Transcription - Le premier ministre Trudeau annonce un système fédéral de tarification de la pollution
Le premier ministre Trudeau annonce un système fédéral de tarification de la pollution
Chers amis, je suis ici pour vous parler d’un sujet auquel vous pensez tout le temps : votre avenir. En tant qu’étudiants, vous passez probablement beaucoup de temps à penser à l’emploi que vous allez avoir, à la communauté où vous allez vivre et au pays que vous allez hériter. Je veux donc vous parler de l’enjeu qui façonnera l’avenir de votre génération plus que tout autre : les changements climatiques, et de ce qui est en jeu pour vous au cours des prochains mois alors que nous déterminons si nous allons enfin prendre des mesures concrètes à cet égard.
Inutile de vous dire à quel point c’est important – vous constatez déjà ce qui est en train de se passer partout autour de vous. Les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents, plus coûteux et plus dévastateurs pour les communautés canadiennes. La perte d’habitats, l’extinction d’espèces, la diminution de la qualité de l’air, la transmission plus rapide de maladies et la migration forcée de millions de personnes à travers le monde – tous témoignent des effets des changements climatiques.
Vous n’avez jamais connu, au cours de votre vie, une année durant laquelle les changements climatiques n’ont pas été discutés. Il s’agit simplement d’ouvrir les yeux pour constater que notre environnement subit des changements alarmant et sans précédent. Et nous savons que ces changements sont attribuables à l’activité humaine.
Nous savons depuis longtemps que nous avons trop pollué notre planète, et les conséquences sont devenues plus évidentes et plus graves. La vraie question sur laquelle nous devons nous pencher en tant que pays est la suivante : Allons‑nous ignorer ce qui est sous notre nez ou allons-nous agir? Allons-nous encore une fois remettre le problème à plus tard ou allons-nous faire preuve de courage et faire ce qu’il faut? Pour cette génération et la suivante.
Au cours des dernières années, des inondations ont eu lieu dans le centre-ville de Toronto jusqu’à l’île du Cap-Breton. Chez moi, à Montréal, une canicule a fait plus de 50 victimes il y a seulement quelques mois. Le printemps dernier, le Manitoba a connu la pire sècheresse de son histoire, ce qui a fait monter en flèche le coût des aliments du bétail pour les agriculteurs. Et il semble qu’on entend parler de « la tempête du siècle » tous les quelques mois. Il y a deux ans, un feu de forêt dans le nord de l’Ontario – pardon, dans le nord de l’Alberta – a presque rayé de la carte la ville de Fort McMurray. Et, lors de la réunion du Conseil des ministres à Nanaimo cet été, on pouvait à peine voir le soleil à midi à cause de la fumée des feux de forêt.
Mais vous savez déjà tout cela. Vous suivez les nouvelles et ces histoires sont aujourd’hui trop familières. C’est le monde dans lequel vous êtes nés et vous n’en connaissez pas d’autre. C’est le monde dans lequel vous êtes nés, et vous n’en connaissez pas d’autre. C’est l’air que vous respirez. Mais laissez-moi vous dire que ce n’était pas toujours comme ça, et que nous n’avons pas à accepter la situation actuelle. Ce problème existe parce que vos dirigeants politiques ont déployé trop peu d’efforts à cet égard. Ça, vous le savez aussi. Et aujourd’hui, ici comme à l’étranger, il semble y en avoir de plus en plus qui veulent en faire de moins en moins. Ce n’est pas parce que nous ne savons pas quoi faire. La science et les scientifiques sont clairs là‑dessus. Ils ont clairement expliqué ce qui est en train de se passer et ce qu’il faut faire à cet égard.
Et les économistes nous ont montré la voie à suivre pour faire croître nos économies et nous préparer à l’avenir. Les entreprises sont déjà en train de bâtir l’économie de demain. Plusieurs d’entre vous travailleront sans doute pour elles. Ou encore mieux, vous lancerez votre propre entreprise. Lorsqu’il est question des changements climatiques, on connaît bien le problème et sa solution depuis des décennies. Le vrai problème c’est que la pollution est gratuite, et donc on pollue trop.
La pollution a atteint un tel niveau que les scientifiques les plus réputés de la planète nous ont dit il y a quelques semaines qu’il ne nous reste que 12 ans pour changer concrètement les choses. C’est pour vous, les jeunes ici à Humber et à travers le pays, et pour les générations futures que les dirigeants d’aujourd’hui doivent assumer cette responsabilité fondamentale. Et voici la réalité : nous sommes la première génération qui sait comment régler le problème, mais la dernière génération qui pourra le faire.
Demain, ou même plus tard aujourd’hui, je présume que nous entendrons les commentaires de ceux qui s’opposent à notre plan et qui sont prêts à ignorer ce qui est sous notre nez. Des gens qui veulent vous léguer ainsi qu’à vos enfants et petits-enfants une situation encore plus grave et plus coûteuse. Pour ma part, je refuse de refiler ce problème à quelqu’un d’autre. Nous devons assurer un avenir plus sûr, plus sain et plus prospère aux Canadiens et à leurs familles. Nous pouvons le faire et nous le ferons.Et nous avons déjà commencé.
Nos ministres ont fait preuve de leadership en prenant des mesures importantes pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, renforcer nos communautés et protéger les familles. L’élimination de l’électricité produite par le charbon, la construction d’infrastructures adaptées au climat, la protection de nos océans et la collaboration avec les industries pour exploiter l’immense potentiel du secteur des technologies propres – voilà, entre autres, quelques‑unes des initiatives que nous avons entreprises pour nous préparer au monde de demain tout en créant des bons emplois dès maintenant.
Aujourd’hui, nous prenons une autre mesure importante dans la lutte pour un environnement plus propre et un avenir meilleur. Alors, voici ce que nous allons faire. À partir de l’année prochaine, il ne sera plus gratuit de polluer au Canada. Nous allons mettre un prix sur la pollution qui cause les changements climatiques, et ce, d’un océan à l’autre. Et nous allons aussi aider les Canadiens à s’adapter à cette nouvelle réalité. Après tout, le coût de la vie préoccupe bien des gens. Il peut être difficile de joindre les deux bouts. C’est pourquoi nous avons réduit les impôts pour la classe moyenne, bonifié le Régime de pensions du Canada et mis en œuvre des initiatives pour les familles comme l’Allocation canadienne pour enfants. C’est aussi pourquoi nous allons aider les Canadiens à prospérer dans un pays où la pollution n’est plus gratuite.
Parce qu’il ne suffit pas de créer une économie plus propre. Nous devons aussi veiller à ce qu’elle soit abordable pour tous les Canadiens. Il y a deux ans, j’ai fait valoir à la Chambre des communes l’importance critique de mettre un prix sur la pollution. Et depuis, bon nombre de provinces et de territoires ont relevé le défi en élaborant leur propre plan ou en adoptant le nôtre. D’autres ont choisi de ne pas le faire. Alors, nous agirons. Nous mettrons en œuvre le plan national sur le climat dans les provinces de l’Ontario, de la Saskatchewan, du Manitoba et du Nouveau‑Brunswick. Dans ces quatre provinces, nous verserons directement aux Canadiens un Incitatif à agir pour le climat, pour les aider à s’adapter à une économie où la pollution n’est plus gratuite. Ici, en Ontario, une famille de quatre personnes verra son remboursement d’impôt augmenter de 307 $ ce printemps. Et elle recevra plus que le double de ce montant, soit 718 $, d’ici 2022. Huit familles sur dix en Ontario recevront plus que ce qu’elles paieront directement. De plus, un supplément de 10 % est prévu pour les résidents des communautés plus petites, rurales ou éloignées.
Grâce à ce plan, nous pourrons également accroître notre appui aux petites et moyennes entreprises, aux municipalités, aux universités, aux écoles, aux hôpitaux, aux organismes à but non lucratif et aux communautés autochtones. Ces investissements seront bons pour l’environnement. Ils aideront à créer des emplois et à renforcer les économies locales. Je veux être très clair : le gouvernement remettra aux Canadiens toutes les recettes générées par la tarification de la pollution. Chaque dollar sera réinvesti pour appuyer les Canadiens, dans la province ou le territoire où il a été recueilli.
Chers amis, mettre un prix sur la pollution est le meilleur moyen de contrer les changements climatiques parce que ça fonctionne. William Nordhaus, qui vient tout juste de remporter le prix Nobel pour son travail sur l’incidence économique des changements climatiques, a dit que la Colombie-Britannique est un modèle à suivre en ce qui concerne la tarification de la pollution. Et avec raison. En Colombie-Britannique, la pollution diminue alors que le nombre d’emplois augmente et la croissance économique s’accélère. Des gens à travers le monde ont compris. À l’heure actuelle, plus de la moitié de l’économie mondiale a mis un prix sur la pollution, de la Chine à l’Europe, en passant par la Californie. La tarification de la pollution causée par le carbone n’est plus une idée radicale. C’est ambitieux, comme ça devrait l’être, mais la science et les données économiques qui l’appuient sont claires.
La seule façon de s’attaquer à un problème d’une telle taille est de faire en sorte que les gouvernements et le secteur privé travaillent ensemble. Aucun d’entre nous ne peut espérer relever le défi que représentent les changements climatiques seul, mais, ensemble, nous pouvons bâtir des communautés résilientes et des économies prospères. Les incitatifs économiques encourageront les entreprises à innover, à élaborer des technologies nouvelles et plus efficaces, à créer des emplois et à faire de notre planète un endroit plus propre et plus sain pour tous ceux qui l’habitent. Et n’oublions pas que le marché mondial de la croissance propre offre des possibilités de plusieurs milliers de milliards de dollars pour les entreprises et les pays qui choisissent de mener la charge.
Lorsqu’il est question des changements climatiques, certains vous diront que le problème est complexe. Ils diront qu’il est difficile à expliquer et que les solutions sont encore plus complexes et plus difficiles à expliquer. C’est l’excuse qu’utilisent les gens qui, pour une raison quelconque, ne veulent pas agir. Peut-être qu’il s’agit d’un politicien qui cherche à gagner quelques votes ou d’un investisseur qui croit pouvoir faire de l’argent à court terme. Peu importe la raison, cette longue liste d’excuses ne suffit plus. Voici ce qu’un scientifique réputé a dit le mois dernier au sujet d’une solution aux changements climatiques :
« Nous avons démontré qu’il est possible de le faire dans le cadre des lois de la physique et de la chimie. Il ne reste plus que la volonté politique. »
Eh bien, je sais que les Canadiens ont cette volonté. Je sais aussi que vous comptez sur nous, et nous ne vous laisserons pas tomber. 12 ans. Il y a environ 12 ans, ma femme Sophie et moi avons fondé notre famille. Nous avons maintenant trois enfants. Notre aîné, Xavier, a fêté son 11e anniversaire la semaine dernière. Quand je pense à ce que le Canada devrait faire pour contribuer à la lutte contre les changements climatiques, je pense à votre génération et à la leur. Cet enjeu n’a rien à voir avec la politique ou les prochaines élections. C’est une question de leadership. Il faut reconnaître ce que le problème et la solution représentent réellement, à savoir l’impératif moral et économique d’agir. Ceux qui pensent autrement devraient être honnêtes avec vous et vous expliquer pourquoi. Si ce n’est pas maintenant, alors quand? Si nous ne le faisons pas, alors qui le fera? Dans 12 ans, vous vous poserez des questions importantes sur les décisions que les dirigeants politiques d’aujourd’hui ont prises. Pour ma part, j’ai l’intention de vous donner une bonne réponse.
Nous pouvons le faire, chers amis. Je vous le promets. Nous devons réduire la pollution et nous devons positionner notre économie pour l’avenir. En travaillant ensemble, nous pouvons le faire et c’est exactement ce que nous ferons.
Merci.