Transcription - Le PM Trudeau prononce un discours à un évènement soulignant la Journée internationale des femmes
Le PM Trudeau prononce un discours à un évènement soulignant la Journée internationale des femmes
Bonne journée internationale des femmes. Merci de me donner la chance d’être avec vous tous aujourd’hui. C’est un honneur d’être récompensé pour le travail que notre gouvernement accomplit afin de créer plus de possibilités permettant aux femmes et aux filles de réussir. Et c’est un privilège tout particulier d’être salué aux côtés de Lisa McLeod, qui a travaillé aussi fort pour faire de Queen’s Park un milieu de travail mieux adapté aux femmes et, bien franchement, aux hommes aussi. Et je tiens également à prendre un instant pour féliciter Lisa pour l’adoption de la loi de Rowan plus tôt cette semaine.
Grâce aux efforts de Lisa visant à obtenir le soutien de tous les partis concernant l’adoption d’une loi sur les commotions cérébrales à Queen’s Park, les jeunes hommes et les jeunes femmes pratiquant un sport seront plus en sécurité chaque fois qu’ils jouent.
Cela dit, Lisa et moi sommes évidemment en désaccord sur certains points. Elle est libérale... elle est conservatrice, je suis libéral...
Mais nous sommes totalement d’accord lorsqu’il s’agit de faire de la politique un milieu plus accueillant pour les femmes.
Effectuer ce genre de changement d’orientation culturelle en politique est ce qu’il convient de faire, et c’est la chose intelligente à faire. Non seulement pour les femmes et les filles, mais pour tout le monde. Cela me rappelle la difficulté que j’ai eu à recruter en politique une femme formidable qui est parmi nous aujourd’hui, une femme qui avait un emploi extraordinaire, une vie bien remplie à New York et une jeune famille de trois enfants et avec qui j’ai eu une très longue conversation pour essayer de la convaincre de bien vouloir entrer en politique. Et de tous les arguments que j’ai présenté, une nomination contestée à Toronto pour qu’elle puisse ensuite déménager à Ottawa n’est pas parvenu à la convaincre autant que je l’aurais pensé. Elle a plutôt répondu à l’appel du service; l’appel de son pays qui avait besoin d’elle, du monde qui avait besoin qu’elle quitte son travail de journaliste pour accepter un poste où elle pourrait réellement changer les choses. Et lorsque nous regardons ce qu’elle accomplit sur la scène mondiale aujourd’hui, il est difficile d’imaginer qu’elle était incertaine face à la décision qu’elle devait prendre. Mais nous avons énormément de chance, particulièrement cette semaine, de pouvoir saluer Chrystia Freeland, notre ministre des Affaires étrangères, qui fait un excellent travail au nom de chacun de nous.
Elle illustre parfaitement le fait que lorsque les femmes et les filles entrent en politique et se voient accorder une chance égale de réussir, la situation de tous s’améliore considérablement. Une plus grande égalité engendre une croissance économique plus forte. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’égalité était le thème principal du budget de cette année. Une plus grande égalité contribue aussi à l’établissement de communautés plus fortes, en créant plus de possibilités pour une grande variété de gens. Lorsque nous assurons l’autonomisation des femmes et des filles, nous envoyons clairement le message que l’égalité est pour tout le monde. Et partout dans le monde, lorsque les femmes et les filles profitent d’une plus grande égalité, certaines réalités comme l’extrême pauvreté et la faim chronique sont atténuées, les familles sont mieux soutenues et nous bâtissons plus de voies menant à la paix durable.
Je sais que je n’ai pas à vendre les avantages d’une plus grande égalité entre les sexes aux gens qui sont dans cette salle. Mais, comme nous le savons tous, c’est un message que plus de gens doivent entendre. Dans le milieu des affaires, dans la société civile et, oui, au gouvernement.
C’est pourquoi nous avons fait de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes l’un des grands thèmes de notre présidence du G7 cette année. C’est pourquoi lorsque nous négocions des accords commerciaux progressistes, nous travaillons d’arrache-pied pour veiller à ce que l’égalité des sexes fasse partie de la conversation, tout comme la protection environnementale et de meilleures normes de travail. C’est pourquoi lorsque je participe à des événements comme l’assemblée annuelle du Forum économique mondial à Davos, je suis heureux de lancer aux chefs d’entreprises le défi d’embaucher, de promouvoir et de maintenir en poste un plus grand nombre de femmes. Parce que c’est une mesure sensée et logique sur le plan des affaires.
Lorsque les entreprises sont plus diversifiées, elles deviennent aussi plus productives et plus rentables. Il a été montré qu’une augmentation de seulement 1 p. 100 de la diversité des sexes entraîne une hausse de 3,5 p. 100 des revenus des entreprises qui embauchent un plus grand nombre de femmes.
Recherche économique RBC estime que s’il y avait eu une représentation parfaitement égale de femmes et d’hommes sur notre marché du travail, nous aurions pu augmenter la taille de l’économie du Canada de 4 p. 100 l’année dernière. C’est énorme. Même la moitié de cette croissance se traduirait par une augmentation du nombre de bons emplois bien rémunérés pour les Canadiennes et les Canadiens. Le genre d’emplois qui permet aux nouveaux diplômés de s’affranchir de leur dette d’études. Qui donne aux chefs de famille monoparentale ou aux parents à faible revenu la chance d’offrir à leurs enfants un formidable départ dans la vie. Et qui aide plus de Canadiens à payer leurs factures chaque mois et à épargner pour leur retraite. En somme, lorsque nous donnons aux femmes plus d’occasions de travailler et de bien gagner leur vie grâce à leur travail, nous en profitons tous.
Malheureusement, les femmes et les hommes ne profitent pas de la croissance de manière égale. Pour ceux qui s’intéressent à ce dossier, cela n’est pas vraiment nouveau. En fait, dernièrement, je suis tombé sur un vieux numéro du magazine Chatelaine qui illustre parfaitement ce point. Les articles-vedettes présentés en couverture étaient plutôt classiques. L’un des titres qui y apparaissaient portait sur la façon de perdre 65 livres en six mois, et un autre proposait des idées de décoration ingénieuses pour les petites pièces. Chose intéressante, l’article principal de ce numéro s’intitulait : « Les femmes et les salaires : une honte nationale. » C’est un titre plutôt percutant. Mais ce qui m’a vraiment marqué sur cette couverture est la date de publication. Le numéro avait été publié en janvier 1982, il y a 36 ans.
Bien sûr des progrès ont été réalisés depuis, je n’insinue pas que rien n’a changé dans les 40 dernières années, mais, si vous voulez avoir une idée du chemin qu’il nous reste à faire, vous n’avez qu’à lire le titre de cet article.
Trente-six ans plus tard, l’écart salarial entre les hommes et les femmes est encore une honte nationale. L’écart salarial entre les sexes persiste. Même si l’équité salariale est un droit de la personne enchâssé dans la loi, aujourd’hui, au Canada, pour chaque dollar horaire que touche un homme qui travaille à temps plein, une femme travaillant à temps plein reçoit environ 88 cents. Cela est tout simplement injuste.
C’est pourquoi, dans le cadre de notre plus récent budget, notre gouvernement a annoncé un plan visant à faire adopter une loi proactive sur l’équité salariale pour les secteurs sous réglementation fédérale.
Cette mesure législative sera déposée d’ici l’automne, dans le cadre de la mise en œuvre du budget, et s’inscrira dans notre stratégie globale visant à soutenir les femmes en milieu de travail; une stratégie qui prévoit notamment des investissements dans la formation, les services de garde pour enfants et le soutien aux femmes entrepreneures. Une fois adoptée, cette loi proactive permettra à 1,2 million de Canadiennes – qu’elles travaillent dans la fonction publique fédérale, dans une succursale bancaire, pour une compagnie aérienne, dans une entreprise de télécommunications ou pour tout autre employeur sous réglementation fédérale – de recevoir un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Soyons clairs, c’est un grand pas dans la bonne direction. Un grand pas pour l’égalité des sexes au Canada que nous sommes fiers de prendre. Mais, cela dit, cela ne veut pas dire que le travail est terminé. C’est un premier pas, et il reste encore énormément à faire au niveau provincial et dans le secteur privé. Mais nous, le gouvernement fédéral, avons choisi de donner l’exemple et nous mettons nos partenaires au défi de nous suivre.
Plus tôt, j’ai souligné certains des avantages économiques qui vont de pair avec l’égalité des sexes, mais ces chiffres révèlent bien plus qu’un simple ajout de gens sur le marché du travail. Lorsque des femmes occupent des postes de leadership en affaires ou en politique, nous obtenons de meilleurs résultats : un rendement financier plus solide, plus d’innovation et un processus décisionnel plus efficace. Je l’ai constaté de mes yeux à la table du Conseil des ministres. Je sais que lorsque nous avons donné suite à notre promesse de mettre sur pied un Cabinet paritaire, les suspects habituels se sont plaints. Ils ont dit que les nominations au Cabinet devraient être faites en fonction du mérite, et non du sexe. Eh bien, la bonne nouvelle est que je suis d’accord avec eux. Les femmes que nous avons choisies pour servir au sein du Cabinet étaient tout aussi qualifiées pour servir que les hommes que nous avons choisis.
En fait, j’ai entendu dire que les hommes ont eu de la chance que nous ayons promis un rapport de cinquante-cinquante, parce que s’il n’en tenait qu’à nous, il pourrait y avoir plus de femmes que d’hommes choisies en fonction du mérite. Et, bien entendu, ces femmes dans notre cabinet le prouvent depuis ce temps.
C’est grâce au leadership incroyable de Chrystia Freeland que nous avons pu présenter le Plan d’action national du Canada consacré aux femmes, à la paix et à la sécurité. Nous avons maintenant une politique féministe d’aide internationale qui aidera à améliorer la situation des femmes et des filles à travers le monde. Grâce aux efforts de Marie-Claude Bibeau, et grâce au travail acharné de Maryam Monsef et de Patty Hajdu, notre stratégie pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe contribuera à faire du Canada un endroit plus sûr pour des générations de Canadiennes. Mais, comme dans le cas de l’équité salariale, il reste encore beaucoup de travail à faire.
Au Canada, les femmes et les filles forment un peu plus de la moitié de la population, mais à peine plus du quart des décideurs élus au gouvernement fédéral. C’est inacceptable. Il faut que cela change.
Je sais qu’il est facile d’être cyniques face au rythme où se produisent les changements, particulièrement quand on pense à cette couverture de 1982 du Chatelaine. Mais, au cours des dernières années, j’ai constaté certaines choses qui me laissent espérer que le changement n’est pas loin. D’abord, il y a le résultat des récentes élections partielles. Le Parlement du Canada a tenu 12 élections partielles au cours de la dernière année et demie, et six de ces 12 élections ont été remportées par des femmes.
Et l’autre chose qui me donne espoir s’est produite il y a un an aujourd’hui. C’est l’activité les Héritières du suffrage organisé par À voix égales à Ottawa, pour souligner la Journée internationale des femmes. Le fait d’entrer dans la Chambre des communes et de voir, pour la première fois dans l’histoire, chaque siège occupé par une jeune femme. Je vous l’assure : comme la plupart d’entre vous, je n’oublierai jamais cela. D’un côté, cela m’a vraiment confronté à la réalité. Cela a été un rappel brutal de tout le chemin qu’il nous reste à faire pour avoir un Parlement qui est véritablement à l’image du Canada. Mais d’un autre côté, eh bien, je pense aux points de vue et aux expériences qui ont été exprimés lors de l’activité Héritières du suffrage, et je pense à la chance que nous aurions – désolé – à la chance que nous aurons de voir certaines de ces jeunes femmes siéger à la Chambre pour représenter leurs communautés.
J’ai quitté cet événement plus convaincu que jamais que le changement en politique passe par les femmes. Et nous ne sommes pas obligés d’attendre; il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire dès aujourd’hui pour faire du monde politique un endroit plus accueillant pour les femmes qui veulent servir leur communauté. Pour commencer, nous devons moderniser nos institutions de façon à ce qu’elles soient mieux adaptées à la vie familiale. Suivre l’excellent exemple de Lisa Macleod, par exemple.
Par conséquent, au cours des prochains mois, nous travaillerons avec le Parlement pour faire en sorte que la Chambre des communes puisse mieux répondre aux besoins des députés qui ont des enfants. Cela comprend notamment un meilleur accès aux services de garde pour enfants et des endroits désignés pour permettre aux députés de s’occuper de leurs jeunes enfants pendant qu’ils sont au travail.
Nous proposons des changements au Règlement, de façon à ce que les nourrissons puissent recevoir les soins de leurs parents pendant que ces derniers siègent à la Chambre des communes.
Les bébés ne devraient jamais être considérés comme des étrangers dans la Chambre. Et nous comptons aller de l’avant avec un projet de loi qui permettra aux parlementaires de prendre des congés de maternité et des congés parentaux.
Comme le savent ceux d’entre nous qui sont parents, ces premiers jours, ces premières semaines et ces premiers mois constituent un moment précieux dans la vie d’une famille. Je le sais de par ma propre expérience. Quand mon fils Xavier est né il y a dix ans, j’étais un candidat nommé et je travaillais fort dans ma circonscription, mais je n’étais pas obligé de faire des aller-retours de la maison à la Chambre des communes, alors j’ai passé quand même beaucoup de temps avec lui. Quand Ella Grace est née 16 mois plus tard, j’avais été élu et j’étais fier de siéger à la Chambre. Mais mon congé de paternité s’est limité à une longue fin de semaine.
Il y a beaucoup de travail à faire pour reconnaître, non seulement au Parlement mais dans tous les milieux de travail, que les hommes peuvent et doivent jouer un plus grand rôle dans les tâches parentales.
Si nous voulons que des jeunes femmes ambitieuses et talentueuses occupent plus de sièges dans la Chambre des communes, comme elles l’ont fait il y a un an aujourd’hui, nous devons faire du Parlement un endroit où la vie professionnelle et la vie familiale peuvent vraiment coexister. Encore une fois, merci à l’organisme À voix égales pour le prix d’aujourd’hui. C’est un honneur d’être reconnu pour le travail que nous accomplissons en tant que gouvernement. C’est un honneur, mais aussi un défi. Tous les jours, nous devons nous demander : comment pouvons-nous améliorer la vie des femmes et des filles au Canada? Comment pouvons-nous encourager plus d’hommes et de garçons à apporter leur soutien face à cette importante tâche en devenant de meilleurs partenaires et alliés?
Que pouvons-nous faire pour encourager plus de femmes à réaliser leurs rêves d’entreprenariat, de façon à ce qu’elles puissent ensuite créer de bons emplois pour elles-mêmes, et pour les autres? Que pouvons-nous faire pour aider les jeunes chercheuses qui travaillent déjà sur de nouvelles découvertes?
Comment pouvons-nous aider les familles à répartir plus équitablement la tâche d’élever leurs enfants? Et que pouvons-nous changer pour que plus d’enfants, y compris nos filles, puissent envisager un avenir à la table d’un conseil d’administration et à la table du Cabinet. Voilà les défis auxquels nous faisons face en tant que dirigeants, féministes, militants et Canadiens. Avec l’aide de solides leaders comme ceux qui sont ici, dans cette pièce, je sais que nous pouvons relever ces défis. Et nous nous en porterons mieux.
Merci beaucoup tout le monde.