Transcription - Allocution à l’assemblée générale annuelle de la Fédération canadienne de l’agriculture
Allocution à l’assemblée générale annuelle de la Fédération canadienne de l’agriculture
Bonjour tout le monde. Merci pour ça et merci, Marie-Claude, pour l’introduction. Je sais que ce n’est pas toujours un défi de demander à une politicienne de parler un petit peu plus…
Mais je vous suis reconnaissant d’avoir étiré cela un peu pendant que je dévalais les escaliers pour venir vous rejoindre. Vous ne le savez peut-être pas, mais Marie-Claude est assise juste à côté de moi à la table du Conseil des ministres. Ainsi, dès qu’il est question d’agriculture, des familles vivant en milieu rural ou de tout autre enjeu qui vous concerne, elle se tourne vers moi et me rappelle ce qui est le plus important pour vous, où que vous soyez au pays. Et je dois dire que vous êtes vraiment très chanceux qu’elle défende vos intérêts de la sorte et je lui suis reconnaissant de se battre pour vous chaque jour. Merci pour tout ce que vous faites, Marie-Claude.
(Applaudissements)
Je suis heureux d’être aussi accompagné des députés Kody Blois et Francis Drouin et de leurs secrétaires parlementaires. Et j’aimerais prendre le temps de remercier Mary Robinson pour le leadership qu’elle a exercé à la présidence de la Fédération canadienne de l’agriculture. Mary, vous avez dirigé cette organisation pendant quatre années sans précédent, que l’on pense à la pandémie ou à la gale de la pomme de terre – dont vous avez été mise au parfum, j’en suis certain – ou que l’on pense aux problèmes dans les chaînes d’approvisionnement ou à l’insécurité alimentaire mondiale. J’aimerais aussi souhaiter la bienvenue à Keith Currie dans ce rôle. Notre gouvernement a bien hâte de travailler avec vous, Keith.
Avant toute chose, j’aimerais souligner le fait que, plus tôt aujourd’hui, avec le gouvernement de la Saskatchewan, on a annoncé que les familles de cette province auront accès à des garderies à 10 $ par jour à compter du mois prochain, ce qui leur permettra d’épargner en moyenne jusqu’à 573 $ par mois pour chaque enfant, comparativement à ce qu’elles payaient il y a deux ans. Je sais que vous êtes nombreux à avoir grandi sur une ferme familiale que vous gérez en ce moment, alors vous savez qu’il est important de soutenir les familles contre vents et marées. Et, bien sûr, on va continuer à le faire.
J’aimerais dire aux agriculteurs, aux producteurs, aux groupements agricoles, aux coopératives et aux autres intervenants qui forment la Fédération canadienne de l’agriculture : merci de me recevoir aujourd’hui et merci pour tout ce que vous faites. Vous cultivez les champs et élevez le bétail qui nourrissent le Canada et le reste du monde. D’un bout à l’autre du Canada, ce matin, des gens commencent leur journée avec un yaourt d’un producteur laitier du Québec, des fruits d’un verger de la Colombie-Britannique et des œufs d’un producteur de volaille de l’Ontario. Les enfants de partout au pays apportent dans leur lunch un sandwich composé de pain fait de céréales des Prairies, de légumes d’une serre locale et de rôti de bœuf d’une ferme bovine de l’Alberta. Ces aliments sont parmi les meilleurs au monde et ils sont produits par vous, les agriculteurs du Canada, sur des fermes qui pour la plupart ont été léguées de génération en génération.
Il y a deux semaines, j’ai participé à une discussion publique avec l’Union des producteurs agricoles à Longueuil, où j’ai entendu les points de vue des agriculteurs et les producteurs québécois. Des gens comme Stéphane, un producteur laitier de Lanaudière qui s’inquiète de la relève pour sa ferme familiale. Catherine, une acéricultrice et productrice maraîchère qui doit composer avec des pénuries de main-d’œuvre. Daniel, un producteur de céréales qui a du mal à assumer les coûts de fonctionnement de sa ferme. Les agriculteurs font face à des défis bien réels, et on veut tous être là avec vous. On veut être là pour que vous puissiez continuer de produire les aliments de qualité tout en restant résilients.
De plus en plus, la question des changements climatiques devient urgente pour les agriculteurs. Vous êtes aux premières loges. Les phénomènes météorologiques extrêmes ont un effet direct sur vos bénéfices nets. L’ouragan Fiona a endommagé des granges, des vergers et des champs. Il a détruit des récoltes et tué du bétail. On estime que l’Île-du-Prince-Édouard a perdu le tiers de ses arbres fruitiers. Ce chiffre est ahurissant.
Au cours des dernières années, vous avez subi des sécheresses, des inondations et des feux de forêt. On a investi plus de 1 milliard de dollars pour aider le secteur à atténuer les conséquences des changements climatiques et à réduire les émissions, mais les saisons de croissance qui changent, les épisodes de sécheresse et d'inondation qui se multiplient vous poussent à vous adapter.
Les agriculteurs sont aux premières lignes des changements climatiques, mais ils sont aussi des leaders quand vient le temps de trouver des solutions. On n'a qu'à penser à des pratiques comme l'implantation de brise-vents et de cultures couvre-sol. Et vous rendez vos fermes plus efficaces et productives en adaptant la gérance des nutriments 4B et en utilisant des technologies de précision comme le GPS et les drones.
Pour vous épauler dans votre travail, on fait des investissements majeurs dans des programmes comme le Fonds d'action à la ferme pour le climat, Solutions agricoles pour le climat et le Programme des technologies propres en agriculture. Notre but, c'est d'aider les agriculteurs, les scientifiques et les groupes autochtones à élaborer et adopter des pratiques de gestion durable. On veut tous la même chose : de l'air pur, de l'eau propre, un sol et des troupeaux en santé et de l'abondance pour des années et des décennies à venir.
Vous êtes inquiets des changements climatiques et de bien d’autres choses. En plus de cela, la désinformation et la mésinformation que l’on trouve en abondance en ligne peuvent amplifier vos préoccupations. Jeudi dernier, lors d’une discussion publique à Langley, en Colombie-Britannique, Cade m’a justement demandé pourquoi – et je cite – on « oblige les agriculteurs à réduire de 30 % leur usage des engrais ». J’aimerais répondre à cette question aussi clairement devant vous : on consulte des agriculteurs de l’industrie au sujet d’une éventuelle réduction volontaire – et pas obligatoire – des émissions provenant des engrais, et non d’une réduction de l’usage des engrais. Certains d’entre vous m’ont dit directement que, pour assurer la durabilité et la résilience de l’environnement et de vos bénéfices nets, il serait important de trouver des façons d’utiliser les engrais de manière plus efficace.
La durabilité, c'est aussi la durabilité financière. On sait que les agriculteurs font face à des réalités différentes de celles de bien d'autres Canadiens. C'est pourquoi on vient d'annoncer le Partenariat canadien pour une agriculture durable, conclu avec l'ensemble des provinces et des territoires, qui va entrer en vigueur le 1ᵉʳ avril. C'est un investissement de 3,5 milliards de dollars. C'est une augmentation de 25 % par rapport au dernier partenariat, et il a été élaboré en fonction des priorités que vous avez exprimées. Après les coupures du gouvernement précédent, on a renforcé les programmes de gestion des risques de l'entreprise pour vous offrir une meilleure couverture en cas de difficultés.
On investit pour vous aider à adopter des technologies et des pratiques qui ne sont pas seulement bonnes pour l’environnement, mais aussi pour vos bénéfices. Notre programme de tarification de la pollution est en place pour réduire les émissions et combattre les changements climatiques et il permet de remettre de l’argent dans le portefeuille des Canadiens, y compris des agriculteurs dans les régions qui ont adhéré au système fédéral. C’est pourquoi, pour les agriculteurs précisément, on a exclu de la tarification de la pollution l’essence et le diésel employés à la ferme. Et pour les fermes admissibles dans les provinces et les territoires où le filet de sécurité est en vigueur, on a instauré des crédits d’impôt pour l’utilisation du propane et du gaz naturel, entre autres. De plus, les familles qui vivent en milieu rural, comme les familles agricoles, reçoivent un supplément de 10 % dans leurs paiements de l’Incitatif à agir pour le climat, qui leur sont versés quatre fois par année. On a aussi fourni du financement pour aider les agriculteurs à investir dans les technologies propres qui réduisent leurs coûts énergétiques. Par exemple, on a aidé les agriculteurs à se doter de séchoirs à céréales plus efficaces.
Cependant, la hausse actuelle de l’inflation mondiale et des taux d’intérêt vous fait particulièrement mal. Les perturbations aux chaînes d’approvisionnement et la guerre illégale du président Poutine ont fait grimper le prix des intrants essentiels. Ce qui est plus préoccupant encore, c’est que le prix des aliments a augmenté dans le monde quand la Russie s’est servie des aliments comme d’une arme et qu’elle a empêché l’exportation des céréales dont dépendaient des pays vulnérables. C’était d’une cruauté sans nom, et cela a mis en lumière toute la nécessité des agriculteurs.
Le Canada contribue à soutenir les agriculteurs en Ukraine, mais on sait que cette situation mondiale touche aussi les agriculteurs canadiens. En un mot, l’agriculture coûte de plus en plus cher. Les programmes tels que le Programme de paiements anticipés offrent des prêts à faibles intérêts ou sans intérêt pour que vous puissiez vous procurer du carburant, des engrais et des semences, par exemple. Et j’aimerais souligner qu’on a haussé la limite d’exemption d’intérêt à 250 000 $ pour l’an dernier et cette année.
J’ai entendu vos préoccupations, et notre gouvernement est constamment à la recherche de nouvelles façons de vous aider. On offre de généreux programmes et on veut être certains qu’ils répondent aux besoins des fermes familiales plus modestes et des jeunes agriculteurs. Le bilan du gouvernement précédent en matière d’agriculture reposait sur des compressions budgétaires. De notre côté, cependant, on veut vous aider et non pas vous tenir pour acquis. C’est pourquoi on va continuer à investir dans l’agriculture.
On sait que le meilleur moyen d'assurer la réussite à long terme des agriculteurs canadiens est d'aider vos entreprises à prospérer. Il vous faut plus de travailleurs pour faire croître vos entreprises, c'est pour ça qu'on a haussé nos cibles d'immigration et qu'on étend les permis de travail aux membres de la famille des travailleurs étrangers temporaires et on écoute vos idées sur la façon d'éliminer les pénuries de main-d'œuvre. On bâtit également des chaînes d'approvisionnement résilientes avec des réseaux routiers, ferroviaires et portuaires qui permettent de transporter vos produits vers les marchés à travers le Canada et partout dans le monde.
On a conclu des accords de libre-échange avec 51 pays représentant près des deux tiers du PIB mondial. Et, en 2022, les exportations agricoles et agroalimentaires ont atteint un sommet inégalé de près de 93 milliards de dollars, dépassant ainsi notre objectif de 75 milliards de dollars d’ici 2025 bien avant cette échéance. Pour maintenir cet élan, dans le cadre de notre Stratégie sur l’Indo-Pacifique, on va ouvrir notre premier bureau pour l’agriculture et l’agroalimentaire en Asie. Plus les populations et les économies asiatiques prendront de l’ampleur, plus elles auront besoin du canola canadien, du porc canadien et de toutes sortes de produits canadiens de grande qualité. Et on agit pour que le Canada demeure un fournisseur de choix.
On veut favoriser la stabilité du secteur au pays également. La gestion de l’offre est une garantie de qualité et une garantie de stabilité pour la prochaine génération. C’est un système qui fonctionne bien depuis plus de 40 ans et qui va continuer comme ça. Quand on a renégocié l’ALENA, on a obtenu un bon accord pour toute l’économie canadienne. Cependant, comme le président ciblait précisément les producteurs laitiers, on a dû indemniser les producteurs des secteurs assujettis à la gestion de l’offre pour obtenir un accord satisfaisant.
À l’heure où l’on se parle, on a versé une indemnisation juste et complète aux producteurs de lait, d’œufs et de volaille, et je promets aux Canadiens que plus jamais le système de gestion de l’offre du Canada ne sera négociable dans les accords commerciaux. À la Chambre des communes, il y a justement un projet de loi en ce sens pour que les prochains gouvernements soient tenus de respecter cette promesse. La gestion de l’offre est importante non seulement pour les producteurs laitiers, mais pour toute la communauté agricole, parce qu’elle offre la stabilité sur laquelle leurs citoyens et plus largement tout le secteur peuvent compter.
Vous, en tant qu’agriculteurs, cultivez la terre, élevez le bétail et nourrissez le Canada et le reste du monde. Vous aimez votre travail. C’est un travail difficile, mais essentiel, et tous les Canadiens vous en sont reconnaissants. Au cours des dernières années, pendant la pandémie, on a constaté une certaine nervosité entourant les chaînes d’approvisionnement et on s’est aperçus que, malheureusement, trop de gens tenaient pour acquise l’ardeur dont vous faites preuve au travail chaque jour. Les Canadiens comprennent maintenant plus que jamais l’importance d’avoir des producteurs locaux de grande qualité pour les aliments qu’ils consomment et les articles dont ils ont besoin pour leur famille, car c’est ainsi qu’on bâtira une économie plus forte et un avenir meilleur pour tous.
Ça prend plus d'agriculteurs. Il faut que la prochaine génération soit là pour continuer à produire des aliments de qualité qui font la réputation du Canada. Il faut qu'il y ait un bon avenir pour la relève.
J’aimerais maintenant vous céder la parole et entendre ce que vous avez à dire parce que, pour un dirigeant, c’est important d’entretenir un dialogue avec les gens qu’on a décidé de représenter. De cette façon, on pourra répondre à vos besoins aujourd’hui et demain et ainsi renforcer nos fermes familiales et bâtir un secteur agricole plus fort, plus résilient et plus inclusif qui joue un rôle dynamique au sein d’une économie centrée sur le bien-être de tous les Canadiens.