Transcription - Allocution au Dialogue des dirigeants du Forum Indo-Pacifique de l’ANASE
Allocution au Dialogue des dirigeants du Forum Indo-Pacifique de l’ANASE
Je suis très heureux de participer au Forum indo-pacifique de l’ANASE aujourd'hui. Il s’agit d’une année importante pour le Canada, parce que nous lançons officiellement le Partenariat stratégique Canada-ANASE. L’ANASE est parmi les régions économiques qui connaissent la croissance la plus rapide dans le monde, et elle constitue le quatrième partenaire du Canada au chapitre du commerce des marchandises. L’année dernière, les exportations et importations du Canada vers et en provenance de l’ANASE ont augmenté de 29 % par rapport à l’année précédente.
Par conséquent, on est déterminés à resserrer et à renforcer nos liens avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.
Le resserrement de nos liens avec l’ANASE est un élément important de notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique, parce qu’on reconnaît et qu’on appuie la centralité de l’ANASE dans la région. On compte multiplier nos interactions à long terme au moyen d’une présence encore plus dynamique. On travaille déjà ensemble dans des secteurs comme l’aérospatiale, la défense, les technologies propres et l’éducation. Et aujourd'hui, on porte notre attention sur l’infrastructure verte et la résilience des chaînes d'approvisionnement.
Cela dit, comme certains d’entre vous le savent peut-être, le Canada traverse actuellement la pire saison de feux de forêt qu’il n’a jamais connue. Et les terribles catastrophes comme celle-là ne surviennent pas seulement au Canada : elles surviennent partout dans le monde, y compris ici, dans l’Indo-Pacifique, l’une des régions les plus exposées aux phénomènes météorologiques extrêmes exacerbés par les changements climatiques. Au cours de la seule année 2023, on a observé des pluies fortes et des inondations ici, en Indonésie, mais aussi en Inde, en République de Corée, en Chine et au Japon. Des tempêtes tropicales ont frappé les Philippines et Taïwan. Un cyclone a dévasté le Myanmar. Des canicules ont balayé l’Asie.
En avril, le Laos et la Thaïlande ont enregistré les températures les plus élevées de leur histoire. Les catastrophes qui frappent notre monde ne sont pas le fruit de la malchance. Elles découlent des changements climatiques et de la disparition de la nature. Les changements climatiques sont un défi d’envergure mondiale qui exige des solutions mondiales.
On doit être responsables les uns envers les autres. Ces dernières années, que ce soit à la suite de catastrophes naturelles ou au milieu d’une pandémie, d’une crise économique mondiale ou des conséquences de conflits, nous avons vu à de multiples reprises à quel point toutes les populations du monde sont interreliées.
Ainsi, on voit de mieux en mieux que les politiques climatiques sont en même temps des politiques économiques et des politiques de sécurité.
Les communautés de partout doivent bénéficier d’investissements qui vont garantir leur avenir économique et environnemental.
Toutes les communautés, y compris ici, dans les pays de l’ANASE, doivent voir que des investissements sont réalisés pour assurer leur avenir et leur bien-être économique en même temps que celui de l’environnement et de la nature qui les soutiennent.
La Banque asiatique de développement parle de la nécessité de gagner sur tous les fronts, en construisant des infrastructures qui réduisent les émissions et le risque climatique, tout en stimulant le développement économique et en augmentant les rendements pour les investisseurs.
C’est une nécessité sur laquelle se concentre FinDev Canada, notamment dans des secteurs tels que les énergies renouvelables, les transports durables et les projets liés à l'eau. FinDev Canada est notre institution financière de développement bilatérale. Elle soutient la croissance durable par le biais du secteur privé en fournissant des solutions de financement, d'investissement et de financement mixte, ainsi qu'une assistance technique. L'année dernière, lors du lancement de la Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique, nous avons annoncé une capitalisation globale supplémentaire de 750 millions de dollars pour FinDev. En mai, FinDev Canada a signé un accord avec la Banque asiatique de développement pour resserrer la coopération relativement aux investissements durables du secteur privé dans la région. Et cette semaine, on annonce que FinDev ouvrira un nouveau bureau dans la région indo-pacifique. Ces initiatives appuieront la mise en place d’infrastructures durables et de grande qualité. Le Canada continuera à tirer parti du savoir-faire de son secteur privé et à investir dans une croissance qui profite à toutes les parties, notamment grâce au renforcement des capacités techniques. Les efforts de FinDev Canada dans la région vont stimuler la croissance et améliorer le bien-être des populations. Et ce n'est qu'un outil parmi les autres dont on dispose pour soutenir de bons projets.
On investit aussi dans l’infrastructure par d’autres moyens. Par exemple, ici, en Indonésie, on appuie le projet d’approvisionnement en eau de Karian-Serpong qui va aider à fournir de l’eau potable de manière fiable et sécuritaire à plus de 2 millions de personnes dans les provinces de Nusa Tenggara Est et de Maloukou. On appuie un projet qui va permettre de brancher 2 millions de personnes de plus au réseau électrique, tout en augmentant les investissements dans l’énergie solaire et en réduisant le coût de production de l’électricité de 20 %. Le financement du Canada a contribué à la réalisation de ce projet et les contributions de toutes les parties ont aidé à catalyser 400 millions de dollars américains du secteur privé.
Ces initiatives vont contribuer à atténuer les conséquences des changements climatiques en même temps qu’elles vont stimuler la croissance économique. Autrement dit, on protège les gens tout en créant des emplois et de la prospérité.
Bâtir un avenir durable et prospère ensemble, ça fait partie des objectifs de la Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique.
Notre Stratégie pour l’Indo-Pacifique est centrée sur la création d’emplois et d’opportunités pour tout le monde. Les entreprises et investisseurs du Canada, tout comme nos scientifiques et nos chercheurs, sont bien placés pour travailler avec des partenaires de l’ANASE afin de trouver des solutions innovatrices. On va continuer à contribuer aux besoins croissants de la région en matière d’infrastructure et à déployer notre savoir-faire dans des domaines comme la gestion des océans et des risques de catastrophes, la résilience de la biodiversité et l’énergie propre.
Le Canada a ce qu'il faut pour aider l'ANASE à atteindre ses objectifs. Je viens de mentionner l'énergie propre. Le Canada est en train de devenir le fournisseur fiable d'énergie propre dont un monde carboneutre a besoin. Plus que jamais, en ces temps difficiles, on a besoin de chaînes d'approvisionnement résilientes, de relations commerciales stables et d’initiatives conformes à nos valeurs. L’objectif est de garantir les ressources dont dépendent nos économies et nos citoyens, qu'il s'agisse d'énergie, de matières premières ou de denrées alimentaires. Le Canada est un partenaire fiable. Ce n'est pas une coïncidence si on a conclu 15 accords de libre-échange qui couvrent 61 % du PIB mondial et ouvrent les marchés à un milliard et demi de consommateurs dans le monde. Et on est en train de négocier d'autres accords commerciaux, notamment avec l'ANASE et ici même avec nos hôtes indonésiens. Le Canada dispose de travailleurs ambitieux et instruits, nos politiques d'immigration attirent des talents hautement qualifiés et on dispose de ressources naturelles incroyables. Le Canada est l'un des plus grands exportateurs de denrées alimentaires au monde et peut contribuer à la sécurité alimentaire de l'ANASE.
On est parmi les plus grands exportateurs d'engrais au monde. On est également un fournisseur responsable de minéraux critiques qui entrent dans la fabrication de toutes sortes de produits, des panneaux solaires aux batteries. Être un fournisseur responsable signifie qu’on applique des normes de sécurité et des mesures de protection de l'environnement élevées, parce que le monde entier va dans cette direction. On ne doit pas oublier de placer les gens au centre de tout ce qu’on fait, y compris en investissant, pour veiller à ce que nos travailleurs aient de bons emplois, non seulement aujourd'hui, mais aussi pour les générations à venir, qu'il s'agisse de produire des véhicules électriques ou de l'acier propre. Lorsque les gens se portent bien, lorsqu’on s’emploie à faire prospérer la classe moyenne, on favorise la sécurité et la stabilité, et la stabilité est un élément clé de la résilience de la chaîne d'approvisionnement. Tout le monde en profite. C'est l'une des choses sur lesquelles on doit se concentrer en ce moment, en comprenant que l'insécurité et l'instabilité dans le monde constituent l'un des plus grands défis, non seulement pour les économies, mais aussi pour les démocraties. Lorsque les gens ne se sentent pas en sécurité, qu'ils ne se sentent pas en sécurité dans leur emploi, dans leur communauté, lorsqu'ils ne se sentent pas en sécurité pour leurs enfants ou pour leur retraite, ils deviennent plus vulnérables à la pensée populiste, à l'autoritarisme, à la mésinformation et à la désinformation qui les entourent chaque jour sur les médias sociaux. Les gens sont inquiets. Il n'est pas étonnant qu’ils le soient. Le monde change aujourd'hui, plus durement et plus rapidement qu'il ne l'a jamais fait. Pandémie. Changements climatiques. Conflits mondiaux. Réorientation de la géostabilité. Incertitude économique. L'essor de l'IA et de l'automatisation, qui menacent les emplois. L’inquiétude des gens n’a rien d’étonnant.
Il n'est pas surprenant que les gens soient inquiets. Il n'est pas surprenant que les gens cherchent toutes les solutions possibles. Ce qu’il faut faire en tant que dirigeants, qu'on soit dirigeant politique ou chef d'entreprise, c'est montrer aux gens qu'il y a de la place pour eux dans l'avenir qu’on bâtit tous ensemble. Les gens voient l'avenir comme un changement. Ils voient que le monde va changer. Ils ne sont tout simplement pas sûrs qu'il y ait une place pour eux dans cet avenir. Et cela touche au cœur même de l'idée de promesse, de l'idée de progrès et de cette promesse qui est au centre de nos économies, de nos institutions, de notre bien-être national. L'idée que le travail infatigable d'une génération améliore et facilite les choses pour la génération suivante. Nos parents ont tous travaillé fort pour qu’on puisse se retrouver dans une salle comme celle-ci, à un moment comme celui-ci. On travaille tous très fort, mais les parents du monde entier ne sont pas sûrs que les opportunités de demain seront vraiment meilleures pour leurs enfants, parce que beaucoup d'autres choses changent.
Voilà pourquoi on offre une fiabilité qui s’appuie sur la stabilité; le sentiment que même si tout change, nos institutions voient comment le monde évolue, cernent ses faiblesses, et s'unissent pour dire que non, on n’a pas à choisir entre ce qui est bon pour l'environnement ou ce qui est bon pour l'économie. Les deux doivent aller de pair. Et on ne peut pas se contenter de savoir que les accords commerciaux stimulent la croissance. Cette croissance qu’on a générée doit être partagée équitablement entre les citoyens, entre les communautés, sinon les gens se détournent des politiques favorables à la croissance.
Ce qu’on doit faire ensemble, entreprises et gouvernements, c'est s’assurer qu’on montre à nos travailleurs, à nos citoyens, à nos voisins, à nos enfants qu'il existe une voie vers un avenir meilleur qui est centré sur eux. N'oublions pas que l'impact de tout ce que nous faisons sur les gens est essentiel non seulement pour notre réussite à court terme, mais aussi pour notre réussite à long terme. En tant qu'amis et voisins, je dis voisins, bien sûr, parce que l'Indonésie et le Canada sont voisins. Le Canada est un pays du Pacifique. L'Indo-Pacifique est notre voisinage. En s’engageant et en investissant dans ce partenariat, on regarde l'horizon de l'avenir indo-pacifique avec une vision claire de la prospérité commune qui attend les Canadiens et les citoyens de l’ensemble de la région.
Je dis souvent que la promesse du Canada c’est d’améliorer le niveau de vie pour chaque génération.
Comme je viens de le dire, la promesse du Canada, la promesse du progrès est toujours celle d'améliorer la situation pour la prochaine génération par rapport à la précédente. Mais cette promesse n'est pas propre au Canada. C'est une promesse qu’on devrait faire à tous, partout dans le monde. Pendant qu’on regarde vers l'avenir, qu’on cherche à investir dans l'avenir, assurons-nous de garder ce progrès à l’esprit. Cette promesse de progrès. Que les choses sont censées s'améliorer. D'une année à l'autre, d'une génération à l'autre. Aucun d'entre nous ne peut se contenter d'espérer que cela se produira tout seul. Ou que le bon gouvernement y parviendra de lui-même. Que cela n'arrivera que lorsqu’on comprendra le rôle que chacun d'entre nous doit jouer : la société civile, les entreprises, le secteur public, les dirigeants politiques, en travaillant ensemble pour créer cet avenir meilleur dont on a tous besoin.
Merci beaucoup mes chers amis.