Transcription - Annonce en réponse aux tarifs douaniers imposés au Canada par les États-Unis
Annonce en réponse aux tarifs douaniers imposés au Canada par les États-Unis
Aujourd’hui, les États-Unis nous ont informés qu’ils allaient imposer des droits de douane de 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis et de 10 % sur l’énergie canadienne. Cette décision, s’ils décident d’aller de l’avant, va entrer en vigueur le mardi 4 février.
Cette décision met en péril une relation économique historique, une relation qui a été la source de tellement de richesse, de prospérité et de possibilités des deux côtés de la frontière.
Ce soir, je veux d’abord m’adresser directement aux Américains, nos amis les plus proches et nos voisins. C’est un choix qui va évidemment faire du tort aux Canadiens, mais qui, en plus, va avoir des répercussions concrètes sur vous, le peuple américain.
Comme je l’ai toujours dit, les droits de douane imposés au Canada vont mettre vos emplois en péril et potentiellement provoquer la fermeture d’usines de montage d’automobiles ou d’autres usines de fabrication aux États-Unis. Ils vont faire augmenter les prix, que ce soit pour vos aliments à l’épicerie ou votre essence à la pompe. Ils vont entraver l’accès que vous avez à une source d’approvisionnement abordable de marchandises essentielles et cruciales pour la sécurité des États-Unis comme le nickel, la potasse, l’uranium, l’acier et l’aluminium. Ils contreviennent à l’accord de libre-échange que le président et moi, aux côtés de notre partenaire du Mexique, avons négocié et signé il y a quelques années.
Pourtant, les choses pourraient se passer autrement. Comme l’a déclaré le président John F. Kennedy il y a de nombreuses années : la géographie a fait de nous des voisins, l’histoire a fait de nous des amis, l’économie a fait de nous des partenaires et la nécessité a fait de nous des alliés.
C’était vrai depuis des décennies avant le mandat du président Kennedy et ce l’est resté dans celles qui ont suivi. Des plages de Normandie jusqu’aux montagnes de la péninsule coréenne et des Flandres jusque dans les rues de Kandahar, on a combattu et on est morts à vos côtés.
À vos heures les plus sombres : durant la crise des otages en Iran, ces 444 jours où on a travaillé de nuit comme de jour à partir de notre ambassade pour ramener vos compatriotes innocents chez eux ; à l’été de 2005, quand l’ouragan Katrina a ravagé votre merveilleuse ville de La Nouvelle-Orléans ; ou quand, il y a quelques semaines à peine, on a envoyé des bombardiers à eau pour combattre les feux de forêt en Californie ; le 11 septembre 2001, le jour où le monde entier s’est arrêté, quand on a donné refuge aux passagers des avions détournés. On a toujours été là pour vous ; on a été solidaires de vous, on a pleuré avec vous, le peuple américain.
Ensemble, on a mis en place le partenariat économique, militaire et de sécurité le plus fructueux que le monde ait connu ; une relation qui fait l’envie du monde. Bien sûr, on a eu nos différends dans le passé, mais on a toujours su les surmonter.
Comme je l’ai déjà dit, si le président Trump veut instaurer un nouvel âge d’or pour les États-Unis, la meilleure façon d’y arriver est d’agir en partenariat avec le Canada, et non de nous punir. Le Canada possède les minéraux critiques, l’énergie fiable et abordable, les institutions démocratiques stables, les valeurs communes et les ressources naturelles dont vous avez besoin. Le Canada possède les ingrédients qu’il faut pour bâtir un partenariat dynamique et sûr pour l’économie nord-américaine, et on est disposés à collaborer avec vous.
Prenons un instant pour parler de notre frontière commune. Notre frontière est déjà sûre et sécuritaire, mais il reste toujours du travail à faire. Moins de 1 % du fentanyl et moins de 1 % des gens qui entrent illégalement aux États-Unis viennent du Canada. Cependant, après avoir entendu les préoccupations de Canadiens et d’Américains, dont le président des États-Unis, on agit. On a lancé un plan frontalier de 1,3 milliard de dollars dont on constate déjà les résultats parce que, nous aussi, on est dévastés par le fléau du fentanyl, une drogue qui a déchiré des communautés et causé énormément de douleur et de tourments pour d’innombrables familles au Canada, tout comme aux États-Unis. C’est une drogue que, nous aussi, on veut voir disparaître de la surface de la Terre. Une drogue dont il faut punir les trafiquants.
Étant voisins, on doit travailler ensemble pour résoudre le problème. Malheureusement, les mesures que prend la Maison-Blanche aujourd’hui nous séparent au lieu de nous rapprocher.
Ce soir, j’annonce que le Canada va répondre aux mesures commerciales des États-Unis en imposant des droits de douane de 25 % sur 155 milliards de dollars de produits américains. Cela va se traduire par l’imposition immédiate de droits de douane sur 30 milliards de dollars de produits à compter de mardi, auxquels vont s’ajouter d’autres droits sur 125 milliards de dollars de produits américains dans 21 jours, pour donner aux entreprises et aux chaînes d’approvisionnement canadiennes le temps de trouver des solutions de rechange.
Ce soir, j’annonce la réplique du Canada : des tarifs douaniers de 25 % sur 155 milliards de dollars de marchandises américaines. Dès mardi, 30 milliards de dollars de produits américains vont être touchés par ces tarifs et dans 21 jours, pour donner le temps aux compagnies canadiennes de trouver des options alternatives, ce sera le cas pour 125 milliards de dollars de marchandises de plus.
À l’image des droits imposés par les États-Unis, la réponse qu’on va mettre en place sera de vaste portée et va toucher des produits de tous les jours comme la bière, le vin et le bourbon américains, les fruits et les jus de fruits, dont le jus d’orange, ainsi que les légumes, les parfums, les vêtements et les chaussures. Elle va également viser d’importants produits de consommation comme les appareils ménagers, les meubles et les équipements sportifs, des matériaux comme le bois d’œuvre et les matières plastiques, et bien d’autres choses encore.
Et dans le cadre de notre réponse, on examine avec les provinces et les territoires la possibilité d’imposer plusieurs mesures non tarifaires, dont certaines sont liées aux minéraux critiques, à l’énergie, à l’approvisionnement et à d’autres partenariats.
On va tenir bon pour le Canada. On va tenir bon pour faire en sorte que nos pays restent les meilleurs voisins du monde.
Ayant dit tout cela, je tiens aussi à m’adresser directement aux Canadiens en ce moment. Je suis sûr que beaucoup d’entre vous sont inquiets, mais je veux que vous sachiez qu’on est tous unis dans cette situation. Le gouvernement du Canada, les entreprises canadiennes, les syndicats canadiens, la société civile canadienne, les premiers ministres des provinces et territoires du Canada et des dizaines de millions de Canadiens d’un océan à l’autre sont solidaires et unis. On est l’Équipe Canada à son meilleur.
Plus tôt aujourd’hui, j’ai parlé avec les premiers ministres de toutes nos provinces et territoires. On est unis et solidaires. Ils ont tous appuyé notre approche. On est aussi alignés pour faire tomber les obstacles qui freinent le commerce entre nos provinces et territoires et rendre ça plus facile pour les consommateurs de choisir des produits de chez nous.
Il y a quelques minutes, je me suis entretenu avec Mme Sheinbaum, la présidente du Mexique, notre autre partenaire nord-américain qui a lui aussi été la cible de tarifs douaniers aujourd’hui. On s’est engagés à travailler ensemble pour y faire face.
Il s’agit d’une menace qui vise l’ensemble du pays, et ça m’a fait chaud au cœur de voir autant de nos leaders répondre à l’appel et s’engager pour qu’aucun Canadien ne soit laissé pour compte. Notre gouvernement va être là pour les Canadiens. On va être là pour vous. En même temps, j’ai quelque chose à vous demander. Je vous demande d’être solidaires les uns les autres. Beaucoup d’entre nous vont être affectés par tout ça et vont vivre des moments difficiles. Je vous demande d’être là les uns pour les autres, d’être là pour vos amis, vos voisins et vos compatriotes. D’un océan à l’autre, les Canadiens sont très différents. On parle des différentes langues. On a différentes croyances. On a différentes opinions, différentes idées. Mais quand on reste unis, on puise notre force dans cette différence.
Et c’est maintenant le moment de choisir le Canada. Il y a beaucoup de gestes que vous pouvez poser pour faire votre part. Ça peut consister à vérifier les étiquettes au supermarché et d’opter pour des produits canadiens. Vous pouvez choisir du rye canadien au lieu du bourbon du Kentucky, ou éviter d’acheter du jus d’orange de la Floride. Ça peut consister à changer vos projets de vacances pour rester ici, au Canada, pour explorer les nombreux parcs nationaux et provinciaux, sites historiques et destinations touristiques que notre pays a à offrir.
C’est le temps de choisir des produits d’ici et d’appuyer des entreprises d’ici, d’appuyer nos producteurs agricoles, nos manufacturiers, nos travailleurs, nos entrepreneurs, nos artistes.
Vous pouvez poser tous ces gestes ou trouver votre propre façon d’être debout pour le Canada. En ce moment, on doit tout travailler dans le même sens, parce qu’on aime notre pays. On se fait une fierté de braver le froid durant les longs mois d’hiver. On n’aime pas se vanter, mais on est toujours là, à agiter le drapeau du Canada pour célébrer bruyamment et avec fierté une médaille d’or olympique.
On a notre propre identité, notre propre histoire et nos propres valeurs. Les Canadiens sont accueillants, ouverts, novateurs, ambitieux. On préfère régler nos différends avec diplomatie, mais on est prêts à se battre quand c’est nécessaire.
Le Canada est un pays plein de ressources et d’une beauté à couper le souffle. Formé de fiers citoyens venus des quatre coins du monde pour forger une nation qui a son identité propre et qui vaut la peine d’être acceptée et célébrée. On n’a pas la prétention d’être parfaits, mais le Canada est le meilleur pays du monde. Ni moi ni notre famille de 41 millions d’habitants ne souhaiterions vivre ailleurs et, ensemble, on va surmonter cette épreuve, comme on l’a fait d’innombrables fois dans le passé.
Merci. Vive le Canada.