Transcription - Le premier ministre Trudeau annonce de nouvelles mesures d’aide pour l’Ukraine
Le premier ministre Trudeau annonce de nouvelles mesures d’aide pour l’Ukraine
J’aimerais remercier le Congrès des Canadiens d’origine ukrainienne de m’accueillir à cette réunion triennale. Il n’a jamais été aussi important de se réunir entre dirigeants, entre Canadiens, entre Canadiens d’origine ukrainienne. Merci, Alexandra, pour votre leadership. Notre gouvernement vous est reconnaissant pour vos revendications et tout ce que le Congrès a fait pour le Canada et pour l’Ukraine.
Je suis heureux que tant de membres de notre gouvernement puissent participer à ce congrès, dont la vice-première ministre Freeland, les ministres Anand, Sajjan et Vandal, et les membres du caucus comme Yvan Baker, Jim Carr et Terry Duguid. Je veux aussi souligner la présence de l'ambassadrice ukrainienne au Canada, Yuliya Kovaliv, en plus de notre ambassadrice en Ukraine, Larisa Galadza. Je remercie bien sûr la première ministre Stefanson de nous accueillir ici, au Manitoba. C'est toujours un plaisir de vous voir.
Et merci de nous accueillir à Winnipeg, Monsieur le Maire. Félicitations encore, Scott. C’est extraordinaire que ce soit votre premier événement officiel – non officiel parce que vous êtes encore maire élu –, mais c’est extraordinaire de vous voir et ce sera génial de travailler avec vous au cours des prochains mois et des prochaines années, pour les gens de Winnipeg, du Manitoba et de tout le Canada. Il y a neuf mois exactement, la Russie entamait l’invasion brutale et meurtrière d’une nation souveraine démocratique. La Russie a alors perturbé l’ordre et la stabilité qui avaient été instaurés après la Deuxième Guerre mondiale et qui nous avaient permis de préserver la paix et de prospérer pendant des décennies. La Russie a tué des civils innocents. Quand vous voyez ces images horribles à la télé ou dans vos médias sociaux, vous voyez des lieux que vous connaissez trop bien.
Peut-être que vous y avez habité à un moment de votre vie. Peut-être que votre cousin y vit en ce moment. Ou que vos arrière-grands-parents ont quitté cet endroit il y a 100 ans pour venir au Canada. Aujourd’hui, l’ensemble des Canadiens apprennent le nom de ces villes pour les pires raisons qui soient.
Boutcha. Izyoum. Irpin.
J’ai vu de mes propres yeux les dégâts causés à Irpin quand j’y suis allé en mai. Et jamais je n’oublierai cela : ces maisons détruites dans des quartiers dévastés.
Nos cœurs saignent de voir tant de vies perdues, ruinées, de voir tant de gens qui s’enfuient pour se protéger. Plus de 105 000 ressortissants ukrainiens sont arrivés au Canada grâce à des programmes spéciaux d’immigration qu’on a lancés en février. Des milliers sont venus et se sont installés ici, au Manitoba. Les Canadiens les ont accueillis à bras ouverts parce que c’est tout simplement dans notre nature de le faire. Des réfugiés et des immigrants ont intégré des communautés ukrainiennes canadiennes comme les vôtres, qui sont ici depuis plus d’un siècle. À l’époque, une grande vague d’immigrants ukrainiens sont arrivés au Canada et se sont installés en grand nombre dans les Prairies. Ils ont travaillé la terre. Ils ont apporté avec eux de nombreuses décennies d’expérience relativement à l’agriculture, au blé et aux céréales et ont aidé à faire du Canada une terre nourricière pour le reste du monde. Ils ont contribué à l’édification de ce pays. Ces agriculteurs ont apporté des compétences de l’Ukraine, un pays qui, avant de subir les attaques du président Poutine, nourrissait les pays du monde – et ça reviendra. Mais, en ce moment, en raison de l’occupation et de l’agression commises par la Russie, nombreuses sont les personnes dans les régions touchées qui n’ont pas même l’équipement de base pour ce faire.
Les Canadiens et le Canada fournissent leur soutien depuis le début. Notre gouvernement a fourni 320 millions de dollars en aide humanitaire en Ukraine. Ces fonds ont été distribués aux organisations qui offrent une aide alimentaire, de l’eau potable, des articles médicaux et des services en soutien mental aux enfants, entre autres.
On ne peut pas permettre à la guerre barbare de la Russie de se poursuivre. On travaille pour faire en sorte que Poutine et tous ses complices de ces atrocités répondent de leurs actes. En partenariat avec nos alliés, le Canada a imposé les sanctions les plus sévères jamais imposées contre une grande économie, y compris contre la Banque centrale russe. On a imposé des sanctions contre les complices de Poutine, contre les oligarques qui facilitent ses actions et contre les législateurs qui ont approuvé les brutalités commises contre les Ukrainiens. Depuis février, le Canada a sanctionné plus de 1 400 individus et entités.
Et, aujourd’hui, je vous annonce que l’on ajoute 35 personnes à cette liste, dont d’influents dirigeants de la société d’État du secteur énergétique Gazprom, et que l’on impose des sanctions à six entités de ce secteur.
(Applaudissements)
On va continuer de serrer la vis à tous les complices de cette invasion illégale, et on a l’intention d’imposer de nouvelles sanctions à des membres des secteurs de la justice et de la sécurité de la Russie, dont des policiers et des enquêteurs, des procureurs de la Couronne, des juges et des responsables de l’administration pénitentiaire. En fait, toute personne participant aux violations flagrantes et systémiques des droits des leaders de l’opposition russes.
(Applaudissements)
La machine de guerre du président Poutine ne peut agir impunément. Ses crimes de guerre auront des conséquences. C’est pourquoi on travaille de près avec la Cour pénale internationale afin d’appuyer son enquête sur les atrocités commises en Ukraine. Dans le cadre de cet effort, le Canada a dépêché une équipe d’agents de la GRC hautement spécialisés à La Haye. Le Canada continuera de faire tout ce qu’il peut pour que le président Poutine et ses complices répondent de cette invasion illégale et injustifiable.
(Applaudissements)
Depuis 246 jours, les Ukrainiens endurent des bombardements, des occupations et des coûts insupportables sur le plan humain. Cela doit se conclure par l’échec du président Poutine.
(Applaudissements)
Pendant que le Canada continue d’encourager la justice et la fin de la guerre, ce sont les Ukrainiens et les Ukrainiennes de courage qui sortent au combat chaque jour, et ils sont trop nombreux à y laisser leur vie. On ne doit jamais oublier que, lors de l’éclatement de la guerre, ce sont les hommes et les femmes ordinaires qui ont répondu à l’appel du devoir.
Des jeunes qui devraient être en séminaire, à l’université. Des pères qui ont envoyé leurs enfants en sécurité dans d’autres pays. Des grands-mères qui, au lieu d’aller chercher leurs petits-enfants à la garderie, ont dû prendre les armes.
Le monde entier a trouvé inspirants les efforts de défense courageux et acharnés de l’Ukraine. On a été épatés par ses avancées durant la contre-offensive de septembre, mais pas surpris, parce qu’une chose est sûre : ceux qui prêtent un tant soit peu attention à la situation savent qu’il ne faut pas sous-estimer les Ukrainiens.
(Applaudissements)
Leur conviction – votre conviction – à l’égard du droit à la liberté, à l’intégrité territoriale et de choisir son propre avenir est inébranlable. Et je tiens à dire qu’ils ne se portent pas seulement à défense de leur liberté.
Non, ils défendent la nôtre aussi. Ils défendent l’ensemble des démocraties dans la lutte contre l’autoritarisme.
(Applaudissements)
En mars, quand j’ai reçu le président Zelenskyy pour qu’il s’adresse au Parlement, je lui ai dit qu’il était un défenseur de la démocratie. Il a rallié les Ukrainiens, il a fait fi des dangers à sa propre sécurité, et sa force et son courage ont été pour nous tous une source d’inspiration. Il est extraordinaire. C’est un héros. Il ne s’arrêtera pas. On manque d’adjectifs, mais, pour résumer simplement : c’est un Ukrainien.
(Applaudissements)
Tous les Ukrainiens qui adhèrent à ce combat sont des défenseurs. Ils nous défendent tous.
Entre 2015 et 2022, le Canada a formé plus de 33 000 membres des forces de sécurité de l'Ukraine dans le cadre de l'opération UNIFIER. J'en ai moi-même vu l'impact quand j'ai visité l'Ukraine avec mon fils en 2016. Et cette mission nécessaire de formation se poursuit encore avec des centaines de membres des Forces armées canadiennes qui forment des milliers d'Ukrainiens courageux pour les aider à défendre leur liberté. On s'est aussi engagé à fournir plus de 600 millions de dollars d'aide militaire depuis février. Cette aide comprend des armes et des munitions antichars, des gilets pare-balles et d'autres équipements, des caméras de drones, de la technologie de surveillance et des véhicules militaires.
Aujourd’hui, les 39 véhicules blindés de soutien au combat dont on avait annoncé l’envoi en Ukraine à l’été commencent à arriver en Europe, où les forces ukrainiennes sont formées actuellement.
(Applaudissements)
On a également alloué des millions de dollars pour aider à retirer les explosifs et les mines terrestres que les soldats russes ont cruellement posés sur le sol ukrainien. C'est quelque chose, d'ailleurs, que Vladimir Zelensky m'a demandé personnellement lors d'un de nos appels réguliers, et je suis bien content de pouvoir apporter ce soutien pour aider à former, à équiper et à encadrer les Ukrainiens lorsqu'ils procèdent au déminage. Bien sûr, on sait que pour aider l'Ukraine à résister aux assauts de Poutine, ça ne prend pas seulement de l'aide militaire.
Le gouvernement ukrainien a besoin de ressources financières pour soutenir son peuple et résister aux attaques incessantes de la Russie. Depuis le début, on travaille avec nos partenaires internationaux pour envoyer des fonds à l’Ukraine de manière efficace. Le Canada mène la charge, autant pour l’ampleur de son soutien que la vitesse à laquelle il est envoyé. Le gouvernement du Canada a accordé près de 2 milliards de dollars en prêts au gouvernement ukrainien, cette année.
(Applaudissements)
Mais on sait, notamment parce qu’Alexandra nous le dit régulièrement, que bien des Canadiens voudraient qu’on en fasse plus et qu’on soit capable d’en faire plus.
On le voit. On le voit chaque jour dans les drapeaux ukrainiens qui flottent aux fenêtres des autos, qui sont peints sur les lampadaires ou qui sont installés sur les terrains des gens. Eh bien, on veut donner aux Canadiens la chance de soutenir directement l’Ukraine. Alors, aujourd’hui, on annonce que le Canada émettra de nouvelles obligations de souveraineté de l'Ukraine appuyées par le gouvernement.
(Applaudissements)
Les Canadiens pourront désormais se rendre dans une grande banque et se procurer des obligations de souveraineté, qui viendront à échéance après cinq ans et auront cumulé des intérêts. Ce sera un peu comme les obligations du gouvernement du Canada que les gens connaissent. Ces fonds serviront à soutenir le gouvernement de l’Ukraine pour qu’il puisse continuer de soutenir son peuple.
(Applaudissements)
Des jours difficiles nous attendent, et pas seulement pour les Ukrainiens qui entament le 10e mois de ce conflit. La violence inconsidérée du Kremlin a mené à une incertitude économique généralisée et à la montée en flèche de l’inflation dans le monde. Le régime russe a instrumentalisé les aliments et l’énergie, ce qui cause de la misère partout dans le monde et surtout chez les plus vulnérables.
L’hiver sera particulièrement rude pour nos alliés d’Europe, à un moment où la forte baisse des importations d’énergie russe amène les gens à se demander s’ils auront froid cet hiver. Les dirigeants de pays démocratiques du monde entier offrent leur appui indéfectible à l’Ukraine. Mais, bien sûr, on voit la pression que la situation exerce sur la vie des gens, au quotidien. Je sais que les Canadiens sont tannés de voir les prix augmenter à l’épicerie. On sait que c’est difficile, alors on travaille à des mesures législatives qui vont soulager le portefeuille des Canadiens. Dans les prochaines semaines, un crédit pour TPS viendra aider 11 millions de Canadiens, tous les enfants au pays pourront avoir des soins dentaires, et il y aura plus de soutien pour les locataires à faible revenu. Ces mesures vont aider, mais les temps sont durs.
Cela dit, comme les Ukrainiens, les Canadiens resteront déterminés à tenir tête au président Poutine.
(Applaudissements)
Parce que c’est ce que font les intimidateurs comme lui : mettre les gens dans la misère. Semer le chaos. Affaiblir notre détermination. On ne peut pas se laisser faire, et on ne se laissera pas faire.
(Applaudissements)
Il y a beaucoup de désinformation qui circule, et cette désinformation est partagée de manière délibérée par Poutine. Le Canada collabore avec des partenaires du monde entier pour surveiller la mésinformation et la désinformation, notamment avec le Mécanisme de réponse rapide du G7 qu'on dirige. Le mécanisme a pour rôle de renforcer la coordination pour cerner les menaces étrangères à la démocratie et y réagir. On doit tous rester vigilants et dénoncer les mensonges et les injustices et on doit rester forts peu importe ce que les dictateurs essayent de faire.
(Applaudissements)
On va toujours tenir tête aux tyrans qui essayent de faire peur aux autres avec de l'intimidation.
Je vais me rendre au Sommet du G20 de cette année. L’un de mes principaux objectifs, aux côtés de nos amis les plus proches, sera de rallier les alliés et de veiller à ce que le monde demande des comptes à la Russie.
(Applaudissements)
Les nombreuses discussions que j’ai eues, ces derniers mois, avec des dirigeants d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud, pour encourager le monde à unir ses forces, ont été difficiles, parce que l’on sait que la Russie continue d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour menacer le monde et le faire taire pendant qu’elle poursuit ses attaques inadmissibles contre un peuple souverain et indépendant.
Mais je vais vous dire que dans les conversations que j’ai eues, même avec ceux qui hésitent à trop se rapprocher de l’Occident, quand il s’agit des principes d’intégrité territoriale, de souveraineté, du droit des gens de choisir leur propre avenir, de ne pas être attaqués ou envahis par leurs voisins, cela résonne. Et au fil de la crise alimentaire et énergétique, plus les pays du Sud voient le Canada et d’autres amis intervenir pour assurer la livraison de denrées alimentaires, un soutien énergétique et des investissements en vue de l’avenir, plus les pays prennent conscience que le président Poutine doit échouer. On ne peut pas le laisser nous ramener à un monde sanguinaire où le plus fort l’emporte.
(Applaudissements)
Depuis le 24 février, Poutine a sous-estimé l'Ukraine et il a sous-estimé la force et la ténacité de leurs partenaires et amis. Le Canada est solidaire des démocraties et de ses partenaires du monde entier dans la lutte contre l'autoritarisme.
On ne reculera pas. On est ici pour durer. On restera solidaires de l’Ukraine, et on fera tout ce qu’il faut, aussi longtemps qu’il le faudra.
(Applaudissements)
Le Canada a la deuxième plus vaste diaspora ukrainienne dans le monde. En effet, près de 1,4 million de personnes se réclament fièrement d’origine ukrainienne au pays. Cela dit, on partage plus que des liens profonds et durables entre nos peuples. On croit fermement à la liberté, à la démocratie et à la justice. Et, bien entendu, au triomphe de la lumière sur l’obscurité, qui est inévitable et parfois difficile.
Slava Ukraine. Rakhym slava.
(Applaudissements)