Transcription - Allocution pour commémorer le 80e anniversaire du jour J et de la bataille de Normandie
Allocution pour commémorer le 80<sup>e</sup> anniversaire du jour J et de la bataille de Normandie
Chers Vétérans de la Seconde Guerre mondiale, Votre Altesse Royale, Premier Ministre Attal, Président Michel du Conseil européen, mes chers amis : c'est un grand honneur pour moi d'être ici avec vous aujourd'hui pour souligner le 80e anniversaire du jour J et de la bataille de Normandie.
Il y a 80 ans, plus de 14 000 Canadiens débarquaient à Juno Beach, parmi les quelque 150 000 forces alliées ayant accosté en Normandie. Ces soldats avaient des amis et une famille. Ils avaient une vie et un emploi avant la guerre. Sur les champs de bataille, les francophones, les anglophones, les Autochtones et les nouveaux Canadiens ont uni leurs forces. Ces courageux Canadiens, comme vous qui êtes réunis ici, ont tout sacrifié pour notre liberté. Aucun mot ne pourrait décrire l’immensité de la dette que nous avons envers vous.
Il y a cinq ans, lors du 75ᵉ et au cours des années, j'ai eu la chance de rencontrer nombre d'entre vous. Chaque fois, je suis touché par votre candeur et votre humilité, sachant que vous avez tellement donné à votre pays. Vous avez sauvé le monde et nous vous en serons toujours reconnaissants.
À l’âge de 99 ans, le soldat William Seifried, qui est des nôtres aujourd’hui, aime jouer au bridge avec ses amis plusieurs fois par semaine. Il connaît mieux que quiconque la fragilité de la vie, alors il profite de chaque seconde qu’elle a à offrir. Il connaît toute la fragilité de la vie, car, au combat, une grenade avait atterri à ses pieds. Il n’avait que 21 ans et il s’est dit : pas aujourd’hui. Alors, il a ramassé la grenade et l’a rapidement relancée.
Le sapeur Léopold Thibeault, qui est aussi avec nous aujourd'hui, s'était enrôlé à Rimouski quand il avait un peu plus de 20 ans, en 1941. Il a servi en Grande-Bretagne, en France, en Belgique et en Hollande, où il a travaillé sur les ponts Bailey, des ponts préfabriqués portatifs, pour permettre aux alliés d'avancer plus rapidement. Mais les efforts des soldats comme lui ont aussi créé des ponts entre le Canada et tous ces pays qui sont aujourd'hui parmi nos meilleurs amis et alliés.
Pour gagner la guerre, le haut commandement allié avait décidé que la côte de la Normandie serait la cible d’un assaut amphibie du continent. L’infanterie et les troupes blindées canadiennes s’étaient vu attribuer leur propre zone de débarquement : Juno Beach. La décision d’accorder un rôle aussi important dans l’opération Overloard à un pays ayant une population relativement modeste témoignait de la grande estime portée aux soldats canadiens, et les Canadiens se sont montrés à la hauteur. À pareille date il y a 80 ans, les soldats canadiens avaient pénétré plus loin à l'intérieur des terres que n’importe lequel de leurs alliés. Mais cette réalisation, bien que remarquable, a coûté cher.
359 Canadiens ont perdu la vie le jour du Débarquement. Nous nous souviendrons d'eux.
Nous nous souviendrons d’eux. Nous nous souviendrons de vos sacrifices. Nous nous souviendrons de vos histoires.
Il est de notre responsabilité à tous de continuer à partager ces histoires pour que les générations futures n'oublient pas l'héroïsme et le courage que cela a pris pour défendre nos libertés et se souvenir aussi des dangers et des horreurs de la guerre.
Le lieutenant-général honoraire Richard Rohmer, qui a eu 100 ans cette année et qui est parmi nous aujourd’hui, est l’un des anciens combattants canadiens les plus décorés. Au fil des décennies, il a participé à plusieurs événements commémoratifs et en a organisé également. Pour reprendre ses mots : la victoire du jour J à Juno Beach, qui fut cher payée, a permis de manière inattendue d’améliorer le sort de l’humanité. En son honneur, il est important que nous nous souvenions.
Alors, au général Rohmer, au sergent Armitage qui n’a pas pu être ici aujourd’hui, au matelot de 2e classe Bill Cameron malheureusement décédé en fin de semaine passée. Sa fille Donna m’a justement dit il y a quelques jours qu’il avait vraiment hâte d’être ici avec vous. Ses valises étaient faites depuis des semaines, et il était si fier de revenir en Normandie.
Alors, pour lui et tous les anciens combattants : je vous fais la promesse que le Canada et le reste du monde commémoreront ce jour important pendant des décennies et des générations.
En plus de se remémorer vos histoires, il est de notre devoir à tous de rappeler aux générations de demain les principes pour lesquels vous vous êtes battus; la liberté, la démocratie, la justice.
Notre mode de vie n’est pas arrivé par hasard, et il ne se maintiendra pas sans effort. La démocratie est menacée encore aujourd’hui. Elle est menacée par les agresseurs qui veulent redessiner les frontières. Elle est menacée par la démagogie, la mésinformation, la désinformation, l’ingérence étrangère. Nous devons tous et toutes continuer de défendre la démocratie chaque jour de nos vies. Nous le devons aux générations de demain, et nous le devons aux extraordinaires femmes et hommes en uniforme qui ont tant sacrifié pour notre liberté collective. Nous nous souviendrons.
Merci.