Transcription - Le premier ministre Trudeau prononce le mot d’ouverture à la conférence Women Deliver 2019
Le premier ministre Trudeau prononce le mot d’ouverture à la conférence Women Deliver 2019
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Bonjour tout le monde.
FOULE : Bonjour.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Bienvenue à Vancouver. Quelle belle participation durant une semaine qui, je le sais, sera historique. Merci d'être ici, d'avoir fait le voyage et d'avoir apporté votre expertise et vos idées au Canada. Je sais que des gens du monde entier se joignent également à nous sur Livestream – ce sommet rassemble vraiment les gens. Je tiens tout d'abord à reconnaître que nous sommes sur les terres traditionnelles des Salish de la côte où vivent les Musqueam, les Tsleil-Waututh et les Squamish, et je les remercie de leur accueil.
Et bien sûr, j’aimerais également prendre un moment pour remercier Katja pour son aimable présentation et surtout pour son leadership légendaire.
Je tiens également à remercier tous ceux qui se sont mobilisés pour Women Deliver au cours de la dernière année – activistes, leaders communautaires, féministes. C’est grâce à vous qu’on a réalisé des progrès. Merci d’attirer notre attention sur les écarts qui persistent. Plus que jamais, on a besoin de vous.
Je pense que vous avez tous l'interprétation simultanée sur vos chaises, alors n'hésitez pas à l'utiliser. On est au Canada.
Mes amis, je ne vois pas de meilleur endroit pour ce sommet qu'ici, au Canada. Après tout, nous sommes un pays bâti sur la diversité. Un pays qui sait que nous sommes plus forts ensemble, que nous acceptons nos différences et que nous utilisons notre pouvoir collectif pour susciter le changement. En tant que père, je peux dire sans aucun doute qu'il n'y a pas d'autre endroit où je préfère élever ma fille, Ella-Grace et mes fils Hadrien et Xavier.
Mais les droits dont nous jouissons au Canada et ceux dont jouissent tant de gens dans le monde ne sont pas garantis. Les progrès peuvent reculer; nous le voyons. L'égalité des genres est attaquée et je ne peux qu'imaginer combien il est difficile d'être féministe en première ligne. Mais c'est l'histoire du droit des femmes; chaque pas en avant doit être effectué contre une forme ou une autre de résistance. Les femmes sont régulièrement confrontées à la misogynie, au racisme et à la haine. Et pour les femmes handicapées, la discrimination est trop souvent la norme et non l'exception.
En cette ère des médias sociaux, il n'a jamais été aussi facile de se moquer des gens et de propager des opinions aberrantes - des opinions qui se glissent de plus en plus dans nos débats publics. Des individus et des groupes d'intérêts essaient de faire reculer les droits des femmes, et les politiciens cèdent à la pression, faisant honteusement campagne pour défaire les victoires durement acquises par les femmes. C'est une réalité intimidante à affronter, mais mes amis, nous ne sommes pas impuissants. C'est à nous de riposter : les femmes, les hommes et les personnes ayant diverses identités sexuelles, les alliés, les voisins et les communautés – tous unis. Nous sommes tous forts.
Nous sommes ici à la Conférence Women Deliver parce que nous croyons en un avenir meilleur. Nous sommes ici à cause de la force et de la détermination de femmes qui ont vu l'injustice de première main et qui ont refusé de se détourner. Et maintenant, c'est à nous, à vous tous, aux gouvernements, aux communautés et aux citoyens d’assurer leur héritage.
Mes amis, il reste beaucoup de travail à faire. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’être victimes de violence et de vivre dans la pauvreté. Les femmes gagnent moins que les hommes pour le même travail. Partout dans le monde, les filles se battent encore pour leur droit d’aller à l’école, des femmes meurent à la suite de maladies qu’on peut guérir, et encore aujourd’hui, le droit fondamental d’une femme de choisir ce qu’elle veut faire de son propre corps est remis en question.
Ce sont des défis majeurs auxquels les femmes sont encore confrontées. Des défis majeurs qui vont pas disparaître tout seuls. Si on veut du changement, on doit l’exiger.
En 2015, nous nous sommes engagés à placer l'égalité des genres au cœur de tout ce que nous faisons en tant que gouvernement. Nous avons promis de nous pencher sur les changements très réels auxquels sont confrontées les femmes au Canada et dans d'autres pays du monde. Et cela signifie qu'il faut s'attaquer à des questions comme le sexisme et la misogynie, le racisme et le colonialisme. Ces défis sont complexes et multidimensionnels, de sorte que nous ne parviendrons pas toujours à les relever correctement, mais nous continuerons toujours à essayer.
On sait qu’on ne peut pas commencer à s’attaquer à l’injustice si on ne comprend pas d’abord le concept de l’intersectionnalité. Une femme de couleur est confrontée à des obstacles spécifiques. Des obstacles uniques et différents de ceux d’une personne LGBTQ2, qui elle aussi fait face à des préjugés qui sont différents de ceux d’une femme autochtone. On doit reconnaître que la discrimination prend plusieurs formes, et on doit surtout agir pour y mettre fin.
Ce matin, en fait, nous avons fait un autre pas important vers la justice pour les femmes autochtones du Canada. Pendant trop longtemps, les femmes et les filles autochtones ont été victimes de violence à un rythme stupéfiant par rapport aux femmes non autochtones. Un peu plus d'un mois après avoir formé le gouvernement, nous avons annoncé la création d'une enquête nationale sur les femmes et les filles disparues ou assassinées, conformément à la recommandation de la Commission de vérité et de réconciliation.
Une enquête fondée sur la défense inébranlable des intérêts des familles et des survivants. On a promis aux Canadiens qu’on allait amorcer ce processus, un processus qui tracerait la voie pour l’avenir. Plus tôt ce matin, la Commission d'enquête nationale a officiellement présenté son rapport final, dans lequel elle a conclu que la violence tragique dont les femmes et les filles autochtones ont été victimes constitue un génocide.
Les familles et les survivants qui ont courageusement raconté leurs vérités nous ont montré la voie à suivre. Nous procéderons à un examen approfondi de ce rapport et nous élaborerons et mettrons en œuvre un plan d'action national pour lutter contre la violence faite aux femmes, aux filles et aux personnes LGBTQ et bispirituelles autochtones.
Le travail que nous effectuerons avec nos partenaires autochtones pour déterminer les prochaines étapes inclura les femmes et les filles autochtones, les voix des LGBTQ et des personnes bispirituelles, ainsi que les membres des familles et les survivants. Notre pays peut et doit faire mieux. Et c’est ce qu’il fera!
Nous savons qu'il est temps de mettre fin à la violence contre toutes les femmes, y compris les personnes transgenres, non binaires et bispirituelles.
C'est pourquoi nous avons lancé la toute première stratégie nationale contre la violence fondée sur le sexe. Et nous savons que la promotion de l'égalité des genres passe aussi par l'égalité économique. Nous continuerons d'exiger que les femmes et les hommes reçoivent un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Que tout le monde ait un endroit sûr où vivre et que les parents peuvent partager les joies et les responsabilités liées à l'éducation de leurs enfants.
En tant que Canadiens, on refuse également de fermer les yeux sur les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes au-delà de nos frontières. Grâce à notre Politique d’aide internationale féministe, on continue d’aider les plus vulnérables. On appuie les efforts menés par les communautés visant à encourager l’autonomisation des femmes, que ce soit sur le plan social, politique ou économique, parce que c’est un travail qui ne se limite pas juste à un investissement ou à une seule communauté. On doit intégrer l’égalité des sexes dans tout ce qu’on fait.
Prenez par exemple le Conseil consultatif sur l’égalité des sexes, qu’on a mis sur pied pour faire en sorte que les thèmes, les activités et les résultats du G7 tiennent compte des perspectives et des expériences uniques des femmes. En même temps c’est une responsabilité qui ne revient pas seulement au Canada, mais bien aux pays du monde. Je pense entre autres à la déclaration de Charlevoix qu’on a conclue avec nos partenaires qui partageaient nos valeurs et nos objectifs. Le Canada, l’Union européenne, la Banque mondiale et d’autres pays se sont engagés à investir pour faire de l’égalité des sexes une réalité. On doit absolument unir nos forces pour défendre ce que tout le monde dans la salle sait trop bien, que les droits des femmes sont des droits de la personne. C’est vrai au Canada et partout dans le monde.
Permettez-mois d’être clair : notre gouvernement sera toujours votre partenaire. Nous sommes prêts à admettre quand des erreurs sont commises et à travailler très fort pour bâtir un avenir meilleur pour tous nos enfants. Mes amis, je sais et vous savez qu'on ne peut pas lâcher prise, même pas un seul instant. L'enjeu est tout simplement trop important. Mais le leadership du Canada est là pour rester. Nous serons cette voix forte, votre allié inébranlable. Non seulement quand c’est à la mode, mais toujours sans condition.
Nous continuerons de travailler avec vous pour aller de l'avant et bâtir des communautés et des mouvements plus durables et plus inclusifs. Profitons donc de cette semaine pour nous inspirer, pour apprendre les uns des autres et pour nous engager à nouveau à bâtir un avenir meilleur pour les femmes et les filles du monde entier. Ensemble, nous sommes plus forts et, ensemble, nous pouvons changer nos quartiers, nos pays et notre monde pour le mieux.
Merci beaucoup, tout le monde.
Merci à tous.