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LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Bonjour.

Je tiens tout d'abord à remercier le Congrès mondial du droit et Javier Cremades d'avoir organisé l'événement d'aujourd'hui.

Je tiens également à saluer le roi Felipe VI [Felipe le sixième] d'Espagne, le président Lasso et tous les dignitaires ici présents.

Et, bien sûr, ma chère amie Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à qui on rend tous hommage aujourd'hui.

Merci, mes amis, de vous être réunis ici aujourd'hui.

Cela fait presque 80 ans que l'on a déposé les armes après la guerre la plus meurtrière que l'humanité ait jamais connue.

La Deuxième Guerre mondiale a décimé l'Europe.

Elle a fait des millions de morts – des gens des quatre coins du globe ont perdu la vie, dont des dizaines de milliers de Canadiens. 

Et elle a obligé à une prise de conscience.

Pendant des siècles, l'Europe a été déchirée par des conflits. L'histoire du continent a été marquée par des rivalités sans fin et des ambitions individuelles qui ont conduit à des luttes sanglantes au sujet de terres, de langues et de ressources.

Je suis bien placé pour le savoir : le Canada en est le produit direct.

Cependant, au milieu du vingtième siècle, les dirigeants ont compris que les machines de guerre étaient devenues trop dangereuses et qu’il fallait intervenir.

C'est ainsi que, des cendres de la Deuxième Guerre mondiale, est née la Commission européenne.

Elle a été créée par ceux qui pensaient que si on liait nos destins par une prospérité commune et une croissance collective — si on respectait les droits, les libertés, les langues et les cultures des autres en échange de leur respect des nôtres — si on passait outre les forces déstabilisatrices de nos intérêts individuels et si on se rassemblait en une communauté de valeurs fondée sur la primauté du droit — on pourrait alors surmonter l'antagonisme brutal qui a marqué le continent pendant des siècles et instaurer une paix durable.

C'était le triomphe de l'imagination sur l'histoire.

La Commission européenne est devenue une institution clé qui joue un rôle central à l'échelle mondiale.

Ensemble, les membres de la Commission européenne représentent la troisième économie mondiale et comptent un demi-milliard de personnes qui parlent plus de 24 langues, vivent dans 27 pays différents, pratiquent une myriade de religions et viennent de tous les coins du monde.

Les personnes, les processus, les institutions et les valeurs démocratiques qui sont au cœur de la Commission européenne ont permis à la paix et à la prospérité de régner en Europe depuis plus de sept décennies.

Voilà la réalisation que l'on attribue aujourd'hui à la Commission européenne et à laquelle on rend hommage.

Et c'est mon amie Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui acceptera ce prix.

Je travaille à ses côtés depuis près de quatre ans et je peux vous dire qu'elle incarne les meilleures valeurs que prône la Commission européenne.

Elle est attachée à ses principes et fait preuve de compassion. Elle est formidable.

Et elle emploie des méthodes fondées sur le respect et le consensus pour obtenir des résultats.

On a demandé au Canada de parler aujourd'hui de la réussite européenne en partie parce que notre propre histoire a été façonnée par les luttes de pouvoir historiques que j'ai mentionnées plus tôt.

Mais aussi parce qu'on sait que, à notre époque, les différences et la diversité peuvent être une source de force et de résilience et non une source de faiblesse.

La présidente von der Leyen est entrée en fonction à un moment d'incertitude quant à l'avenir de l'Europe.

Le Brexit a suscité de nombreuses interrogations quant à la pérennité de l'Union.

L'euroscepticisme était en hausse.

Le protectionnisme et l'autoritarisme gagnaient du terrain.

Et cette vague de populisme n’avait pas seulement été observée en Europe.

Un nationalisme excessif se répandait dans le monde entier, menaçant les principes de la prospérité collective.

Alors que des slogans comme America First résonnaient de plus en plus fort, le Canada et l'Europe se sont accrochés à leur conviction que la croissance ne passe pas par l'édification de murs et le repli sur soi.

C'est pourquoi on a pu signer ensemble un accord commercial incroyablement ambitieux, dans un contexte de protectionnisme et d'isolationnisme.

Le Canada et l'Europe comprennent tous deux qu'on est au mieux de notre forme lorsque tout le monde se porte mieux.

Les crises successives auxquelles on a été confronté l'ont prouvé.

La pandémie a frappé seulement quelques mois après l'entrée en fonction d'Ursula au poste de présidente – et le leadership constant d'Ursula a fait toute la différence pour l'Europe, le Canada et le monde entier.

En tant que médecin et mère de sept enfants, Ursula a compris que la collaboration était la seule façon de s'en sortir.

On a eu beaucoup de conversations pendant cette période, et elle a toujours insisté sur le fait que, pour assurer une véritable résilience, il faut non seulement s'unir autour de nos valeurs, mais aussi agir en fonction de celles-ci.

Ce principe est au cœur même de la Commission européenne.

La primauté du droit est à la base de tout ce que le Canada et l'Europe défendent.

Selon Ursula, la primauté du droit est essentielle à la protection des valeurs sur lesquelles repose l’Union : la démocratie, la liberté, l'égalité et le respect des droits de la personne.

Le lieu où l'on se trouve aujourd'hui, les Nations Unies, est l'une des autres grandes institutions vouées à la consolidation de la paix qui ont émergé des ruines de la Deuxième Guerre mondiale.

Et la Charte des Nations Unies en est le document fondateur.

Au total, 193 pays sont parties à cette charte, qui constitue l'un des principaux instruments du droit international.

Le respect de cette charte a conduit à une paix, à une stabilité et à une prospérité sans précédent dans le monde.

Ce que Poutine tente de faire est donc un problème pour le monde entier.

L'invasion brutale et non provoquée de l'Ukraine par Poutine est une autre tentative d'imposer la loi du plus fort. Et s'il réussit, on va tous en souffrir.

C'est pourquoi le Canada, l'Union Européenne et bon nombre de nos amis et alliés seront toujours là pour l'Ukraine.

Le Canada a toujours soutenu l'Ukraine sans équivoque.

On vit peut-être à l'autre bout du monde, mais on défend le pays au sein de toutes les tribunes multilatérales où l'on peut faire entendre notre voix, surtout dans les pays du Sud.

Ursula a défendu sans relâche la cause de l'Ukraine, dans un contexte européen complexe.

En cette période de crise énergétique et d'inflation, il est d'autant plus difficile de parvenir à un consensus politique.

Mais Ursula s'est montrée une leader incroyablement efficace.

Elle a galvanisé le soutien militaire, financier et politique de l'Europe à la défense de l'Ukraine.

Et elle a contribué à maintenir le soutien indéfectible du monde démocratique à l'égard de l'Ukraine.

Elle a été l'un des premiers dirigeants étrangers à se rendre dans le pays après le début de l'invasion.

Elle a vu de ses propres yeux les atrocités commises à Boutcha, à l'époque où les rues étaient encore jonchées de sacs à dépouilles.

Elle comprend l'ampleur de la crise humanitaire et a fait preuve de compassion au cours des premières semaines de l'invasion en rassemblant les pays du monde pour offrir refuge et soutien aux millions de personnes fuyant les bombes de Poutine.

J'étais à Kyiv le mois dernier, où je me suis adressé à la Verkhovna Rada.

J'ai expliqué que l'Ukraine est le fer de lance qui va déterminer l'avenir du vingt et unième siècle.

En tant que nations souveraines et unies, on doit soutenir l'Ukraine dans son combat, quoi qu'il en coûte et aussi longtemps qu'il le faudra.

On ne peut pas laisser l'autoritarisme l'emporter.

On doit veiller à ce que les frontières gardent leur importance.

Que la loi du plus fort ne soit jamais appliquée.

Que les ambitions et les désirs d'une entité ou d'un individu ne suppriment pas les droits des autres.

D’après l'auteur allemand Thomas Mann, la démocratie se fonde sur le respect de l’infinie dignité de chaque individu.

On ne peut pas tenir la démocratie pour acquise.

La Commission européenne a montré que le meilleur moyen de parvenir à une solution est de surmonter nos différences, de les accepter et d’établir un consensus.

Et cela est important parce que l'avenir nous réserve d'autres défis de taille.

Ce sont les principes et les valeurs que l'on célèbre aujourd'hui qui nous permettront de lutter contre les changements climatiques et de protéger les gens de leurs pires conséquences.

Sous la direction de la présidente von der Leyen, l'Europe s'est engagée sur la voie de la carboneutralité d'ici 2050.

De nombreuses nations européennes ont accéléré leurs efforts pour atteindre cet objectif en abandonnant les combustibles fossiles russes au profit des sources d'énergie propres.

Le Canada est prêt à collaborer avec vous pour mener à bien ce travail – que ce soit avec l'Allemagne, qui investit dans l'hydrogène canadien, ou avec la Roumanie, qui fait appel à l'expertise et aux solutions canadiennes en matière d'énergie nucléaire et dans d’autres domaines.

En cette période de grande incertitude, il ne faut pas oublier que la politique de sécurité est aussi une politique climatique, une politique économique et une politique sociale.

Pour assurer la stabilité de l'ordre international fondé sur des règles, on doit se défaire de notre dépendance à l'égard des produits de base utilisés comme armes par des États autoritaires, et protéger la résilience de nos économies contre leurs caprices.

On doit donc s'opposer aux tyrans et protéger ceux qui souffrent le plus, tout en veillant à ce que notre classe moyenne soit forte et à ce que les inégalités ne perdurent pas.

Pour traverser ce moment décisif, il faut un leadership réfléchi et des institutions fortes.

Ursula von der Leyen et la Commission européenne incarnent parfaitement ces principes.

Vous nous montrez comment le respect de la dignité de chacun permet de protéger la paix, et ce, en toutes circonstances.

Voilà ce à quoi on rend hommage aujourd'hui.

Merci.