Transcription - Le PM Trudeau et la présidente du Chili, Michelle Bachelet, prononcent une allocution conjointe
Le PM Trudeau et la présidente du Chili, Michelle Bachelet, prononcent une allocution conjointe
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU (Premier ministre du Canada) : Bonjour tout le monde. Merci beaucoup d’être des nôtres. Tout d’abord, je tiens à souhaiter à la présidente du Chili, Michelle Bachelet, la plus cordiale des bienvenues, comme les Canadiens savent si bien le faire. Le Chili est un ami de longue date du Canada, et c’est un honneur d’accueillir la délégation chilienne à Ottawa aujourd’hui.
J’ai rencontré Michelle pour la première fois en 2010, à l’époque où je n’étais qu’un simple député de l’opposition. Elle était venue au Canada en tant que directrice exécutive d’ONU Femmes et, bien sûr, nous avions alors trouvé énormément de points sur lesquels nous étions d’accord. Par conséquent, c’est un immense plaisir de l’accueillir ici encore aujourd’hui et de découvrir, encore une fois, que nous sommes d’accord dans de nombreux dossiers.
Nous venons de clore une excellente rencontre au cours de laquelle nous avons parlé d’enjeux importants pour nos deux pays. Des enjeux comme l’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes, la prospérité économique pour la classe moyenne, la stabilité régionale et l’environnement.
Et, en cette Journée mondiale de l’environnement, nous nous félicitons de notre déclaration conjointe sur les changements climatiques et les aires protégées, au moment où nous célébrons 20 années de collaboration positive en matière d’environnement entre le Canada et le Chili.
Comme nous le savons, les économies du Canada et du Chili sont étroitement liées. Les entreprises canadiennes constituent la plus importante source de nouveaux investissements directs étrangers au Chili, et la valeur de nos échanges commerciaux a plus que triplé au cours des vingt dernières années. Le fait de resserrer nos liens économiques contribuera à créer de bons emplois bien rémunérés pour les populations des deux pays. Afin de favoriser la croissance progressiste, nos pays son en voie de moderniser l’accord de libre-échange Canada‑Chili, et je suis particulièrement fier du fait que, pour la première fois de l’histoire du Canada, nous avons ajouté à cet ALE un tout nouveau chapitre portant sur l’égalité des sexes. À cet égard, le mérite revient au Chili, qui a fait preuve d’un véritable leadership en incluant une section sur l’égalité des sexes dans l’ALE qu’il a récemment conclu avec l’Uruguay.
Cette nouvelle section sur l’égalité des sexes mettra en valeur la croissance économique inclusive et l’importance cruciale d’adopter des politiques qui tiennent compte de l’égalité entre les sexes en vue de générer des retombées durables pour les communautés. Ce chapitre soulignera également des domaines de coopération dans lesquels le Canada et le Chili peuvent améliorer les conditions des travailleuses et des femmes qui possèdent une entreprise afin de leur permettre de profiter pleinement des débouchés économiques.
C’est un grand moment pour le Canada et le Chili, de même que pour le commerce progressiste à l’échelle mondiale.
Il faut dire que cet important développement ne devrait pas être une surprise. Après tout, la présidente et moi-même sommes sur la même longueur d’onde en ce qui concerne l’égalité pour les femmes et les filles. La présidente Bachelet a brisé le plafond de verre de la scène politique chilienne en devenant la première femme à se faire élire à la présidence du Chili.
Et, depuis, elle exerce une grande influence, y compris dans son rôle de directrice exécutive d’ONU Femmes. En plus de déployer des efforts pour encourager l’autonomisation des femmes et des filles, la présidente est depuis longtemps une ardente défenseure de la réforme des pensions, de la prestation d’une éducation de qualité pour les étudiants et de la protection des travailleurs chiliens. Elle travaille aussi sans relâche pour décriminaliser le mariage gai et pour appuyer le droit des femmes de choisir.
Le Canada est honoré de travailler avec ses partenaires chiliens afin de promouvoir une croissance économique profitable pour tous et la mise en œuvre de politiques qui mèneront à un monde meilleur, plus juste et plus inclusif. Nous participerons à un dîner de travail plus tard ce soir, et j’ai très hâte de voir jusqu’où ira notre réflexion sur nos priorités communes. Sur ce, j’ai maintenant le plaisir de céder la parole à mon amie, la présidente Michelle Bachelet.
LA TRÈS HONORABLE MICHELLE BACHELET (Présidente du Chili) : Merci au premier ministre Justin Trudeau de me donner cette possibilité, mais, d’abord et avant tout, merci de l’accueil chaleureux et de cette occasion de visiter le Canada, un pays qui partage nos vues et un partenaire si important pour le Chili. Nous avons eu la chance d’échanger nos points de vue sur les moyens d’aborder les problèmes et les incertitudes de notre époque, et aussi d’affirmer notre attachement à des valeurs comme la démocratie, les droits de la personne, l’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes, l’importance de la paix et de la sécurité dans le monde, et l’importance du multilatéralisme et du libre‑échange, entre autres.
Ce que le premier ministre ne vous a pas dit est que, lorsque nous nous sommes rencontrés durant ma visite au Canada en 2010 dans le cadre de l’activité d’ONU Femmes, il m’a été présenté comme étant le député Justin Trudeau, un homme promis à un avenir brillant. Alors, cela a été très, très... Je dirais qu’ils savaient de quoi ils parlaient, Monsieur le Premier Ministre.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Ah, ils ont simplement eu de la chance.
LA TRÈS HONORABLE MICHELLE BACHELET : Eh bien, parmi les sujets que nous avons abordés, nous avons aussi discuté de l’importance d’assurer l’autonomisation des femmes, l’égalité des droits des femmes et de ceux de tous les citoyens du monde et également, bien entendu, de l’importance des femmes dans le cadre d’opérations de maintien de la paix. Nous avons parlé des conséquences qui découlent des conflits pour les femmes et les filles, ainsi que du rôle que les femmes sont appelées à jouer non seulement dans la résolution des conflits, mais également après la fin de ces conflits, afin de jeter les fondements de la paix et de la sécurité à long terme. Nos deux pays sont aussi très engagés à l’égard de la résolution 1325 que les Nations Unies ont adoptée en 2000 et qui porte directement sur cet enjeu. Je viens d’ailleurs de souligner au premier ministre le fait que le Chili a été le premier pays d’Amérique latine à adopter un plan d’action pour la mise en œuvre de cette résolution en 2009, durant mon premier mandat. Et maintenant, durant mon second mandat, nous assurons la mise en œuvre du deuxième plan d’action, qui est particulièrement axé sur la prévention, la participation, la protection ainsi que le redressement et la relance.
De plus, sur le plan multilatéral, nous sommes membres du Groupe d’amis de la résolution 1325, auquel adhère également le Canada. En outre, dans le cadre du processus de paix en Colombie que le Chili a accompagné, nous tenons à ce que des femmes participent à toutes les étapes du processus parce que nous sommes convaincus que leur point de vue particulier est une composante nécessaire au succès de toute négociation. Cette conviction se manifeste aussi dans le fait qu’une partie de nos troupes est constituée de femmes qui participent à la mission politique de l’ONU en Colombie visant à surveiller la mise en œuvre de l’accord de paix.
Bien entendu, nous avons aussi parlé des enjeux mondiaux et des mesures à prendre relativement aux différents problèmes auxquels nous faisons face. Le Chili et le Canada y réagissent en procédant au renforcement et à la mise à jour de notre accord de libre-échange, conclu il y a 20 ans, pour veiller à le rendre plus inclusif, progressiste et profitable pour tous nos citoyens. Autrement dit, notre ALE, qui était à l’étape de l’adolescence, deviendra un adulte de 20 ans, mieux adapté et plus responsable. Nous avons amélioré les chapitres portant sur l’approvisionnement et les investissements gouvernementaux, y compris les dispositions concernant la responsabilité sociale des entreprises, et nous avons négocié de nouveaux chapitres sur les mesures sanitaires et phytosanitaires et les obstacles techniques au commerce.
De plus, comme le premier ministre l’a souligné, nous signons un nouveau chapitre sur l’égalité des sexes et le commerce. Et ce chapitre ne fait pas que reconnaître la contribution des femmes à la croissance économique et au développement durable, mais appelle également les deux pays à favoriser l’autonomisation économique des femmes par la formation, l’accessibilité du financement et l’accès et la participation des femmes aux postes de direction, entre autres.
Mais ce n’est pas tout. Le Chili et le Canada sont d’ardents défenseurs du système commercial multilatéral et de l’intégration régionale. Que ce soit dans le cadre de l’OMC, de l’APEC, de l’OCDE ou du PTP, nous avons été solidaires dans la défense du libre-échange progressiste et de l’importance de l’Asie-Pacifique en tant que nouveau centre mondial d’investissement et de commerce. Le Canada est également un observateur actif au sein de l’Alliance du Pacifique, le bloc d’intégration régionale regroupant le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou. Et, en juin 2016, nous avons signé dans le cadre de l’Alliance du Pacifique une ambitieuse déclaration conjointe sur la coopération dans des domaines comme l’environnement, l’innovation et l’éducation. Récemment, l’Alliance du Pacifique a également franchi un pas en avant en créant un nouveau statut, celui d’État associé, pour les pays de l’Asie-Pacifique qui souhaitent se joindre à un accord commercial global et de haut niveau avec l’ensemble de l’Alliance du Pacifique. Nous serons ravis d’accueillir le ministre du Commerce du Canada à la fin du mois de juin dans le cadre de la rencontre entre l’Alliance du Pacifique et les États observateurs et, à cette occasion, nous annoncerons cette nouvelle aux 52 membres. Et, bien sûr, nous espérons que le premier ministre pourra effectuer une visite au Chili avant que je quitte mes fonctions, l’an prochain.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Merci.