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LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

J’aimerais tout d’abord reconnaître que nous sommes sur le territoire ancestral du peuple algonquin.

Monsieur le Président, les gens sont troublés par ce qu’ils ont vu au cours de la dernière semaine. Jeunes, moins jeunes, Autochtones, nouveaux arrivants, les gens se demandent ce qui se passe dans notre pays. 

Ils se demandent ce qui nous attend.

Pour eux-mêmes. Pour leurs communautés. Pour le Canada.

Ils savent que ces manifestations sont sérieuses. Qu’il s’agit d’un moment déterminant pour notre pays et notre avenir.

Je le sais aussi.

De tous les côtés, les gens sont mécontents et frustrés. Je les comprends. C’est tout à fait compréhensible.

Parce que ça concerne des questions importantes : les droits et le gagne‑pain des gens, la primauté du droit et la démocratie.

Aux gens qui subissent les conséquences des barrages et des manifestations, vous traversez des moments difficiles.

Sachez que notre gouvernement travaille fort pour trouver une solution.

Notre priorité est de résoudre la situation de manière pacifique, mais aussi de protéger notre pays comme un État de droit.

Nous allons toujours défendre ce principe.

Il est temps, plus que temps, de résoudre cette situation.

Mais la situation que nous traversons n’a pas été créée du jour au lendemain. Elle n’a pas été créée parce que nous avons pris le chemin de la réconciliation dans notre histoire plus récente.

La situation existe parce que, durant trop longtemps dans notre histoire, durant trop d’années, nous n’avons pas pris ce chemin.

Trouver une solution ne sera pas facile.

Il faudra y mettre de la détermination, beaucoup de travail et il faudra coopérer.

Il n’y a aucune relation qui est aussi importante pour le Canada que celle que nous entretenons avec les peuples autochtones. Et aujourd'hui, en tant que premier ministre, je tends officiellement la main, encore une fois, en signe de partenariat et de confiance.

Depuis les 11 derniers jours, notre gouvernement a travaillé sur la voie à suivre, alors que plusieurs disent que nous devrions laisser tomber.

Parce que nous savons ce qui est en jeu. Nous savons qu’on ne peut pas se permettre d’échouer.

C’est pourquoi nous créons un espace nécessaire pour tenir un dialogue pacifique et honnête avec des partenaires disposés à le faire. Comme nous l’avons entendu ce matin de la part de dirigeants mohawks et du chef national Perry Bellegarde, il faut résoudre cette situation dans le dialogue et le respect mutuel.

Aux nations Wet’suwet’en et Mohawk, et aux dirigeants autochtones à travers le pays, je vous le dis : nous sommes à l’écoute.

Nous ne vous demandons pas d’arrêter de défendre vos communautés, vos droits et vos convictions. Nous vous demandons simplement d’être prêts à travailler en partenariat avec le gouvernement fédéral pour trouver des solutions.

Vous nous rappelez, avec raison, que la confiance a trop souvent été trahie dans l’histoire des négociations autochtones avec les gouvernements du Canada. En fait, cette histoire met en évidence la difficulté de résoudre cette situation aujourd'hui.

Nous avons comme terrain d’entente notre désir commun d’en arriver à une solution.

Nous ne pouvons pas résoudre la situation par nous‑mêmes.

Tout comme nous demandons aux dirigeants autochtones d’être des partenaires, nous demandons à tous les Canadiens de faire preuve de détermination et de collaboration.

Chacun a un rôle à jouer pour trouver la bonne solution.

Soyons clairs :

Notre gouvernement va continuer de travailler jour et nuit pour rapidement et paisiblement trouver une solution.

Dans le passé, nous avons vu à quel point ces situations peuvent changer rapidement.

Je sais qu’on veut tous trouver une solution, mais en même temps, il faut absolument éviter que les choses s’aggravent.

Hier, j’ai encore réuni les membres du Groupe d’intervention en cas d’incident pour discuter de la situation et de la marche à suivre.

Je me suis également entretenu avec les premiers ministres provinciaux pour parler des conséquences qu’ont les barrages sur les agriculteurs, les entrepreneurs, les familles et les travailleurs d’un bout de ce pays à l’autre.

Au cours de la fin de semaine, le ministre des Services aux Autochtones a rencontré des représentants de Tyendinaga et d’autres membres de la nation Mohawk. J’ai promis aux chefs héréditaires Wet’suwet’en que la ministre des Relations Couronne-Autochtones les rencontrerait à tout moment, et j’espère qu’ils accepteront cette offre.

Nous avons maintenant l’occasion de rapprocher ces points de vue.

Parce que, Monsieur le Président, quel autre choix avons-nous? Voulons-nous devenir un pays marqué par des différences irréconciliables? Où les gens se parlent, mais refusent de s’écouter? Où les politiciens ordonnent à la police d’arrêter des gens? Un pays où les gens pensent qu’il est acceptable de barrer des voies ferrées et de mettre des vies en danger? C’est tout simplement inacceptable. Nous ne pouvons pas régler ces problèmes dans les marges. Ce n’est pas le chemin à suivre. Je sais que les gens commencent à manquer de patience. Nous devons trouver une solution, et nous devons la trouver maintenant.

J’ai déjà parlé dans cette Chambre des manifestations que mon père a connues lors du débat au sujet des Autochtones et des droits issus de traités dans la Constitution.

Plus de 30 ans plus tard, beaucoup de ces questions persistent.

C’est pourquoi nous devons accélérer encore davantage la cadence des changements. 

Et pas seulement en ce qui concerne cette situation.

Même si nous avons investi plus que tout autre gouvernement pour rectifier des torts historiques, pour combler des écarts persistants, nous savons qu’il reste encore du travail, beaucoup de travail à faire.

Il est inacceptable qu’il y a encore des gens qui n’ont pas accès à de l’eau potable.

Que les disparitions et les meurtres de femmes et de filles autochtones se poursuivent.

Que des gens n’ont pas accès à un logement ou à une bonne éducation.

Il est inacceptable de constater que des peuples autochtones se voient encore refuser des droits et des terres, Monsieur le Président, alors il faut continuer de trouver des solutions.

Et c’est possible seulement en travaillant ensemble et en écoutant.

Monsieur le Président, en tant que pays, nous sommes appelés à choisir la marche à suivre.

C’est à nous de choisir le respect et la communication.

Nous ne devons pas nous engager dans une voie où nous refusons d’écouter, où nous cédons aux hostilités. 

Ce n’est pas la solution. 

Il y a ceux qui voudraient nous voir agir sans réfléchir.

Qui veulent réduire la situation à de simples slogans et ne pas tenir compte de sa complexité.

Qui pensent que la solution passe par la force.

Ce n’est pas le cas.

La patience n’est peut-être pas éternelle, mais c’est ce qui la rend plus précieuse que jamais.

Les droits des peuples autochtones, la lutte contre les changements climatiques, l'ordre public, ainsi que bâtir une économie propre ne sont pas des objectifs que nous allons atteindre en affaiblissant notre démocratie.

Monsieur le Président, dans ce pays, nous nous trouvons devant de nombreux débats de fond qui sont importants.

Des débats sur le futur de nos enfants, sur l’avenir de notre environnement, sur nos relations avec les pays à travers le monde, sur notre positionnement face aux enjeux fondamentaux dans cette époque d’inquiétude. Et de plus en plus de Canadiens sont impatients d’obtenir ces réponses.  

De plus en plus de gens ressentent de la frustration devant tant d’incertitudes. Et ces débats sont de plus en plus intenses, en marge des conversations démocratiques. 

Nous devrions tenir ces débats ici, dans cette Chambre, et nous devrions les tenir aussi dans nos maisons et dans les centres communautaires de ce pays.

Et oui, les Canadiens doivent toujours être en mesure de manifester et d’exprimer leurs frustrations. Mais nous devons également nous assurer de nous écouter les uns les autres. Monsieur le Président, le populisme qui se propage dans nos démocraties ces jours-ci vise à encourager les gens à écouter seulement les personnes qui sont d’accord avec eux et non ceux qui ont une opinion différente.

Il faut discuter avant d'agir. Il faut tenir un débat raisonnable et raisonné, ce qui est au cœur de ce que nous devons faire pour continuer à avancer en tant que pays.

Les droits des peuples autochtones, la lutte contre les changements climatiques, l'ordre public et bâtir une économie propre ne sont pas des objectifs que nous allons atteindre en affaiblissant notre démocratie. 

Nous devons être honnêtes sur la raison de notre présence ici. Nous devons être prêts à travailler ensemble pour aller de l'avant.

Et pas seulement dans les jours à venir, mais alors que nous progressons sur tous les fronts, qu’il s’agisse de mettre en œuvre les droits et les titres autochtones, de réparer les torts historiques et de lever les avis à long terme sur l'eau potable. En tant que pays et en tant que gouvernement, nous devons poursuivre le travail que nous avons entrepris. Et nous devons continuer à avancer sur cette voie ensemble. À tous, je dis que nous tendons la main de bonne foi pour poursuivre le dialogue. L'occasion est là, maintenant.

Nous sommes tous dans le même bateau.

Les travailleurs, les aînés, les chefs autochtones, les manifestants, les policiers.

Ayons le courage de saisir cette occasion et d'agir ensemble.

Afin de tracer un meilleur chemin pour tous les Canadiens.

Merci, Monsieur le Président.