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Discours du premier ministre Trudeau et de la ministre Freeland lors de la conférence de presse concernant l’Accord États-Unis-Mexique-Canada

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Le PM Trudeau et la ministre Freeland s'adressent aux médias

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Bonjour et bienvenue. Merci d’être des nôtres.

Il y a un an et demi, quand les questions au sujet de l’avenir de l’ALENA se faisaient de plus en plus nombreuses, on m’a demandé comment on allait réagir.

J’ai dit que nous allions réagir comme les Canadiens l’ont toujours fait en temps incertains.

Nous serions constructifs et raisonnables. Mais aussi, fermes.

Nous protégerions nos intérêts et nous ferions la promotion de nos valeurs.

Nous ferions preuve de détermination, mais aussi de souplesse.

Nous resterions unis.

Et, au bout du compte, nous serions plus forts.

C’est exactement ce que nous avons fait. Hier soir, le Canada a conclu un accord de principe avec les États-Unis et le Mexique sur un Accord de libre-échange nord-américain modernisé et mis à jour – l’AEUMC, l’Accord États-Unis-Mexique-Canada.

Une fois ratifié, cet accord sera profitable aux travailleurs canadiens. Aux entreprises canadiennes. Et aux familles canadiennes. Il va donner plus de certitude à nos producteurs et à nos investisseurs et améliorer les droits de tous les travailleurs nord-américains.

C’est un accord qui sera véritablement avantageux pour notre économie, pour le bien des familles d’ici et pour la classe moyenne. Quand nous avons commencé les travaux pour mettre à jour l’ALENA, nous sommes restés concentrés sur ce qui comptait vraiment. Le nouvel ALENA devait protéger les emplois, favoriser la croissance, élargir la classe moyenne et soutenir les gens qui travaillent fort pour en faire partie.

Il devait aussi être équitable. Je veux dire par là qu’il devait préserver le principe fondamental de l’accord original : c’est-à-dire que quand votre partenaire commercial est dix fois plus grand que vous, il faut fixer des règles. Il faut que tout le monde ait des chances égales.

Si le nouvel accord n’avait pas atteint ces objectifs, nous ne l’aurions pas signé.

Autrement dit, le nouvel accord devait être bon pour le Canada et les Canadiens.

Parce que la réussite des accords commerciaux ne se mesure pas avec des données ou des statistiques, mais par la façon dont ils aident à améliorer la vie des gens.

Par leur capacité à protéger les emplois des travailleurs et à en créer de nouveaux.

Par la possibilité qu’ont nos petites et moyennes entreprises de percer les marchés nord-américains.

Par les nouvelles opportunités qu’auront ceux qui travaillent fort – et par la façon dont ces opportunités sont offertes à tous et profitent au plus grand nombre.

Il faut le dire : la modernisation de l’ALENA n’a pas été une mince tâche. Certains ont dit que ce n’était pas possible de le faire, qu’on devrait accepter n’importe quel accord.

Ce n’est pas ce que nous avons fait. Nous avons insisté pour obtenir un bon accord.

Comme toute négociation importante, il a fallu faire des compromis. Et je vous l’avoue, certains ont été plus difficiles que d’autres.

Nous n’avons jamais cru que ce serait facile. Ça n’a pas été le cas non plus.

Mais aujourd’hui est une bonne journée pour le Canada.

C’est en nous concentrant sur la création d’opportunités et la croissance de la classe moyenne que nous sommes arrivés ici. Tout en préservant les parties les plus importantes de l’ALENA, celles qui favorisent la réussite des entreprises et l’équité pour les Canadiens.

Et, je me permets d’insister sur ce point : le Canada y est arrivé parce qu’on a su garder notre vision et notre détermination collective. Même quand certains nous recommandaient de capituler.

Je tiens à souligner que nous ne sommes pas encore à la ligne d’arrivée. Le Mexique, les États-Unis et le Canada devront procéder à la ratification de l’accord.

Mais, ce que je peux vous dire, c’est que le libre-échange en Amérique du Nord – une zone commerciale qui représente plus d’un quart de l’économie mondiale, mais seulement sept pour cent de sa population – est beaucoup plus stable qu’hier. Nous savons maintenant quelle voie suivre.

C’est un accord extrêmement complexe, comme l’était l’ALENA original. Mais laissez-moi vous expliquer brièvement ce que ça veut dire.

Ça veut dire qu’après l’entrée en vigueur de cet accord, l’ALENA sera préservé, mis à jour, modernisé et stabilisé pour mieux tenir compte des réalités du vingt-et-unième siècle. Mission accomplie.

Pour les travailleurs canadiens et leurs familles, ça veut aussi dire plus d’opportunités qu’avant.

Et une plus grande prospérité veut dire qu’il y aura plus de ressources à investir, notamment dans le logement, les soins de santé et une retraite plus sûre pour nos aînés.

Si nous ajoutons à cela nos nouveaux accords commerciaux avec l’Europe et les pays du Pacifique, nous garantissons aujourd’hui un niveau de vie plus élevé, pendant de nombreuses années, aux Canadiens.

Avant de céder la parole à la ministre Freeland pour qu’elle vous donne plus de détails sur l’accord, j’aimerais exprimer ma reconnaissance.

Nous sommes très reconnaissants envers les gens des quatre coins du pays, de toutes les sphères de la société, de toutes les allégeances politiques, qui étaient derrière nous et qui ont soutenu notre travail depuis les 13 derniers mois.

J’aimerais tout particulièrement remercier les milliers de Canadiens qui m’ont écrit des lettres et des courriels et ceux qui m’ont dit dans la rue : « Continuez comme ça. Soyez forts. Nous sommes derrière vous. »

Je tiens aussi à remercier les premiers ministres des provinces et territoires. Les dirigeants de l’industrie et du monde du travail. Brian Mulroney et son équipe de négociation de l’ALENA original, et les autres anciens premiers ministres. Les membres du Conseil de l’ALENA. Pour votre soutien, vos conseils et votre attachement à ce pays : je vous dis merci.

À la ministre Freeland : Chrystia. Pour tes efforts constants, voire inlassables, ton dévouement et le travail acharné que tu as fait non seulement au cours des cinq dernières semaines, mais aussi au cours des 19 derniers mois : merci. Merci aussi à ta famille. Je sais que, comme bon nombre de nos familles, Graham, Natalka, Halina et Ivan se sont ennuyés de toi, mais ils savaient que tu accomplissais quelque chose de très important. Nous t’en sommes tous reconnaissants. Aucun ministre n’avait eu un mandat aussi difficile en une génération. Et tu as réussi.

Au négociateur en chef Steve Verheul, qui est des nôtres aujourd’hui, merci d’être aussi extraordinaire, aussi engagé; vous êtes un grand Canadien. Tout ce que vous avez fait, à chaque étape du processus, nous a permis d’en arriver à ce point. Et à David MacNaughton, à Washington, aux premières lignes des discussions avec le Congrès, l’administration et les intervenants aux États-Unis : David, vous avez été une ressource formidable, un ami et un atout précieux pour la population canadienne à mesure que nous faisions progresser ce dossier ensemble.

Je tiens aussi à remercier l’ambassadeur Bob Lighthizer. C’est un négociateur ferme, guidé par des principes, qui a derrière lui plus de quarante ans d’expérience en négociations commerciales. Il comprend et apprécie le Canada. Je ne pense pas me tromper en disant qu’on n’y serait pas arrivé sans lui. Un merci tout aussi grand au secrétaire Ildefonso Guajardo du Mexique. Muchas gracias, mi amigo.

J’aimerais maintenant céder la parole à la ministre Freeland. Madame la Ministre. (La ministre Freeland s’avance au podium.)

Merci beaucoup, Monsieur le Premier ministre. Merci pour votre détermination, votre leadership et votre patriotisme, qui ont été au cœur de notre travail et la fondation de tous nos efforts. Je vous en suis très reconnaissante. Et merci à tous d’être ici.

J’aimerais tout d’abord faire écho au sentiment et aux remerciements exprimés par le Premier ministre, surtout en ce qui concerne nos remarquables négociateurs. Ils sont superbes, et je les remercie du fond du cœur. Je tiens également à remercier les négociateurs commerciaux des deux autres pays, qui ont travaillé sans relâche pendant si longtemps. Toutes les équipes sont allées bien au-delà de ce qu’on attendait d’elles, et je leur en suis très reconnaissante.

J’ai dit dès le départ qu’il y aurait des moments dramatiques en cours de route. Je ne m’étais pas trompée.

Mais, tout au long du processus, l’ambassadeur Lighthizer a été un partenaire de confiance, professionnel et fiable. Et j’ajouterais même, après ces dernières semaines d’intenses négociations, ou de « négociations continues » comme nous les avons surnommées, que je le considère comme un ami. Merci, Bob.

Le secrétaire du Mexique, Ildefonso Guajardo, a également été pour moi un partenaire de négociation et un ami précieux qui a tout mon respect.

Voici ce que l’accord va nous permettre d’accomplir.

Tout d’abord, il maintient le libre-échange à l’échelle du continent nord américain ainsi que l’accès au sein d’un marché régional d’une valeur de 25 mille milliards de dollars, qui compte quatre cent soixante-dix (470) millions de personnes et dont la taille a triplé depuis la création de l’ALENA en mille neuf cent quatre-vingt treize (1993).

En même temps, il nous protège contre le spectre des droits de douane sur le secteur automobile qui planait sur notre économie et les milliers de bons emplois bien rémunérés, des deux côtés de la frontière.

En soi, c’est une victoire pour les Canadiens.

De plus, il maintient l’accès en franchise de droits de la grande majorité des exportations canadiennes au marché américain.

Ça ne veut pas dire que nous n’allons pas continuer de diversifier nos échanges à travers le monde. C’est certain que nous allons continuer de le faire. Mais ça nous permettra de solidifier notre position au sein du marché nord-américain qui nous est particulièrement important, pendant que nous continuerons d’élargir notre accès à des marchés dans d’autres pays.

Cet accord est bon pour des centaines de milliers de travailleurs canadiens. Non seulement il préserve les chaînes d’approvisionnement transfrontalières essentielles, mais il améliore considérablement les salaires et les droits des travailleurs mexicains. Concrètement, c’est plus équitable pour les travailleurs de l’automobile dans des villes comme Windsor ou Oshawa. Ça aide à garantir leur avenir.

Cet accord maintient aussi l’exception culturelle demandée par le Canada, notamment dans l’espace numérique, qui protège nos industries culturelles et plus de six cent cinquante mille (650 000) emplois partout au pays. Il préserve notre identité canadienne unique et notre caractère bilingue.

Permettez-moi de citer l’un de mes premiers ministres préférés, Louis St-Laurent, qui a dit au sujet des États-Unis, en 1953 : Nous savons que vous ne voulez pas partager votre frontière avec une pâle copie de votre propre pays, mais plutôt avec un pays qui se respecte et qui est fidèle à lui-même. Ça fait de nous de bons voisins, parce que le respect de l’autre passe d’abord par le respect de soi.

Il n’aurait pas pu mieux dire.

De plus, nous avons accompli quelque chose de fondamental dont nous pouvons tous être particulièrement fiers, je pense : l’accord d’aujourd’hui conserve l’intégralité du mécanisme de règlement des différends impartial prévu au chapitre 19 de l’ALENA original. Les désaccords commerciaux seront donc soumis à un comité binational indépendant chargé de trancher la question.

Sans le chapitre 19, l’ALENA n’aurait jamais existé. Plusieurs s’en souviendront.

En fait, le Canada a eu recours à cette disposition à plusieurs reprises, notamment dans le cadre du différend sur le bois d’œuvre résineux, pour garantir le traitement équitable des travailleurs canadiens.

Le premier ministre a déjà dit, et je veux le rappeler, que nous devions préserver le commerce fondé sur des règles. Les États-Unis sont dix fois plus grands que nous. Il était absolument nécessaire de garder le mécanisme de règlement des différends.

Les producteurs laitiers du Canada, leur famille et leur communauté peuvent compter sur le plein appui de notre gouvernement. Ça n'a pas changé depuis le début des négociations.

Je vous le confirme : cet accord préserve et maintient le système de gestion de l’offre.

Il prévoit une certaine libéralisation de l’accès aux marchés, semblable à celle de l’AECG et du PTPGP déjà conclus, mais l’avenir de la gestion de l’offre n’est pas remis en cause.

Pour atténuer les effets de ces changements, le gouvernement promet à nos producteurs qu’ils seront entièrement et justement indemnisés pour toute perte de parts de marché. Le gouvernement va aussi travailler avec eux pour renforcer encore plus leur industrie.

De plus, nos consultations avec les producteurs laitiers nous ont convaincus de former un nouveau groupe de travail avec des intervenants de l’industrie pour formuler une stratégie qui nous permettra de maintenir la vigueur de notre industrie laitière, aujourd’hui et demain.

L’ALENA original comprenait une disposition qui affaiblissait la souveraineté du Canada à l’égard de ses ressources énergétiques – la disposition sur la proportionnalité. Cette disposition n’existe plus. Nous avons aussi lutté pour obtenir des changements administratifs qui se traduiront par des économies de plus de 60 millions de dollars par année en frais et coûts contraignants pour l’industrie pétrolière.

Le mécanisme de résolution des différends entre les investisseurs et l’État, qui permettait aux entreprises de poursuivre le gouvernement canadien, n’existe plus entre le Canada et les États‑Unis. Ce mécanisme a coûté plus de trois cents millions de dollars aux contribuables canadiens en pénalités et frais d’avocats. Le mécanisme faisait passer les droits des entreprises au-dessus de ceux des gouvernements souverains. En l’abolissant, nous renforçons le droit du gouvernement de réglementer, dans l'intérêt du public, pour protéger la santé publique et l’environnement.

Il y a aussi un nouveau chapitre exécutoire sur l’environnement qui a pour objectif de préserver la qualité de l’air et de lutter contre la pollution maritime.

Nous sommes également parvenus à une entente sur les automobiles et les pièces d’automobile, qui revêt une importance fondamentale et qui s’inspire en partie des idées créatives que le Canada a proposées lors de nos négociations à Montréal, en janvier dernier. C’était un moment charnière de ces négociations qui a rendu possibles les progrès qui ont suivis. Depuis le Pacte de l’automobile, le Canada fait partie intégrante de l’industrie automobile nord-américaine, dont les chaînes d’approvisionnement sont fortement intégrées, et il y joue un rôle essentiel. Nous nous sommes battus pour ça, et nous l’avons préservé.

Je vais maintenant redonner la parole au Premier Ministre. (Le premier ministre s’avance au podium.)

Merci, Chrystia.

Je suis impatient de signer cet accord avec les présidents Trump et Peña Nieto. Et je tiens à vous dire : cet accord est avantageux pour les travailleurs des trois pays.

Au cours des derniers mois, j’ai parlé avec des Canadiens travaillants et admirables dans des entreprises à travers le pays. Je tiens à leur dire : nous vous avons entendus.

En effet, quand les dispositions exécutoires sur les droits du travail de cet accord seront en vigueur, il s’agira de la réforme progressiste la plus importante pour les travailleurs nord-américains en une génération.

De plus, en tant que Québécois, je sais à quel point l’exception culturelle est essentielle pour préserver notre identité et continuer de faire rayonner notre culture.

Bien évidemment, l’accord comporte également plusieurs autres aspects qui sont complexes. Notre équipe a encore beaucoup de travail à terminer. Et rien n’est encore garanti car le Canada ne décide pas ce qui se passe au Congrès américain ou au Sénat mexicain.

La dernière année a été marquée par beaucoup d’incertitude. Et je préfère le dire franchement, certaines incertitudes persistent.

Cela dit, l’annonce d’aujourd’hui est un grand pas en avant. C’est la voie que nous devons suivre pour entrer dans une nouvelle ère de prospérité et de stabilité économique en Amérique du Nord, pour le bien des millions de gens qui dépendent d’une économie florissante pour subvenir aux besoins de leur famille et assurer un avenir meilleur à leurs enfants.

Ces négociations étant maintenant derrière nous, nous pouvons aller de l’avant avec la certitude que notre économie est solide et qu’elle le restera, en même temps que nous continuerons à diversifier nos échanges commerciaux dans d’autres marchés du monde.

Grâce également à l’AECG, notre accord commercial avec l’Europe, au Partenariat transpacifique, notre accord commercial avec les pays du Pacifique, et à nos autres accords commerciaux, les Canadiens profitent maintenant d’un libre accès à 1,5 milliard de consommateurs dans le monde, ce qui représente les deux tiers de l’économie mondiale. Nous sommes dans une position très enviable.

J’ajouterais également que le Canada est le seul pays du G7 à avoir conclu un accord de libre-échange avec tous les autres pays du groupe. Nous resterons donc extrêmement bien placés pour faciliter l’accès de nos entreprises à de nouveaux marchés, favoriser l’embauche de nouveaux travailleurs et offrir de meilleures opportunités aux Canadiens.

De Singapour à Kiev, de l’extrême nord de l’Amérique à son extrême sud, nous faisons partie d’un réseau de libre-échange mondial, qui est régi par des règles et qui profite autant aux consommateurs qu’aux travailleurs.

En effet, en ce qui concerne le commerce, nos entreprises réussissent particulièrement bien en ce moment. En juin, nos exportations de marchandises ont atteint un sommet jamais vu dans notre histoire. Et les familles de la classe moyenne profitent de ce succès : le taux de chômage est à son plus bas en 40 ans.

Ce sont les conditions que nous avons préservées et améliorées dans le cadre de ce nouvel accord. 

Mes amis, les Canadiens figurent parmi les personnes les plus dynamiques et innovatrices du monde.

Nous avons encore beaucoup de travail à faire, mais nous sommes sur la bonne voie.

Et nous ne sommes pas arrivés ici par hasard.

Pendant ces négociations, nous tous – gouvernements et citoyens – sommes restés concentrés sur ce qui était le plus important : offrir plus d’opportunités aux travailleurs et à leur famille.

L’objectif premier de notre gouvernement – aujourd’hui, demain et toujours – est de créer le climat propice au renforcement de la classe moyenne et d’offrir de meilleures possibilités à tous les Canadiens.

C’est ce qu’on a accompli aujourd’hui. C’est un pas important dans la bonne direction. Et tout comme nos partenaires, nous pouvons en être fiers.