir. Ce sont nos choix qui le dicteront. C’est notre leadership qui le dictera.
Je crois en un leadership positif et ambitieux. Je ne crois pas que les dirigeants devraient profiter de la vulnérabilité des personnes défavorisées.
Le leadership, ça devrait être d’élargir l’éventail de possibilités offertes à chacun. Ça devrait être de mettre de l’avant des politiques qui favorisent la croissance et de veiller à ce qu’elle engendre des résultats tangibles pour tous.
Le leadership positif crée un cercle vertueux. Plus nous atteignons de résultats pour la population, plus la classe moyenne s’élargit; plus nous pouvons offrir de véritables chances aux personnes qui travaillent fort pour joindre la classe moyenne, plus la population nous permettra de nourrir des ambitions encore plus grandes.
Nous devons faire confiance aux citoyens. Nous devons leur donner les outils et le savoir-faire nécessaires pour réussir.
La quatrième révolution industrielle sera une réussite seulement si elle crée de véritables occasions pour les milliards de personnes qui n’ont pas pu être avec nous ici cette semaine.
Au Canada, nous avons compris ça.
Nous avons besoin de l’éducation pour donner la chance aux gens d’apprendre, de réfléchir et de s’adapter.
Nous avons besoin d’une infrastructure qui favorise le changement.
Nous avons besoin de politiques qui encouragent la science, l’innovation et la recherche.
Nous avons besoin de sociétés qui savent que la diversité est une source de force et non de faiblesse.
Et nous avons besoin de gouvernements qui sont prêts à investir pour concrétiser tout cela, tout en mettant en valeur l’innovation dynamique qui caractérise le secteur privé.
Prenez par exemple la Silicon Valley qui déborde d’idées et d’expériences.
La diversité est l’un des principaux moteurs de la créativité dans la Silicon Valley. Ses ingénieurs et entrepreneurs proviennent de partout dans le monde. Chacun amène une perspective différente. Et lorsque l’on réunit ces différentes façons de voir et de penser, la magie de la créativité humaine se met à l’œuvre.
La diversité favorise l’émergence de nouvelles idées. Et ce sont ces idées qui amènent l’expérience nécessaire pour profiter de la quatrième révolution industrielle.
Les dirigeants peuvent grandement encourager la diversité.
Récemment, un journaliste du New York Times a demandé au président de Y Combinator, le fondateur d’une grande entreprise de démarrage de la Silicon Valley, si une école en particulier se démarquait par les idées rafraîchissantes de ses diplômés. Il en a nommé une : l’Université de Waterloo.
Il s’agit d’une université canadienne.
Pourquoi, dans la Silicon Valley, croit-on qu’il s’agit d’une source de brillants esprits et de brillantes idées?
Parce qu’elle possède des critères intellectuels rigoureux, bien entendu. Et parce qu’elle valorise l’entrepreneuriat. Mais surtout, parce que la diversité est son ingrédient indispensable.
Ses étudiants proviennent de partout. Pas moins de la moitié de ses étudiants du cycle supérieur en génie viennent de l’étranger.
Et les étudiants canadiens de l’Université de Waterloo proviennent de la population étudiante du Canada, l’une des plus diversifiées au monde.
Bon nombre d’entre vous ont communiqué avec moi dernièrement pour remercier le Canada de sa compassion face à la crise des réfugiés syriens.
Mais laissez-moi vous dire une chose. Lorsque j’ai souhaité la bienvenue à ces familles à Toronto, le mois dernier, je les ai accueillis en tant que nouveaux Canadiens et partenaires clés de l’avenir de l’économie canadienne.
La diversité constitue une politique sociale sensée, mais, de surcroît, la diversité est le moteur de l’innovation.
Elle génère la créativité qui enrichit le monde.
Nous savons cela, au Canada. Bien franchement, notre récente élection nous a rappelé à tous que les gens peuvent répondre favorablement à une vision positive et inclusive de la société.
Et cela me rend profondément optimiste et confiant.
Autrefois, le Canada était plutôt connu pour ses ressources. Je veux maintenant que vous connaissiez les Canadiens pour leur ingéniosité.
Je parie que presque chacun d’entre vous avez des Canadiens au sein de leur personnel de direction. Vous ne le savez peut-être pas parce que nous ne le crions pas souvent sur les toits; certains clichés à propos des Canadiens sont vrais. En fait, au moins la moitié d’entre vous a embauché Dominic Barton à un moment ou un autre.
Nous avons une population diversifiée et créative, des systèmes d’éducation et de santé exceptionnels et une infrastructure de pointe. Nous avons une stabilité sociale, une stabilité financière et un gouvernement prêt à investir dans l’avenir.
Ce n’est pas une coïncidence si le Canada se trouve toujours en haut des listes où les autres pays aimeraient figurer.
Le Canada a une particularité qui est difficile de quantifier : la confiance.
Les Canadiens ont une confiance remarquable. Nous croyons au progrès. Et nous sommes prêts à travailler très fort pour y parvenir.
Nos ressources naturelles sont importantes, et elles le resteront toujours. Les Canadiens savent toutefois que la croissance et la prospérité ne tient pas seulement à ce qui se trouve sous nos pieds mais surtout à ce que nous avons entre les oreilles.
Notre récente élection démontre que les Canadiens comprennent que les pays confiants investissent dans leur avenir.
De nos jours, on dirait que le niveau de confiance dans le monde s’effrite.
Certains disent qu’il est maintenant impossible de changer le visage des inégalités mondiales, car nous serions rendus trop loin pour faire demi-tour et investir dans la prospérité collective.
D’autres insistent pour dire que le changement climatique est une cause perdue. Ils affirment que la catastrophe est désormais inévitable. Ou que la seule façon de l’éviter, c’est d’abandonner la croissance économique.
D’autres encore mettent en doute la diversité. Ils disent que des personnes de cultures et de langues différentes ne peuvent pas vivre en harmonie. Que la diversité est synonyme d’instabilité et d’insécurité. Que la diversité est dangereuse.
Je n’y crois absolument pas.
Nous pouvons renforcer la classe moyenne pour que ceux et celles qui étudient, qui travaillent fort et qui épargnent soient récompensés.
Nous pouvons lutter contre le changement climatique sans sacrifier la croissance et la prospérité. En fait, l’économie à faibles émissions de carbone que nous favorisons collectivement engendrera la création d’entreprises, une nouvelle croissance et une nouvelle prospérité.
Et, oui, nous pouvons favoriser la diversité et les idées nouvelles qui en ressortent tout en valorisant une identité et des valeurs communes au sein de communautés sécuritaires et stables qui réussissent.
La seule certitude au sujet de la prochaine révolution industrielle est que, tout comme les trois précédentes, elle apportera d’énormes changements.
Si vous cherchez un pays qui possède la diversité, la résilience, l’optimisme et la confiance et qui ne fera pas que gérer le changement, mais en tirera avantage, c’est le moment où jamais de vous tourner vers le Canada.