Transcription - Le PM Trudeau s’adresse à l’Assemblée extraordinaire des Chefs des Premières Nations à Ottawa
Le PM Trudeau s’adresse à l’Assemblée extraordinaire des Chefs des Premières Nations à Ottawa
Bon après-midi tout le monde. Merci au chef national Bellegarde pour cette belle introduction. Je veux d’abord souligner que nous sommes en territoire ancestral du peuple algonquin. Nous le reconnaissons comme étant le gardien traditionnel, actuel et futur de ce territoire. Cet après-midi, je me joins également à l’Assemblée des Premières Nations pour rendre hommage au dernier transmetteur mohawk de messages codés de la Deuxième Guerre mondiale, l’ancien combattant Louis Levi Oakes. J’ai eu l’occasion de discuter avec lui plus tôt aujourd'hui.
Et je sais qu’aujourd’hui, nous nous réunissons en l’absence de l’aîné Elmer Courchene, un leader et militant infatigable. Alors qu’il lutte en ce moment contre une maladie, au Manitoba, j’aimerais lui offrir mes meilleurs vœux ainsi qu’à sa famille.
Aux Aînés, aux jeunes, aux vétérans, au Chef national Bellegarde, aux dirigeants de l’Assemblée des Premières Nations et aux Chefs en assemblée : je tiens à vous remercier de m’accueillir. C’est toujours un plaisir de vous rencontrer et je suis heureux que vous m’ayez invité à prendre la parole aujourd’hui.
En 2015, juste après mon assermentation comme premier ministre, je vous ai fait une promesse claire. Je vous ai promis qu’on tracerait ensemble une nouvelle voie à suivre et qu’on renouvèlerait la relation qu’entretient le gouvernement du Canada avec les peuples autochtones. Je vous ai promis de travailler avec vous pour aborder l’héritage du colonialisme, du racisme et du paternalisme qui, pendant trop longtemps, ont empêché vos communautés d’aller de l’avant.
Eh bien, trois ans plus tard, nous réalisons de vrais progrès et avançons sur le chemin de la réconciliation. Je sais que ces paroles ne suffisent pas. Pour parvenir à la réconciliation, il ne suffit pas que je me tienne debout devant vous et que je vous dise que ces enjeux sont importants. Pour parvenir à la réconciliation, il faut agir. Il faut combler les écarts entre les peuples autochtones et non autochtones, notamment en ce qui concerne le logement, l’eau propre, l’éducation, les bons emplois et la protection de la jeunesse.
Pour une véritable réconciliation, on a besoin de véritables résultats. Quand je parle de résultats concrets, je veux dire que les gens n’auront plus à dormir à tour de rôle parce qu’il n’y a pas assez de bons logements. En investissant dans les communautés pour les aider à construire des nouvelles maisons sur les réserves, nous réalisons des progrès. Plus de 14 000 maisons sont présentement en construction ou sont déjà complétées. Cela inclut des nouvelles maisons pour les personnes âgées de la Première Nation de Kanaka Bar et des logements abordables pour les familles de la Première Nation ojibway de Mishkeegogamang. Ça inclut des nouveaux triplex pour la communauté de la Première Nation de Lac Seul qui prend de l’expansion. Parce que chaque personne, peu importe où elle vit, devrait avoir un endroit sûr et abordable où habiter.
Veiller à ce que tout le monde ait un toit, c’est une priorité d’importance vitale – mais ce n’est pas le seul enjeu auquel nous nous attaquons. Qu’en est-il des parents qui n’ont jamais pu donner un bain à leur enfant de 8 ans avec de l’eau propre et salubre? Quand j’ai passé une journée dans la Première Nation de Shoal Lake no 40, je me suis déplacé à bord d’un camion qui faisait la livraison d’eau à domicile. J’ai écouté les gens me parler de ce que c’est de vivre sans pouvoir boire l’eau du robinet. Ça m’a brisé le cœur et, en tant que père, je ne peux pas imaginer dire à mes enfants qu’ils devraient se méfier de l’eau qui sort du robinet.
Les histoires comme celle de Shoal Lake soulignent le besoin d’agir immédiatement. Et nous avons travaillé fort pour corriger cette situation inacceptable dans laquelle beaucoup trop de gens se trouvent à travers le pays. En partenariat avec les communautés autochtones, notre gouvernement a levé 73 avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable partout au pays, que ce soit dans la Nation de Slate Falls en Ontario, à Williams Lake en Colombie-Britannique ou dans Pabineau au Québec.
Dans le cas de Shoal Lake, nous sommes en train de concevoir la nouvelle usine de traitement des eaux. C’est un processus complexe, donc il faut du temps pour lever les avis concernant la qualité de l’eau. Cela dit, nous sommes en voie de lever tous les avis d’ici 2021.
Mais assurer l’accès à de l’eau propre et à des logements sûrs et fiables, ce n’est qu’un début. Pour combler les écarts, nous devons aussi investir dans la prochaine génération, comme les jeunes de la Première Nation de Pikangikum que j’ai rencontrés. Ce n’est pas une coïncidence si les premiers appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation portent sur les jeunes : ils donnent vie aujourd’hui à la promesse d’un avenir meilleur.
Alors que nous mettons en œuvre ces appels à l’action, nous travaillons en partenariat avec les Premières Nations pour apporter des changements dont nous avons désespérément besoin depuis trop longtemps. Il suffit de penser au système d’aide à l’enfance.
Il ne fait aucun doute que nous devons réformer ce système. J’ai eu la chance d’en apprendre plus à ce sujet grâce à des dirigeants comme le Grand Chef Dumas, qui a pris la parole lors d’une assemblée publique quand j’étais de passage à Winnipeg, et Cora Morgan, une militante exceptionnelle qui a littéralement réuni des centaines de familles. Et aussi grâce à Ashley Bach, une jeune femme que j’ai rencontrée dans le cadre du conseil jeunesse de la Nation nishnawbe-aski, qui parle de façon très émouvante des défis auxquels elle a fait face en grandissant loin de sa communauté et de sa culture. C’est un enjeu que les gens dans cette salle mettent en lumière pour tous les Canadiens. En mai, j’étais à la réunion de l’APN lorsque vous avez adopté une résolution pour réclamer du changement.
Il y a quelques jours, nous avons fait ensemble un grand pas en vue de régler les problèmes du système actuel d’aide à l’enfance. Les enfants autochtones ne devraient pas être forcés de quitter leur foyer et leurs parents. C’est pourquoi nous corrigeons la situation.
La ministre Philpott a annoncé que le gouvernement du Canada déposerait un projet de loi fédéral sur l’aide à l’enfance, qui sera élaboré en partenariat avec les communautés et les dirigeants autochtones.
Le projet de loi, qui sera présenté en janvier, affirmera les droits inhérents et issus de traités en ce qui concerne l’exercice de la compétence à l’égard des enfants et des familles. Ce faisant, nous ferons passer les enfants en premier, en veillant à ce que moins d’enfants soient pris en charge par l’État et en réunissant un plus grand nombre de familles. Les communautés autochtones doivent mener la charge. En tant que parents et en tant que communautés, c’est vous qui savez ce qui est mieux pour vos enfants. Il est temps que nous respections cela.
Bien entendu, ce n’est qu’une première étape, mais nous pouvons nous appuyer sur les résultats remarquables que nous avons réalisés pour les enfants.
Nous avons réalisé des progrès dans l’éducation primaire et secondaire. En investissant 2,6 milliards de dollars, nous aidons chaque enfant à commencer l’école du bon pied et à apprendre des langues autochtones.
En tant qu’ancien enseignant, je sais que les salles de classe doivent être en bon état pour que les enfants puissent apprendre. C’est pourquoi nous construisons de nouvelles écoles et réparons celles qui se détériorent.
Ces projets changent la vie des gens, et le Manitoba en est un exemple parfait. Le mois dernier, nous avons annoncé un investissement qui était plus que nécessaire dans quatre Premières Nations du Nord. Ces fonds permettront à des milliers d’élèves d’aller à l’école dans leur communauté.
Le nouveau système scolaire des Premières Nations du Manitoba et l’accord avec la Nation anishinabek permettent aux peuples autochtones de gérer de façon autonome leur domaine de l’éducation. Ils témoignent de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous sortons des sentiers battus et appuyons des nouveaux modèles d’éducation. Des milliers d’enfants en profitent déjà, ce que j’ai pu constater quand j’ai visité l’école Eenochokay Birchstick de la Nation Pikangikum. Les élèves m’ont montré leurs travaux avec fierté et m’ont même aidé à apprendre un peu d’ojibway.
Avec des résultats comme ceux-là, il est évident que nous sommes sur la bonne voie, et pas seulement sur le plan de l’éducation. Grâce au Principe de Jordan, nous avons approuvé plus de 171 000 demandes de services essentiels pour aider des enfants à obtenir le soutien nécessaire pour réussir. Au moment où nous avons formé le gouvernement, le Principe ne s’appliquait pas. Aujourd’hui, Keanu, un jeune Manitobain de 17 ans, a le fauteuil roulant et les services de physiothérapie dont il a besoin, et John, un garçon qui a été témoin d’une tragédie terrible, peut maintenant avoir du soutien psychologique et il obtient de bons résultats à l’école.
Mais nous savons que nous devons en faire plus pour les enfants autochtones. Pour les survivants des pensionnats. Pour les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées.
Les améliorations dans les domaines du logement, du système d’aide à l’enfance, de l’approvisionnement en eau propre et de l’éducation ne mènent pas à elles seules à la réconciliation. Je n’ai pas besoin de vous dire que ces différentes étapes doivent reposer sur des bases solides, sur un engagement à l’égard d’une relation renouvelée avec les peuples autochtones.
Mais une nouvelle relation, qu’est-ce que ça veut dire? Cela veut dire que la reconnaissance des droits et la décolonisation de nos lois doivent guider nos efforts. C’est exactement ce que nous faisons en renouvelant la politique sur les revendications territoriales globales et les droits inhérents.
Pour bâtir une nouvelle relation, nous devons travailler ensemble, et créer des lois pour préserver et protéger les langues autochtones. Nous allons d’ailleurs déposer ces lois au Parlement en janvier. Cela tombe bien, parce que 2019 est l’Année internationale des langues autochtones. Vous pouvez applaudir cette nouvelle, Terry.
Pour bâtir une nouvelle relation, nous devons aussi nouer un nouveau partenariat financier. Pour être franc, le vrai changement coûte de l’argent. C’est pourquoi nous mettons en œuvre des subventions qui s’étalent sur une période de dix ans dans les communautés et lançons une nouvelle politique financière concernant les Premières Nations autonomes. De cette façon, nous ferons en sorte que les gens puissent compter sur un financement stable aujourd’hui et pour des années à venir.
Pour bâtir une nouvelle relation, nous devons veiller à ce que ce soit vous qui meniez la charge, qu’il soit question de décoloniser les lois, de donner suite aux appels à l’action de la CVR, de préserver les langues ou encore de transformer notre relation financière. Je vous ai promis qu’on ferait les choses différemment, parce que les solutions imposées d’en haut sont non seulement vouées à l’échec, mais sont aussi injustes en soi.
Et, le plus important peut-être : pour bâtir une nouvelle relation fondée sur le partenariat et le respect, nous devons rétablir la confiance.
En deux mots, nous devons jeter un regard franc sur les moments de l’histoire canadienne où les gouvernements fédéraux qui se sont succédé ont perdu la confiance des peuples autochtones. Je vais continuer de travailler avec vous pour rétablir cette confiance.
Quand j’étais sur le territoire de la Nation des Tŝilhqot’in pour faire une déclaration d’exonération pour six chefs qui ont été injustement traités comme des criminels et pendus, le chef Alphonse a écrit que nous entamions « un nouveau chapitre ».
Plus tôt cette année, le gouvernement fédéral a aussi entamé un nouveau chapitre avec la bande du Lac-Lubicon. Nous avons réglé une revendication historique pour que la bande puisse enfin profiter des avantages fonciers et issus d’un traité auxquels elle a droit.
Nous abordons un nouveau chapitre avec les Premières Nations visées par les Traités Williams fondé sur le respect de leurs droits et intérêts.
Cette nouvelle histoire s’écrit petit à petit. Chaque jour, à travers le pays, nous nous attaquons aux problèmes et aux traumatismes qui n’ont pas été abordés dans la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, dont la rafle des années 1960 et les externats. De plus, nous travaillons avec vous, les Premières Nations, pour répondre à vos préoccupations en ce qui a trait au processus des revendications particulières.
Ensemble, nous avons réalisé des progrès concrets et importants.
Ensemble, nous pouvons – et nous allons – aller encore plus loin.
Le colonialisme se fait sentir depuis plus de 400 ans, et les changements n’arriveront pas du jour au lendemain. Mais chaque petit pas que nous franchissons vers l’avant est un pas de plus dans la bonne direction.
Chaque petit pas franchi, chaque avis concernant la qualité de l’eau levé, chaque école construite nous montre que nous sommes sur la bonne voie.
En 2015, je vous ai promis de rebâtir et de renouveler la relation que nous entretenons avec les peuples autochtones. Aujourd’hui, je vous promets de poursuivre ce travail.
Miigwetch. Kinanaskomitin.
Mashi cho. Gilakas’la. Tshinashkumitinau.
Merci beaucoup tout le monde.