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Discours du premier ministre devant le Conseil commercial Canada-Chine durant sa visite officielle en Chine

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Merci, Chrystia, pour cet accueil chaleureux. Merci pour avoir aussi réalisé des grands progrès au profit des producteurs canadiens de canola, y compris pour ton père, sur sa ferme de Peace River, en Alberta. Le travail que tu as accompli au cours des derniers jours et des derniers mois a été extraordinaire dans de nombreux dossiers pour aider les Canadiens, pour aider à bâtir des relations partout dans le monde.

Merci pour tout ce que tu fais, Chrystia.

C’est un grand plaisir d’être ici ce soir. C’est un grand plaisir de voir tant d’amis dans cette salle ce soir. Des gens que je ne m’attendais pas à voir et qui sont venus du Canada; des gens que j’ai rencontrés, des investisseurs chinois qui ont des intérêts au Canada et qui sont réunis ici ce soir. C’est une merveilleuse célébration d’une très grande amitié qui s’étend sur des décennies, mais qui, surtout, se poursuivra encore pour des dizaines et des dizaines d’années à venir.

Je tiens tout d’abord à remercier le Conseil commercial Canada-Chine, ses directeurs, ses bienfaiteurs, son personnel et ses bénévoles d’avoir organisé ce grand évènement. J’aimerais aussi saluer trois de mes nombreux amis qui sont avec nous ce soir.

Le premier est mon vieil ami Raymond Chan qui, en 2004, est devenu le premier Canadien d’origine chinoise à entrer au Conseil des ministres. Merci d’être ici ce soir, Raymond.

Le deuxième est Geng Tan, qui est également avec nous ce soir et qui est député. Geng est né à Hunan et, après l’élection de l’automne dernier, il est devenu le tout premier député canadien originaire de la Chine continentale.

Nous avons aussi parmi nous Shaun Chen, un jeune membre solide de notre caucus sino-canadien. Et bien qu’Arnold Chan n’ait pu se joindre à nous ce soir, je sais qu’il aurait souhaité être des nôtres. En effet, notre Parlement a la chance de compter des Canadiens d’origine chinoise au sein de tous les partis politiques pour représenter des communautés de partout au pays à la Chambre des communes.

Maintenant, Sophie, mon épouse, ma fille Ella-Grace et moi sommes en Chine depuis un peu plus de deux jours, mais nous avons déjà été profondément touchés par l’accueil chaleureux qu’on nous a réservée et, en fait, qui a été réservée à toute la délégation canadienne. Alors, merci encore de nous accueillir avec autant de générosité. Cela compte énormément à nos yeux, et nous sommes honorés d’être vos invités aujourd’hui, et notamment d’être les invités de Son Excellence Yang Xiong, maire de Shanghaï. Merci à tous de votre accueil.

Cette visite a lieu à un moment spécial, un moment spécial dans l’histoire du Canada et dans l’histoire de la Chine. En fait, à un moment crucial de l’histoire de notre planète. Et c'est donc en gardant cela en tête que je veux partager avec vous les raisons de cette visite, et ce que j’espère accomplir au cours de notre séjour ici. Tout d’abord, cette visite a pour but de renouveler et d’approfondir cette relation entre la population du Canada et celle de la Chine. Comme vous le savez, c’est une relation qui, historiquement, est étroite et chaleureuse, mais qui, plus récemment, était peut-être devenue un peu plus distante ou confuse. C’est pourquoi je veux être très clair sur ce point : La Chine est importante pour le Canada.

La croissance de la Chine, ses progrès en matière d’environnement, ses réussites économiques, le rôle qu’elle joue dans le monde et les progrès qu’elle réalise en matière de gouvernance et de primauté du droit, tous ces éléments sont importants pour les Canadiens, et ils le sont pour moi.

Je vois trois raisons pour lesquelles une relation plus solide entre le Canada et la Chine est profitable pour nos deux pays. La première est liée au renforcement et à la croissance de la classe moyenne. Au Canada, nous savons que le cœur de notre économie repose sur notre classe moyenne et sur les gens qui travaillent fort pour en faire partie.

Ce sont les gens qui se lèvent tôt tous les jours, reconduisent leurs enfants à l’école, utilisent les transports en commun pour se rendre au travail et travaillent fort pour joindre les deux bouts pour leur famille. Ils ne demandent pas beaucoup. En fait, si vous leur parlez, et j’ai passé beaucoup de temps avec des milliers de Canadiens dans des communautés de partout au pays, vous verrez que tout ce qu’ils demandent en retour de leur travail acharné est une vraie chance de réussir. Ils demandent juste d’avoir l’opportunité de laisser à leurs enfants un monde meilleur que celui qu’ils ont hérité de leurs propres parents.

Ce même état d’esprit, cette même volonté de faire mieux et d’être meilleur existent aussi partout en Chine. Et c’est pourquoi il est important d’expliquer clairement aux gens ce qu’une relation plus solide veut dire pour nos économies respectives.

Pour les Canadiens, cela veut dire que nos entreprises auront un meilleur accès aux économies de la Chine et de l’Asie, qui sont vastes et connaissent une croissance rapide. Cela veut dire un marché plus grand pour les produits alimentaires canadiens de qualité, comme le bœuf et le porc, bien sûr, mais aussi comme le homard et les cerises. Cela signifie une plus grande clientèle pour les entreprises de services financiers du Canada, et plus de clients pour les firmes de conception et de génie.

Le changement structurel rapide et à grande échelle que l’économie chinoise connait en ce moment veut aussi dire que des opportunités en matière de commerce et d’investissement continueront de se manifester et d’évoluer. Certaines des technologies propres qui sont en train d’être élaborées dans les deux pays étaient inimaginables pour la génération précédente, et il est impossible de tirer profit des possibilités de demain sans travailler fort pour établir de bonnes relations dès aujourd’hui. Parce que nous savons que lorsque nous bâtissons des relations solides et résilientes – lorsque nous donnons aux entreprises canadiennes plus de chances de réussir, elles réussiront. Cela se traduit par un plus grand nombre d’emplois bien rémunérés pour les Canadiens, et quand des entreprises canadiennes forment des partenariats avec des entreprises chinoises, cela génère également un plus grand nombre d’emplois bien rémunérés ici, en Chine.

Ainsi, lorsque je dis qu’une relation plus solide entre nos pays sera profitable pour les deux pays, je pense aux façons de travailler ensemble, en tant que partenaires, pour créer des emplois et pour renforcer la classe moyenne dans nos communautés et dans les vôtres.

Deuxièmement, une relation solide entre Ottawa et Beijing, une relation qui favorise le renforcement et la croissance de la classe moyenne, stimulera la croissance économique en ouvrant des portes et en offrant aux entreprises canadiennes et chinoises de nouvelles opportunités de réussir. Le resserrement des relations entre Ottawa et Beijing mène à de plus grandes possibilités entre Montréal et Shanghaï, Vancouver et Hong Kong, Waterloo et Hangzhou, et ainsi de suite. Non seulement pour les grandes entreprises multinationales comme Manuvie et Huawei, mais également pour les petites et moyennes entreprises comme JusNova, de la Nouvelle-Écosse, qui, grâce à un accord local de coentreprise, sera en mesure de construire une usine de fabrication de produits à base de bleuets sauvages.

Ou comme David Bromley Engineering, une entreprise basée en Colombie -Britanique, qui aura l’occasion de mettre en œuvre sa technologie novatrice de traitement des eaux dans le Nord de l’Alberta grâce à des investisseurs chinois du secteur privé.

Et, dans le domaine de la recherche, nous avons des ententes comme celle qui a été signée avec le Sichuan Bohong Group et qui permettra de mettre sur pied un laboratoire de recherche conjoint sur le génie automobile à l’Université de Windsor.

Les opportunités existent. Elles sont réelles et considérables pour les emplois. De bons emplois bien rémunérés au Canada et en Chine. Et pas juste dans les domaines traditionnels comme l’industrie des ressources naturelles ou encore le secteur agroalimentaire, mais bien dans de nouveaux domaines comme celui des technologies propres.

Maintenant, je sais que cette salle est remplie de gens d’affaires intelligents qui savent faire avancer les choses. Mais je sais également que votre travail est plus facile lorsqu’il y a une volonté, au plus haut niveau, de bâtir et d’entretenir des relations solides, stables et à long terme entre les gouvernements, et c’est précisément ce que nous sommes venus faire ici.

Le leadership exercé par la Chine joue un rôle central en tant que moteur de la croissance économique mondiale. Le fait d’élaborer une stratégie économique sans tenir compte de la Chine ou sans considérer cette relation précieuse comme étant d’une importance cruciale démontre un manque de vision, en plus d’être irresponsable.

Comme je l’ai dit, les avantages qui découlent d’une relation renouvelée vont dans les deux sens. Le Canada est un endroit exceptionnel pour investir. Le Canada est reconnu comme étant le meilleur pays du G20 pour faire des affaires. Nous avons le système bancaire le plus robuste du monde et une main-d’œuvre très éduquée qui est prête à travailler fort.

C’est pourquoi les investisseurs avisés, comme ceux qui aident à créer des possibilités et des emplois par l’entremise de JusNova, David Bromley Engineering et des dizaines d’autres, se tournent vers le Canada. Parce qu’ils savent reconnaître les bonnes affaires lorsqu’elles se présentent.

Et troisièmement, une relation plus solide nous permettra de collaborer plus efficacement à l’échelle mondiale. Nous pouvons toujours accomplir plus lorsque nous travaillons ensemble. Pensez à quel point les liens culturels que nous entretenons sont enrichis et resserrés grâce à l’expérience des jeunes étudiants chinois qui viennent au Canada pour fréquenter nos universités. Ou aux échanges de touristes. Chaque année, un demi-million de touristes chinois visitent le Canada et, ce qui pourrait surprendre quelques-uns d’entre vous, un nombre semblable de touristes canadiens vient ici chaque année. Et nous sommes enthousiastes à l’idée de voir ces chiffres augmenter grâce à notre annonce selon laquelle l’année 2018 sera consacrée au tourisme Canada-Chine. Cela dit, nous vous invitons à vous y prendre à l’avance, parce que l’an prochain marquera le 150e anniversaire du Canada et que, de façon typiquement canadienne, nous ouvrons grandes nos portes et invitons tout le monde à venir célébrer avec nous.

Mais, bien sûr, le tourisme n’est qu’un exemple parmi d’autres. Un autre exemple, qui pourrait avoir un impact concret sur la vie de chaque personne sur la planète, est celui des changements climatiques. Les changements climatiques constituent un défi mondial, qui exige une solution mondiale.

En tant que signataires de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, le Canada et la Chine se sont engagés à la fois à relever les défis liés aux changements climatiques et à saisir les possibilités qui en découlent. Nous avons devant nous l’occasion de bâtir une économie axée sur une croissance propre qui contribuera à lutter contre les changements climatiques tout en créant des emplois de qualité et bien rémunérés pour nos citoyens.

Le Canada cherchera des façons d’être un chef de file de la transition vers une énergie propre, et nous savons que la Chine fera la même chose. Et nous espérons que, ce faisant, nous profiterons de cette opportunité historique de travailler ensemble, d’investir l’un dans l’autre, de tabler sur notre savoir commun et de faire croître nos économies de manière à la fois propre et concurrentielle.

Enfin, je crois qu’à certains égards, une relation plus solide peut faire en sorte de faciliter, entre nos deux pays, des discussions franches et régulières sur des questions comme la bonne gouvernance, les droits de la personne et la primauté du droit. La liberté d’expression est véritablement une valeur canadienne, qui est protégée par notre Charte des droits et libertés. Voyez-vous, le Canada a réussi sur les plans culturel, politique et économique grâce à sa diversité, et non pas en dépit de celle-ci.

Ce message était un élément central de la plateforme qui nous a permis d’être élus, et il reste au cœur de la façon dont nous gouvernons. C’est un message que j’ai livré lors de mes rencontres de cette semaine, y compris celles avec le président Xi et le premier ministre Li.

Je leur ai fait part de ma profonde conviction que le fait d’accueillir différents points de vue contribuera à renforcer la Chine, comme cela a été le cas au Canada. Dans un monde qui évolue rapidement, la diversité des idées et la liberté de les exprimer sont le moteur des changements positifs. Et je tiens à rappeler à tout le monde qu’en tant que pays qui a directement constaté les avantages de la libre expression et de la bonne gouvernance, le Canada encourage la Chine à en faire plus pour promouvoir et protéger les droits de la personne.

Dans le village mondial, ce qui se passe ici nous concerne tous. La réussite du monde est inexorablement liée à celle de la Chine. Il n’est pas facile de tenir ces conversations, je le sais, mais il est nécessaire de le faire. Et bien qu’il soit très important pour moi et mon gouvernement de chercher à établir une plus grande collaboration économique avec la Chine, nous devons aussi promouvoir les valeurs qui font de nous de bons partenaires économiques et de bons amis. L’amitié devrait être ouverte, honnête et constructive. En fin de compte, ce que je cherche à bâtir, au nom de 36 millions de Canadiens, est une amitié faite pour durer.

Nous sommes Canadiens, voyez-vous. Nous voyageons avec nos valeurs et nous n’hésitons pas à les partager où et quand nous en avons l’occasion. Et, en fait, je vois une occasion ici, ce soir. Messieurs, nous sommes en 2016; on a besoin de plus de femmes à cette table d’honneur.

Alors, comme vous le voyez, l’avenir de la relation entre le Canada et la Chine me passionne énormément.

C’est important pour moi, parce que je crois sincèrement qu’une relation renouvelée entre le Canada et la Chine est une bonne chose pour tout le monde. Parce qu’une relation plus forte et plus stable peut aider à renforcer et à faire croître la classe moyenne. Parce qu’une classe moyenne prospère peut à son tour encourager une croissance économique plus grande et plus propre, et parce qu’une relation plus forte permettra à nos deux pays de travailler ensemble de façon à satisfaire non seulement nos propres intérêts, mais les besoins de toute notre planète.

Maintenant, avant de conclure, je veux prendre un instant pour applaudir encore une fois le Conseil commercial Canada-Chine pour tout le travail qu’il a accompli, durant les bons et les moins bons moments, pour développer cette relation si importante. C’est une relation qui remonte à des générations. Elle remonte à mon père, qui a visité ce beau pays à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il était premier ministre, avec moi à sa remorque. Parce qu’il reconnaissait l’importance de tisser des liens avec la Chine. Eh bien, en cela comme en beaucoup d’autres choses, il avait raison.

Mais, avant cela, cette relation remonte au Dr Norman Bethune, dont l’altruisme et la générosité étaient peut-être enracinées dans ses origines canadiennes, mais ont su s’exprimer pleinement ici même, en Chine. Et, bien sûr, nos liens d’affaires sont encore plus anciens et remontent à la Banque de Montréal, la première banque du Canada, qui a été la première à faire des affaires avec la Chine trois mois seulement après sa fondation, en 1818.

Autrement dit, le Canada et la Chine ont un long parcours en commun. C’est un parcours que nous devons honorer, même au moment où nous cherchons à emprunter de nouvelles voies ensemble.

J’espère que vous continuerez à travailler fort en vue d’aider les entreprises du Canada et de la Chine à saisir les occasions qui s’offrent maintenant à nous de former de plus vastes partenariats parce qu’ultimement, avoir une vision à long terme est profitable pour chacun de nous. J’ai toujours été persuadé que le but du leadership est de savoir se représenter l’avenir au passé et au présent. L’histoire tend à nous faire croire que les décisions les plus controversées dans le passé étaient des évidences, mais cela ne diminue en rien le courage des leaders des générations précédentes qui les ont prises.

Maintenant, 45 ans plus tard, il est évident que notre monde est meilleur parce qu’ils ont travaillé fort pour inclure la Chine dans le système mondial.

Ce matin, j’ai eu l’occasion de tenir la main de ma fille en parcourant la Grande muraille de Chine. Permettez-moi de vous dire que lorsqu’on se retrouve en train de marcher le long d’une muraille construite il y a des siècles en compagnie de sa fille de sept ans, la moindre des choses à faire est de penser quelques dizaines d’années à venir. Après, les réponses aux plus grandes questions deviennent claires.

Voulons-nous un monde fondé sur la diversité, ou sur la division? Un monde qui prospère grâce à l’expansion du commerce et à la croissance, ou un monde qui nous appauvrit tous parce que nous avons érigé des murs derrière lesquels nous nous sommes cachés? Un monde où nous travaillons fort et où nous collaborons pour surmonter nos différences et bâtir sur un terrain d’entente, ou un monde où nous gardons nos distances vis-à-vis des gens dont l’histoire et la culture sont différentes des nôtres?

Nous traversons une période d’énormes changements, mes amis, en Chine, au Canada et partout ailleurs. Aucun pays, aucune entreprise et, en fait, aucune personne ne pourra l’éviter.

Par conséquent, les choix qui s’offrent à nous sont les suivants : soit nous nous engageons et nous travaillons activement à choisir, à façonner et à saisir notre avenir, soit nous le regardons se dérouler autour de nous de façon passive et craintive. Eh bien, je sais que vous êtes ici parce que vous avez fait le bon choix. C’est le choix auquel les générations précédentes se seraient attendues de notre part, et duquel nos enfants nous remercieront.

Beaucoup de travail nous attend, mes amis, et, en ce qui me concerne, je suis très enthousiaste à l’idée de commencer.

Merci beaucoup, xiè xie.