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Crête du premier ministre

Discours du premier ministre Justin Trudeau à la Ronald Reagan Presidential Library and Center for Public Affairs

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Le premier ministre Justin Trudeau prononce un discours à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan.

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Je suis très heureux d’être avec vous ce soir.

Merci, Fred, pour cette aimable présentation et merci de m’avoir invité à vous parler ici, et ce, trois jours après l’anniversaire de naissance du président Reagan.

Je ne crois pas qu’il y ait un meilleur endroit que cette incroyable bibliothèque, un beau symbole de son héritage, pour la conversation que j’aimerais avoir avec vous aujourd’hui.

Ronald Reagan est venu chez moi quand j’étais jeune. C’était au début de l’année 1981, quelques semaines après son investiture. Il débordait d’optimisme et de confiance et il avait beaucoup de charisme. Il parlait des États-Unis comme une cité qui brille sur la colline, citant au passage John Winthrop.

Je me rappelle qu’il s’intéressait vraiment à ce que j’avais à dire : il était à l’écoute et gentil avec moi. Il m’a demandé si j’aimais les films western. Je lui ai répondu oui de la tête, avec enthousiasme, parce que mon père avait récemment partagé avec moi son appréciation pour Sergio Leone et Clint Eastwood.

C’est alors qu’il a récité, de mémoire, un poème de Robert Service intitulé « The Shooting of Dan McGrew ».

J’étais envoûté. J’avais neuf ans à l’époque, et je venais d’assister à un atelier de maître au sujet du charisme en politique. C’était le genre de leçon qu’on n’oublie jamais.

Et lorsque nous regardons aujourd’hui le bilan de sa première visite officielle au Canada, nous pouvons apprendre beaucoup.

Par exemple, l’image politique peut être trompeuse.

On prétendait que le président et mon père, qui était premier ministre du Canada pendant une bonne partie du premier mandat de monsieur Reagan, avaient des points de vue opposés à propos de tout. Ils étaient, dit-on, comme le feu et l’eau.

Et quant au premier ministre Brian Mulroney, qui était à la tête du Canada du milieu à la fin des années 1980, on prétend parfois qu’il n’a jamais été en désaccord avec le président.

Après tout, ils ont négocié ensemble le libre-échange. C’est donc évident qu’ils étaient toujours d’accord.  

La vérité est toutefois plus nuancée. En fait, mon père entretenait une relation très constructive avec le président Reagan, comme le démontrent les archives de cette bibliothèque. Et le premier ministre Mulroney a été plus ferme dans ses rapports avec le président qu’il ne le laissait paraître.  

En effet, pour le chef de gouvernement canadien, peu importe son affiliation politique, la ténacité et la détermination sont des exigences professionnelles essentielles lorsqu’il est question de travailler avec les États-Unis.

Mon père a inventé l’expression selon laquelle être Canadien et vivre à côté des États-Unis, c’est comme être une souris qui dort à côté d’un éléphant.

Personnellement, je ne nous vois pas comme étant une souris, mais plutôt comme un orignal : fort, résilient, mais qui accuse encore un déficit de poids.

On doit donc constamment parler haut et fort afin de se faire entendre. On taquine souvent les Canadiens pour leur politesse : j’ai le regret de vous annoncer que ce n’est peut-être pas tout à fait vrai. Nous ne sommes pas bonasses et nous ne l’avons jamais été.

En réalité, en ce qui a trait à bon nombre de questions transfrontalières, et surtout depuis le début des années 1990, les premiers ministres canadiens de différentes allégeances politiques ont adopté des positions très semblables.

Et pour arriver à une entente avec nos amis américains, même si nous y parvenons inévitablement, il faut toujours travailler fort, faire preuve de persévérance et s’assurer de ne jamais manquer d’optimisme à la Reagan, et ce, des deux côtés.

Les pluies acides en sont un exemple. Ce problème environnemental transfrontalier préoccupait les Canadiens pendant les années 80. Le Canada a interpellé l’administration du président Reagan à ce sujet en 1981 et a continué de le faire sous le gouvernement Mulroney. Les discussions se sont poursuivies pendant dix ans. Mais, en 1991, nos pays ont finalement signé l’Accord sur les pluies acides. 

Et le même scénario s’est déroulé, vous ne serez pas étonnés de me l’entendre dire, en ce qui a trait au commerce.

Parmi les éléments déclencheurs du libre-échange dans les années 80, d’un point de vue canadien, figurait la nécessité de défendre nos exportateurs contre la vague protectionniste qui balayait alors le Congrès.

Cette situation a bien sûr fini par donner lieu à quelque chose de bien plus ambitieux qu’une simple stratégie défensive, à quelque chose de créatif, visionnaire et de calibre mondial. À l’époque, l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis de 1989 était le pacte commercial le plus exhaustif et le plus ambitieux jamais conclu.

Ce n’était pas clair que les choses se dérouleraient comme elles se sont déroulées. En effet, il a fallu du leadership. Il a fallu de la persuasion. Et tout cela a commencé par des discussions entre Canadiens et Américains, comme celles que j’ai eues cette semaine à Chicago et à San Francisco, et celle que nous avons ici aujourd’hui.

Le message du Canada lors de la mise en place de notre Accord de libre-échange original, et ensuite de l’ALÉNA, il y a vingt-cinq ans, est le même que celui que nous portons aujourd’hui. Les États-Unis n’ont pas de meilleur ami, allié ou partenaire que le Canada. Nous entretenons la relation la plus longue, la plus pacifique et la plus mutuellement bénéfique qui existe entre deux pays de l’histoire du monde.

Si le commerce entre le Canada et les États-Unis est une mauvaise idée, bien, il n’y a pas de bonnes idées.

***

Aujourd’hui au Canada, tous s’entendent généralement pour dire que l’Accord de libre-échange nord-américain, bien qu’il doive être mis à jour, est bon pour les gens de la classe moyenne de nos deux pays.

Après plusieurs rondes de négociation sur l’ALÉNA – la sixième ayant pris fin à Montréal la semaine dernière, et la septième devant avoir lieu à Mexico à la fin du mois – voici ce que nous savons : cet accord doit être modernisé et actualisé.

Grâce à des efforts, à du travail acharné et à une volonté de faire des compromis de la part de toutes les parties, nous pouvons assurément y arriver.

Nos négociateurs ont déjà conclu trois chapitres, soit ceux relatifs à la concurrence, aux petites et moyennes entreprises, et à la lutte contre la corruption. Les négociateurs sont d’ailleurs sur le point de pouvoir conclure plusieurs autres chapitres considérés comme étant des éléments cruciaux de l’ALÉNA, dans le cadre de leur prochaine réunion.  

Et grâce à certaines idées créatives proposées par les négociateurs du Canada, qui, je dois dire, font un travail extraordinaire, les négociateurs ont commencé à discuter de certaines des questions les plus délicates avec lesquelles nous devons composer dans le cadre des pourparlers : règles d’origine du secteur automobile, règlement des différends entre investisseurs et États, et examen périodique de l’Accord tous les cinq ans.

Mes amis, nous avons réalisé des progrès, et il est essentiel de bâtir sur ceux-ci. Je suis convaincu qu’il est dans l’intérêt des États-Unis, et non seulement dans celui du Canada, d’agir de cette façon.

Je vois maintenant la réponse que cela peut susciter : « Bien sûr, l’ALÉNA est avantageuse pour le Canada. Grâce à l’ALÉNA, le Canada ressort gagnant, et les États-Unis en sont les perdants, et c’est justement pourquoi les Canadiens aiment cet accord. »

Cependant, le commerce n’est pas un match de hockey.

En réalité, le Canada comme les États-Unis en ressortent gagnants. La même chose est vraie pour le Mexique. Et c’est une situation que nous avons intérêt à maintenir.

Lorsque le commerce fonctionne comme il se doit, ce sont tous les partenaires qui en ressortent gagnants.

Et les données nous le confirment.

Vous avez peut-être déjà entendu certains de ces chiffres, et j’ose espérer que c’est le cas.

Neuf millions d’emplois aux États-Unis sont liés au commerce et à l’investissement avec le Canada – dont plus d’un million ici même, en Californie. Le Canada est le principal marché d’exportation des deux tiers des États Américains. Et nous figurons parmi les trois principaux marchés de 48 États.

Nous achetons plus de produits américains que ne le font la Chine, le Japon et le Royaume-Uni combinés. Nous achetons davantage de fruits, de noix et de légumes de la Californie, et davantage de vos vins, que n’importe quel autre marché d’exportation.

On trouve en Californie des entreprises de premier plan comme Mattel, Warner Brothers et Aecom qui ont des liens profonds avec le Canada, comme marché et par leurs chaînes d’approvisionnement.

Et l’on trouve des entreprises innovatrices, comme Thalmic Labs, une entreprise établie à Waterloo, en Ontario, dont les activités de son bureau de San Francisco ne cessent de croître. Cette entreprise naissante est à la fine pointe de la technologie prêt-à-porter, et dessert des clients à travers le monde. 

Ce sont tous là des exemples de Canadiens et d’Américains qui innovent, créent et bâtissent ensemble.

Par ailleurs, le total de nos échanges, tant pour les biens que pour les services, est essentiellement équilibré. En fait, en 2016, les États-Unis ont profité d’un excédent commercial avec le Canada de près de 8 milliards de dollars américains. Pour ce qui est des produits manufacturés, votre excédent se chiffrait à près de 36 milliards de dollars américains.

Sachez que ce sont des chiffres américains, publiés par le U.S. Bureau of Economic Analysis, du département du Commerce. 

Or, dans un domaine en particulier, celui de l’énergie, nous enregistrons un excédent important avec vous, d’environ 37 milliards de dollars américains en 2016. Le Canada fournit plus de 40 % du pétrole brut importé par les États-Unis. Nous vous fournissons aussi plus d’électricité et plus d’uranium que tout autre pays.

Ces importations d’énergie, de la part d’un partenaire et allié de confiance, appuient la sécurité énergétique des États-Unis. Soyons clairs : ces importations servent également les intérêts du Canada, parce que nos exportateurs ont ainsi accès au marché américain, tout comme les fabricants et les agriculteurs américains bénéficient d’un accès au marché canadien.

Si vous êtes plus en sécurité, nous le sommes aussi.

Encore une fois : tout le monde gagne.

En fait, depuis l’arrivée de l’ALÉNA en 1994, l’économie des États-Unis a vu la création de 33 millions nouveaux emplois nets.

Ce n’est pas non plus une statistique canadienne. Ce chiffre provient du U.S. Bureau of Labor Statistics. Pour le mettre en perspective, la population totale du Canada s’élève à 36 millions.

L’ALÉNA, même s’il n’est pas parfait, a généralement bénéficié aux États-Unis, tout comme au Canada et au Mexique – généralement. Cet aspect n’est pas remis en doute.

Cependant, c’est également évident que le commerce mondial ne profite pas à tout le monde. L’inégalité des revenus s’accroît, et ce, à travers le monde. C’est un problème urgent.

On a analysé les origines de la réaction contre la mondialisation, ou essentiellement contre le libre-échange mondial, qui s’est propagée aux quatre coins du monde dans les dernières années.

Mais pour moi, les témoignages qui me touchent le plus sont ceux des Canadiens, qui me disent qu’ils n’ont pas encore perçu les avantages de l’économie moderne dont nous, les politiciens, parlons toujours.

Chaque hiver, je passe quelques semaines sur la route pour participer à des assemblées publiques. Ces assemblées donnent lieu à des conversations sans filtre, avec tous ceux qui s’y présentent. Les questions ne sont pas préparées.

Beaucoup de personnes se portent bien sur le plan financier. Mais pour encore trop de personnes, ce n’est pas le cas. Si j’entends une mère célibataire qui n’obtient pas les services dont elle a besoin, je ne peux pas lui dire de ne pas s’inquiéter, parce qu’une autre personne s’en tire mieux. C’est elle qui vit le problème. C’est elle que nous devons aider.

Théoriquement, nous pouvons avancer que le libre-échange apporte une plus grande prospérité. C’est vrai. Mais les circonstances de chacun sont différentes. Et les chiffres sur le commerce, même s’ils sont positifs, ne vous aideront pas à payer les études universitaires de votre enfant.

Je tire deux leçons de cette situation.

La première, c’est que le statu quo, et je parle ici de l’ALÉNA plus précisément, mais aussi du commerce en général, ne suffit pas.

Collectivement, nous devons faire plus pour que les avantages qui découlent du commerce soient partagés plus largement et ressentis par plus de gens.

La deuxième, c’est que nous devons en faire davantage pour aider les personnes dont le moyen de subsistance a été perturbé par les changements économiques mondiaux, notamment par l’automatisation et les avancées technologiques. Nous devons faire en sorte qu’elles puissent trouver un nouvel emploi qui mène à un avenir meilleur.

Je me suis souvent entretenu avec le président Trump à ce sujet.

Je sais que nos amis journalistes ont parfois dépeint nos administrations comme étant incapables de s’entendre sur quoi que ce soit. Le parti républicain est conservateur. Mon gouvernement est libéral. Comment pourrions-nous trouver un terrain d’entente?

Mais en vérité, le président Trump et moi nous entendons à ce sujet : trop de personnes ont été laissées en arrière, alors que nos économies, elles, ont connu une croissance.

J’ai été heureux d’entendre le Président parler de l’importance de la formation des compétences dans son discours sur État de l’Union. Au Canada, nous avons le même problème et nous sommes arrivés à une conclusion semblable.

La vague d’innovations technologiques, qui dans bien des cas, est le fruit des brillants esprits de cet État, peut s’avérer être une force positive et transformatrice pour les Nord‑Américains. Mais nous ne pouvons pas permettre à cette vague de submerger les travailleurs et leur famille.

C’est quelque chose que nous pouvons, et dont nous devons discuter dans le cadre de la modernisation et de l’amélioration de l’ALÉNA.

***

J’ai beaucoup parlé de commerce et de l’économie aujourd’hui.

Mais mon intention ici n’était pas de parler de la prospérité en soi, ou du commerce en soi, même si ces deux sujets sont importants.

Ce n’est pas comme ça que Ronald Reagan pensait. Ce n’est pas non plus comme ça que j’y pense.

L’humain n’est pas une unité de production économique.

Une amitié et une alliance internationale, la plus fructueuse que le monde ait connue, ne peuvent pas non plus être réduites à de simples statistiques sur la balance commerciale, ou à un taux tarifaire.

Le président Reagan était, au fond, un optimiste. Avec courage et ambition, il faisait toujours preuve d’optimisme.

Étant moi-même, en quelque sorte, un optimiste, j’ai toujours admiré cette qualité. Je crois que ce point de vue optimiste est particulièrement pertinent en ce qui concerne le dialogue que nous poursuivons maintenant.

Parce que l’optimisme, l’ambition et le courage sont indissociables. Là où vous trouvez l’un, vous allez probablement trouver les deux autres.

L’Accord de libre-échange et l’Accord de libre-échange nord-américain étaient le fruit de ces trois qualités, bien sûr. Mais ce n’est pas comme si le commerce était la seule grande réalisation des Américains et des Canadiens.

Côte à côte, nos pays se sont battus pendant la Première Guerre mondiale et ont célébré la victoire. Côte à côte, nous avons vaincu les fascistes pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Depuis l’explosion à Halifax en 1917, lorsque les Américains se sont précipités pour venir à notre aide dans les premiers instants, et pendant les deux guerres mondiales, la guerre de Corée, la guerre d’Afghanistan, et plus récemment lors de la reprise de la ville de Mossoul dans le nord de l’Irak, nous nous sommes épaulés, dans les bons comme dans les mauvais moments.

Les pompiers canadiens ont aidé à lutter contre les feux de forêt en Californie, tout comme les pompiers américains étaient là pour nous à Fort McMurray et en Colombie-Britannique.

D’un point de vue historique, ce qui nous a poussés vers le libre-échange en Amérique du Nord a toujours été tant le désir de souder nos liens historiques, que d’établir la mécanique des droits tarifaires et commerciaux.

Cet accord a d’abord trouvé un élan sous le président Truman, juste après la Deuxième Guerre mondiale – au moment où que les Canadiens et les Américains menaient la charge pour bâtir un ordre mondial axé sur des règles, un ordre qui a préparé le terrain pour 70 ans de prospérité et de stabilité mondiales.

Dans une allocution devant une séance conjointe de notre Parlement en 1947, Truman a insisté sur le fait que le commerce serait un outil essentiel pour aider les pays du monde entier à se remettre sur pied après la dévastation de la guerre.

Mais Truman est allé encore plus loin. Il a tracé une ligne directe entre le commerce libre et équitable, la prospérité et la paix. Et il a fait valoir le Canada et les États-Unis en tant que modèle pour le reste du monde à cet égard.

« Nous voulons un monde en paix », a dit Truman. « Un monde prospère, libre, un monde de bons voisins, qui vivent selon des termes d’égalité et de respect mutuel, comme le font le Canada et les États-Unis depuis des générations. »

Je crois que tous les présidents américains depuis ont fait écho à cette idée.

C’est le président Reagan, qui, quarante ans plus tard, reprendrait le flambeau pour le porter plus loin que n’importe quel président avant lui.

C’est aussi à Ottawa, lors d’un discours devant une séance conjointe du Parlement du Canada, que Reagan a expliqué pourquoi avec tant d’éloquence. 

C’était le 6 avril 1987. L’événement avait pour but de donner le dernier élan nécessaire à la conclusion du premier Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Je crois que beaucoup de gens dans cette salle se rappelleront de ce qu’il a dit à ce moment.

« Nous pouvons avoir hâte au jour où le libre mouvement commercial, des confins méridionaux de la Terre de Feu jusqu’aux postes nordiques du cercle arctique, unira les peuples de l’hémisphère occidental dans un lien d’échanges mutuellement profitables, lorsque toutes les frontières deviendront ce qu’est la frontière canado-américaine depuis si longtemps: un lieu de rencontre, plutôt que d’une ligne de séparation. »

Un lieu de rencontre, plutôt que d’une ligne de séparation.

Quel optimisme! Quelle ambition! Quel courage!

Truman et Reagan ont tous les deux mené l’Amérique à la victoire contre la tyrannie – le premier lors de la Seconde Guerre mondiale, le deuxième lors de la guerre froide. Et les deux ont compris implicitement que le commerce libre et équitable représente un chemin, non seulement vers la prospérité, mais vers la stabilité, la liberté et la paix.

Nous devons nous souvenir de cette leçon. Il est impératif de nous en souvenir.

Pour terminer, j’aimerais ajouter ceci :

Nous pouvons et nous devrions en faire plus pour aider ceux qui ont été oubliés par le commerce mondial. Nous pouvons et nous devons construire des ponts vers de nouvelles opportunités pour la classe moyenne, et pour ceux qui travaillent fort pour en faire partie. Nous pouvons et nous devons travailler sans relâche pour trouver un chemin vers la prospérité pour tous.

Il s’agit d’un des plus grands défis de notre époque.

Mais en poursuivant ces objectifs, ne tournons pas le dos aux progrès que nos pays ont réalisés, grâce à des efforts extraordinaires depuis l’époque de l’après-guerre. N’érigeons pas de nouvelles barrières entre nos peuples.

De telles barrières nuiraient à ceux qui ont le plus besoin de notre aide.

Le point de rencontre de tout cela, c’est l’ALÉNA.

Dans un sens très réel, la génération de Canadiens, d’Américains et de Mexicains qui nous a légué l’accord original a inventé l’idée même de l’Amérique du Nord.

Détruire cette idée aurait un coût au-delà du coût économique. C’est un coût que personne ne peut totalement prédire ou comprendre.

Notre objectif est de prendre ce que la génération de nos parents a construit, et de le transformer en un accord commercial adapté au 21e siècle; et de le faire comme le président Reagan l’aurait fait, avec optimisme, ambition et courage.

Et j’ajouterais, avec ténacité et détermination. Nous avons aussi besoin de ces deux qualités.

Au Canada, pour notre part, nous consacrerons tous les efforts nécessaires, aussi longtemps qu’il le faudra, dans un esprit d’équité et de compromis mutuel, pour atteindre cet objectif.

***

Platon soutenait que l’amitié est la plus grande forme d’amour. Parce que l’amitié nait de l’affection et du respect, sans obligation.

Ce qui est remarquable chez une amitié entre pays, c’est qu’elle peut durer plus longtemps qu’une vie humaine.

L’amitié entre nos pays remonte à plus de 200 ans. Et elle se prolongera encore pendant 200 ans, et ainsi de suite, j’en suis certain.

Mais nous devons faire notre part pour qu’il en soit ainsi.

Le président Reagan a fait cette fameuse déclaration : Le jour s’est levé sur les États-Unis.

Une génération plus tard, le jour peut se lever sur l’Amérique du Nord. À nous d’y voir.

Mes amis, continuons vers notre objectif. Travaillons avec un dévouement sans relâche; avec une ambition tenace, un optimisme incessant et un courage inébranlable.

Accomplissons notre tâche, et chérissons notre partenariat, comme le président Reagan l’a fait, comme un phare pour la liberté, et un exemple pour le monde.

Je vous remercie.