Le 26 juin 2023, les premiers ministres et les chefs de gouvernement du Canada, du Danemark, de la Finlande, de l'Islande, de la Norvège, de la Suède, des îles Åland, des îles Féroé et du Groenland se sont réunis à Vestmannaeyjar, en Islande. En tant que partenaires transatlantiques aux vues similaires, le Canada et les pays nordiques ont des intérêts communs dans les régions de l'Atlantique Nord et de l'Arctique et au-delà de celles-ci. Ils se sont félicités de leur partenariat étroit et durable et ont mis en relief le potentiel de ce dernier, qui sera davantage renforcé par l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN. Les dirigeants sont déterminés à renforcer la posture de dissuasion et de défense de la région nordique et de la zone euro-atlantique. Ils ont souligné l'importance de poursuivre leurs échanges et leur coopération.
Les principes fondamentaux de l'ordre international fondé sur des règles sont soumis à de fortes pressions, car la primauté du droit, telle qu'elle est inscrite dans le droit international et notamment dans la Charte des Nations Unies, continue d'être mise à l'épreuve de la manière la plus brutale qui soit. Un multilatéralisme efficace et inclusif est nécessaire pour relever les défis mondiaux, tels que la crise climatique, la crise de la biodiversité et les inégalités mondiales, et pour assurer la paix et la stabilité. Les dirigeants ont exprimé leur ferme engagement à l'égard de la pérennité du Conseil de l'Arctique ainsi que leur volonté de poursuivre le travail important qu’effectue ce dernier au profit de la région arctique et des personnes qui y vivent, y compris les peuples autochtones.
S'appuyant sur les forces inhérentes des sociétés ouvertes et démocratiques, les dirigeants ont convenu de travailler ensemble pour faire progresser la démocratie et les droits de la personne en ligne et hors ligne, par l'intermédiaire de mécanismes tels que la Coalition pour la liberté en ligne, et pour mieux soutenir et réformer les institutions internationales afin qu'elles répondent aux besoins de tous les pays et de l'ensemble des citoyens du monde. Les dirigeants sont résolus à collaborer plus étroitement pour protéger et faire progresser l'égalité des sexes et les droits des personnes LGBTI+, qui font l'objet d'une résistance inquiétante. Le Canada et les pays nordiques sont déterminés à s'attaquer aux contenus illicites en ligne, y compris les contenus terroristes et extrémistes violents, qui sont diffusés pour perturber la cohésion sociale en incitant à la haine et à la violence, y compris la violence fondée sur le sexe.
Le Canada et les pays nordiques réitèrent leur soutien indéfectible à l'Ukraine, leur volonté de maintenir ce soutien aussi longtemps qu'il le faudra, et leur engagement inébranlable à l'égard de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues. La Russie doit immédiatement mettre fin à sa guerre d'agression illégale et retirer ses forces de l'ensemble du territoire ukrainien. La menace accrue que représentent les armes nucléaires est très préoccupante et nécessite un renforcement des efforts déployés à l’échelle internationale en matière de contrôle des armements, de désarmement et de non-prolifération. Nous soutenons le plan de paix proposé par l'Ukraine, qui constitue une base importante pour une paix juste et durable, ancrée dans le droit international, et nous sommes résolus à soutenir le rétablissement et la reconstruction du pays. À cet égard, il est essentiel de mobiliser tous les partenaires concernés, y compris les entreprises privées et les institutions financières internationales et nordiques. Il est également primordial de continuer à soutenir les pays vulnérables touchés par la guerre d'agression de la Russie, particulièrement en ce qui concerne la sécurité alimentaire et énergétique.
Les dirigeants saluent les efforts déployés par la communauté internationale pour exiger des comptes des dirigeants politiques et militaires de la Fédération de Russie pour la guerre d'agression qu'ils ont menée contre l'Ukraine. Nous saluons également la création d’un registre international des dommages lors du Sommet du Conseil de l'Europe à Reykjavik. De plus, nous accueillons favorablement l'accord sur le nouveau Centre international pour la poursuite du crime d'agression contre l'Ukraine à La Haye et exprimons notre soutien aux enquêtes menées par le procureur de la Cour pénale internationale ainsi qu'aux travaux en cours du groupe central en vue de la mise en place d'un tribunal pour le crime d'agression.
Le contexte mondial des risques évolue rapidement et les menaces qui pèsent sur nos sociétés sont de plus en plus interconnectées et complexes. Les menaces hybrides et cybernétiques, y compris la manipulation de l'information et l’ingérence étrangère, qui visent à perturber et à déstabiliser nos sociétés, présentent des risques de plus en plus importants. En outre, compte tenu de l'utilisation croissante de la technologie numérique dans les opérations d'information, il faut de toute urgence protéger et promouvoir l'intégrité de l'information en ligne. Puisque l'intelligence artificielle progresse à un rythme exponentiel, une collaboration et une réglementation internationales sont nécessaires pour veiller à ce que cette dernière ne porte pas atteinte aux droits de la personne et à la démocratie.
Les effets de la crise de la COVID-19 sur la société sont encore évidents, et il est important de tirer des leçons des expériences de la pandémie. Les dirigeants se sont engagés à travailler ensemble, au sein de leur région et à l’extérieur de celle-ci, pour maintenir et améliorer la résilience et la préparation aux crises afin de prévenir, de contrer et d'atténuer les effets des crises futures. Ils ont convenu qu'un niveau élevé de bien-être et de mieux-être est essentiel à la résilience de la société. Ils ont exprimé leur volonté commune de travailler ensemble dans le domaine des matières premières essentielles et de leur chaîne d'approvisionnement et de soutenir des technologies qui favorisent des pratiques minières durables et respectueuses de l'environnement.
Le Canada et les pays nordiques étudieront d'autres possibilités de renforcer leur collaboration dans le domaine de la santé des océans, qui est au cœur de notre programme de lutte contre les changements climatiques. Nous devons préserver la capacité de séquestration du carbone des océans, qui constituent l'un des puits de carbone les plus importants de la planète. Par ailleurs, le concept du carbone bleu présente un grand potentiel en matière d'atténuation, d'adaptation et de renforcement de la résilience. Les océans sont à la fois l'une des principales sources de biodiversité dans le monde et une source d'alimentation et d'emplois de qualité. Les eaux intérieures et les océans peuvent jouer un rôle crucial dans la transformation des systèmes alimentaires. En effet, les aliments bleus et la consommation de poisson ont généralement une incidence moindre sur l'environnement, comme l'indiquent les dernières recommandations des pays nordiques en matière de nutrition.
Des mesures importantes ont été prises pour accroître la coopération internationale, notamment l'accord sur le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal et l'accord sur la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale. Pourtant, les océans sont toujours soumis à de multiples pressions, telles que la pollution plastique, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, l'eutrophisation et les risques associés à l'acidification accrue des océans ainsi que d'autres effets des changements climatiques. Le Canada et les pays nordiques reconnaissent l'importance de prendre de nouvelles mesures en faveur de la santé des océans lors du prochain Sommet sur les objectifs de développement durable en septembre, de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) en novembre-décembre et de la Conférence des Parties (COP16) à la Convention sur la diversité biologique en octobre 2024.
L'océan Arctique central, l'un des plus grands écosystèmes au monde et l'un des derniers encore intacts, est essentiel au maintien d'un climat mondial sûr et stable. Le Canada et les pays nordiques s'engagent à collaborer avec d'autres nations et les peuples autochtones pour faire progresser la conservation et le développement économique durable de l'océan Arctique central. En ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques, nous insistons sur la nécessité de prendre des mesures à l’échelle mondiale pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Nous soulignons également que la tarification de la pollution par le carbone est un outil stratégique souple et efficace qui permet d'aligner les mesures d'incitation économique sur celles visant à contrer les changements climatiques.
Pour donner suite à la réunion d'aujourd'hui, les premiers ministres du Canada et des pays nordiques ont convenu de charger leurs ministres des Affaires étrangères de tenir une série de dialogues stratégiques, dont le premier sera organisé par le Canada.
Par ailleurs, les premiers ministres des pays nordiques ont discuté de la coopération nordique en matière de défense. Ces pays travaillent actuellement à adapter leur coopération à la nouvelle situation en matière de sécurité afin d'en tirer le plus grand parti possible. Cette coopération vise notamment à renforcer les capacités de défense et à permettre aux alliés de mener des opérations dans la région nordique.
Les dirigeants ont accueilli favorablement le rapport sur la mise en œuvre de la Vision 2030 et ont salué le travail efficace accompli depuis son adoption en 2019. Ils ont encouragé le Conseil nordique des ministres à redoubler d'efforts pour concrétiser la Vision 2030 d'une région nordique verte, compétitive et durable sur le plan social.