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Allocution du premier ministre Justin Trudeau à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations Unies

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Allocution du premier ministre Justin Trudeau à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations Unies

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Bon après-midi.

Monsieur le Président, mesdames et messieurs les délégués, chers amis. C’est un honneur d’être avec vous aujourd’hui.

Et c’est un plaisir d’être ici dans la magnifique ville de New York. Encore une fois cette semaine, les New-Yorkais se sont montrés résilients et résolus face à l’extrémisme violent.

Au nom de toutes les personnes ici dans cette salle, permettez-moi de m’adresser directement à la population de New York : vous êtes un exemple pour le monde entier. Et nous vous remercions.

Un dirigeant a la responsabilité de passer du temps avec les gens qui l’ont élu pour les servir.

Si on veut connaître les vraies histoires, il faut aller là où les gens vivent. Dans les cafés, dans les sous-sols des églises, les mosquées et les synagogues. Les marchés fermiers. Les parcs publics.

C’est dans ce genre d’endroits que j’ai le mieux perçu ce que pensaient les Canadiens et comment ils allaient. Et à travers la politesse – parce que les Canadiens sont en effet polis, même lorsqu’ils se plaignent – j’ai appris certaines choses.

J’ai parlé à des gens de mon âge qui essayaient d’être optimiste par rapport à leur avenir, mais qui avaient du mal à joindre les deux bouts, même s’ils avaient un emploi à temps plein.

J’ai entendu des jeunes Canadiens qui m’ont fait part de leur frustration. Ils m’ont dit qu’ils avaient du mal à trouver du travail à cause de leur manque d’expérience, et qu’ils ne pouvaient pas acquérir l’expérience dont ils avaient besoin parce qu’ils n’avaient pas de travail.

J’ai entendu des femmes et des jeunes filles me dire qu’elles faisaient encore face à des inégalités en milieu de travail. Qu’elles étaient encore victimes de la violence, simplement parce qu’elles sont des femmes, même dans un pays progressiste comme le Canada.

J’ai rencontré des parents qui travaillent fort pour donner à leurs enfants toutes les chances de réussir, mais qui ont peur que leurs efforts ne seront pas suffisants.

Et j’ai eu l’occasion de partager des repas avec des aînés à la retraite qui ont travaillé fort toute leur vie et qui sont maintenant forcés de se rendre dans des banques alimentaires.

J’ai eu trop de conversations troublantes avec des Canadiens au cours des dernières années. Mais elles ont mis quelque chose au clair pour moi.

Les Canadiens croient encore au progrès. Ou du moins, que le progrès est possible.

Mais cet optimisme est mêlé à beaucoup d’inquiétude.

Évidement, les Canadiens ne sont pas les seuls à se sentir comme ça. Ces sentiments sont présents partout. Cette anxiété est une réalité.

Quand les dirigeants sont confrontés à l’inquiétude de leurs citoyens, ils ont un choix à faire.

Est-ce qu’il faut exploiter cette inquiétude ou l’apaiser?

C’est facile de l’exploiter. Mais pour l’apaiser, il faut être prêt à répondre à certaines questions très directes.

Qu’est-ce qui permettra de créer les bons emplois bien rémunérés que les gens veulent, dont ils ont besoin et qu’ils méritent?

Qu’est-ce qui renforcera et fera croître la classe moyenne et aidera ceux qui travaillent fort pour en faire partie?

Qu’est-ce qui permettra de bâtir une économie qui fonctionne pour tout le monde?

Qu’est-ce qui aidera à rendre le monde plus sûr, plus pacifique?

Pour soulager l’inquiétude des gens, nous devons créer une croissance économique dont les retombées seront largement partagées, parce qu’un monde équitable et prospère est un monde pacifique.

Nous devons nous concentrer sur ce qui nous unit, et non pas sur ce qui nous divise.

Pour le Canada, il s’agit de se réengager dans les affaires mondiales au sein d’institutions comme les Nations Unies. Ce n’est pas dans notre intérêt – ni dans l’intérêt du reste du monde – de prétendre que nous ne sommes pas profondément touchés par ce qui se passe à l’extérieur de nos frontières.

Plus tôt cette année, nous avons aidé à négocier l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Dans le cadre de notre engagement à sa mise en œuvre, nous avons annoncé que le Canada investirait 2,65 milliards de dollars sur cinq ans pour financer la croissance propre et à faible intensité de carbone dans les pays en développement.

Dans le but d’aider à promouvoir la paix et la sécurité dans des zones touchées par l’instabilité, nous avons réaffirmé notre soutien à l’OTAN, en plus de nous être engagés à accroître le rôle du Canada au sein des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Et nous avons accueilli la 5e Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial en augmentant de 20% notre contribution. Nous donnerons plus de 800 millions de dollars au Fonds mondial. Et nous avons aussi encouragé nos partenaires à accroître leurs contributions, ce qui a permis d’amasser 13 milliards de dollars pour éliminer le sida, la tuberculose et le paludisme d’ici 2030.

Nous avons accompli tout cela– et nous en ferons beaucoup plus – parce que nous sommes convaincus qu’il faut contrer l’inquiétude avec un plan clair pour dissiper les causes qui en sont à l’origine.

Nous croyons que nous devrions rassembler les gens autour de nos objectifs communs, comme les objectifs de développement durable de l’ONU.

Autrement, quelle autre option s’offre à nous?

Exploiter cette inquiétude?

La transformer en peur et en reproches?

Rejeter ceux qui sont différents, qui parlent ou qui prient d’une manière différente de la nôtre?

Vous savez, au Canada, nous avons bien compris une chose. Nous ne l’avons pas compris parfaitement, mais nous l’avons bien compris.

Au Canada, nous considérons notre diversité comme une source de force, non comme une faiblesse. Notre pays est fort, non pas en dépit de nos différences, mais bien grâce à elles.

Et soyons clairs: nous avons commis des erreurs importantes. De l’internement des Canadiens d’origines ukrainienne, japonaise et italienne pendant les guerres mondiales, à notre refus d’accueillir des bateaux de réfugiés juifs et punjabis; à la marginalisation honteuse des peuples autochtones qui continue de persister.

Ce qui compte, c’est que nous apprenions de nos erreurs et que nous nous engagions à faire mieux.

C’est dans cette optique qu’au cours des derniers mois des Canadiens ont ouvert leurs bras et leur cœur à des familles fuyant le conflit en Syrie. Et dès leur arrivée, ces 31 000 réfugiés ont été accueillis – pas comme des fardeaux, mais comme des voisins et des amis. Comme des nouveaux Canadiens.

Cet effort a rassemblé les Canadiens. D’une façon presque sans précédent, le gouvernement a travaillé avec des gens d’affaires, des citoyens engagés et la société civile pour aider les nouveaux arrivants à s’adapter à leur nouveau pays.

Mais nos efforts ne pourront être réussis que lorsque ces réfugiés seront bien établis et membres à part entière de la classe moyenne canadienne.

Et je veux que vous sachiez que cet objectif est à notre portée – non pas en raison de ce que nous avons fait, mais bien en raison de ce qu’ils sont eux-mêmes.

Vous voyez, ces réfugiés sont des gens qui ont les mêmes espoirs et les mêmes rêves que nos propres citoyens.

Mais alors que notre population s’inquiète, les Syriens eux, ont vécu une catastrophe.

Savez-vous où se trouvent les membres de la classe moyenne syrienne?

Ils vivent dans des camps de réfugiés en Turquie, au Liban et en Jordanie.

Ils se déplacent à travers l’Europe, à la recherche d’un endroit où s’installer, pour que leurs enfants puissent retourner à l’école, pour trouver un emploi stable et pour être des citoyens productifs.

Les camps de réfugiés sont remplis de membres de la classe moyenne de Syrie. Des médecins et des avocats. Des enseignants et des entrepreneurs. Ils sont très instruits. Ils travaillent fort. Ils se soucient de leur famille. Ils veulent une vie meilleure – un avenir plus sûr et plus sécuritaire pour leurs enfants – comme nous.

Alors quand je dis espérer que les réfugiés syriens que nous avons accueillis soient bientôt en mesure de faire partie de la classe moyenne, je suis convaincu que nous pourrons y parvenir.

Nous le ferons en leur offrant ce que nous offrons à tous nos citoyens : une chance égale et réelle de réussir.

Nous allons tout faire pour bâtir une classe moyenne forte au Canada.

Nous allons investir dans l’éducation, parce qu’elle apporte à la prochaine génération les outils nécessaires pour contribuer à l’économie mondiale et pour réussir.

Nous allons investir dans les infrastructures parce que ça crée de bons emplois bien rémunérés pour la classe moyenne et ça contribue à faire de nos communautés de meilleurs endroits pour vivre, travailler et investir.

Nous sommes déterminés à bâtir une économie qui fonctionne pour tout le monde – pas seulement pour le 1% des plus riches – de façon à ce que chaque personne bénéficie de la croissance économique.

Et nous allons refuser de céder à la pression d’échanger nos valeurs profondes pour des votes faciles. Le monde s’attend à plus de notre part, et nous nous attendons à plus de nous-mêmes.

En bref, mes amis, nous avons un choix à faire. Les pays forts, diversifiés et résilients comme le Canada ne se sont pas construits par hasard, et ils ne le resteront pas tels qu’ils sont sans effort.

Chaque jour, nous devons choisir l’espoir plutôt que la peur; la diversité plutôt que la division.

La peur n’a jamais nourri une famille, ni créé un seul emploi.

Et ceux qui l’exploitent ne résoudront jamais les problèmes qui ont suscité cette inquiétude.

Nos citoyens, les près de 7,5 milliards de personnes que nous servons collectivement, sont meilleurs que ne le croient les cyniques et les pessimistes.

Ils veulent que leurs problèmes soient résolus, pas qu’ils soient exploités.

Écoutez, le Canada est un pays modeste. Nous savons que nous ne pouvons résoudre ces problèmes seuls.

Nous savons que nous devons le faire tous ensemble.

Nous savons que le travail sera difficile.

Mais nous sommes Canadiens. Et nous sommes ici pour aider.