Main Content

Le premier ministre Justin Trudeau prononce un discours lors du dîner d’État à la Maison-Blanche

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Monsieur le président, chère première dame, mesdames et messieurs. C’est un grand privilège d’être avec vous ici ce soir.

Merci beaucoup de l’accueil chaleureux que vous avez réservé au Canada et à la délégation canadienne et, particulièrement, à Sophie et moi.

Votre hospitalité et votre amitié comptent énormément pour nous.

En pensant à ce que je voulais vous dire ce soir, je suis tombé sur une citation du président Truman, qui a prononcé ces paroles devant le Parlement du Canada il y a près de 70 ans.

Il a dit que la relation entre le Canada et les États-Unis « ne s’est pas développée spontanément... Qu’elle n’est pas simplement le fruit d’heureuses circonstances géographiques », mais qu’elle « tenait, pour une part, à la proximité et, pour neuf parts, à la bonne volonté et au bon sens. »

C’est cette bonne volonté et ce bon sens qui, selon moi, définissent nos rapports jusqu’à présent.

C’est ce qui rend possible notre partenariat constructif.

C’est ce qui nous permet d’exprimer nos désaccords avec respect et de rester des amis et des alliés lorsque ces rares désaccords surviennent. 

Par exemple, je pourrais affirmer qu’il est préférable d’être à la tête d’un pays qui remporte constamment les médailles d’or au hockey lors des olympiques. Le président Obama ne serait sans doute pas d’accord avec moi.

(Au président) Et pourtant, vous nous invitez quand même à souper. Parce que c’est ce que font les amis.

Mais, vous savez, maintenant que j’y pense, nous sommes en réalité plus proches que des amis. Nous sommes davantage comme des frères. Nous sommes de la même famille, bien que nous ayons pris des chemins différents en grandissant. Nous sommes devenus du type à rester à la maison. Vous êtes devenus un peu plus… rebelles.

Je crois que la raison pour laquelle la bonne volonté et le bon sens nous semblent si naturels est que nous sommes – Canadiens comme Américains – guidés par les mêmes valeurs fondamentales.

Des valeurs comme la collaboration et le respect. La collaboration, parce qu’elle garantit notre sécurité et notre prospérité. Et le respect, parce qu’il constitue la façon la plus sûre de protéger le monde dans lequel nous vivons et d’honorer les gens de différents horizons.

En matière de sécurité, par exemple, nous nous entendons sur le fait que nos pays sont plus forts – et que le monde est plus sûr – quand nous travaillons ensemble. Depuis plus d’un demi-siècle, nous avons uni nos forces pour protéger notre continent. À l’étranger, notre alliance remonte à encore plus longtemps. Nous nous sommes battus ensemble sur les plages de la France, nous avons épaulé ensemble nos partenaires européens de l’OTAN et, maintenant, c’est ensemble que nous luttons contre l’extrémisme violent au Moyen-Orient.

Dans chaque cas, nous nous sommes rendu compte qu’il était préférable de s’attaquer à nos problèmes ensemble plutôt que seul. Ensemble, nous entretenons la relation la plus longue, pacifique et mutuellement bénéfique qui existe entre tout pays depuis l’émergence de l’État-nation.

C’est une relation qui ne sert pas seulement nos propres intérêts – elle sert le monde entier.

Les Canadiens et les Américains attachent également une grande valeur à l’interdépendance économique, parce que nous savons qu’elle crée une plus grande prospérité pour nous tous.

Chaque jour, plus de 2,4 milliards de dollars de biens et services traversent la frontière. Voilà la preuve qu’il s’agit de l’une des relations commerciales les plus importantes et les plus mutuellement profitables au monde.

Nous retrouvons parmi nos exportations les plus populaires aux États-Unis un autre Justin – Justin Bieber. Ce jeune homme a connu une année formidable. Et, bien sûr, qui d’autre qu’un Canadien aurait pu atteindre une renommée internationale avec une chanson intitulée « Sorry ».

Ensemble, le Canada et les États-Unis ont négocié des accords commerciaux qui ont généré de plus grands débouchés pour nos entreprises, créé des millions d’emplois de qualité et bien rémunérés pour nos travailleurs, et rendu des produits plus abordables pour de nombreuses familles canadiennes et américaines.

Nous ne devons jamais prendre pour acquis ce partenariat. Je peux vous promettre que mon gouvernement ne le fera jamais.

Il ne faut pas non plus oublier que nos responsabilités s’étendent au-delà de nos propres frontières et transcendent les générations.  

Cela signifie qu’il faut se débarrasser de la notion dépassée selon laquelle un environnement sain et une économie forte sont des objectifs opposés.  

Cela signifie que lorsqu’il s’agit de dossiers comme le changement climatique, nous devons reconnaître que nous sommes tous concernés. Nos enfants et nos petits-enfants nous jugeront, non pas sur les paroles que nous aurons prononcées, mais sur les gestes que nous aurons posés, ou que nous n‘aurons pas posés.

Si nous souhaitons réellement leur laisser un monde meilleur que celui qui nous a été légué par nos parents – et je sais, monsieur le président, que la première dame et vous partagent le même désir que Sophie et moi – nous ne pouvons pas ignorer la science. Nous ne pouvons pas faire semblant qu’on peut remettre en question le changement climatique.  

Voilà pourquoi je suis si fier de la stratégie continentale que nous avons négocié dans le but de nous attaquer à cet enjeu important. Il s’agit d’un plan pour faire de vrais progrès. Un plan qui respecte la science et les scientifiques. Un plan qui comprend des mesures considérables et tangibles pour protéger notre environnement et lutter contre le changement climatique. Et c’est un plan qui nous permet également de faire croître nos économies.

Merci, monsieur le président, d’être un leader et un partenaire à cet égard.

Enfin, nous croyons sincèrement – Canadiens comme Américains – que la diversité est une source de force. Que nous sommes des pays épanouis et prospères non pas en dépit nos différences, mais bien grâce à celles-ci.

Les Canadiens savent cela. C’est pourquoi des villes de partout au pays ont accueilli plus de 25 000 réfugiés syriens au cours des quatre derniers mois. Non pas à titre de visiteurs ou de citoyens temporaires, mais bien à titre de Canadiens. Et les Américains comprennent également cela. C’est pourquoi chaque génération a accueilli de nouveaux arrivants à la recherche de liberté et d’une vie meilleure. 

Nous savons que si nous souhaitons être meilleurs, nous devons accomplir de plus grandes choses. Faire preuve de plus de compassion. Être plus accueillants. Être plus ouverts à ceux qui s’habillent différemment, mangent des plats différents, parlent une langue différente. Ces différences enrichissent nos identités comme Canadiens et comme Américains; elles ne les menacent pas.

En agissant seuls, nous faisons des progrès. Mais ensemble, nous écrivons l’histoire. Mus par le sens du devoir, loyaux et liés à jamais. Quoi que nous réserve l’avenir, nous y ferons face ensemble. Voisins, partenaires, alliés et amis. Voilà notre expérience et l’exemple que nous présentons au monde.

Monsieur le président, merci de tout ce que vous avez fait au cours des sept dernières années pour préserver cette précieuse relation. Le lien spécial entre nos deux pays doit continuer de s’épanouir dans les années à venir. Mais j’ose espérer que mes cheveux gris apparaissent beaucoup moins rapidement que les vôtres. 

Sur ce, au nom des 36 millions de Canadiens, je lève mon verre : au président, à la première dame et au peuple des États-Unis d’Amérique. À votre santé.