Transcription - Le PM Trudeau prononce une allocution à la cérémonie du Jour commémoratif de l’Holocauste
Le PM Trudeau prononce une allocution à la cérémonie du Jour commémoratif de l’Holocauste
Bonjour. Merci Fran et Bruce pour vos paroles, votre gentillesse, mais surtout pour votre leadership depuis des années maintenant au sein de la Société Yad Vashem et cet événement incontournable pour tant d’entre nous ici sur la Colline. Je tiens aussi à remercier la Canadian Society for Yad Vashem de nous avoir tous réunis aujourd’hui.
Yad Vashem travaille inlassablement ici au Canada et ailleurs dans le monde pour faire connaître aux gens l’Holocauste. En lien avec le thème de cette année, comme on me l’a rappelé très personnellement cette année, les faits, les enseignements et les récits universels doivent être connus de tous.
L'un des moyens les plus puissants pour que nous en arrivions à comprendre ces vérités et à en tirer des enseignements consiste à écouter le récit des survivants. Des survivants comme Nate Leipciger que, j’en suis sûr, vous êtes nombreux à connaître. Nate était à mes côtés pendant ma visite à Auschwitz-Birkenau l’été dernier. C’est là qu’il m’a raconté l’histoire de sa propre survie et je ne l’oublierai jamais.
Être là à cet endroit. Être là avec un survivant, qui a maintenant presque 90 ans, qui a vu pour la première fois à travers les yeux d’un enfant, les wagons, les fils barbelés et les cheminées fumantes. Il était à peine plus vieux que l’est mon fils aîné présentement. Nate m’a raconté l’histoire de sa famille. Mais ce qui m’a le plus impressionné aujourd’hui et chaque fois que j’y pense… j’y ai pensé depuis, c’est à quel point Nate tient à raconter cette histoire à chaque personne qui est prête à l’écouter. Surtout les jeunes. Plus de 70 ans après la fin de l’Holocauste, il est facile de s’en sentir éloigné dans le temps et dans l’espace.
Mais c’est aussi une occasion de se rappeler que même si l’Holocauste est survenu dans des contrées lointaines, comme Canadiens, nous devrons toujours reconnaître nos propres erreurs et dérives. L’exemple le plus éloquent de la politique égarée selon laquelle, entre 1933 et 1945, le gouvernement canadien n’acceptait qu’environ 5000 réfugiés juifs est celui du refus qu’a opposé le Canada au MS St. Louis en 1939. Il y avait plus de 900 réfugiés à bord – des juifs européens réclamant l’asile ici, au Canada – et notre gouvernement les a renvoyés.
Après leur retour forcé vers l’Europe, 254 d’entre eux ont péri dans l’Holocauste. Nous ne pouvons ni ne devons nous détourner de cette vérité dérangeante, ni du rôle qu’a joué le Canada. Nous devons en tirer une leçon qui guidera nos actions aujourd’hui et dans les jours à venir. Parce que, comme ces récits nous le rappellent, la cruauté, l’indifférence et la haine qui ont rendu possible l’Holocauste sont encore possibles aujourd’hui – même ici au Canada.
Alors nous devons être vigilants et nous devons être fermes. Discrimination, racisme, antisémitisme ne sont pas des valeurs canadiennes et ne seront pas tolérées. La moindre menace, le moindre acte de vandalisme contre un centre communautaire juif, contre une synagogue est déjà trop. Et c’est vrai aussi pour les églises chrétiennes, pour les mosquées, pour les gurdwaras et les mandirs.
Quand Nate et son père sont venus au Canada, comme l’ont fait des générations de juifs canadiens depuis 1760, ils souhaitaient avoir une vie meilleure, une vie plus sûre, plus pacifique, dans un endroit où non seulement les différentes religions sont respectées, mais où elles sont accueillies à bras ouverts; où elles sont protégées, par exemple avec notre Charte des droits et libertés, qui a maintenant 35 ans.
Aux survivants à l’honneur qui sont ici avec nous aujourd’hui, j’aimerais dire quelques mots. Je tiens à vous remercier au nom de tous les Canadiens d’avoir choisi de vous établir au Canada. Vous avez aidé à bâtir un pays extrêmement pacifique et prospère – un endroit dont nous pouvons tous être fiers. Je tiens à tous vous remercier pour tout ce que vous avez redonné à vos communautés, pour votre leadership quand d’autres groupes religieux ont subi la persécution ou la haine. Et par-dessus tout, je tiens à vous remercier de nous avoir raconté votre histoire. Vos récits doivent être transmis et entendus. Vos expériences – le témoignage d’une horreur indicible, mais aussi d’un formidable courage et d’une formidable résilience – doivent être connues. Elles doivent être connues parce que vos récits personnels sont précieux et irremplaçables. Ce sont les clés qui font naître au fond du cœur de chacun une vraie détermination à changer notre monde pour le mieux... pour en faire un monde où nous pouvons tous dire avec conviction et avec confiance... jamais plus.
Merci.