Transcription - Le PM se prononce sur l’imposition de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium par les États-Unis
Le PM se prononce sur l’imposition de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium par les États-Unis
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU (premier ministre du Canada) : Bonjour tout le monde. Merci d’être des nôtres.
Aujourd’hui, nous sommes la cible de tarifs punitifs imposés sur l’aluminium et l’acier canadiens en vertu, selon les États-Unis, de la disposition 232 sur la sécurité nationale. Soyons clairs : ces tarifs douaniers sont inacceptables. Au cours des 150 dernières années, le Canada a été le partenaire le plus solide des États-Unis.
Soyons clairs, ces tarifs douaniers sont inacceptables. Au cours des 150 dernières années, le Canada a été le partenaire le plus solide des États-Unis. Les Canadiens, les Américains se sont battus côte à côte lors de deux guerres mondiales et en Corée. Des plages de la Normandie aux montagnes de l’Afghanistan, nous nous sommes battus ensemble et nous avons pleuré la perte des nôtres ensemble. Et les Forces canadiennes œuvrent toujours aux côtés des Américains. Nous sommes des partenaires du NORAD, de l’OTAN et partout dans le monde. Nous nous sommes portés à la défense des États-Unis après le 11 septembre, tout comme les Américains se sont portés à notre défense par le passé et nous nous battons ensemble contre Daech dans le nord de l’Irak.
Les Canadiens, les Américains se sont battus côte à côte lors de deux guerres mondiales et en Corée.Des plages de la Normandie aux montagnes de l’Afghanistan, nous nous sommes battus ensemble et nous avons pleuré la perte des nôtres ensemble. Et les Forces canadiennes œuvrent toujours aux côtés des Américains. Nous sommes des partenaires du NORAD, de l’OTAN et partout dans le monde. Nous nous sommes portés à la défense des États-Unis après le 11 septembre, tout comme les Américains se sont portés à notre défense par le passé et nous nous battons ensemble contre Daech dans le nord de l’Irak.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les États-Unis ont un excédent commercial de 2 milliards de dollars américains dans le secteur de l’acier vis-à-vis du Canada, et le Canada achète plus d’acier américain que tout autre pays dans le monde. En effet, la moitié des exportations d’acier des États-Unis viennent chez nous. Le Canada est un fournisseur fiable d’acier et d’aluminium à l’industrie de la défense américaine. Il fournit l’aluminium pour fabriquer les avions américains et l’acier pour les chars d’assaut américains. Il est inconcevable que le Canada soit considéré comme étant une menace à la sécurité nationale des États-Unis.
Ces tarifs douaniers nuiront aux industries et aux travailleurs des deux côtés de la frontière canado-américaine et ils perturberont les chaînes d’approvisionnement qui ont rendu l’acier et l’aluminium nord-américains plus compétitifs à travers le monde.
Ces tarifs douaniers nuiront aux industries et aux travailleurs des deux côtés de la frontière canado-américaine et perturberont les chaînes d’approvisionnement qui ont rendu l’acier et l’aluminium nord-américains plus compétitifs à travers le monde.
Qui plus est, ces droits sont un affront au partenariat que le Canada et les États-Unis entretiennent depuis longtemps dans le domaine de la sécurité, et en particulier aux milliers de Canadiens qui se sont battus et ont péri aux côtés de leurs compagnons d’armes américains.
Les liens commerciaux, amicaux et, bien souvent, familiaux entre les Américains et les Canadiens restent intacts. En fait, ils n’ont jamais été aussi forts. Le gouvernement du Canada sait que, au bout du compte, nos valeurs communes, notre proximité géographique et nos intérêts partagés vont l’emporter sur le protectionnisme. Comme nous l’avons toujours dit, nous protégerons toujours les intérêts des travailleurs canadiens et du Canada.
La ministre Freeland est ici pour annoncer nos mesures de représailles et, ce matin, j’ai appelé les chefs de l’opposition pour les aviser de notre réponse.
Comme nous l’avons toujours dit, nous protégerons toujours les intérêts des travailleurs canadiens et du Canada. La ministre Freeland est ici pour annoncer nos mesures de représailles et ce matin, j’ai appelé les leaders de l’opposition pour les aviser de notre réponse.
Pour terminer, je veux être très clair sur un point : les Américains demeurent nos partenaires, nos alliés et nos amis. Le peuple américain ne fait pas l’objet de l’annonce d’aujourd’hui, nous devons croire qu’éventuellement le bon sens triomphera, mais malheureusement les actions prises aujourd’hui par le gouvernement américain ne semblent pas aller dans cette direction.
Pour terminer, je veux être très clair sur un point : les Américains demeurent nos partenaires, nos alliés et nos amis. Le peuple américain n’a rien à voir avec l’annonce d’aujourd’hui. Nous devons croire qu’éventuellement le bon sens triomphera, mais malheureusement les mesures prises aujourd’hui par le gouvernement américain ne semblent pas pointer dans cette direction.
L’HONORABLE CHRYSTIA FREELAND : Merci, Monsieur le Premier Ministre. Comme le premier ministre l’a dit, ces droits de douane sont tout à fait inacceptables.
En réponse à ces mesures, le Canada entend imposer des surtaxes ou d’autres mesures similaires visant à restreindre le commerce sur des importations d’acier, d’aluminium et d’autres produits provenant des États-Unis, et ce, à un montant allant jusqu’à 16,6 milliards de dollars. Ce montant représente le total des exportations canadiennes d’acier et d’aluminium vers les États-Unis en 2017, ces exportations étant maintenant affectées par des tarifs américains.
Nous publions aujourd’hui deux listes de produits assujettis aux contre-mesures. Les produits sur la première liste seront assujettis à une surtaxe de 25 % pour une mesure similaire visant à restreindre le commerce. Les produits sur la deuxième liste seront assujettis à une surtaxe de 10 %, une mesure similaire visant à restreindre le commerce. Ces contre-mesures s’appliqueront seulement aux produits originaires des États-Unis. Ces contre-mesures prendront effet le 1er juillet 2018 et resteront en vigueur jusqu’à ce que les États-Unis éliminent leurs tarifs sur les produits canadiens d’acier et d’aluminium.
Nos travailleurs de l’acier et de l’aluminium ont notre soutien. C’est pourquoi nous avons inclus les produits américains d’acier et d’aluminium dans nos listes. Et pour les autres produits énumérés aujourd’hui, nous avons veillé à ce que ceci puisse être facilement obtenu auprès des entreprises canadiennes ou partenaires commerciaux non américains afin d’éviter que les coûts soient répercutés sur les familles et les consommateurs canadiens. Nous entamons aujourd’hui une période de consultations de 15 jours avec les Canadiens afin qu’ils puissent exprimer leur soutien ou leur inquiétude à l’égard des contre-mesures proposées et de la liste des produits.
Ces listes de produits seront mises à la disposition du public immédiatement et en ligne pour les Canadiens. Ces restrictions commerciales unilatérales par les États-Unis contreviennent aussi aux règles commerciales de l’ALÉNA et de l’OMC. Le Canada lancera des procédures de règlement des différends en vertu du chapitre 20 de l’ALÉNA et de l’Accord sur le règlement des différends de l’OMC. Le Canada collaborera aussi étroitement avec des membres de l’OMC partageant les mêmes vues, y compris l’Union européenne, pour contester ces mesures américaines illégales et contre-productives à l’OMC.
Il est tout à fait inapproprié de considérer tout commerce avec le Canada comme une menace pour la sécurité nationale des États-Unis et je veux que les Canadiens sachent que leur gouvernement défendra toujours les travailleurs canadiens et les entreprises canadiennes. Je vous remercie.
Maintenant je vais répéter cela en anglais. Nous sommes dans un pays bilingue.
En réponse à ces mesures, le Canada entend imposer des droits de douane aux importations d’acier, d’aluminium et d’autres produits provenant des États-Unis pour un montant représentant le total des exportations canadiennes d’acier et d’aluminium vers les États-Unis en 2017, soit 16,6 milliards de dollars. Nous imposons les mêmes tarifs que ceux que les États-Unis imposent à la population canadienne, au dollar près. Ces taux sont de 25 % et de 10 %. Nous publions aujourd’hui deux listes de produits. Les produits sur la première liste seront assujettis à une surtaxe de 25 %. Les produits sur la deuxième liste seront assujettis à une surtaxe de 10 %.
Ces contre-mesures s’appliqueront seulement aux produits provenant des États-Unis. Ces contre-mesures entreront en vigueur le 1er juillet 2018 et resteront en place jusqu’à ce que les États-Unis éliminent leurs mesures de restriction commerciale contre le Canada.
Nos travailleurs de l’acier et de l’aluminium ont tout notre soutien. C’est pourquoi nous avons inclus les produits américains d’acier et d’aluminium dans nos listes. Et pour les autres produits énumérés aujourd’hui, nous avons veillé à ce qu’ils puissent être facilement obtenus auprès des entreprises canadiennes ou partenaires commerciaux non américains afin d’éviter que les coûts soient répercutés sur les familles et les consommateurs canadiens.
Nous entamons aujourd’hui une période de consultations de 15 jours auprès des Canadiens afin qu’ils puissent exprimer leur soutien ou leur inquiétude à l’égard des contre-mesures proposées et de la liste des produits. Ces listes de produits seront mises à la disposition du public immédiatement et en ligne pour les Canadiens.
Ces restrictions commerciales unilatérales par les États-Unis contreviennent aussi aux règles commerciales de l’ALÉNA et de l’OMC. Le Canada lancera des procédures de règlement des différends en vertu du chapitre 20 de l’ALÉNA et de l’Accord sur le règlement des différends de l’OMC. Le Canada collaborera aussi étroitement avec des membres de l’OMC partageant les mêmes vues, y compris l’Union européenne, pour contester ces mesures américaines illégales et contre-productives à l’OMC. Il est tout à fait inapproprié de considérer tout commerce avec le Canada comme étant une menace pour la sécurité nationale des États-Unis, comme le premier ministre l’a expliqué.
Je veux que les Canadiens sachent que leur gouvernement défendra toujours les travailleurs canadiens et les entreprises canadiennes. Je vous remercie.
MODÉRATRICE : Merci. Première question. Radio-Canada.
QUESTION : Bonjour Monsieur Trudeau. Visiblement, votre stratégie qui est en place depuis plusieurs mois semble avoir du plomb dans l’aile. Est-ce que là, avec les mesures que vous venez d’annoncer, vous enclenchez une guerre commerciale avec les États-Unis?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU (premier ministre du Canada) : D’abord, on dit depuis longtemps qu’on était prêt à tout. On est en train, on a toujours été en train de travailler de façon constructive avec les Américains, mais on a aussi souligné qu’on avait des réflexions sur la façon dont nous allions pouvoir assurer la défense des travailleurs canadiens et du Canada, si le besoin arrivait. Alors, bien qu’on continue de travailler, de négocier, d’essayer de convaincre les Américains de retirer ces mesures inacceptables, nous devons aussi répondre fermement à ces menaces qui nous sont imposées.
QUESTION : Mais par rapport à la guerre commerciale, est-ce qu’on ouvre une guerre commerciale en ce moment et avez-vous toujours confiance en M. Trump? Vous disiez je respecte, je crois à sa parole et on n’aura pas de tarifs, mais là visiblement on a des tarifs.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Bien, évidemment, ça fait longtemps que nous sommes engagés auprès des Américains de bien des façons. Que ce soit moi directement avec M. Trump, que ce soit Chrystia Freeland et les autres ministres qui s’engagent, que ce soit les premiers ministres des provinces qui sont engagés, les chefs d’opposition, les gens d’affaires au Canada, on est continuellement en train d’être engagé pour mettre de la pression et souligner aux Américains à quel point ce serait une mauvaise idée de créer des barrières tarifaires ou autres avec le Canada. La décision d’aujourd’hui appartient entièrement à l’administration américaine. Ç’a été leur choix de commencer, d’imposer ces mesures inacceptables et nous répondons, comme je l’ai toujours dit très clairement au président Trump, que nous allions toujours être là pour défendre les intérêts des Canadiens et des travailleurs canadiens.
MODÉRATRICE : Joyce Napier, CTV.
QUESTION : Bonjour. Depuis les négociations entourant l’ALÉNA, vous avez entamé une campagne diplomatique aux États-Unis. Vous y êtes allé 15 ou 16 fois, et Madame la Ministre, je ne sais pas, peut-être une centaine de fois, vos représentants y sont allés aussi, vous avez joué la carte de la gentillesse à la Maison-Blanche et vous avez parcouru tout le territoire américain... le moment est-il venu de changer la stratégie canadienne?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Nous l’avons dit très clairement, et je le dis directement aux Canadiens depuis des mois maintenant : nous devons être prêts à tout, et nous le sommes. Nous avons toujours choisi d’être positifs et constructifs. Cela dit, le message a toujours été très clair lors de mes conversations avec le président et lors des conversations des Canadiens avec leurs amis, collègues et homologues américains : les Canadiens sont solidaires et ils défendront coûte que coûte les intérêts du Canada. Aujourd’hui, l’administration américaine a pris une décision que nous déplorons et qui, manifestement, mènera à des mesures de rétorsion qui sont nécessaires, mais nous le regrettons. Nous aimerions beaucoup plus travailler en partenariat, sachant qu’il n’existe pas deux autres pays dans le monde qui ont une économie aussi étroitement liée et mutuellement avantageuse que le Canada et les États-Unis.
QUESTION : Vous serez l’hôte du G7 dans une semaine, et M. Trump y sera. Les alliés européens y seront aussi. Comment allez-vous faire?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Il est certain que nous avons travaillé fort pour réunir les gens autour de thèmes communs du G7, que ce soit de protéger nos océans, d’autonomiser les femmes pour qu’elles réussissent mieux dans le marché du travail ou de gérer les obstacles économiques au pays et ailleurs dans le monde. Tous les pays du G7 ont le même défi de faire la preuve que la croissance peut profiter à tous. Au Canada, nous parlons de la croissance au profit de la classe moyenne et de ceux qui travaillent fort pour en faire partie, mais ce sont un défi et une responsabilité qu’ont en commun tous nos collègues du G7. Nous allons continuer dans cette voie. Le choix que les États-Unis ont fait aujourd’hui a pour objectif d’avantager les travailleurs américains. Malheureusement, nous savons tous qu’il va plutôt nuire aux travailleurs américains et aux industries américaines.
Nos économies sont trop étroitement liées pour que cette décision ne perturbe pas de manière considérable la vie des familles et communautés américaines au sud de la frontière. Nous allons continuer d’insister sur le fait qu’il est extrêmement important, pour assurer la prospérité de nos citoyens, de travailler ensemble en tant qu’amis et alliés. En effet, quand on voit ce que les États-Unis ont décidé de faire à leurs plus proches amis et alliés, aux pays du G7, aux alliés européens, au Canada et au Mexique, cela démontre que nous devons profiter de cette occasion pour discuter de cet enjeu de vive voix, de manière ferme, et trouver des moyens d’avantager nos citoyens, et non pas de leur nuire.
MODÉRATRICE : Raymond Filion, TVA
QUESTION : Comment vous qualifiez l’attitude de l’administration Trump?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : L’approche de l’administration – j’ai eu des conversations avec le président et le vice-président cette semaine pour souligner qu’ils ont une approche ancrée dans une idéologie qui veut aider les Américains – mais ils ne comprennent pas tout à fait que ça va faire mal aux Américains. Ça va faire mal à des travailleurs, ça va faire mal à leurs industries. On a passé un an à souligner à quel point les connections entre nos deux économies sont au profit des citoyens dans nos deux pays. Maintenant, malheureusement, je pense qu’ils vont découvrir qu’ils ne peuvent pas faire des mesures comme ça.
QUESTION : Qu’ils disent aujourd’hui, c’est votre échec?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Je pense que les gens savent très bien que c’est une décision prise par l’administration américaine et pour l’administration américaine. Notre approche, mon approche, l’approche de mon équipe, l’approche de tous les Canadiens a été de travailler ensemble, et je veux encore une fois remercier tous les différents premiers ministres des provinces et tous les députés de tous les partis qui ont démontré qu’on a une approche ferme et unie au Canada sur ces négociations, sur l’engagement avec les États-Unis. Je pense que les gens savent très bien que c’est malgré tous nos efforts que le président américain a choisi de prendre cette décision aujourd’hui. Ça nuire alors propre citoyens alors propre travailleurs.
MODÉRATRICE : John Ivison, National Post.
QUESTION : Monsieur le Premier Ministre, est-ce que M. Trump viendra dans Charlevoix?
LE TRÈS HONORABLE JUSTN TRUDEAU : Oui, tout indique qu’il y sera.
QUESTION : Une enquête en matière de sécurité nationale du même type est en cours, mais elle vise l’importation d’autos. Les conclusions concernant l’acier et l’aluminium donnent à penser que les résultats de cette enquête iront aussi à l’encontre du Canada. Que répondez-vous?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Eh bien, nous allons commencer par gérer la décision d’aujourd’hui, puis nous nous occuperons de la prochaine si elle a lieu. Cependant, comme nous l’avons dit plusieurs fois, l’argument selon lequel l’acier canadien qui se trouve dans les voitures blindées américaines et l’aluminium canadien qui se trouve dans les chasseurs américains pourraient d’une façon ou d’une autre représenter une menace à la sécurité nationale est encore plus absurde quand on l’applique aux automobiles ou aux pièces d’auto fabriquées au Canada. Nos arguments resteront fondés sur la logique et le gros bon sens et nous espérons qu’au bout du compte ils l’emporteront contre une administration qui n’applique pas toujours ces principes.
MODÉRATRICE : Katie Simpson, CBC.
QUESTION : Monsieur le Premier Ministre, quand Donald Trump est entré en fonction, vous avez fait un effort conscient pour adopter une attitude noble, tandis que certains dirigeants européens ne l’ont pas fait. À la fin, cependant, les Européens et vous subissez le même traitement. Votre stratégie avec Donald Trump a-t-elle porté ses fruits?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Je crois que nous savons tous que la relation entre le Canada et les États-Unis est profonde et complexe et que le sens de l’engagement et la sagesse combinés à l’unité et à la force de notre esprit d’équipe... j’ai entendu à maintes reprises des interlocuteurs américains ou le président lui-même dire que notre fermeté, notre solidarité en tant que pays, sans égards aux idéologies, dans nos rapports avec les États-Unis est l’une de nos forces, et nous allons demeurer unis dans cette situation.
Je sais que les Canadiens s’entraideront. Nous allons prendre des mesures pour nous montrer solidaires et défendre nos intérêts dans tout le pays, mais je sais que les Canadiens seront là les uns pour les autres. Nous allons agir ensemble et défendre nos intérêts aux quatre coins du pays. C’est ce à quoi ils s’attendent de ce gouvernement, mais c’est aussi ce que nous attendons les uns des autres.
QUESTION : Dans vos commentaires, et mes collègues me corrigeront si j’ai tort, je ne pense pas vous avoir entendu citer le nom de Donald Trump, et les droits n’entreront pas en vigueur avant un mois. Êtes-vous assez ferme? Nous avons entendu Kathleen Wynne dire que Donald Trump est un tyran. Êtes-vous d’accord avec elle et est-ce suffisant?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Je l’ai dit clairement : devant le président Trump, j’ai été clair et ferme. J’ai toujours dit, et il a toujours compris, que j’allais défendre les intérêts canadiens, les travailleurs canadiens et les citoyens canadiens. Nous allons toujours le faire. Je l’ai dit très clairement au président Trump, à Donald Trump, à M. Trump. Je peux le dire autant de fois et d’autant de façons que vous le désirez : la relation entre nos pays dépasse largement le cadre de la relation interpersonnelle que j’ai avec lui. Les liens entre les Canadiens et les Américains sont profonds, vastes, nuancés, multidimensionnels, commerciaux, culturels, familiaux, et ils demeurent intacts.
La décision de l’administration américaine fera mal aux Canadiens, elle fera mal aux Américains, et nous le regrettons sincèrement, mais nous allons continuer d’essayer de trouver des façons d’aller de l’avant sans nuire aux citoyens des deux pays, comme l’a fait la décision d’aujourd’hui de l’administration américaine.
MODÉRATRICE : Tonda.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Oui, Pardon. Allez-y un instant.
L’HONORABLE CHRYSTIA FREELAND : Puis-je seulement ajouter une chose? Katie, vous avez demandé si ces mesures étaient assez vigoureuses et, concernant les mesures comme telles, les mesures de rétorsion, il s’agit de 16,6 milliards de dollars de représailles. Il s’agit de la plus forte mesure commerciale que le Canada a prise depuis la Guerre. C’est une réponse très musclée. C’est une réponse proportionnelle. Elle est parfaitement réciproque. Je vous rassure et je rassure la population canadienne : c’est une mesure très énergique en réponse à une très mauvaise décision des États-Unis.
MODÉRATRICE : Tonda MacCharles, Toronto Star.
QUESTION : Cela m’amène justement à une question que j’aimerais vous poser. Si vous ciblez environ 16,6 milliards de dollars de marchandises, quelles seront, à votre avis, les répercussions de tout cela sur l’économie canadienne?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU: Chrystia pourra en parler, mais l’une des raisons pour lesquelles notre pays croit au libre-échange, c’est que, au bout du compte, ce sont les citoyens qui sont les plus désavantagés par les barrières tarifaires. Nous l’avons vu quand le gouvernement américain a pris certaines décisions concernant le bois d’œuvre : le prix des maisons a augmenté aux États-Unis. Les droits de douane font mal aux consommateurs et, comme Chrystia l’a dit concernant notre liste de produits qui feront l’objet de droits en réaction à cette décision, nous allons d’abord consulter les Canadiens et l’industrie pendant 15 jours pour éviter toute conséquence imprévue ou indésirable pour les Canadiens. Cela dit, nous avons tenté d’y mettre les produits dont des équivalents existent au Canada ou dans des pays avec qui nous avons de bonnes relations pour ne pas ruiner les Canadiens.
Chrystia.
L’HONORABLE CHRYSTIA FREELAND : Alors, Tonda, si vous me permettez, cette liste a été mûrement réfléchie et très soigneusement élaborée. Cela faisait un certain temps qu’on y travaillait. Lorsque le premier ministre a dit que le Canada était prêt à toute éventualité, nous étions prêts. C’est une chose que le Canada sait faire, que nos fonctionnaires savent faire. J’aimerais rappeler aux gens ce que nous avons vécu dans le dossier de l’EPO; l’étiquetage du pays d’origine, où le Canada était également prêt à riposter et où nous avions dressé une liste mûrement réfléchie. C’était à la suite d’une décision de l’OMC en notre faveur. Comme le premier ministre l’a dit, la période de consultations est très, très importante. Nous nous attendons à recevoir des commentaires très utiles de la part des Canadiens, et nous comptons profiter de cette période pour peaufiner la liste, alors s’il vous plaît, tout le monde, commencez à nous formuler vos commentaires. Les Canadiens qui nous regardent peuvent commencer à le faire dès maintenant.
Comme nous l’avons dit, et comme le premier ministre l’a dit, nous avons élaboré la liste en tenant compte de certains points. L’un d’eux consistait à assurer la défense des industries canadiennes de l’acier et de l’aluminium. Ces produits font maintenant l’objet de droits de douane injustes lorsqu’ils sont exportés aux États-Unis. Il est tout à fait de mise que nos concurrents des États‑Unis se voient imposer des droits équivalents pour leurs exportations au Canada. Et j’aimerais rappeler aux Américains qui sont peut-être en train de nous regarder ou de nous écouter que, comme le premier ministre l’a dit, le Canada achète environ la moitié des exportations américaines d’acier. Alors, voilà l’un des points.
Un deuxième point, comme le premier ministre l’a dit, était de choisir soigneusement des biens pouvant être remplacés, alors nous avons cherché à choisir des biens pour lesquels il existe un produit de remplacement canadien n’étant pas visé par des droits de 25 p. 100 ou de 10 p. 100, ou un bien de remplacement produit par un pays autre que les États‑Unis.
Et ensuite, en élaborant la liste, nous avons essayé de chercher des produits d’utilisation finale, parce que nous savons que l’imposition de droits de douane sur des produits faisant partie d’une quelconque chaîne de fabrication pourrait entraîner des coûts pour les entreprises canadiennes et nuire à notre efficacité. Alors, nous y avons beaucoup réfléchi et, à mon avis, beaucoup de réflexion et de travail seront investis pour peaufiner cette liste au cours des prochains jours.
QUESTION : Alors, en guise de suivi, Monsieur le Premier Ministre, étant donné que vous avez eu des discussions au sujet de votre relation avec M. Trump et de hauts fonctionnaires, les avez-vous avertis exactement, au cours de ces discussions au cours des derniers jours, des mesures de rétorsion que vous alliez prendre et, si tel est le cas, pourquoi tous les arguments économiques que vous nous présentez n’ont-ils rien donné?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Vous allez devoir le demander au président. Nous avons présenté des arguments cohérents et démontré de multiples façons l’interdépendance des économies du Canada et des États-Unis. Nous nous attendons à ce qu’au cours des prochains jours, de nombreux membres du congrès et gouverneurs fassent des représentations directement à la Maison-Blanche au sujet des répercussions négatives des mesures adoptées par les États-Unis et des conséquences de ces mesures.
QUESTION : Les aviez-vous prévenus?
MODÉRATRICE : Tonda.
QUESTION : C’est la partie à laquelle il n’a pas répondu.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Nous avons parlé de la difficulté que cela entraînerait et souligné qu’il s’agirait d’un point déterminant dans la relation entre le Canada et les États-Unis.
MODÉRATRICE : Josh Wingrove, Bloomberg.
QUESTION : Qu’est-ce que cela veut dire pour l’ALENA?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Nous restons disposés à travailler au renouvellement et à la modernisation de l’ALENA, et nous continuerons de nous présenter à la table de négociations. Comme vous l’avez rapporté, je pense, Josh, la semaine dernière, j’ai offert directement au président de me rendre personnellement à Washington avec Chrystia et de m’asseoir à une table avec le président en vue d’aborder les derniers détails de l’ALENA, parce que les grandes lignes d’un accord décent et avantageux pour tous se dessinaient et qu’il fallait, selon moi, prendre ce moment pour finaliser la conclusion de l’accord. Mardi, j’ai reçu un appel du vice-président Pence, qui m’a indiqué que la condition préalable à la tenue de cette rencontre était que le Canada accepte l’inclusion d’une clause crépusculaire dans l’ALENA. J’ai dû lui faire valoir qu’aucun premier ministre du Canada ne pourrait possiblement signer un ALENA comportant une clause crépusculaire de cinq ans et, de toute évidence, la rencontre n’a pas eu lieu.
QUESTION : Alors, pour bien comprendre, est-ce vous qui avez annulé la visite parce que vous n’acceptiez pas la clause crépusculaire, ou est-ce eux qui l’ont annulée?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Les États-Unis nous ont donné comme condition préalable de rencontrer un négociateur, entre autres conditions. J’ai dit que s’ils acceptaient de retirer cette exigence de la liste de conditions préalables, je serais heureux d’aller les rencontrer, et que ce ne serait jamais acceptable pour le Canada ou, j’en suis à peu près sûr, pour le Mexique dans le cadre des négociations vers un Accord de libre-échange nord-américain.
QUESTION : En français.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : J’ai eu l’opportunité de parler au président vendredi passé, et j’ai souligné que je pensais qu’on était assez proche d’un accord; que le moment était peut-être venu pour un très bon accord pour nous tous et que je pensais qu’on pouvait y arriver si on s’assoyait ensemble pendant quelques heures. Il était ouvert à cela, mais, mardi, j’ai eu un appel du vice-président Pense qui m’a dit qu’ils étaient contents et ouverts à ce que je descende, qu’on fasse les négociations, mais, avant que je descende, il fallait que j’accepte que l’ALÉNA ait une cause crépusculaire. C'est-à-dire que, tous les cinq ans, l’ALÉNA se terminerait, à moins que les participants choisissent de le réactiver. C’était et c’est tout à fait inacceptable pour nous, alors j’ai dit que, malheureusement, si c’était une pré-condition, je ne pouvais pas l’accepter. Et évidemment, nous ne nous sommes pas rendus à Washington pour faire cette journée de négociation.
MODÉRATRICE : David Akin, Global Television.
QUESTION : C’est très intéressant. J’essaye simplement de digérer cette nouvelle, merci. J’aimerais revenir un instant au G7. J’aimerais savoir comment vous comptez coordonner vos actions avec les six autres, ou plutôt les cinq autres partenaires pour peut-être accentuer les pressions sur les États-Unis. En ce moment, nous avons essentiellement un G6 plus un, alors que ferez-vous, en tant qu’hôte, pour vous concentrer sur le commerce?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Depuis le début de la présidence canadienne du G7, nous sommes conscients que certains dossiers ne font ni consensus, ni l’unanimité parmi les partenaires du G7, particulièrement en ce qui concerne le commerce et les changements climatiques, par exemple. Mais nous sommes également conscients de l’énorme importance de voir les sept plus grandes nations industrielles du monde se réunir pour parler de priorités communes, de problèmes communs et du défi auquel chacun de nous fait face à différents égards et qui consiste à faire en sorte que la croissance générée dans nos économies profite à tous les citoyens de nos pays.
C’est pourquoi nous présentons un large éventail de propositions, qu’il s’agisse de renforcer l’entrepreneuriat chez les femmes, d’aider les femmes et les filles dans les pays en développement du monde entier, de poser des gestes concrets pour protéger nos océans contre la pollution, de mesures liées aux problèmes de sécurité actuels dans le monde, de nos démocraties ou des menaces nucléaires.
Il existe un large éventail d’éléments sur lesquels nous nous entendons et travaillons ensemble. Il y a aussi d’autres éléments autour desquels il y aura de solides discussions autour de la table. C’est l’une des raisons d’être du G7; permettre la tenue de conversations franches et sérieuses entre dirigeants mondiaux qui servent des populations ayant des valeurs et des approches semblables.
QUESTION : J’aimerais simplement vous lire quelque chose que Wilbur Ross a écrit à votre sujet ce matin, et que j’aimerais vous voir tous deux commenter. Il a décrit la situation comme étant une ombre sur l’écran radar et a dit : « Tout le monde se querelle de temps à autre. Tous les pays le font. Il n’y a rien de bizarre à cela. Je pense que tout le monde s’en remettra en temps et lieu. » Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre Freeland?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Je pense que le fait que les États-Unis invoquent des mesures de sécurité nationale contre le Canada, contre leurs plus proches alliés, amis et partenaires dans le monde, y compris au sein de l’OTAN et du NORAD, signifie que cela est peut-être plus grave que ce que cette administration semble croire et faire valoir. Et nous espérons certainement mettre cela en évidence par la gravité des mesures que nous prenons.
Je peux vous affirmer que pour les travailleurs canadiens de l’automobile, de l’aluminium et de l’acier, ce ne sont pas de simples détails. Il s’agit d’enjeux concrets. De vraies familles souffriront de la situation, et ce, des deux côtés de la frontière. Chrystia.
L’HONORABLE CHRYSTIA FREELAND : Oui. Eh bien, je suis d’accord à 100 p. 100 avec ce que le premier ministre vient de dire. Nous devons démontrer très clairement et très exactement à quel point cette action des États-Unis est absurde. Il s’agit d’un recours spécieux et sans précédent à l’article 232. Comme le premier ministre vient de le dire, l’article 232 porte sur la sécurité nationale. Le recours à cet article, qui vise à donner aux États-Unis le droit de défendre leur sécurité nationale, ce que tous les pays, selon moi, considéreraient comme convenable; le fait d’y avoir recours pour imposer des droits de douane sur l’acier et l’aluminium vendus aux États-Unis par leurs plus proches alliés et partenaires dans le monde, des partenaires au sein de l’OTAN, du NORAD, du G7, nous sommes partenaires des États-Unis dans la défense de la Corée du Sud, dans la péninsule coréenne… Invoquer un argument de sécurité nationale comme excuse pour imposer ces droits est du jamais-vu et est tout simplement indéfendable.
J’aimerais aussi simplement souligner, David, qu’il ne s’agit pas que du Canada. Cela concerne les États-Unis et la position que les États-Unis ont choisi d’adopter à l’égard du reste du monde. En particulier à l’égard de leurs plus proches amis et alliés, de leurs meilleurs amis et alliés. Ces mesures ne visent pas seulement le Canada, mais également l’UE, le Mexique... C’est une décision que le gouvernement des États‑Unis a prise; une décision que nous jugeons très regrettable, et nous l’avons exprimé directement à nos homologues américains.
MODÉRATRICE : D’accord, il ne nous reste qu’environ deux minutes – il y a six personnes sur la liste – nous avons du temps pour une dernière question. Joël-Denis Bellavance, de La Presse.
QUESTION: Monsieur Trudeau, dans quelle mesure le geste de monsieur Trump et de son administration aujourd’hui va bousculer l’horaire que vous avez fixé pour le G7 qui doit avoir lieu la semaine prochaine?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : On s’attendait toujours à ce qu’il y ait des éléments sur lesquels on allait avoir des différends entre les différents membres du G7, particulièrement au niveau des changements climatiques et au niveau du commerce international. On a mis de l’avant un agenda qui a beaucoup d’éléments sur lesquels nous allons être d’accord et nous pouvons faire du bon travail entre nous et pour le monde entier. Mais en même temps, nous savions que nous allions avoir des discussions robustes sur ces sujets-là et d’autres, et nous allons certainement voir que le G7 continue d’avoir son utilité pour permettre des discussions franches et rigoureuses sur les enjeux de préoccupation, pas seulement pour nous en tant que chefs, mais pour nos citoyens aussi.
QUESTION : Est-ce que c’est possible que votre gouvernement offre une aide financière à l’industrie de l’acier ou de l’aluminium si la dispute commerciale dure dans le temps?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : J’ai été personnellement voir les travailleurs en aluminium au Saguenay et rencontrer des travailleurs en acier à Hamilton, à Régina, à Sault-Sainte-Marie pour démontrer mon appui, pour leur assurer que, et ce il y a plusieurs mois, quelque soit la décision finale d’aujourd’hui, nous allions être là pour eux, pour les appuyer, pour défendre l’industrie canadienne, pour défendre les travailleurs canadiens et les intérêts des Canadiens. Et nous allons absolument faire ça.