Transcription - Le premier ministre Trudeau s’adresse aux étudiants de l’Université de New York (NYU)
Le premier ministre Trudeau s’adresse aux étudiants de l’Université de New York (NYU)
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU (Premier ministre du Canada) : Bonjour, NYU.
Vous avez dit quelque chose qui a piqué ma curiosité. Est-ce que tous les Canadiens dans la salle pourraient lever la main ?
D’accord. Est-ce que tous les non-Canadiens dans la salle pourraient lever la main ?
Bon. Les non-Canadiens sont plus nombreux. Excellent.
Ceux parmi vous qui ne sont pas canadiens pourraient être surpris de voir tant de Canadiens ici, à New York. Il n’y a pas de quoi être surpris. Beaucoup de Canadiens travaillent partout dans le monde, à l’ONU, dans de grandes villes du monde, dans le domaine des arts, ainsi que dans tous les domaines d’activité imaginables, en science et en recherche, dans tous les domaines.
C’est donc toujours un vrai plaisir pour moi de parcourir le monde et de rencontrer tant de gens qui sont des Canadiens ou qui ont des amis canadiens, des collègues qui sont des Canadiens, ou encore qui étudient avec des Canadiens. C’est vraiment quelque chose d’extraordinaire à célébrer pour un pays comme le nôtre qui est si engagé et qui s’intéresse tant au reste du monde.
Franchement, l’un des points sur lesquels j’essaie d’insister, c’est qu’au cours de la dernière campagne électorale, les gens parlaient beaucoup de ce que nous pourrions faire et de ce que nous avons pu faire depuis la campagne électorale, mais beaucoup de ce que nous avons fait, ce qui est au cœur de ce que nous avons fait, nous l’avons fait après avoir écouté les Canadiens, avoir échangé avec les gens, avoir parlé du genre de gouvernement que nous voulons, du genre de valeurs que nous voulons proposer dans le monde, pour que les gens élus et le gouvernement qu’ils allaient former correspondent à ces idéaux et à ces valeurs. Notre manière de tendre la main aux jeunes était pour moi très importante, bien franchement, en raison de mon cheminement personnel, de mon activisme auprès des jeunes jusqu’à la politique. J’ai été pendant quelques années à la tête du programme national de service à la jeunesse du Canada, à me buter directement au gouvernement fédéral, qui n’était pas toujours enthousiaste à l’idée d’investir dans des programmes pour les jeunes. Et on peut dans une certaine mesure comprendre pourquoi tant de personnalités politiques sont tentées d’écarter un peu les jeunes, à cause du cercle vicieux qui fait que si les jeunes ne votent pas, alors les gens qui font de la politique ne s’adressent pas à eux et ensuite, les jeunes se sentent encore moins valorisés ou intéressés à la politique, ce qui fait que les jeunes votent moins, ou moins que d’autres groupes démographiques.
Mais d’après moi, après avoir travaillé avec tant de jeunes pendant que j’étais enseignant, puis comme activiste, cette attitude venait d’une fausse supposition selon laquelle les jeunes ne se préoccupent pas du reste du monde, ou qu’ils ne s’intéressent pas à ce que fait leur communauté, à l’orientation que nous prenons ou à la manière dont les choses se passent. Les jeunes – comme vous le savez – sont plus intéressés, plus engagés, plus concernés que toutes les autres générations de jeunes qui les ont précédés, et ils ont davantage d’outils. Ils sont simplement frustrés qu’on ne les écoute pas vraiment et de ne pas pouvoir influer sur le monde et opérer un changement. Et franchement, comme le monde politique ne valorisait pas beaucoup l’apport des jeunes, pourquoi alors y entrer ?
Et nous avons vu que c’était souvent ce qui se passait au Canada et qu’en même temps, les gens étaient cyniques à l’égard de la nature divisive et agressive de la politique. Alors, nous avons présenté un message beaucoup plus axé sur l’écoute, sur la collaboration, sur le respect, sur la recherche d’un terrain d’entente, sur le ralliement, pour inciter vivement les jeunes à agir, pas seulement pour leur faire remplir des enveloppes ou mettre des piquets pendant la campagne, mais pour définir les politiques, l’engagement et la mobilisation de manière concrète. Et ce modèle … le nombre de gens qui m’ont dit que leurs enfants les avaient convaincus de voter pour nous, c’était vraiment rassurant pour moi parce que vous savez, ce n’est pas nécessairement ce qui se passe avec un modèle traditionnel.
Donc, pour moi, en regardant vers l’avenir, en regardant cette génération qui grandit et que vous représentez tous ici, cet enthousiasme, cet engagement à l’égard des grands enjeux épineux de notre époque, qu’il s’agisse de changement climatique et de nous assurer de bâtir une économie solide, remplie de possibilités, sur la bonne voie, en incluant tout le monde, tout en protégeant aussi le monde naturel, l’écosystème, les services, et l’environnement sur lequel repose tout ce que nous avons, y compris notre économie.
L’un des grands défis de notre époque est de l’accomplir ensemble. C’est pourquoi, vous savez, nous sommes ici, à New York, au nom de notre pays, pour signer la déclaration de Paris, pour avancer concrètement, même si nous savons tous que ce ne sera pas facile. Tous les pays du monde auront des défis immenses à relever, y compris les pays – et spécialement les pays comme le Canada – dont l’économie est encore en grande partie liée à ses ressources naturelles, ce qui franchement sera toujours le cas. Mais notre manière d’innover et de faire mieux, de consommer l’énergie de manière plus efficient, de réduire davantage nos émissions et d’agir de manière plus responsable, c’est ainsi que nous bâtirons une économie plus forte.
Qu’il s’agisse de ressources naturelles et d’énergie, qu’il s’agisse de la diversité – dont notre pays tire une force extraordinaire – qu’il s’agisse pour le Canada de s’engager tout naturellement dans le monde parce que cet engagement fait partie de son identité, je suis vraiment, vraiment enthousiasmé par ce que je peux montrer comme Canadien de ce que nous faisons dans le monde, mais aussi par les possibilités que nous avons collectivement comme citoyens, à un moment où le monde entier affronte des défis vraiment intéressants et de réelles difficultés. Donc, cette occasion que j’ai maintenant d’échanger avec vous tous est vraiment, vraiment importante pour moi. Et je sais que vous vous attendez tous à y gagner quelque chose – vous êtes venus au moment où la période des examens approche – vous avez fait une pause dans vos études et vos cours pour venir m’entendre, alors vous pensez en retirer quelque chose. Je vais vous dire qu’en ce qui me concerne, … je vais en retirer énormément parce que les questions que vous allez me poser au cours de la prochaine heure vont m’aider à me souvenir de ce qui compte vraiment pour vous, de vos préoccupations, des enjeux qui selon vous réclament davantage d’action ou des questions auxquelles vous avez du mal à trouver une réponse … C’est une occasion que vous avez de poser des questions, de les confronter, de partager vos préoccupations et vos inquiétudes avec quelqu’un qui, bien franchement, a essayé, j’ai essayé pendant toute ma carrière de le faire et je m’accroche à la possibilité de continuer à le faire maintenant que j’occupe un poste de gouvernance, parce qu’en maintenant le contact avec vous tous, vous qui réfléchissez très sérieusement et profondément, pas seulement à l’avenir de manière abstraite, ce que vous faites, mais aussi d’une manière très concrète en accueillant le changement.
Je veux dire que lorsqu’on commence à vivre en pensant à sa carrière, à son hypothèque, aux factures d’orthodontiste de ses enfants et à ses économies en vue de la retraite, la réflexion à long terme devient plutôt linéaire. On a une vision du monde qui va rester assez stable. Or, vous en êtes tous au point où, pour la plupart, vous n’avez aucune idée où vous en serez dans deux ou trois ans, ni de ce que vous ferez, de l’endroit où vous vivrez, du genre d’aventures ou des défis que vous affronterez. Cette capacité de se passionner et d’envisager un changement radical avec optimisme, qui est maintenant la norme et l’a été pendant que vous étiez à l’école secondaire, au collège, à l’université et sur le milieu du travail, … c’est un aspect de votre vie dont notre société a besoin pour nous remettre en question et nous pousser à réfléchir en dehors de la zone de confort d’un avenir prévisible.
Je pense que c’est pourquoi les jeunes en sont venus à occuper une place si essentielle, puissante et influente, au moment où nous cherchons à bâtir un meilleur avenir pour notre planète et sur notre planète.
Je suis donc vraiment touché d’être ici ce matin et je me réjouis de répondre au plus grand nombre de questions possible au cours de la prochaine heure.
Donc, merci beaucoup tout le monde, et je pense que nous allons commencer dès maintenant. Je vais faire le tour de la salle jusqu’à ce que je sois étourdi et que je tombe ou jusqu’à ce que vous n’ayez plus de questions.
Donc, commençons. Allons-y. Avec quelqu’un … ici.
ÉTUDIANT(E) : Bonjour Monsieur le Premier ministre. C’est vraiment formidable de vous voir en personne. C’est un grand honneur que vous nous faites de venir à notre université.
Je suis vraiment content(e) que vous ayez commencé la conversation en parlant de l’engagement des jeunes parce que d’après moi, comme Canadien(ne), c’est un enjeu pour nous aussi. Mes camarades et moi, nous nous sommes sentis désengagés, en partie à cause du système électoral, et je demandais si vous aviez l’intention d’éliminer le scrutin majoritaire uninominal un tour en faveur d’un système canadien de représentation un peu plus proportionnel ?
Merci.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Merci beaucoup.
Nous… je me suis engagé à procéder à une réforme électorale. La dernière élection aura été la dernière à se tenir au Canada sous un système de scrutin majoritaire uninominal à un tour.
Il y a de nombreux aspects qui méritent réflexion sur ce dont nous avons besoin et le genre de système que nous devons mettre en place. En ce qui me concerne, je reviens toujours à la raison d’être fondamentale. Si nous faisons un changement, pourquoi le faisons-nous et quel résultat voulons-nous obtenir ? Quand on parle à quelqu’un au sujet de la réforme électorale, ce qu’on entend en premier c’est qu’il faut s’assurer que chaque vote compte. À cela, je réponds d’accord, c’est bien, mais pourquoi ? Quel est le résultat recherché ? Ce n’est pas seulement un exercice intellectuel sur ce à quoi la démocratie idéale pourrait ressembler.
Le résultat que nous voulons avec n’importe quel système électoral, c’est un bon gouvernement, une bonne gouvernance, qui soit le reflet du point de vue des Canadiens, où la voix de chaque électeur compte, qui soit le reflet des préoccupations, des espoirs et des rêves du plus grand nombre de gens, et un gouvernement qui prenne de bonnes décisions dans l’intérêt du pays, à la fois à court terme et à long terme. C’est la raison d’être des élections, obtenir un bon gouvernement.
Maintenant, la question de savoir comment y arriver est vraiment compliquée et la réponse varie à l’échelle du monde entier, selon le pays et l’administration dont il s’agit.
Dans un pays dont le territoire est peu étendu et assez homogène, il peut y avoir un système qui fonctionne très bien et qui convient, mais qui ne fonctionnerait pas dans un grand pays hétérogène, où les populations sont très inégalement réparties.
Donc, la réflexion que j’essaie d’amorcer en ce moment est très axée sur les questions fondamentales suivantes : quel est le meilleur moyen de donner à un pays de bons gouvernements et une bonne gouvernance ? Quelles sont les valeurs qui sous-tendent les principes de notre système électoral ? Et en mettant à part la question de savoir si ceci sera bon pour tel type de parti politique et cela sera bon pour tel autre type de parti politique, prenons un exemple simple comme la diversité. Nous voulons que notre gouvernement et notre Parlement soient le reflet d’un large éventail de Canadiens, vrai ?
Absolument. Nous nous entendons tous sur ce point. Alors, il y a une multitude de moyens de le faire.
On peut avoir 50 partis différents à la Chambre des communes, dans notre Parlement, représentant chacun une perspective, un point de vue différent et s’exprimant différemment en s’assurant de faire valoir la diversité. Ou bien, on peut avoir un moins grand nombre de partis politiques qui soient mieux en mesure d’inclure une large gamme de voix et de perspectives. Est-ce qu’on veut attirer l’attention sur la différence ou attirer l’attention sur le compromis et l’inclusion ?
Je ne vais pas répondre à ces questions, même si j’y réfléchis à titre de chef d’un Parti libéral qui loge sous une grande tente, qui apprécie la diversité, mais ce que nous pensons c’est que nous devons nous poser ces questions.
À quoi devons-nous donner de l’importance ? Devons-nous donner davantage d’importance et davantage voix au chapitre aux minorités au Canada ?
Avons-nous une Charte qui le fait raisonnablement bien et devons-nous plutôt chercher à fusionner des thèmes et des valeurs qui se rejoignent ? Il s’agit d’une question fondamentale vraiment intéressante en lien avec notre système de gouvernance, presque au niveau de la science politique, sur laquelle j’espère bien que nous pourrons nous pencher de manière réfléchie, responsable, sans nous limiter à l’impact sur un parti politique préféré lors de la prochaine élection, parce que, bien franchement, je fais confiance aux électeurs. Je fais confiance aux citoyens, je sais qu’avec n’importe quel système, ils obtiendront un résultat qui leur ressemble, mais en même temps, est-il possible d’optimaliser ce système afin qu’il représente le plus possible les valeurs, les points de vue, les espoirs, les rêves, les préoccupations de l’électorat.
C’est pourquoi je suis passionné par cette conversation, mais en même temps, je suis confronté au fait qu’il y a eu une énorme volonté de réforme électorale lorsque le système électoral actuel a donné un résultat qui a mécontenté beaucoup de gens et que jusqu’à présent, les gens semblent assez contents de ma manière de gouverner et disent que bon, le système électoral a fonctionné très bien parce que nous avons obtenu un bon gouvernement. Je crois quand même que nous devons insister pour une réforme électorale parce que, vous savez, nous devons avoir un meilleur système, qui résiste à l’épreuve du temps et qui n’oblige pas à osciller sans arrêt, selon que nous l’aimons, que nous ne l’aimons pas, que nous l’aimons, que nous ne l’aimons pas.
En tout cas… je vais essayer de faire des réponses plus courtes parce que je sais qu’il y a beaucoup de questions. Allons-y. Quelqu’un d’autre. Voilà.
ÉTUDIANT(E) : Comme diplômé(e) de l’école secondaire Sir Winston Churchill, je tiens à dire que je regrette que vous vous ne soyez jamais venu dans notre classe, mais je vous suis quand même reconnaissant(e) de nous permettre de vous poser des questions aujourd’hui. Ma question est la suivante… je pense que beaucoup de jeunes électeurs, comme moi, qui ai voté pour la première fois lors de votre élection, sont désillusionnés parce que beaucoup de candidats politiques promettent un changement radical, puis disparaissent une fois élus. Je me rappelle que vous vous avez beaucoup fait campagne contre le bâtisseur de pipelines Harper, mais récemment, vous avez promis de bâtir davantage de pipelines en Alberta. Comment... Comment faites-vous pour justifier devant nous, les jeunes, que vous n’investissez pas dans l’énergie verte et que plutôt, vous injectez encore de l’argent dans des sables bitumineux sales. Vous savez, comment vous justifiez-vous devant les jeunes et comment les jeunes devraient-ils se sentir lorsqu’on leur promet beaucoup de changements radicaux puis qu’on change d’avis par la suite ?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : C’est une excellente question, qui soulève un point qu’il faut souligner, à savoir que chaque électeur a la responsabilité de s’informer au sujet des positions que prennent les gens. Je suis venu à New York il y a environ deux ans lorsque j’ai été élu pour la première fois … pardon, à Washington, il y a deux ans et demi, quand j’ai été élu chef du Parti libéral et j’ai présenté de solides arguments en faveur de l’approbation de l’oléoduc Keystone XL. Et je les ai présentés dans une salle remplie de démocrates américains et de libéraux qui n’étaient pas d’accord avec moi.
Mais j’ai toujours dit que nous devions continuer à faire croître notre économie et à créer des emplois. Nous devons absolument mieux veiller à ce que ce ne soit pas au prix de la planète ou de nos propres jardins ou du monde où nos enfants et nos petits-enfants peuvent espérer pouvoir grandir.
Et je comprends mieux que n’importe qui à quel point le gouvernement précédent ne s’est pas très bien préoccupé du tout de l’environnement. C’est pourquoi on a pris un raccourci pour se préoccuper du changement du climat et réclamer de l’action en diabolisant les ressources énergétiques énergétiques de l’Ouest canadien. Il était facile d’en faire un bouc émissaire. C’est facile de dire que pour sauver la planète, il suffit de bloquer ces pipelines et que tout sera réglé.
Nous savons bien que ce n’est pas le cas … qu’il s’agit d’une solution simpliste qui peut être très attrayante, mais si nous devions ne plus nous servir de nos autos et si nous cessions dès demain de consommer des combustibles fossiles, il faut se rendre compte que notre monde s’arrêterait d’un coup sec. Donc, nous devons être beaucoup plus réfléchis et raisonnables dans notre approche. En ce moment le pétrole est transporté par voie ferroviaire à travers le Canada et il suffit d’avoir jeté récemment un coup d’œil dans les quotidiens pour savoir que les catastrophes ferroviaires impliquant des combustibles fossiles ont eu un impact terrible, et que les pipelines sont en fait un moyen plus sûr de transporter le pétrole.
Maintenant, est-ce que je suis d’accord pour dire que dans l’avenir nous allons devoir renoncer aux combustibles fossiles? Absolument.
Cet avenir, commence-t-il demain ? Non. Donc, entre-temps, comment faire pour agir de la manière la plus responsable qui soit en exploitant nos ressources naturelles, en les extrayant, en les transportant et en même temps, comment faisons-nous tout ce que que nous pouvons pour abandonner les combustibles fossiles, pour les remplacer par des énergies renouvelables, pour trouver des solutions, pour explorer ces solutions qui feront en sorte que nous pourrons officiellement renoncer aux combustibles fossiles ?
Nous sommes beaucoup mieux en mesure d’agir ainsi en ayant la capacité d’investir et de faire de la recherche, vous savez, qu’au coin du feu dans cent ans, après un effondrement dû au fait que nous ne nous y sommes pas mis avant.
Ce que je veux dire c’est… qu’il s’agit de questions complexes pour lesquelles, collectivement, nous faisons tous partie de la solution. Plus nous dialoguerons de façon responsable et réfléchie au lieu d’essayer de jeter le blâme d’attirer l’attention sur un domaine particulier parce qu’il a mauvaise presse depuis les dix dernières années… Ce n’est pas une approche très responsable face à quelque chose de très compliqué qui reste, à mon avis, très nécessaire. Par conséquent, ma position a toujours été la suivante : nous devons veiller à pouvoir offrir de bons emplois et un avenir prometteur, mais nous assurer qu’à l’avenir, une part toujours croissante de ces emplois ne dépendra pas d’une économie à haute teneur en carbone. Les solutions seront liées à l’éducation, l’innovation, aux sciences et aux économies. Elles consisteront à changer la façon dont nos villes fonctionnent, à investir dans le transport public et dans la recherche. Nous travaillons ardemment à toutes ces choses en tant que gouvernement, mais cela n’arrivera pas demain. Et il faut que tout le monde fasse partie de la solution pour que cela se produise assez rapidement pour empêcher le réchauffement de 2 degrés ou, idéalement, le réchauffement de 1,5 degré qui, nous le savons, pourrait s’avérer extrêmement problématique pour le monde.
Merci.
Cette section. Voilà
ÉTUDIANT : Bonjour Monsieur le Premier Ministre, et merci d’être venu à l’Université de New York au lieu d’aller à Columbia ce matin.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Ah, vous savez…
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Il n’y a vraiment pas de quoi. ÉTUDIANT : J’ai été bénévole Minister lors de la campagne de la ministre McKenna et j’ai vraiment senti cette participation des jeunes au sein du Parti libéral.
Malheureusement, je crois qu’une grande partie de notre jeunesse au Canada est marginalisée, et il s’agit de la population des Premières Nations au Canada. Je crois aussi que, sur le plan traditionnel, elles peuvent montrer l’exemple quant à la façon de traiter notre environnement et notre monde. Vous savez, dans les Premières Nations, un enfant sur deux vit dans la pauvreté et seulement quatre sur dix finira l’école secondaire. Votre gouvernement a-t-il un plan pour améliorer leur qualité de vie ?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Absolument. Merci.
Merci de votre bénévolat durant la campagne, mais merci d’aller directement au cœur de l’un des très, très graves problèmes auxquels nous faisons face.
Ma prochaine question viendra du fond de la salle, alors je ne vous ai pas oublié, mes amis, et nous y viendrons. Je m’assurerai qu’il y ait un micro là-bas.
En fait, le Canada est plutôt efficace pour clamer haut et fort les vertus des droits et de la personne, le développement et les gestes positifs sur la scène mondiale, mais, s’il nous faut être honnêtes, nous devons réfléchir au fait qu’au cours des dernières décennies et, en fait, des derniers siècles, nous n’avons pas réussi à respecter l’esprit et l’intention des relations d’origine avec les populations autochtones que les pionniers ont rencontrées lorsque nos ancêtres sont arrivés sur l’Île de la Tortue. Nous les avons constamment marginalisées et avons adopté des comportements coloniaux, destructifs et assimilateurs qui ont laissé une foule de problèmes dont a hérité une grande partie de la population canadienne, nos peuples autochtones. C’est pourquoi l’une des choses auxquelles nous nous sommes engagés consiste à refaçonner cette relation, à nouer une nouvelle relation fondée sur le partenariat, sur la confiance, sur un dialogue de nation à nation qui respecte le fait que nous sommes censés collaborer et travailler ensemble à titre de cointendants de ce territoire et mettre en place un avenir plus prometteur et de plus grandes possibilités pour tous ceux qui y vivent. La vérité, c’est que les montants investis dans l’éducation des jeunes issus des communautés autochtones sont moindres que ceux investis pour la jeunesse non autochtone, et il faut établir la parité. Nous devons régler les problèmes d’infrastructure. Nous devons mettre fin aux avis d’ébullition de l’eau qui sont encore en vigueur. Nous devons nous pencher sur la situation de l’éducation, de la santé, de la santé mentale et des problèmes de dépendance au sujet desquels, malheureusement, de mauvaises nouvelles nous parviennent presque chaque semaine ces jours-ci.
Il y a énormément de travail à faire. Dans le cadre de notre dernier budget, déposé il y a quelques semaines, nous avons commencé par prévoir un investissement de 8,4 milliards de dollars sur cinq ans pour commencer à aller de l’avant de façon significative. Ce financement en fonds nouveaux est le plus important jamais accordé aux communautés autochtones, mais il ne suffira pas. Et ce problème ne se réglera pas du jour au lendemain; c’est un dossier que nous devrons garder à l’œil au fil des ans. Cependant, nous commençons à bien faire les choses et je suis encouragé des conversations que j’ai eues avec les dirigeants autochtones, mais aussi avec de formidables jeunes qui, dans des circonstances très difficiles, répondent à l’appel dans les communautés de partout au pays en affichant leur leadership et leurs compétences, et pour montrer qu’il existe un avenir extraordinaire non seulement pour eux-mêmes, mais pour l’ensemble du pays si nous commençons à vraiment bâtir une bonne relation.
Merci.
Une question du fond de la salle.
ÉTUDIANT : Bonjour.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : J’aime votre chandail.
ÉTUDIANT : Merci. Merci. Je m’appelle Jake. Je suis étudiant au Collège des arts et des sciences. Et comme vous l’avez tous remarqué à cause des rires, je pense que mon chandail révèle ma nationalité. Ma question…
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Nous sommes modestes, mes amis, vous savez. Les Canadiens. Oui.
ÉTUDIANT : C’est la première fois que j’ai l’occasion de manifester mon patriotisme en tant qu’étudiant ici, alors c’est une belle journée. Merci d’être des nôtres. Ma question porte sur le maintien de la paix. Et en ayant grandi en tant que Canadien, ayant été à l’école et ayant compris l’héritage que nous a légué le très honorable Lester B. Pearson ainsi que ses programmes, qui ont véritablement fait de lui le père du programme de maintien de la paix des Nations Unies, il me semble qu’au cours des dernières décennies, les efforts que nous déployons au sein du programme de maintien de la paix des Nations Unies ne sont pas
du même ordre que ce qu’ils ont été en… par exemple, durant la crise du canal de Suez lorsqu’elle a commencé. Plus récemment, ce fut au tour de quelqu’un comme Roméo Dallaire durant la crise du Rwanda, un homme à qui près de 32 000 personnes, je crois, doivent la vie. Et au cours des dernières années, parmi les 70 000 Casques bleus de l’ONU, on comptait seulement environ 131 Canadiens.
Je me demandais ce que votre gouvernement comptait faire pour, peut-être, revitaliser, revigorer nos efforts de maintien de la paix et vraiment montrer que le fait de participer aux efforts de maintien de la paix dans le monde en tant que Canadiens n’appartient pas seulement à notre passé, mais également à notre avenir.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Excellent. Merci beaucoup de votre question. Et l’un des engagements que nous avons pris consiste en fait à rétablir notre participation aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Lorsque le président Obama, en septembre dernier, a en quelque sorte régénéré et relancé le programme de maintien de la paix de l’ONU, je me suis levé et j’ai dit oui, le Canada a énormément à offrir, qu’il s’agisse d’officiers bilingues, de spécialistes, de la capacité d’établir des dialogues dans le monde dans des endroits difficiles sans porter le bagage que portent tellement de pays occidentaux, soit des passés coloniaux ou les critiques souvent entendues liées à une perception d’impérialisme à l’égard des Américains. C’est un défi que le Canada a réellement raison de choisir de relever.
Mais je veux souligner que beaucoup de gens ont tendance à oublier certains épisodes de notre histoire lorsqu’il est question de maintien de la paix.
Si nous avons été en mesure de jouer un rôle important dans la création des Casques bleus des Nations Unies, ce n’est pas seulement parce que Lester Pearson était un brillant diplomate – même si, bien entendu, il l’était – et ce n’est pas seulement parce que nous sommes gentils et polis et amicaux et, vous savez, nous avons l’air d’être bons pour assurer le maintien de la paix. Même si cela fait probablement partie de la réponse aussi. Mais ce qui explique en
grande partie cette raison est que le Canada est réputé pour répondre à l’appel.
Dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, sur les plages de la Deuxième Guerre mondiale, les Canadiens ont combattu comme des lions dans des des théâtres loin de chez eux qui ne représentaient pas une menace directe pour le Canada. Les Canadiens, pour la plupart de jeunes hommes venus de communautés de partout au pays, ont répondu à l’appel et ont donné leur vie pour la paix et pour leurs valeurs dans des conflits lointains. Et cela a façonné notre pays.
L’an prochain, comme beaucoup d’entre vous le savent, nous soulignerons le 150e anniversaire la Confédération, ce qui est formidable, et j’encourage ceux et celles qui, parmi vous, ne sont pas des Canadiens à venir visiter le Canada parce que c’est un endroit fantastique et que l’an prochain sera un moment formidable pour y aller. Mais, en même temps, beaucoup d’entre nous songerons au fait que l’an prochain sera aussi le 100e anniversaire du moment où, pour plusieurs, le Canada est réellement devenu une nation dotée d’une identité propre, à un endroit qu’on appelle la crête de Vimy et où des soldats canadiens, pour la première fois durant la Première Guerre mondiale, ont été rassemblés en un seul groupe représentant toute la diversité – qui était moins importante qu’aujourd’hui, mais qui représentait quand même une importante diversité d’anglophones, de francophones, d’Autochtones et autres – des membres qui se sont unis, ont eu le sentiment d’être
Canadiens et ont gagné la bataille au prix d’immenses sacrifices, mais avec un courage immense, en tant que Canadiens. Et ce fut un moment fondamental pour nous.
C’est pourquoi, lorsque nous regardons les opérations de maintien de la paix aujourd’hui et les exigences qui y sont liées – qui ne consistent pas, vous savez, à nous tenir en ligne comme nous l’avons fait à Chypre, entre deux pays qui ne peuvent pas se tirer dessus parce qu’ils pourraient abattre un Canadien se trouvant au milieu et qui, donc, décident de ne pas se tirer dessus – ce qui est une simplification du principe de s’imposer entre deux États – et c’est ce en quoi le maintien de la paix consistait dans le passé. De nos jours, le maintien de la paix met en jeu des États en déroute, des acteurs non étatiques, des opérations de lutte contre le terrorisme et de contre-insurrection qui sont beaucoup plus compliquées qu’auparavant et, bien franchement, le Canada, dans le cadre de missions de l’OTAN, dans le cadre de sa participation en Afghanistan et dans le monde entier a continué de répondre à l’appel. Par conséquent, même si nous n’avons pas été aussi présents que nous l’avons déjà été dans les missions de maintien de la paix de l’ONU au cours des dernières années, nous avons quand même été très, très présents aux quatre coins du monde.
Pouvons-nous en faire davantage? Devrions-nous en faire davantage ? Absolument. C’est pourquoi nous avons rétabli le dialogue et réaffirmé notre engagement envers l’ONU et le programme de maintien de la paix. Parce que nous avons fondamentalement foi en le multilatéralisme et le travail qui peut être accompli. Mais n’oublions pas d’où nous venons en tant que peuple prêt à répondre à l’appel et à combattre et à se sacrifier pour ces valeurs en lesquelles nous croyons profondément et que nous sommes prêts à partager avec le monde.
Merci beaucoup.
Prochaine question. Oui. ÉTUDIANT : Bonjour. Je m’appelle Jihan. J’ai une double citoyenneté américaine et canadienne, alors merci d’être des nôtres. Je fais des études préparatoires à la médecine et je sais que, récemment, vous avez parlé de suicide assisté. Je me demandais si vous pourriez nous dire, particulièrement parce qu’il s’agit d’une question si controversée au Canada et en Amérique, pourquoi c’est si important.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Je suis libéral, ce qui signifie que je crois qu’il faut préserver et protéger les droits des gens et, en même temps, veiller à protéger les plus vulnérables de la société. Trouver ce juste équilibre est au cœur d’un grand nombre de décisions importantes que doivent prendre les gouvernements. Et le fait de respecter la liberté de choix des gens dans des situations extrêmes, vous savez, relativement à la façon de prendre des décisions liées à la fin de vie est, je crois, conforme à nos valeurs.
En même temps, toutefois, le fait qu’une société prenne la décision de donner aux gens le pouvoir de faire ce choix s’accompagne de l’obligation très claire de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’abus, à ce que personne ne profite des gens et d’éviter un terrain glissant ou des conséquences négatives qui sont, pour de très nombreuses personnes, des craintes bien réelles. C’est pourquoi nous avons présenté responsable un projet de loi responsable qui permet de franchir l’importante étape consistant à légaliser l’aide médicale à mourir, en l’encadrant, mais en reconnaissant l’importance de l’étape que nous franchissons, en le faisant de façon réfléchie et prudente, en le faisant avec soin lors de cette première étape, qui entraînera d’énormes changements pour notre pays et nos soins de fin de vie.
Pendant que nous faisons cela, nous savons que nous avons encore beaucoup à faire en ce qui concerne les soins palliatifs.
Oui, le système de santé du Canada est plutôt bon, mais nous devons travailler davantage en ce qui a trait aux soins palliatifs pour que les gens prennent leur décision non pas parce qu’on ne leur fournit pas suffisamment de soins durant leurs derniers jours, mais parce que c’est réellement leur choix. Alors, l’investissement et il y a d’autres questions sur lesquelles nous nous pencherons au cours des prochaines années en vue d’étendre l’accès à un groupe de gens un peu plus large que ceux qui étaient visés par ce projet de loi. En somme, il s’agit d’une approche responsable, fondée sur des faits, des données probantes et des consultations. Nous l’avons adoptée avec soin, en comprenant qu’il s’agit d’un important changement sociétal avec lequel les gens seront appelés à composer de façon très personnelle et très variée, et nous devons veiller à agir de la manière la plus réfléchie possible lors des prochaines étapes. Merci.
D’accord. Prochaine question. Oui.
Oh, je suis désolé. Non. Vous êtes au micro, alors c’est à vous de parler. Je suis désolé.
ÉTUDIANTE : Mashu Blin, du Collège des arts et des sciences. Je viens du Pakistan. Tout d’abord, j’aimerais vous féliciter sincèrement pour votre Cabinet paritaire. Mais nous vivons encore dans un monde où les femmes sont victimes de discrimination dans toutes les sphères de la vie. Que pouvons-nous faire pour assurer l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes dans le monde entier? Merci.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Merci de votre question. Et l’une des premières choses que je soulignerai à ce sujet est qu’énormément de gens ont fait toute une histoire parce que je dis à toutes les occasions – alors je le répéterai maintenant – que je suis féministe. Cela, à mes yeux…
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Allons les amis, vous me décevez. Vous êtes passé si près de dire « bien sûr, c’est une évidence »...
Je ne veux pas faire de cela un point de réaction.
Et l’une des choses que je reconnais est qu’une grande part de cela n’est pas tellement, vous savez, je suis particulièrement… Je suis quelqu’un de bien, mais je suis seulement, à mon point de vue, l’un des premiers exemples de notre génération à vraiment accéder à un poste d’autorité réelle et d’être en mesure d’avoir une influence à l’échelle internationale en étant dirigeant d’un pays du G7. Maintenant, mon ami Mateo Renzi, en Italie, est en fait un peu plus jeune que moi, mais…mais, je ne sais pas, je… Mes propos trouvent un certain écho en ce moment et, à mon avis, je suis simplement un produit de cette génération pour qui l’équité est une évidence, qui dit oui au respect des autres, qui accepte la diversité. Pourquoi s’y opposerait-on ?
Et il est très important de comprendre qu’en général, cette génération est beaucoup plus ouverte et respectueuse de la diversité, et qu’elle comprend beaucoup mieux que l’atteinte de l’égalité n’est pas seulement la bonne chose à faire, mais qu’elle est également incroyablement importante pour permettre au monde de réussir. Nous avons encore beaucoup de travail à accomplir à cet égard, et c’est une chose à laquelle je pense constamment et qui vous savez, je sais que beaucoup de jeunes ont tendance à définir leur approche comme étant progressiste. Eh bien, il est impossible d’être progressiste sans être féministe, selon moi, parce que oui, l’égalité des hommes et des femmes est un élément fondamental sur lequel nous devons tabler, et nous avons énormément de travail à faire. Si vous êtes d’accord avec ces deux affirmations, devinez quoi, vous êtes féministe. Nous devons tous réellement faire en sorte de devenir à l’aise de nous définir ainsi en tant que femmes, bien entendu, mais également en tant qu’hommes.
L’autre jour, on m’a fait un commentaire vraiment intéressant. Chacun sait que mon Cabinet est paritaire, de telle sorte que 15 hommes et 15 femmes dirigent le pays. Mais, en même temps, le pourcentage de femmes dans notre Parlement n’est encore seulement que de 25 p. 100 ou 30 p. 100 et, évidemment, ce n’est pas aussi élevé que ce devrait l’être. Par conséquent, en nommant les membres des différents comités, nous n’avions pas suffisamment de femmes pour établir la parité au sein de chaque comité. Et le Comité de la condition féminine était surtout composé de femmes. Alors une personne m’a dit que tout cela était bien beau, tout en me demandant si, la prochaine fois, il serait possible de nommer une majorité d’hommes au sein du Comité de la condition féminine pour que les femmes soient plus présentes dans tous les autres comités ? Et j’ai trouvé que c’était une très bonne façon d’aborder la question et… eh bien, nous essayerons cela prochainement parce que, comme vous savez, nous devons veiller à ce que tout le monde participe à cette discussion, et c’est ce j’espère être en mesure de permettre.
TOM GOMBOY (Étudiant, NYU) : Bonjour. Je m’appelle Tom Gomboy. J’étudie à l’École d’administration des affaires et j’ai une question principalement axée sur les changements climatiques et le capitalisme. En ce moment, je travaille pour un ancien délégué commercial canadien et nous essayons d’accélérer l’injection de capitaux privés dans des projets environnementaux. Mais nous observons qu’aux États-Unis et au Canada, les partenaires privés considèrent tout simplement les investissements dans le pétrole et le gaz comme étant plus sûrs que ceux dans les énergies renouvelables et durables.
Par conséquent, quelles sont, d’après vous, les mesures incitatives et initiatives politiques adéquates pour contribuer à accélérer ce changement ?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Excellente question. Eh bien, évidemment, le gouvernement a un rôle à jouer pour encourager les investissements dans les énergies renouvelables parce que nous savons que c’est la direction vers laquelle nous devons nous diriger. Et, bien franchement, si nous reconnaissons qu’un propriétaire de maison qui, par exemple, veut installer des panneaux solaires sur son toit devra verser une importante mise de fonds capital avec de l’argent qu’il n’a peut-être pas au moment où il installe ces panneaux, même s’il sera en mesure de récupérer ces coûts au cours des 10 prochaines années ou peu importe, cela signifie qu’il aura besoin d’une aide financière pour pouvoir verser cette mise de fonds initiale, parce que c’est bon pour nous.
Alors, notre approche quant à la façon d’encourager les gestes positifs dès maintenant afin de devenir plus efficaces au fil des ans et de nous permettre d’économiser est évidemment que le gouvernement peut, sans l’ombre d’un doute, apporter de l’aide.
Mais, d’un autre côté, il y a des limites à ce que le gouvernement peut faire. Et une grande part de cette question relève des consommateurs et de leurs choix, et du fait qu’ils reconnaissent, en tant que personnes et que consommateurs, que leurs choix ont des répercussions. Je sais que nous sommes beaucoup plus soucieux maintenant de la provenance de ce que nous achetons, de ce que nous mangeons, des endroits où nous faisons nos achats, en pensant aux répercussions des choix quotidiens que nous faisons en tant que consommateurs, et cela est formidable. Nous devons simplement persévérer dans cette voie. Le gouvernement peut toujours chercher à s’améliorer en ce qui touche des choses comme l’étiquetage, les renseignements sur les produits et la transparence pour aider les consommateurs à faire de bons choix. Mais, au bout du compte, les consommateurs doivent commencer à faire les bons choix.
Et les entrepreneurs que j’ai vu et qui ont trouvé la manière de fabriquer les bons produits qui répondent à la volonté des consommateurs de faire les bons choix… De nos jours, vous savez, il ne s’agit plus simplement d’écoblanchiment. Il s’agit de comprendre qu’énormément de gens font des choix très, très conscients en vue d’aider la planète grâce à leur style de vie et à leurs achats.
Le fait de veiller à être beaucoup plus soucieux d’offrir des mesures d’incitation, de le souligner et de l’encourager cela sera très efficace pour amener les gens d’affaires à se rendre compte que poser les bons gestes entraîne énormément de retombées, d’emplois et de possibilités d’investissements, parce que c’est ce que les consommateurs commencent à rechercher de plus en plus. Merci beaucoup.
MIGUEL (Étudiants, NYU) : Bonjour Monsieur le Premier Ministre. Merci d’être ici. Je m’appelle Miguel. Je suis étudiant à la maîtrise au Centre des affaires mondiales de l’École d’études professionnelles. Pour revenir aux enjeux environnementaux, les conséquences négatives du système alimentaire mondial industriel, très dépendant des combustibles fossiles, sont très connues en ce qui a trait à la dégradation de l’environnement, à la perte de biodiversité et, bien entendu, en ce qui touche les conséquences sociales et liées à la santé. Il existe, dans le monde, un mouvement en pleine croissance d’agriculteurs locaux, biologiques et qui agissent à petite échelle, mais ce mouvement ne semble pas prendre de l’ampleur assez vite et les gens qui en font partie semblent n’avoir aucune chance. Et il y a également le danger imminent de voir ce mouvement être récupéré par de grandes entreprises.
Par conséquent, la question que je veux vous poser, parce que cet enjeu ne touche pas uniquement le Canada ou les États-Unis, est la suivante : que faut-il faire pour que les dirigeants politiques, les dirigeants politiques mondiaux et les chefs de grandes entreprises changent de cap, prennent des engagements fermes et fassent des investissements dans les systèmes alimentaires locaux et régionaux, et pour qu’ils traitent cet enjeu non seulement comme une priorité, mais comme une urgence? Merci.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Excellente question, Miguel. Mais l’une des choses que vous avez dites au sujet du danger de voir l’agriculture biologique et locale être récupérée par de grandes entreprises dépend du genre d’entreprise qui en prend le contrôle, n’est-ce pas ? Nous devons être en mesure d’augmenter la production alimentaire pour nourrir le monde entier et nous devons être en mesure d’assurer la nutrition et la subsistance d’une planète affamée. Oui, les exploitations locales et biologiques, vous savez, les pratiques plus intelligentes, qu’il s’agisse d’irrigation goutte à goutte ou d’une utilisation plus adéquate des pratiques de labourage et des engrais naturels et de tout ce genre de choses au sujet desquelles j’en connais juste assez pour me mettre dans le pétrin, je sais qu’un grand nombre d’experts y travaillent. Trouver la façon de nous ajuster pour être en mesure de nourrir les gens tout en évitant d’empirer l’état de la planète est un énorme défi.
Mais la solution exigera l’intensification des pratiques biologiques responsables. Que ce soit par l’entremise de petits agriculteurs biologiques qui prennent beaucoup plus d’importance ou d’entreprises qui comprennent que faire les choses de manière responsable doit devenir la norme, vous savez, je fais suffisamment confiance aux forces du marché pour savoir que si les consommateurs et les gouvernements voient clairement le chemin que nous devons emprunter, le monde économique réagira en conséquence.
Il existe des défis bien réels dans le monde en raison des pressions exercées sur des populations qui sont en situation constante d’insécurité alimentaire. Il y a des gens qui ont des préoccupations à l’égard du riz doré, disons, parce qu’il a été génétiquement modifié et qui disent qu’au lieu de tirer leurs vitamines du riz doré, les gens devraient manger davantage de mangues. Eh bien, vous savez, l’achat de fruits frais est un luxe que ne peut se payer une immense proportion de la population de notre planète. C’est dommage, et c’est une chose que nous cherchons à changer, mais, en attendant, nous devons prendre des mesures pour veiller à ce que les gens soient en santé et bien nourris, tout en essayant d’éviter de le faire par des méthodes qui mettront la planète en péril.
Et je sais qu’il y a énormément de gens brillants, aux quatre coins de la planète, qui travaillent très, très fort à cet égard, et vous êtes probablement nombreux dans cette salle à étudier dans des domaines qui vous mèneront à toucher à ces dossiers. La façon que nous trouverons de nourrir toute la planète de manière responsable et durable sans mettre en danger cette même planète qui assure notre subsistance et celle des générations à venir est l’un des défis déterminants qui, selon moi nous révélera si nous tiendrons le coup ou qui déterminera sans l’ombre d’un doute la manière dont nous traverserons le 21e siècle en tant qu’espèce vivant sur cette Terre. Merci, Miguel. Au fond.
FORD (Étudiant, NYU) : Bonjour, je m’appelle Ford et j’effectue une double spécialisation et sciences environnementales et en politique ici, à l’Université de New York. Ma question pour vous est la suivante : des climatologues de la NASA ont récemment déclaré que la Terre verra inévitablement le niveau de la mer s’élever de trois pieds d’ici la fin du siècle, ce qui signifie qu’un certain nombre de pays qui ont signé l’Accord de Paris n’existeront plus vers l’année 2100. Par conséquent, le moment de réagir aux changements climatiques était en fait il y a 20 ou 30 ans et, malgré cela, on trouve encore des politiciens et des gouvernements qui réfutent la notion de changements climatiques et refusent d’agir de manière responsable.
Ma question est la suivante : que ferez-vous pour agir rapidement et de manière décisive, et pour travailler avec les politiciens qui réfutent les données scientifiques et les changements climatiques afin d’empêcher que l’on détruise encore plus la planète ?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Excellente question, à laquelle j’ai réfléchi au cours des six derniers mois, depuis que j’ai été élu. La proportion des émissions mondiales du Canada est extrêmement faible. Par conséquent, même si nous mettions fin à toutes nos émissions dès demain, cela ne changerait rien aux tendances et à ce qui se produit dans le reste du monde. Alors oui, nous avons la tâche de réduire nos émissions et nous la prenons très, très au sérieux.
Mais, ce qui peut permettre au Canada et aux pays comme le Canada d’avoir une influence plus grande qu’une simple réduction de leurs propres émissions consiste à aider les plus importants émetteurs et à aider de nombreux pays à trouver une façon de réduire leurs émissions et à se mettre en meilleure position pour relever leurs défis en matière de changements climatiques.
Et cela se produit de nombreuses façons. Nous nous sommes engagés à verser 2,6 milliards de dollars il y a quelques mois pour aider directement et spécifiquement de petits États insulaires à réduire leur empreinte de carbone. Il peut s’agir, dans de nombreux cas, à éliminer les génératrices diesel, à chercher des solutions hydroélectriques, géothermiques ou nucléaires, peut-être. À chercher d’autres solutions pour être en mesure de réduire l’empreinte de carbone dans le monde, parce que, comme nous le savons bien, pour l’atmosphère, la question n’est pas de savoir où les émissions de carbone se produisent, mais bien si elles se produisent. Alors, il faut très certainement travailler directement avec des pays du monde entier pour les aider à réduire leurs émissions. Vous savez, des gens élaborent actuellement, en Saskatchewan et ailleurs au pays, une méthode de capture et stockage du carbone qui pourrait avoir des répercussions formidables pour les centrales au charbon qui sont inaugurées chaque semaine en Chine, par exemple. Il y a des choses que nous pouvons faire et des solutions que nous pouvons mettre de l’avant et qui auront des répercussions à l’échelle mondiale.
Mais l’autre élément pour le Canada consiste à devenir un exemple. Si nous pouvons démontrer que même un pays qui connaît des écarts de température extrême, où la plupart d’entre nous avons besoin de chauffage en hiver et d’un climatiseur en été, où de vastes espaces séparent nos communautés, ce qui entraîne de véritables problèmes en matière de transport et de déplacements, où les combustibles fossiles sont un élément fondamental de notre économie pour l’instant, si nous pouvons réduire efficacement notre petite part d’émissions de carburants fossiles et le faisons de façon significative, les solutions que nous aurons créées pour y parvenir tout en maintenant une économie vigoureuse et florissante qui offre de bons emplois, avec ce genre d’innovation, de recherche et de possibilités pour les gens d’un bout à l’autre du pays tout en étant plus responsables sur le plan environnemental, si nous pouvons présenter un tel argument, de nombreux pays aux quatre coins du monde récupérerons nos solutions et les élargiront à leur échelle.
Je ne suis donc pas parmi les pessimistes. Je suis cependant très au fait de l’ampleur des défis et du rôle modeste, mais important que le Canada peut et devrait jouer pour surmonter ce défi fondamental et très sérieux.
Merci. Qui est au micro ici ? Voilà.
DIETER (étudiant, NYU) : Monsieur Trudeau, je m’appelle Dieter. Au nom de tous les étudiants du Centre pour les affaires mondiales, j’aimerais vous remercier de prendre le temps de venir ici nous parler, aujourd’hui. Et si je puis me permettre, d’un point de vue personnel, en tant que citoyen mexicain, j’aimerais vous remercier de mettre en œuvre l’exemption de visa pour que nous puissions voyager dans votre beau pays.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Nous y travaillons. J’ai bien hâte que ce soit en place.
DIETER (étudiant, NYU) : Parlant du Mexique, comme vous le savez, l’Accord de libre-échange nord-américain unit nos deux pays. Comme vous le savez également, l’une des principales critiques à l’endroit de l’ALENA est sont impact environnemental sur nos pays depuis son entrée en vigueur en 1994. Avec le Partenariat transpacifique qui s’en vient et la signature de l’Accord de Paris demain, croyez-vous que le PTP contiendra des dispositions suffisantes pour assurer la protection environnementale des trois pays en plus de celle des autres pays qui y adhèrent ?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Je crois que, fondamentalement, les accords commerciaux sont bons pour le monde. La question à savoir si ce sont les bons accords, s’ils ont été signés de la bonne façon, s’ils ont les bons effets et s’ils sont négociés adéquatement, dans l’intérêt supérieur de tous, est une question secondaire sur laquelle il faudra se pencher. Mais essentiellement, les échanges plus libres et plus équitables ont des retombées positives pour notre planète et tous les pays qui s’y trouvent. Voilà pour ma position de base. Et ce qui m’inquiète toujours, et cela se produit systématiquement à chaque cycle électoral, quel que soit le pays, est la petite montée protectionniste et les discours faciles sur le transfert d’emplois à l’étranger ou ce genre de choses. Mais, en même temps, le calcul et les facteurs économiques sont très clairs. Et les retombées directes sur les gens le sont aussi toujours beaucoup.
Ce que nous constatons maintenant de plus en plus – en particulier avec la signature historique de l’Accord de Paris agreement ce vendredi – est que le monde entier comprend et accepte beaucoup plus le fait que les changements climatiques sont réels et exigent une action concertée de grande envergure. Les accords commerciaux déjà en place en font-ils assez pour contrer les changements climatiques? Probablement pas. Ceux que nous négocierons et signerons à l’avenir devront-ils en faire plus ? Absolument. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai hâte au sommet des dirigeants nord-américains, dans quelques mois, où je pourrai m’asseoir avec le président Obama et le président Pena Nieto pour discuter véritablement d’une approche continentale en matière d’énergie et d’environnement et m’assurer que nous faisons tout ce que nous pouvons au sein de cet immense pan de l’économie mondiale que nous représentons, pour montrer la voie à suivre et ce qui peut et doit être fait dans les années à venir.
Merci. Oui, désolé. Le micro de ce côté. Désolé.
JULIA (étudiante, NYU) : Merci d’être ici aujourd’hui. Je m’appelle Julia et j’étudie à l’École des études professionnelles du Centre pour les affaires mondiales. Comme vous êtes à New York pour signer l’Accord de Paris, je vais parler plus particulièrement des changements climatiques. J’aimerais poser une question, puisque j’ai certaines choses en tête. Bien que le Canada ne soit pas un grand émetteur pour ce qui est des émissions totales, c’est le quatrième émetteur par habitant.
Alors, si vous voulez servir d’exemple...
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Nous devons travailler fort.
JULIA (étudiante, NYU) : Oui. Vous devez travailler fort et… je me demandais : comment le Canada pourrait-il dissocier la croissance économique et les combustibles fossiles, étant donné que vous avez mentionné qu’il est nécessaire d’assurer le développement chez les peuples autochtones ? Que pensez-vous des forages dans l’Arctique et quelles autres options ces gens ont-ils ?
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Je crois qu’il existe d’énormes possibilités non liées aux combustibles fossiles pour favoriser la croissance économique dans les communautés autochtones. Que ce soit les pêches et la foresterie dans certaines régions du pays ou, encore plus, la croissance économique et l’innovation grâce à une participation à l’économie du savoir.
Nous essayons maintenant, comme planète, d’apprendre à penser à plus long terme que ce que nous avons réussi à faire dans le passé. Je veux dire, si l’on pense à l’histoire de la civilisation humaine, nous avons maximisé les retombées à court terme. Nous avons maximisé les retombées immédiates et elles ont servi à déterminer quelle culture ou quelle civilisation dominait à une époque donnée. Ceux qui ont pu le mieux maximiser les retombées à court terme et les concentrer dans un seul endroit tendent à avoir mieux réussi.
C’est ce que nous avons récompensé et c’est ce que monde, dans son évolution, a récompensé au fil du temps. Nous sommes maintenant à une époque où nous devons commencer à penser très différemment. Nous devons, dès maintenant, en dépit de notre tendance à penser à court terme, commencer à réfléchir aux répercussions à long terme de nos comportements, ce qui n’était pas nécessaire quand il y avait beaucoup moins d’êtres humains sur terre et quand notre empreinte était beaucoup plus modeste. Nous devons penser différemment aux effets que les comportements que nous avons ici, maintenant, peuvent avoir de l’autre côté de la planète. Nous devons analyser en long et en large ce qui se passe dans le monde.
Les cultures autochtones, par exemple, réfléchissent beaucoup plus aux conséquences de leurs décisions sur la septième génération qui les suivra, elles protègent et respectent la planète et elles vivent en harmonie avec la nature, et cela devrait nourrir en partie nos propres réflexions.
Réparer la relation que nous entretenons avec les peuples autochtones n’est donc pas seulement un impératif moral, bien que cela en soit un, bien entendu, mais cela nous aidera à changer notre mentalité, notre approche et notre façon de penser par rapport à ce qui se passe dans le monde. Il sera donc essentiel, à l’avenir, d’avoir en place des voix fortes, convaincantes et issues des communautés autochtones qui seront en position de pouvoir et d’autorité, dans le milieu des affaires, dans le monde universitaire et dans la sphère politique pour aider à orienter les discussions, la réflexion et les décisions que nous prenons. Il serait donc inexact de dire – et je sais que ce n’est pas ce que vous venez de dire – que l’avenir des communautés autochtones repose uniquement sur l’extraction de combustibles fossiles. Au lieu de cela, en ce moment, nous travaillons fort à favoriser l’éducation et l’innovation, et le changement de culture qui les accompagnent, et je sais que tout le monde ici comprend cela, si je me fie aux hochements de tête. Nous savons que nous devons changer notre façon de réfléchir au futur et au rôle du monde entier à l’égard de notre avenir si nous voulons prospérer au cours des prochaines décennies et nous assurer que nos petits-enfants auront les possibilités dont ils auront besoin. Pour ce faire, nous devons tenir compte d’autant de perspectives que possible. Merci pour votre question. Et je crois que la prochaine sera la dernière question, malheureusement.
VOIX NON IDENTIFIÉE : Bonjour Monsieur le Premier ministre Trudeau. Merci beaucoup d’être ici. C’est un honneur absolu de vous entendre parler. Ma question porte en fait sur les handicaps. Jusqu’à maintenant, les vétérans et les personnes ayant un handicap visible ont reçu beaucoup d’attention, et ceux qui ont un handicap invisible ont été mis de côté. Je me demandais donc : pendant votre mandat, comment prévoyez-vous aborder cet enjeu? J’ai moi-même un handicap invisible et, l’été dernier, lorsque j’étais à Vancouver, j’ai cherché des ressources gouvernementales qui pourraient m’aider, mais je n’ai rien trouvé.
Je ne comprends donc pas comment nous sommes censés contribuer à la société si nous ne pouvons pas nous aider nous-mêmes.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Oui, voilà une question extraordinaire.
VOIX NON IDENTIFIÉE : Merci.
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU : Une question importante. Deux des membres du Cabinet que j’ai formé, qui représente bien le Canada, vivent avec un handicap. L’un, notre ministre des Anciens combattants, est en fauteuil roulant. Il s’agit d’un handicap très visible. L’autre, Carla Qualtrough, est notre ministre des Sports et des Personnes handicapées.
Elle est aveugle au sens de la loi, mais elle fonctionnelle. C’est terrible à dire. Elle parvient à réussir et à exceller, par exemple en utilisant une police plus grosse, et elle est un modèle du type de succès qu’on peut obtenir et de la contribution qu’on peut faire. Je lui ai donc entre autres demandé de créer une loi nationale pour les personnes qui ont un handicap.
Nous devons élargir notre portée – notre notre pays ne compte que 36 millions d’habitants. Si nous voulons survivre et prospérer sur la scène internationale, il faut que tout le monde ait la chance de contribuer au maximum de ses capacités. Et cela va aussi pour les personnes qui ont un handicap. Cela va pour les communautés marginalisées dans nos villes. Cela va pour les Canadiens autochtones. Nous devons nous assurer de donner à tous et chacun une chance réelle et égale de réussir. Et, bien franchement, comme vous l’avez mentionné, nous n’avons pas tout à fait réussi, dans le passé, à donner la chance aux personnes handicapées de contribuer selon leur plein potentiel et avec leurs extraordinaires capacités. C’est pourquoi j’ai mandaté de façon claire et précise notre ministre de résoudre le type de difficulté que vous avez connue à Vancouver l’été passé pour que cela ne se reproduise plus dans les années à venir.
Merci beaucoup. C’est malheureusement tout le temps que nous avons pour le moment. Je tiens cependant à vous dire à quel point j’ai aimé avoir l’occasion de discuter avec vous ce matin, d’écouter vos questions et de vous parler un peu de l’importance, pour les jeunes, d’en exiger plus de leurs politiciens, des chefs d’entreprises et des dirigeants de la communauté en étant les leaders d’aujourd’hui, et non les leaders de demain, que je sais que vous pouvez être. Que vous preniez le temps de venir ici, ce matin, pour me mettre au défi et faire entendre votre voix, c’est très important pour moi. En sortant d’ici, votre engagement continu auprès de vos collègues, de vos enseignants, de vos parents et de vos employeurs et les moyens que vous prendrez pour être des citoyens actifs et engagés pendant le reste de votre vie auront une grande influence sur le monde dans lequel nous vivons. Et, comme toujours, cette possibilité de discuter avec vous ce matin m’a inspiré et m’a touché.
Je me réjouis à l’idée de poursuivre ce dialogue avec vous et avec les jeunes de partout au pays et dans le monde au cours des années à venir.
Merci beaucoup tout le monde.