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LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

Bonjour à tous ! 

Je suis vraiment content d’être ici, à l’Agence spatiale canadienne, pour partager des bonnes nouvelles avec les Canadiens.

Je veux d’abord remercier le président de l’Agence, Sylvain Laporte, de son accueil.

Je tiens également à saluer les ministres Bains, Duncan et Garneau qui m’accompagnent ce matin, ainsi que nos astronautes canadiens et les membres du Comité consultatif de l’espace.

Merci d’être des nôtres.

En étant ici aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher de penser à David Saint-Jacques, qui est actuellement en orbite autour de notre planète.

J’ai eu le grand privilège de lui parler la veille de son départ, il y a trois mois, lorsqu’il était au Kazakhstan.

Je lui ai demandé comment il se sentait, comment il envisageait son envol et sa mission. Je lui ai dit à quel point on était tous tellement fiers de lui.

Il était comme un enfant la veille de Noël – fébrile, emballé, enthousiaste. Déjà, ses pieds ne touchaient plus à terre.

Il s’apprêtait à réaliser son plus grand rêve – un rêve qu’il avait depuis qu’il était tout petit.

La voix remplie d’émotion, il m’a dit : « Vous savez, il n’y a pas beaucoup de drapeaux étrangers qui flottent au centre spatial russe.

Alors, je ne pourrais pas être plus fier de voir notre feuille d’érable ici, si loin de chez nous.

De voir un pays comme le nôtre — qui n’est pas une superpuissance mondiale, qui ne compte pas beaucoup d’habitants — être à l’avant-garde du progrès. De jouer dans la cour des grands. »

À une certaine époque, l'histoire de David aurait été à peine imaginable.

Une époque où nos ancêtres utilisaient les étoiles pour trouver leur chemin dans la nature sauvage, le soleil pour lire l'heure et la lune pour amarrer leurs bateaux.

Durant cette époque, l'observation était notre meilleur et souvent notre seul outil pour comprendre notre monde et répondre à nos plus grandes questions.

Alors, en 1839, nous avons construit notre premier observatoire sur le terrain de l'Université de Toronto pour faire progresser notre connaissance de notre planète et de son univers.

Nous nous sommes concentrés sur les champs magnétiques. Nous nous sommes demandé pourquoi la boussole indiquait le pôle Nord. Et d'où venait l'aurore boréale.

Cette curiosité, ce sens de l'aventure qui allait plus tard orienter notre travail dans l'espace, était vivante dans les cœurs de ceux qui nous ont précédés.

Dans les cœurs des Premières nations du Canada qui avaient survécu et prospéré dans les climats les plus impitoyables.

Dans les cœurs des Européens qui avaient traversé l'Atlantique pour trouver une vie meilleure dans un pays lointain.

En fait, l'histoire du Canada recèle d’exemples de persévérance, de résilience et d'audace – souvent face à des obstacles qui semblaient impossibles à surmonter.

En 1957, lorsque Spoutnik a effectué son premier voyage autour de la Terre, les Soviétiques ont repoussé les limites du possible.

Ils ont démontré ce que l’être humain était capable de réaliser.

Inspirés par leur succès, les Canadiens se sont mis au travail.

Même si la course vers l’espace semblait être réservée à des pays beaucoup plus importants que le nôtre, même si les satellites étaient l’affaire de pays beaucoup plus peuplés que le nôtre, le Canada n’a pas perdu de temps.

En 1962, juste cinq ans après Spoutnik, on a lancé notre premier satellite canadien, Alouette 1, qui a fait du Canada le premier pays dans l’espace qui n’était pas une superpuissance.

Au fil du temps, l’innovation canadienne — et surtout notre savoir-faire dans le domaine de la robotique — est devenue une composante essentielle des missions spatiales.

Chaque fois que nos amis et alliés ont décidé d’atteindre de nouvelles frontières, ils se sont tournés vers nous.

Le Canada a construit l'antenne de communication qui a aidé Alan Shepard à devenir le premier Américain dans l'espace.

Lorsque le président Kennedy a déclaré avec audace que les États-Unis allaient faire atterrir un homme sur la Lune et le ramener sain et sauf sur Terre, le Canada était là.

Owen Maynard, de Woodstock, en Ontario, était l'ingénieur de la NASA responsable de la conception du module lunaire qui amènerait Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la mer de la Tranquillité à la surface de la Lune.

Et le train d'atterrissage de ce module lunaire a été construit par Héroux Aérospatiale, juste à côté d’ici, à Longueuil.

Nous avons bâti le bras canadien pour les navettes spatiales.

Ce dernier a lancé le télescope spatial Hubble, a soutenu d'innombrables sorties dans l'espace et a commencé à construire la Station spatiale internationale, pour ne nommer que ces exemples.

Et pour être franc, le bras canadien a aussi permis d’assurer que la feuille d'érable était visible dans presque toutes les photos iconiques de la navette spatiale.

Notre travail dans l'espace est peut-être le meilleur exemple de l'ambition canadienne – de ce désir inlassable d'apprendre et de comprendre qui est si inhérent à l’identité de notre pays.

Ce n'est pas par erreur que nous avons décidé d’axer notre programme spatial sur la recherche et la science.

Ce n’est pas surprenant que nous avons trouvé nos astronautes parmi nos physiciens et nos scientifiques, nos ingénieurs et nos éducateurs, nos médecins et nos écrivains.

Leur mission ne consistait pas seulement à atteindre les étoiles, mais aussi à ramener leurs nouvelles connaissances sur Terre.

Pour nous aider à comprendre le monde où nous vivons et notre place dans ce dernier.

Que ce soit par ses découvertes ou par son exemple, chaque astronaute a inspiré des générations de Canadiens à repousser les limites de ce qu'ils croyaient possible, de ce qu'ils considéraient comme étant la vérité.

Comme notre gouverneure générale aime le dire, ils ont montré aux Canadiens que « le ciel n'était pas tout à fait la limite ».

Presque 50 ans après Apollo 11, l’exploration spatiale est sur le point d’entrer dans une nouvelle phase.

Après avoir construit, opéré et occupé en permanence le grand laboratoire qu’est la Station spatiale internationale, le monde tourne maintenant son attention vers la lune.

Un groupe de pays, mené par la NASA, a annoncé son intention de bâtir une nouvelle plateforme en orbite lunaire.

Le « Gateway » lunaire représentera l'un des projets les plus ambitieux jamais entrepris par les êtres humains à ce jour.

Cet avant-poste lunaire permettra non seulement une présence lunaire à long terme, mais il servira aussi de rampe de lancement vers Mars et au-delà.

Nos alliés nous ont demandé de nous joindre à eux pour atteindre cette nouvelle frontière.

Ils veulent qu’on les aide à relever les défis de l'exploration de l'espace lointain.

Ils veulent qu’on soit leur partenaire dans cette mission lunaire.

Et aujourd’hui, nous répondons à l’appel.

Le Canada met le cap sur la Lune.

Le bras canadien était essentiel à la navette spatiale.

Son successeur a construit la Station spatiale internationale.

Alors, il va simplement de soi que le bras qui effectuera les réparations et l’entretien du « Gateway » lunaire soit, une fois encore, fabriqué au Canada, par des Canadiens.

Et, bien sûr, l’intelligence artificielle et la robotique qui serviront à manipuler la troisième génération du bras canadien seront également élaborées au Canada, par des Canadiens.

Et, compte tenu de l’endroit où le « Gateway » s’installera, cet aspect est d’une importance cruciale.

Alors qu’on pouvait opérer la Station spatiale internationale à partir du sol en tout temps, le « Gateway » lunaire se trouvera à une distance qui exigera un degré d’autonomie encore jamais vu en robotique et dans les systèmes d’exploration humains.

Contrairement à la SSI, le « Gateway » ne sera pas occupé en permanence. Grâce à l’intelligence artificielle et à la robotique, il pourra effectuer ses opérations même sans la présence d’un équipage et lors des périodes où les communications avec la Terre seront interrompues.

Les Canadiens sont à l’avant-garde de cette technologie. Nous avons le talent et le savoir-faire nécessaires pour la mettre au point.

Le moment est venu d’être des chefs de file.

Grâce à notre participation au projet du « Gateway » lunaire, nous entrons dans une nouvelle ère d’excellence canadienne dans l’espace. Il s’agit de la pierre angulaire de la prochaine phase du programme spatial canadien.

À cette fin, le gouvernement du Canada investira 2,05 milliards de dollars sur 24 ans dans notre programme spatial et le projet du « Gateway » lunaire.

Cette nouvelle stratégie spatiale nous permettra non seulement d’assurer l’avenir de notre programme d’astronautes ainsi que la force de l’industrie aérospatiale, mais aussi de créer des emplois pour les Canadiens, d’encourager l’innovation et d’ouvrir la voie à des nouvelles découvertes scientifiques.

Près de 60 ans d’innovation canadienne dans l’espace nous ont menés ici.

Prêts à nous lancer dans une nouvelle mission.

Le Canada possède à la fois le savoir-faire et la chaîne d’approvisionnement nécessaires pour participer au « Gateway » lunaire.

Notre travail dans l’espace au cours des dernières décennies a permis à nos entrepreneurs de faire croître leurs entreprises et de mettre en place un réseau de talents et d’expertise dans l’ensemble du pays.

Notre participation à des projets ambitieux comme la Station spatiale internationale a permis aux entreprises canadiennes de se joindre à des missions dirigées par nos partenaires comme la NASA ou l’Agence spatiale européenne.

Nos PME pouvaient obtenir des contrats, multiplier leurs partenariats internationaux et avoir accès à des technologies nouvelles.

Aujourd'hui, 10 000 emplois canadiens dépendent de la présence du Canada dans l’espace, qu’il s’agisse des gens ici, à l’ASC, qui manipulent Dextre, la « main canadienne » ou de ceux qui ont fabriqué les satellites de surveillance de la Terre de la mission Constellation RADARSAT à Saint-Anne-de-Bellevue et à Richmond, en Colombie-Britannique.

La participation du Canada au projet du « Gateway » lunaire permettra non seulement de maintenir des emplois dans nos communautés, mais également de créer des opportunités de croissance et de prospérité sans précédent pour nos petites et moyennes entreprises.

De ces 2,05 milliards de dollars, notre gouvernement affectera 150 millions de dollars sur 5 ans pour aider nos PME à élaborer des technologies spatiales et les mettre à l’essai.

Grâce au « Gateway », nous avons également l’occasion de mettre à profit nos supergrappes, particulièrement celles qui sont liées à l’IA. Nous pourrons aussi veiller à ce que le Canada contribue à la prochaine génération de systèmes de robotique fondés sur l’IA et visant l’exploration de l’espace lointain.

Ces investissements créeront des centaines de bons emplois bien rémunérés au cours des 10 prochaines années – qu’il s’agisse d’emplois de scientifiques ou d’ingénieurs en passant par les techniciens et les programmeurs informatiques. De plus, ils permettront d’augmenter le produit intérieur brut du Canada de 100 millions de dollars par année.

Au cours des dernières années, comme parents, mentors et enseignants, nous avons encouragé les jeunes qui s’intéressent à la science et à la technologie à suivre leur passion et à travailler fort pour pouvoir, un jour, avoir un emploi qu’ils aiment.

En fait, c’est exactement ce que je fais en ce moment.

Ma fille Ella-Grace est déjà une mordue des sciences comme moi, alors je l’ai amenée avec moi pour l’annonce d’aujourd'hui.

On promet à nos enfants qu’ils pourront trouver l’emploi de leurs rêves, que leur travail acharné portera ses fruits.

Aujourd'hui, on donne suite à cette promesse.

Grâce à un programme spatial solide, les Canadiens seront mieux placés pour profiter d’une économie spatiale internationale qui croît rapidement – une économie qui triplera pour atteindre 1 100 milliards de dollars au cours des 20 prochaines années.

Il s’agit d’une occasion sans précédent pour le Canada de se démarquer.

On s’attend à ce que la robotique devienne encore plus importante à l’avenir – que ce soit pour explorer des planètes ou pour assurer l’entretien des satellites. Le Canada a ce qu’il faut pour jouer un rôle de premier plan dans cette prochaine étape de la technologie spatiale.

Cela dit, les retombées de l’innovation spatiale sont loin de se limiter à un seul secteur de l’économie.

Parce que si on n’avait pas participé à l’exploration spatiale, il ne fait aucun doute que les Canadiens d’un océan à l’autre auraient été privés de bons emplois, de meilleures opportunités et de grandes découvertes.

Des découvertes qui ont révolutionné la vie sur Terre – qu’on en soit conscient ou non.

En constatant le degré de radiation auquel les astronautes étaient exposés durant leurs sorties dans l’espace, on a pu concevoir un détecteur de radiation qui est utilisé dans plus de 1 000 cliniques de traitement du cancer à travers le monde.

Grâce à la technologie du bras canadien, des scientifiques et des ingénieurs ont mis au point des microscopes numériques et des bras robotisés qui ont révolutionné la neurochirurgie.

Nos satellites nous permettent de surveiller nos frontières, d’évaluer l’impact des changements climatiques, d’assurer l’accès aux services Internet à haute vitesse dans les régions et de faciliter les opérations de sauvetage.

Chaque nouvelle aventure dans l’espace nous a permis de faire des découvertes révolutionnaires qui ont amélioré la vie de millions de Canadiens.

Le « Gateway » lunaire et la prochaine phase de notre programme spatial ne feront pas exception à la règle.

L’investissement annoncé aujourd’hui va créer des nouvelles opportunités pour la recherche et l’innovation au Canada – que ce soit en reliant les Canadiens grâce à Internet haute vitesse, en améliorant l’accès à des aliments nutritifs dans les régions éloignées ou en développant des traitements médicaux.

Ce sont des défis auxquels les Canadiens sont confrontés tous les jours – des défis que nous allons continuer d’étudier dans l’espace pour trouver des solutions.

La feuille d’érable flottait au-dessus du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan ce jour-là parce que les Canadiens ont choisi d’aller dans l’espace.

Nous avons su reconnaître l’occasion qui se présentait à nous, et nous avons eu confiance en notre capacité unique de la saisir.

En 1962, nous avons entrepris d’atteindre une nouvelle frontière, comme on avait fait tant de fois auparavant. Mais c’est en tant que membre d’une équipe que le Canada a atteint l’espace.

Une équipe d’amis et d’alliés qui se sont rendu compte qu’ils pourraient en faire beaucoup plus ensemble qu’en travaillant chacun de son côté.

La Station spatiale internationale est peut-être le meilleur exemple de coopération pacifique entre les pays.

Elle représente le meilleur de ceux qui ont participé à sa construction – et démontre ce qu’on peut accomplir lorsqu’on travaille ensemble.

Le résultat, c’est près de 20 ans de présence humaine continue dans l’espace.

Près de 20 ans de collaboration, d’innovation et d’exploration.

Mes amis, il y aura toujours tant de choses que nous ne saurons jamais au sujet de notre univers.

En fait, l’exploration spatiale a peut-être suscité plus de questions qu’elle n’a apporté de réponses.

Mais, ce n’est pas pour cela que les êtres humains sont allés dans l’espace au départ.

Nous y sommes allés parce que nous voulions en apprendre davantage sur nous-mêmes.

Nous avons mis nos théories à l’épreuve, comme nous avons mis à l’épreuve notre résilience et notre détermination.

Et c’est de cette façon que nous avons découvert des moyens de rendre la vie sur Terre plus confortable, plus efficace et plus épanouissante.

Nous avons révolutionné notre façon de coexister et de communiquer. Et la façon dont nous veillons à la sécurité de tous.

Avec le « Gateway » lunaire, le Canada continuera de faire partie de l’équipe qui repousse les frontières de l’ambition humaine et les limites du possible.

L’équipe qui continuera d’inspirer des générations d’enfants – et d’adultes – à viser toujours plus haut et à aspirer à quelque chose de toujours plus grand.

J’ai maintenant le plaisir de céder la parole à une personne qui comprend peut-être mieux que quiconque toute l’importance que peut avoir la présence du Canada dans l’espace.

En direct de l’espace, veuillez accueillir David Saint-Jacques.