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Présentation d’excuses au nom du gouvernement du Canada aux passagers du MS Saint Louis

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LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Monsieur le Président,

Le 15 mai 1939, plus de neuf cents Juifs allemands sont montés à bord d’un navire appelé le Saint Louis.

Ces passagers avaient été dépouillés de leurs biens, expulsés de leurs maisons, chassés de leurs écoles et bannis de leurs professions par leur propre gouvernement.

Leurs synagogues avaient été incendiées. Et leurs commerces, ravagés.

Leurs vêtements marqués d’une étoile jaune, ils avaient été contraints d’ajouter « Israël » ou « Sarah » aux noms qu’ils avaient portés pendant toute leur vie. Ces femmes et ces hommes qui avaient tant contribué à leur pays étaient dorénavant considérés comme des étrangers, des traîtres et des ennemis, et étaient traités en conséquence.

Persécutés, volés, emprisonnés et tués en raison de qui ils étaient.

L’Allemagne nazie leur avait refusé leur citoyenneté et leurs droits fondamentaux.

Et pourtant, lorsque le Saint Louis a quitté le port de Hambourg en ce lundi fatidique, les quelque neuf cents passagers apatrides à son bord considéraient qu’ils avaient de la chance.

Chacun d’entre eux avait en main un visa d’entrée à Cuba – une occasion unique de fuir la tyrannie du régime nazi d’Adolf Hitler.

Cependant, lorsque le navire a jeté l’ancre dans le port de La Havane, la situation s’est détériorée.

Le gouvernement cubain a refusé d’accepter leurs visas d’entrée, et quelques passagers seulement ont été autorisés à débarquer.

Même après avoir menacé de commettre un suicide collectif, hommes, femmes et enfants se sont vu refuser l’entrée au pays.

C’est ainsi que s’est poursuivie leur quête de sécurité longue et tragique. Ils ont demandé asile auprès de l’Argentine, de l’Uruguay, du Paraguay et du Panama.

Tous les ont refusés.

Le 2 juin, le MS Saint Louis a été forcé de quitter La Havane sans aucune assurance que ses passagers seraient accueillis ailleurs.

Et lorsque les Américains ont refusé d’entendre leur appel, ils ont cherché refuge au Canada.

Cependant, le gouvernement libéral de Mackenzie King est resté insensible au sort de ces réfugiés.

Malgré le plaidoyer désespéré de la communauté juive canadienne, malgré les appels répétés des deux députés juifs qui siégeaient au gouvernement, malgré les nombreuses lettres de Canadiens concernés de différentes confessions, le gouvernement a choisi de tourner le dos à ces victimes innocentes du régime d’Hitler.

À cette époque, le Canada comptait à peine onze millions d’habitants, dont seulement 160 000 étaient Juifs.

Pourtant, c’était encore trop pour un bon nombre de Canadiens, y compris pour Frederick Charles Blair, qui était alors responsable de l’immigration au gouvernement.

Dans une lettre datée de septembre 1938, le ministre a écrit : « La pression exercée par les Juifs pour être admis au Canada n’a jamais été si grande qu’aujourd’hui, et je suis heureux d’ajouter qu’après 35 années d’expérience à ce poste, ce dossier n’a jamais été si rigoureusement contrôlé qu’il ne l’est maintenant. »

Aucun réfugié juif ne devait mettre le pied en sol canadien, ni encore moins s’y établir.

Le MS Saint Louis et ses passagers n’ont eu d’autre choix que de retourner en Europe, où le Royaume-Uni, la Belgique, la France et la Hollande ont accepté d’accueillir les réfugiés.

Après la conquête de la Belgique, de la France et de la Hollande par les nazis, beaucoup d’entre eux seraient tués dans les horribles camps et les chambres à gaz du Troisième Reich.

Monsieur le Président, l’histoire du Saint Louis et de ses passagers n’est pas un incident isolé.

Le gouvernement du Canada était indifférent face aux souffrances des Juifs bien avant que le Saint Louis mette les voiles sur le port d’Halifax et, malheureusement, bien après qu’il soit retourné en Europe.

Dans la foulée de la Grande Dépression, les législateurs canadiens avaient commencé à resserrer les restrictions entourant l’immigration, en adoptant des politiques sélectives tant sur le plan économique que sur le plan ethnique.

Pour le gouvernement de l’époque, les Juifs comptaient parmi les immigrants les moins souhaitables; il fallait donc limiter leur présence sur notre territoire.

Le gouvernement a ainsi décidé d’imposer des quotas rigoureux et de dresser une liste toujours plus longue d’exigences visant à dissuader l’immigration juive.

Alors que les nazis intensifiaient leurs attaques contre les Juifs d’Europe, le nombre de demandes de visa augmentait rapidement.

La parenté qui vivait alors au Canada, le personnel des ambassades, les agents d’immigration, les dirigeants politiques — tous étaient inondés d’appels à l’aide.

Des hommes d’affaires riches qui promettaient de créer des emplois.

Des parents vieillissants qui juraient de devenir des agriculteurs.

Des femmes enceintes qui demandaient grâce.

Des médecins, des avocats, des universitaires, des ingénieurs, des scientifiques qui imploraient les fonctionnaires et le gouvernement de mettre leurs talents au service de notre pays.

Ils offraient tout ce qu’ils possédaient et promettaient de se conformer à chacune de nos demandes.

Ces réfugiés auraient fait de ce pays un pays plus fort, et la fierté de ses citoyens.

Mais le gouvernement a tout mis en œuvre pour que leurs demandes n’aillent nulle part.

Pour que leurs appels à l’aide restent sans réponse, parce que le Canada les considérait comme indignes d’un foyer et de notre aide.

En 1938, le monde était aux prises avec une crise de réfugiés de plus en plus grave.

Lorsque les dirigeants de tous les pays se sont réunis à Évian pour discuter de l’avenir des Juifs en Europe, aucun pays n’a manifesté l’intention d’augmenter radicalement ses quotas.

Les Juifs étaient une menace à éviter plutôt que les victimes d’une crise humanitaire.

À leur retour d’Évian, les législateurs canadiens se sont servis de leur pouvoir pour resserrer encore davantage les règles entourant l’immigration juive, légitimant ainsi le sentiment antisémite qui prenait racine au pays et à l’étranger.

Un profond ressentiment à l’égard des Juifs était enchâssé dans nos politiques – les mêmes politiques que les fonctionnaires de l’immigration allaient invoquer plus tard pour justifier leur réaction insensible face au Saint Louis et à ses passagers.

Parmi tous les pays alliés, le Canada sera celui qui admettra le moins de Juifs entre 1933 et 1945. Il a accueilli beaucoup moins de réfugiés que le Royaume-Uni et considérablement moins par personne que les États-Unis.

Et parmi ceux qu’il a laissés entrer, pas moins de 7 000 ont été désignés comme étant des prisonniers de guerre et ont été emprisonnés à tort aux côtés des nazis.

En ce qui concernait les Juifs, aucun, c’était déjà trop.

Monsieur le Président, pendant les années qui ont précédé la guerre, Hitler a mis à l’épreuve la détermination du monde.

Il a pris bonne note lorsque pays après pays s’est montré indifférent face au sort des réfugiés juifs.

Il nous a regardés rejeter leurs visas, ignorer leurs lettres et leur refuser l’entrée en notre territoire.

Avec chaque décret, il a mis à l’épreuve le courage politique de nos dirigeants et l’empathie de ceux qui les avaient élus.

Avec chaque pogrom, il a évalué les limites de notre humanité et la mesure de notre solidarité.

Monsieur le Président, le gouvernement du Canada a lamentablement échoué au test d’Adolf Hitler.

Cette semaine marque malheureusement le 80e anniversaire de la Kristallnacht, un point déterminant de la politique raciale d’Hitler, et le début de l’Holocauste.

La Kristallnacht est survenue à la suite de cette conférence d’Évian, là où le monde avait consolidé son indifférence et son antipathie à l’égard des Juifs.

Il ne fait aucun doute que notre silence a permis aux nazis d’élaborer leur propre solution, une « solution finale » au soi-disant problème juif.

Alors que le Canada entrait en guerre contre l’Allemagne, alors que nous nous battions pour la démocratie à l’étranger, nous étions en train d’abandonner les victimes d’Hitler chez nous.

Ce que nous étions prêts à faire là-bas, nous n’étions pas prêts à faire chez nous.

Ni la situation tragique du Saint Louis, ni les rapports alarmants venus de partout en Europe ou encore les détails horrifiants d’un effort coordonné visant à éliminer les Juifs n’ont entraîné un changement politique majeur.

Lorsque les Alliés ont appris l’existence des camps de concentration, ils n’ont ni bombardé les voies ferrées menant à Auschwitz, ni agi concrètement pour secourir ce qui restait de la communauté juive d’Europe.

À la fin de la guerre, le Canada et les puissances alliées ont saisi l’ampleur des horreurs de l’Holocauste.

Nous nous sommes joints au reste du monde pour condamner avec la plus grande fermeté les camps de la mort d’Hitler et l’abominable cruauté de ses gestes.

Et pourtant, même le meurtre collectif et systématique de plus de six millions de Juifs n’a pas donné lieu à un changement majeur dans notre politique d’immigration.

Il faudrait attendre encore trois ans pour que le Canada ouvre ses portes.

Trois ans avant que nous acceptions d’accueillir les réfugiés juifs au même rythme que les ressortissants allemands non juifs à la fin de la guerre.

Il faudrait un nouveau gouvernement, un nouvel ordre mondial et la création de l’État d’Israël, une patrie pour le peuple juif, pour que le Canada modifie ses lois et commence à démanteler les politiques qui avaient légitimé et propagé l’antisémitisme.

Monsieur le Président, Adolf Hitler n’a pas, à lui seul, déterminé le sort des passagers du Saint Louis et des Juifs d’Europe.

Nourrir une telle haine et une telle indifférence à l’égard des réfugiés, c’était partager la responsabilité morale de leur mort.

Et même si des dizaines d’années se sont écoulées depuis que nous avons tourné le dos aux réfugiés juifs, le temps n’a ni effacé la culpabilité du Canada, ni allégé le poids de sa honte.

Monsieur le Président, je me lève aujourd’hui dans cette Chambre pour présenter des excuses attendues depuis trop longtemps aux réfugiés juifs que le Canada a refusés.

Nous offrons nos excuses aux 907 Juifs allemands qui étaient à bord du MS Saint Louis et à leurs familles.

Nous présentons également nos excuses aux autres qui ont payé le prix de notre inaction, ceux que nous avons condamnés à l’horreur suprême des camps de la mort.

Nous nous sommes servis de nos lois pour masquer notre antisémitisme, notre antipathie et notre ressentiment.

Nous sommes désolés de la réponse insensible du Canada. Et nous sommes désolés de ne pas nous être excusés plus tôt.

Nous offrons nos excuses aux mères et aux pères des enfants que nous n’avons pas sauvés, aux filles et aux fils des parents que nous n’avons pas aidés –

Aux réfugiés juifs qui ont été emprisonnés et forcés de revivre leur traumatisme aux côtés de leurs bourreaux –

Aux scientifiques, aux artistes, aux ingénieurs, aux avocats, aux gens d’affaires, aux infirmières, aux médecins, aux mathématiciens, aux pharmaciens, aux poètes et aux étudiants –

À tous les Juifs qui cherchaient un refuge au Canada, qui ont fait la file pendant des heures et écrit d’innombrables lettres.

Nous avons refusé de les aider alors que nous aurions pu le faire. Nous avons contribué à sceller le cruel destin de beaucoup trop d’entre eux dans des endroits comme Auschwitz, Treblinka et Belzec.

Nous les avons laissés tomber. Et nous en sommes désolés.

Enfin, nous présentons nos excuses aux membres de la communauté juive du Canada dont les voix n’ont pas été entendues, dont les appels sont restés sans réponse.

Nous avons vite oublié les nombreuses contributions qu’ils avaient apportées à notre pays depuis sa fondation.

Nous avons vite oublié qu’ils étaient nos amis et nos voisins.

Qu’ils avaient enseigné à nos jeunes, soigné nos malades et habillé nos pauvres.

À la place, nous avons laissé l’antisémitisme s’enraciner dans nos communautés et devenir notre politique officielle.

Nous n’avons pas hésité à rejeter leur participation, à limiter leurs opportunités et à nier leurs talents.

Nous voulions qu’ils se sentent comme des inconnus dans leurs propres foyers, des étrangers dans leur propre pays.

Nous leur avons refusé le respect que chaque Canadien, que chaque être humain mérite de la part de son gouvernement et de ses concitoyens – peu importe ses origines, peu importe sa religion.

Lorsque le Canada a tourné le dos aux Juifs d’Europe, nous avons tourné le dos aux Canadiens de confession juive aussi.

C’était inacceptable à l’époque et ça l’est encore aujourd’hui.

Votre propre pays vous a laissés tomber et nous en sommes désolés.

Monsieur le Président, nous devrions avoir honte de l’histoire du Saint Louis et du mauvais traitement qu’ont subi les Juifs avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

Honte, parce que ces gestes vont à l’encontre de la promesse de notre pays.

Ce n’est pas le Canada que nous connaissons aujourd’hui – un Canada beaucoup plus généreux, accueillant et compatissant qu’il l’était.

Un endroit où la citoyenneté est d’abord définie par des principes et des idéaux.

Pas par la race ni par la foi.

Mais ce changement d’attitude, cette transformation de nos politiques ne sont pas les fruits du hasard.

C’est l’œuvre de Canadiens et de Canadiennes qui ont dédié leur vie à faire de notre pays un endroit plus juste et plus égal.

C’est grâce à ces hommes et ces femmes qui comptaient parmi eux des enfants de l’Holocauste, des réfugiés juifs ou encore des descendants des personnes opprimées.

Ces hommes et ces femmes de confession juive ont pris part aux luttes sociales pour l’égalité, la justice et les droits de la personne.

Au pays, ils ont fait avancer les grandes causes canadiennes qui ont façonné ce pays, des causes qui ont bénéficié à tous les Canadiens.

À l’étranger, ils se sont battus pour la démocratie et la primauté du droit, pour l’égalité et la liberté.

Nous devrions non seulement reconnaître la portée de leurs contributions, mais la célébrer.

Ils étaient des scientifiques et des militants; des ministres et des chanteurs; des physiciens et des philanthropes.

Ils étaient et sont encore fièrement Juifs et fièrement Canadiens.

Ils ont aidé à ouvrir les yeux des Canadiens face aux souffrances des plus vulnérables.

Ils nous ont enseigné le principe de Tikkun olam – la responsabilité que nous avons de réparer le monde.

Monsieur le Président, lorsque le Canada a choisi de tourner le dos aux réfugiés il y a plus de 70 ans, le gouvernement n’a pas seulement omis d’aider les plus vulnérables; il nous a nui à tous.

Les Canadiens de confession juive ont contribué énormément à notre pays.

Comme tous les immigrants qui ont choisi et continuent de choisir le Canada.

Aujourd’hui, nous constatons non seulement tout le chemin que nous avons parcouru, mais tout le chemin qu’il nous reste à parcourir.

En cette Semaine de l’éducation sur l’Holocauste, il est d’autant plus difficile d’ignorer les obstacles et les injustices auxquels les Juifs font face encore aujourd’hui dans ce pays.

Selon les données les plus récentes, 17 % de tous les crimes haineux au Canada ciblent des Juifs. C’est un taux beaucoup plus élevé par personne que n’importe quel autre groupe.

Des gens qui nient l’Holocauste existent encore. L’antisémitisme est encore trop présent.

Des établissements et des quartiers juifs sont encore vandalisés avec des svastikas.

Des étudiants juifs se sentent encore mal accueillis ou mal à l’aise dans certains de nos collèges et universités parce qu’ils subissent de l’intimidation liée au mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions.

Et dans notre communauté de nations, c’est Israël dont le droit d’exister est le plus souvent – et à tort – remis en cause.

La discrimination et la violence contre les Juifs au Canada et ailleurs dans le monde continuent dans une proportion alarmante.

Il y a moins de deux semaines, pas très loin d’ici, un homme a ouvert le feu sur des fidèles à la synagogue Tree of Life à Pittsburgh. Il a tué onze personnes et en a blessé six autres.

Parmi les blessés étaient quatre policiers qui sont arrivés sur la scène pour défendre les membres de la congrégation.

Ces fidèles étaient rassemblés dans la paix pour pratiquer leur foi.

Ils ont été assassinés dans leur sanctuaire. Le jour du sabbat.

Parce qu’ils étaient Juifs.

C’était un geste de violence haineux et antisémite.

Motivé par la haine.

Visant à faire souffrir des gens et à alimenter la peur dans la communauté juive.

Cet attentat brutal contre la communauté juive et ses valeurs a révolté les Canadiens.

À travers le Canada, des gens ont organisé des vigiles en l’honneur des victimes.

Ils se sont montrés solidaires de leurs frères et sœurs juifs et ont fait résonner un sentiment partagé d’un océan à l’autre :

Que l’antisémitisme et toute forme de xénophobie n’ont pas leur place dans notre pays, ni ailleurs dans le monde.

Le Canada et les Canadiens continueront de se tenir aux côtés de la communauté juive et de dénoncer la haine qui a mené à ces gestes odieux.

En fin de compte, ces événements tragiques témoignent du travail qu’il nous reste à faire.

Un travail qui commence par l’éducation, qui est notre outil le plus puissant contre l’ignorance et la cruauté qui ont alimenté l’Holocauste.

Parce que, malheureusement, la fin de la Deuxième Guerre mondiale n’a pas mis un terme à ces maux.

Le Canada et tous les Canadiens doivent dénoncer les mentalités xénophobes et antisémites qui existent encore dans nos communautés, nos écoles et nos milieux de travail.

Nous devons protéger nos communautés et nos institutions contre les maux qui ont pris racine dans le cœur de tant de gens, il y a plus de 70 ans, parce que ces maux n’ont pas disparu à la fin de la Guerre.

À la suite de l’attentat atroce qui a eu lieu récemment à Pittsburgh, les Canadiens de confession juive à travers le pays se sentent vulnérables, et nous les comprenons.

Nous savons qu’ici, au Canada, nous ne sommes pas à l’abri des crimes haineux fondés sur l’antisémitisme.

Notre gouvernement et les députés travaillent avec la communauté juive pour mieux protéger leurs communautés contre la menace que représente l’antisémitisme.

Les lieux de culte sont des lieux sacrés, et ils devraient représenter des sanctuaires pour les gens de toutes les confessions.

Des appels clairs nous demandent d’en faire plus dans le cadre du Programme de financement des projets d’infrastructure de sécurité pour protéger les synagogues et d’autres endroits qui pourraient être ciblés par des crimes haineux.

Et je vous en fais la promesse maintenant : nous ferons plus.

Aujourd’hui, nous devons nous engager non seulement à nous souvenir, mais à donner suite à cette histoire tragique. Nous devons léguer à nos enfants et à nos petits-enfants un monde où ils pourront réussir sans jamais faire face à des doutes ou des attaques en raison de leur identité.

Malheureusement, ce monde-là n’est pas encore le nôtre.

Trop de gens – de toutes les confessions, de tous les pays – sont victimes de persécution.

Leurs vies sont en danger simplement en raison de leur façon de prier, des vêtements qu’ils portent ou de leur nom de famille.

Ils sont forcés de fuir leur foyer et d’entreprendre des voyages dangereux pour trouver refuge et avoir un avenir.

C’est ainsi le monde dans lequel nous vivons, et c’est donc notre responsabilité commune.

Monsieur le Président, j’espère sincèrement qu’en présentant ces excuses attendues depuis trop longtemps, nous pourrons mettre en lumière ce chapitre douloureux de notre histoire et nous assurer de ne jamais oublier ses leçons.

L’histoire que nous avons du mal à imaginer est celle que les passagers du MS Saint Louis, les victimes de l’Holocauste et leurs descendants n’oublieront jamais.

Aucun mot ne pourra jamais effacer leur douleur, mais nous espérons sincèrement que ces excuses les aideront à guérir.

Qu’elles leur apporteront la paix.

Qu’elles raffermiront l’engagement indéfectible du Canada à se tenir aux côtés de la communauté juive au pays et à travers le monde dans la lutte contre l’antisémitisme.

Il y a plus de 70 ans, le Canada vous a tourné le dos.

Mais aujourd’hui, les Canadiens disent, maintenant et pour toujours, plus jamais.