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Le premier ministre Justin Trudeau

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Introduction

Bonjour tout le monde. J’aimerais d’abord remercier les ministres de la Défense nationale, du Développement international et des Affaires étrangères d’être à mes côtés aujourd’hui pour cette annonce importante.

Justification

Depuis que le Canada s’est engagé à combattre les crises en Irak, en Syrie et dans la région environnante, j’ai soutenu que nos efforts devraient mieux refléter le rôle du Canada, c’est-à-dire défendre nos intérêts et nos libertés aux côtés de nos alliés et travailler de manière constructive avec nos partenaires locaux pour trouver de vraies solutions durables.

L’automne dernier, les Canadiens ont confié au gouvernement le mandat de mettre en œuvre une politique plus efficace qui mettrait mieux à profit les domaines d’expertise propres au Canada, par exemple :

  • la formation de forces de sécurité par notre personnel militaire;
  • la prestation d’une aide humanitaire et de services sociaux;
  • la promotion de la diplomatie et de la bonne gouvernance;
  • la reconstruction des infrastructures.

Je suis très heureux d’être ici aujourd’hui, aux côtés des ministres Sajjan, Dion et Bibeau, pour annoncer notre nouvelle politique concernant les crises présentement en cours en Irak et en Syrie, et les répercussions qu’elles ont sur la région. Le Canada a toujours été prêt à se battre lorsqu’il était dans l’intérêt du pays de le faire, et nous avons un effectif militaire bien équipé et talentueux qui sait répondre à un tel appel. 

Dans ce cas-ci, nous avons particulièrement intérêt à aider les forces locales à combattre l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et à stabiliser la région. Celle-ci est une approche complète et pangouvernementale qui a fait l’objet de vastes consultations auprès de nos alliés et des intervenants de la société civile. Notre approche est ancrée en trois volets : la sécurité, le développement et la diplomatie.

Sécurité

Sur le plan de la sécurité, nous nous sommes penchés sur la meilleure façon dont les Forces armées canadiennes (FAC) pourraient contribuer, au sein de la Coalition, à parvenir à des résultats durables dans la lutte contre l’EIIL.

Je veux d’abord souligner le travail formidable accompli par les membres de l’Aviation royale du Canada. Je tiens à remercier les courageux et talentueux membres de notre Aviation royale du Canada. Nous sommes très fiers de vous et des services que vous avez rendus à notre pays.

Il est important de comprendre que, bien que les frappes aériennes puissent être très utiles pour faire des gains militaires et territoriaux à court terme, elles ne peuvent assurer, par elles-mêmes, l’instauration d’une stabilité à long terme pour les communautés locales. Les Canadiens ont pu tirer cette leçon eux-mêmes pendant les dix années très difficiles passées en Afghanistan, où les membres de nos forces sont devenus des instructeurs militaires experts et reconnus dans le monde entier.

Conscientes de la valeur de cette expertise, les Forces armées canadiennes alloueront maintenant plus de ressources militaires à la formation des forces de sécurité irakiennes. Nous appuierons les forces locales et leur donnerons les moyens nécessaires pour qu’elles puissent lutter elles-mêmes contre l’EIIL et qu’elles parviennent ainsi, un kilomètre à la fois, à regagner leurs maisons, leurs terres et leur avenir.

En plus de cela, nous continuerons à soutenir les activités de surveillance aérienne et de ravitaillement en vol au sein de la Coalition. Nous serons encore plus impliqués en matière de mesures antiterroristes et en matière d’amélioration de la sécurité chimique, biologique, radiologique et nucléaire dans la région.

Développement

Sur le plan de développement, le Canada a une longue tradition d’aider les plus pauvres et les plus vulnérables à travers le monde. Actuellement, la situation humanitaire en Syrie, en Irak et dans la région est catastrophique, et nous devons aider à la résoudre. Les Canadiens ont vu les images tragiques du Moyen-Orient et ont entendu de vive voix les récits des milliers de Syriens que nous avons accueillis au Canada. Les Canadiens ont démontré à quel point notre pays est accueillant et chaleureux, et c’est dans cet esprit que nous devons poursuivre notre travail à l’étranger.

Le Canada s’emploiera à répondre aux besoins de base des personnes les plus durement touchées par les conflits en Irak et en Syrie, notamment les réfugiés qui ont fui vers les pays voisins.

Nous collaborerons avec nos partenaires internationaux pour offrir une aide humanitaire de 840 millions de dollars au cours des trois prochaines années. Cela veut dire que des enfants, des femmes, des hommes et des familles entières recevront de l’eau, de la nourriture, un abri, des soins de santé, des services d’assainissement et d’hygiène, de la protection et même de l’éducation.

Pendant cette même période, nous verserons également 270 millions de dollars pour renforcer la capacité des communautés et des pays à accueillir un grand nombre de réfugiés; ces pays généreux et compatissants qui ont ouvert leurs portes aux victimes de la guerre et dont les ressources ont maintenant atteint leurs limites. Nous les aiderons à répondre à leurs besoins fondamentaux, à entretenir et à réparer les infrastructures, à favoriser l’emploi et la croissance économique et à encourager une bonne gouvernance. Toutes ces mesures s’ajoutent à l’accueil, par le Canada, de dizaines de milliers de réfugiés.

Diplomatie

Troisièmement, le Canada s’est bâti une excellente réputation sur la scène internationale en ce qui a trait à la diplomatie et à l’établissement de liens. Nous devons nous servir de ces compétences pour participer  davantage à l’élaboration d’une solution politique aux crises en Syrie et en Irak.

Grâce à une meilleure présence diplomatique sur le terrain en Irak, en Jordanie et au Liban, le Canada pourra collaborer davantage avec ses partenaires locaux et internationaux. De plus, le Canada pourra participer plus activement aux efforts multilatéraux visant à résoudre les crises et à rétablir la stabilité dans la région.

En offrant des services de sécurité et d’aide humanitaire au Liban et en Jordanie, nous aiderons à prévenir que l’instabilité se répande dans les pays avoisinants.

Conclusion

Depuis notre entrée en fonction, nous sommes en constante communication avec nos alliés, notamment avec le président Obama, la chancelière Merkel, le premier ministre Cameron et le président Hollande. Tous ont accueilli favorablement la contribution continue du Canada à la Coalition et à la lutte contre l’EIIL.

J’ai aussi parlé au premier ministre al-Abadi de l’Irak, qui m’a remercié de la nouvelle approche favorisée par le Canada.

Nous mettons cette politique en place parce qu’elle permettra au Canada d’être plus efficace dans son combat contre l’EIIL et dans ses efforts visant à offrir la stabilité aux habitants de ces régions.

En tout et partout, nous consacrerons plus de 1,6 milliard de dollars au cours des trois prochaines années à cette nouvelle approche en matière de sécurité, de stabilisation, d’aide humanitaire et d’aide au développement en Irak et en Syrie et pour atténuer les répercussions en Jordanie, au Liban et dans l’ensemble de la région. Cette nouvelle politique coûtera plus cher que la précédente.

Bien que nous reconnaissions la compétence exclusive de l’exécutif dans les dossiers militaires, nous soumettrons cette mission à un débat parlementaire la semaine prochaine, à la reprise des travaux de la Chambre.

Pour terminer, je tiens à dire une dernière chose. Certaines personnes croient que nous devrions adopter un discours enflammé et exagéré lorsque nous parlons de l’EIIL et des groupes terroristes de ce genre.

Nous voyons les choses différemment. L’EIIL aimerait être considéré comme une grande menace à notre mode de vie, à notre civilisation. Nous savons que le Canada est plus fort, beaucoup plus fort, que la menace représentée par une bande de fiers-à-bras meurtriers qui terrorisent certaines des populations les plus vulnérables de la planète.

Quitte à paraître vieux jeu, nous sommes persuadés que nous devons éviter de faire précisément ce que notre ennemi voudrait que nous fassions. Il veut nous voir lui accorder de l’importance, céder à la peur, nous vautrer dans la haine, nous regarder les uns les autres avec méfiance et abandonner notre sens critique.

L’ennemi mortel du barbarisme n’est pas la haine. C’est la raison. Et les gens qui subissent le terrorisme de l’EIIL chaque jour n’ont pas besoin de notre vengeance. Ils ont besoin de notre aide.

La nouvelle politique du gouvernement du Canada concernant la lutte contre l’EIIL est fondée sur cette conviction. Nous sommes en faveur de ce qui sera efficace, pas pour des paroles qui nous donneraient momentanément bonne conscience.

Somme toute, l’EIIL est contre les sociétés ouvertes et diversifiées où les femmes et les hommes de toutes les religions, de toutes les origines ethniques et de tous les horizons sont libres de mener leur vie en fonction de leurs aptitudes, de leur éthique professionnelle et de leurs rêves.

Des sociétés comme la nôtre.

Les terroristes n’ont pas la force de nous vaincre, alors ils aimeraient faire en sorte que nous nous vainquions nous-mêmes. Nous avons la ferme conviction qu’ils n’y parviendront pas, parce que nous sommes beaucoup plus forts et endurants qu’ils peuvent l’imaginer.

Le Canada est très privilégié de pouvoir compter sur une personne qui a servi sur les lignes de front et qui comprend les complexités de cette mission. Je suis fier de vous présenter le ministre Sajjan, qui ajoutera maintenant quelques mots au sujet des aspects militaires de notre mission.