Transcription - Discours à la cérémonie d’ouverture de la COP15
Discours à la cérémonie d’ouverture de la COP15
Aujourd’hui, on accueille le monde entier ici à Montréal, ici au Canada. Notre pays représente bien des choses à travers le monde. À chaque jour, on travaille fort pour être un exemple d’ouverture et de diversité. On a des athlètes et des artistes qui s’illustrent sur la scène internationale, on a des travailleurs et des scientifiques qui nous permettent d’innover et d’avancer. Mais surtout, quand on pense au Canada à travers le monde, on pense à nos paysages et à toute la richesse de notre nature.
Le Canada, c’est l’Atlantique et la vallée du Saint-Laurent.
Le Canada, ce sont les Rocheuses dans l’Ouest et leurs magnifiques sommets enneigés, l’Arctique au nord, vaste et étonnamment vivante, les forêts anciennes de la Colombie-Britannique, les érables du Québec et, au beau milieu, les cieux vivants des Prairies. La nature fait partie de notre identité, et on est ici à la COP15, aujourd’hui, pour s’assurer qu’elle le reste pour des générations encore.
Il est inutile de vous dire, cet après-midi, que la nature est menacée. En fait, elle est sous le coup d’une attaque. Cela ne fait que quelques instants que je vous parle et, dans ce laps de temps, on a déjà perdu l’équivalent de 136 terrains de soccer d’arbres sur la planète – et ce n’est qu’un exemple. Le travail qu’on fait ne suffit pas. C’est aussi simple que ça.
Le Canada a levé la main, à seulement quelques mois d’avis, pour accueillir cette COP sur la nature ici à Montréal, pour qu’on puisse trouver des solutions. Le temps file, et on savait que l’on ne pouvait pas attendre plus longtemps avant de tenir cette conférence.
On est devant une crise de la biodiversité. C’est une crise qui est aussi réelle et dangereuse que la crise climatique. C’est un enjeu majeur qui ne peut pas être relégué au second plan, parce qu’on est tous liés à la nature. Nos villes ont besoin d’eau propre et nos fermes ont besoin d’abeilles. Les marais protègent nos communautés contre les inondations, et des dizaines de milliers de milliards de dollars de l’économie mondiale dépendent de la nature. Il faut agir, et il faut agir dès maintenant.
Pour notre part, le Canada fait des progrès comme jamais auparavant dans son engagement à protéger 25 % de nos terres et 25 % de nos cours d’eau d’ici 2025, et 30 % d’ici 2030. Et on n’a pas choisi ce 30 % au hasard. Selon les plus grands scientifiques, c’est le seuil critique, pour d’une part éviter les risques d’extinction, et aussi assurer notre sécurité, entre autres, alimentaire et économique.
Et 30 %, c’est tout à fait faisable. Au Canada, on a fait passer la superficie de zones marines et côtières protégées de moins de 1 % en 2015 à plus de 14 % aujourd’hui. En même temps, on a aussi protégé des centaines de milliers de kilomètres carrés de territoire, qui équivalent – pour vous donner une idée – à la taille de l’Italie. Et quand de grands pays comme le Canada se mobilisent, ça change vraiment les choses.
Parallèlement aux progrès sans précédent qu’on réalise au Canada par rapport à notre engagement à protéger 30 % de nos terres et de nos eaux d’ici 2030, on protège également des espèces emblématiques, que l’on pense au bourdon de l'Ouest ou à l’orque, et on fait tout cela en partenariat avec les peuples autochtones. Vous voyez, d’une certaine façon, le Canada est un jeune pays, étant donné qu’il a juste 155 ans. Cela dit, on reconnaît et on respecte le fait que les peuples autochtones vivent sur ces terres et s’en occupent depuis la nuit des temps. Tout le travail que l’on fait pour protéger la nature doit donc tenir compte des modes de connaissances et d’existence des peuples autochtones et être fait dans le cadre d’un véritable partenariat afin de poursuivre ensemble notre cheminement vers la réconciliation.
(Applaudissements)
Les progrès, la protection et le partenariat, ce sont nos objectifs. Et, demain, je parlerai des projets du Canada, mais on est réunis ici, aujourd’hui, parce que ni le Canada ni aucun autre pays ne pourra faire ce travail seul.
Les cinq plus grands pays de la planète – la Russie, le Canada et la Chine, qui sont les deux pays hôtes de cette rencontre, les États-Unis et le Brésil – comptent plus de la moitié des forêts de la planète. Le Canada a le plus long littoral, la Russie a la plus vaste forêt boréale et le Brésil a en grande partie la plus vaste zone humide du monde, le Pantanal. Ce sont de grandes responsabilités pour de grands pays. Il ne fait aucun doute que des progrès sont faits, mais parmi ces cinq plus grands pays, aucun n’a encore protégé 30 % de ses terres ou de ses eaux.
Cela dit, on ne doit pas le faire d’ici demain, mais on doit vraiment le faire d’ici 2030. D’ici 2030, on doit freiner et renverser la perte de la biodiversité.
(Applaudissements)
Et pour y arriver, on va devoir protéger 30 % des terres et des eaux du monde. Tous les dirigeants doivent dire à leurs négociateurs d’amener cette cible ambitieuse à la table pour en arriver au cadre final d’ici deux semaines.
De notre côté...
(Applaudissements)
De notre côté, je peux vous dire aujourd’hui que, en tant que pays hôte, le Canada s’engage à verser 350 millions de dollars de plus en financement international pour la biodiversité.
(Applaudissements)
Ces 350 millions de dollars en argent neuf qui seront investis dans le financement international pour la biodiversité s’ajoutent à la somme de plus de 1 milliard de dollars qu’on a déjà promise pour lutter contre les effets des changements climatiques sur la perte de la biodiversité. Le ministre Guilbeault va vous en dire plus là-dessus, mais l’essentiel c’est qu’on continue d’agir à l’échelle internationale.
Mes amis, on va tous travailler ensemble pendant le sommet, et on doit atteindre des résultats. Nos citoyens comptent sur nous. Des citoyens comme Jean-Marc, qui m’a écrit par l’entremise de Nature Canada. Jean-Marc vit à quelques heures d’ici à Gatineau, il m’a dit qu’il compte sur nous pour être des leaders en matière de biodiversité, par exemple pour protéger les oiseaux, parce que ça lui tient à cœur.
J’ai aussi reçu une lettre d’une jeune femme, Maria, qui habite sur la côte Ouest canadienne, et qui m’a dit qu’on doit agir dès maintenant pour protéger la nature et les écosystèmes. Jean-Marc et Maria ont raison. Le Canada vous accueille ici parce qu’on s’attend à ce que des gestes soient posés. On se met au défi et on vous met au défi.
Je sais, cependant, qu’il y a bien des désaccords entre les gouvernements. Mais si le monde ne peut pas s’entendre sur quelque chose d’aussi fondamental que la protection de la nature, eh bien, plus rien ne compte.
(Applaudissements)
Tant qu’on ne sera pas d’accord pour freiner l’extinction des espèces, tant qu’on ne sera pas d’accord pour assainir nos océans et l’air qu’on respire, tant qu’on ne sera pas d’accord pour faire perdurer nos forêts, nos prairies et nos jungles, on ne pourra pas garantir l’avenir de nos enfants.
C’est pas le temps de se demander si on devrait agir ou si on devrait être ambitieux; c’est le temps de dire comment on va le faire. On a une planète magnifique et remarquable, et c’est le temps de se concentrer sur ce qu’on va accomplir ensemble pour assurer son avenir.
Merci beaucoup tout le monde.