Transcription - Le premier ministre Trudeau prononce une allocution à l’Université de La Havane
Le premier ministre Trudeau prononce une allocution à l’Université de La Havane
C’est un honneur d’être ici avec vous aujourd’hui à l’Université de La Havane, un centre d’enseignement depuis presque 300 ans. En comparaison, le pays que je sers, le Canada, célébrera son 150e anniversaire en juillet prochain. Alors, je veux remercier l’université de nous faire sentir jeune à nouveau.
J’aimerais remercier Gustavo Cobreiro Suárez, le recteur de l’université, de m’accueillir. Et merci à chacun de vous d’avoir pris le temps d’être ici aujourd’hui. Je vous remercie de votre intérêt. J’ai très hâte de répondre à vos questions dans quelques minutes.
Et, bien entendu, je tiens à saluer un invité très particulier et un bon ami qui est parmi nous aujourd’hui : le président Raúl Castro. Merci, Monsieur le Président Castro, de l’accueil chaleureux que vous avez réservé à Sophie, à moi, à toute notre délégation et, à travers nous, à la population du Canada. Comme bon nombre d’entre vous le savent, le lien historique qui unit les familles Trudeau et Castro remonte à de nombreuses décennies. Le Canada, avec le Mexique, est le seul pays de l’hémisphère occidental à avoir maintenu ses relations diplomatiques avec Cuba après la révolution, à la fin des années 1950.
C’est ce lien solide et durable qui a préparé le terrain pour la visite que mon père a effectuée durant son mandat de premier ministre. Lui, ma mère et Michel, mon frère le plus jeune, sont venus à La Havane dans le cadre d’une visite officielle en 1976. J’avais seulement quatre ans à l’époque, alors j’étais encore trop jeune pour réellement comprendre ce que je manquais. Mais j’étais assez vieux pour être jaloux du fait que mon frère avait la chance d’aller au soleil, et pas moi. Depuis ce temps, j’ai eu l’occasion de visiter Cuba par moi-même à quelques reprises et de voir de mes yeux pourquoi mes parents parlaient toujours de ce pays et, surtout, de sa population, en termes si élogieux.
Et maintenant, à titre de premier ministre, je comprends encore mieux pourquoi il est essentiel pour le Canada et Cuba de maintenir leur étroite relation. D’abord et avant tout, les relations ouvertes et respectueuses sont profitables pour notre population. L’année dernière, les échanges commerciaux entre le Canada et Cuba valaient plus d’un milliard de dollars et présentaient un fort potentiel de croissance. Voilà le genre de coopération qui mène à une croissance économique plus vigoureuse, une croissance qui, chez nous, au Canada, permet de bâtir un avenir meilleur pour tous, et non seulement pour les citoyens les plus riches.
Les relations solides comme celle qui unit le Canada et Cuba nous rappellent aussi que les amis se parlent de façon ouverte et honnête. Je suis heureux du fait que le président Castro et moi avons développé une relation qui nous permet de discuter d’enjeux de manière candide et respectueuse, qu’il s’agisse de gouvernance, de droits de la personne, de changements climatiques ou d’égalité entre les sexes. C’est comme cela que les progrès se réalisent.
Enfin, les relations étroites avec d’autres pays et d’autres cultures nous exposent également à d’autres points de vue et modes de vie, ce qui enrichit la vie de tous.
C’est particulièrement important pour les Canadiens, parce qu’ils considèrent la diversité comme une grande source de force. Ils savent que notre pays est fort non pas en dépit de ses différences, mais bien à cause d’elles. Au Canada, nous croyons que chaque personne mérite non seulement une vraie chance, mais une chance égale de réussir. Nous croyons que les opportunités qui s’offrent à chacun ne devraient pas être déterminées par l’endroit où vous êtes né, la langue que vous parlez, la religion que vous pratiquez ou encore qui vous choisissez d’aimer. En fait, ce n’est pas cela qui compte. Ce qui compte, c’est votre détermination à travailler fort pour aider à bâtir un pays meilleur que celui qui vous a été légué par vos parents. Ce qui compte, c’est que vous aidiez à protéger les choses qui nous unissent plutôt que de s’attarder à ce qui nous divise. Et, d’après mon expérience, personne ne comprend mieux cela que vous, les jeunes.
Voyez-vous, j’ai la chance incroyable d’être non seulement premier ministre de mon pays, mais également ministre de la Jeunesse. Cela signifie que j’ai fréquemment l’occasion de rencontrer des jeunes, que ce soit dans le cadre d’activités comme celle-ci ou par l’entremise du Conseil jeunesse du premier ministre, un groupe de jeunes Canadiens adolescents et dans la vingtaine qui m’aide à faire en sorte que notre gouvernement tient compte de l’incidence de nos politiques sur les jeunes comme eux. Et cet accent placé sur la jeunesse est très important pour moi, sur le plan personnel. Je rejette l’argument selon lequel les jeunes sont les leaders de demain. Ce qui m’intéresse bien davantage est de veiller à ce que les jeunes aient des moyens d’agir aujourd’hui, de m’assurer que vous êtes des leaders dès maintenant dans vos communautés, votre pays, votre monde.
Cela est vrai au Canada, et c’est certainement vrai ici aussi, à Cuba. Les jeunes sont déjà des leaders grâce aux paroles que vous prononcez, aux choix que vous faites, aux façons par lesquelles vous cherchez à aider votre famille et vos amis, et au travail acharné que vous accomplissez à l’école et dans vos communautés afin de faire de ce pays un endroit meilleur, plus accueillant et prospère pour tout le monde. Voilà en quoi consiste le leadership. Il consiste à trouver une occasion de faire une différence et à la saisir, et il n’est pas nécessaire de porter un veston et une cravate pour le faire.
Je sais que vous êtes tous capables d’accomplir de grandes et importantes choses dès maintenant. Et si vous le faites en portant un t-shirt sur lequel il est écrit noventa y nueve perciento diseno Cubano, c’est encore mieux. Après tout, nous sommes dans un pays où l’innovation et la créativité sont au cœur de tout ce que vous faites. Chaque jour, les Cubains incarnent la devise resolver. Je sais que les jeunes de Cuba, que les jeunes femmes et les jeunes hommes comme vous contribueront à façonner non seulement un pays, mais également un monde dont nous pourrons tous être fiers.
L’une des choses qui m’ont le plus impressionné durant mes visites à Cuba est la passion avec laquelle vous célébrez la culture cubaine. Qu’il s’agisse d’artistes, de musiciens ou d’écrivains locaux, le respect que vous manifestez à l’égard de ceux qui aident à raconter l’histoire de Cuba est véritablement inspirant. Je m’en suis souvenu hier, en visitant le Mémorial Jose Marti. Je m’en suis souvenu hier soir, en assistant à une incroyable performance des jeunes femmes de Camerata Romeu dans la magnifique Basilique San Francisco. La fierté que vous manifestez et les caractéristiques qui font de vous un peuple unique peuvent servir de leçon pour le monde entier, y compris le Canada.
En même temps, le Canada comprend que nous sommes en position de tendre la main aux autres, notamment à nos amis et partenaires cubains. C’est pourquoi nous sommes engagés à poursuivre notre travail en matière de développement qui, nous le savons, peut faire une réelle différence. Ici, à Cuba, cela inclut des programmes de formation pour les vérificateurs. Alors que le gouvernement cubain continue d’accroître la transparence et l’ouverture, ce genre de programme est utile pour aider à améliorer la reddition de comptes. Cela inclut aussi du soutien pour les agriculteurs, pour les propriétaires de petites entreprises et pour les coopératives dans les quatre provinces dans l’Est de Cuba qui, à leur tour, pourront offrir de la nourriture plus saine et plus sécuritaire aux citoyens de Cuba.
Cependant, de tous les liens qui unissent nos deux pays, je crois que les plus importants ne sont pas ceux qui se manifestent par l’entremise du commerce ou du développement, mais plutôt ceux se nouent sur une base individuelle, de personne à personne. Nous le constatons par le nombre incroyable de touristes canadiens à Cuba. Les Canadiens effectuent plus de 40 p. 100 de toutes les visites à Cuba, soit 1,3 million de visites chaque année. Nous, les Canadiens, aimons l’hiver. Cependant, après quelques mois passés à moins 30 degrés Celsius, le climat formidable de Cuba est toujours très attirant – particulièrement l’accueil chaleureux qu’on nous réserve partout où nous allons sur cette île magnifique.
Les échanges universitaires sont un autre moyen qui permet aux Canadiens et aux Cubains de se réunir pour apprendre et travailler les uns avec les autres. Que ce soit par le biais du Centre d’études canadiennes que l’on trouve dans des universités et des établissements d’enseignement partout à Cuba, y compris ici, à l’Université de La Havane, ou par l’entremise du réseau d’échanges scolaires entre nos établissements postsecondaires, des jeunes de Cuba et du Canada nouent des relations qui dureront toute leur vie. Ces échanges de culture, de langues, d’idées et d’amitié contribueront au mieux-être de tout le monde.
Avant de conclure, je veux dire quelques mots sur ce que notre gouvernement accomplit chez nous, parce que cela semblera familier à beaucoup de gens ici, à Cuba. Nous travaillons fort afin de bâtir un avenir meilleur pour tous les Canadiens. Ainsi, nous allons investir pour mettre sur pied une économie profitable pour tout le monde. Et dans tout ce que nous ferons, notre gouvernement restera fidèle aux valeurs canadiennes – l’inclusion, l’honnêteté, le travail acharné, la prudence fiscale et l’esprit de générosité.
Bon, je parle depuis longtemps et je sais que vous avez des questions à me poser, et j’ai très hâte de les entendre et d’y répondre. Mais, j’espère que ces quelques mots ont su vous faire comprendre davantage les raisons pour lesquelles la relation Canada-Cuba est si importante pour nous – et si importante pour moi.
Il s’agit véritablement d’une amitié toute particulière, et je ferai tout en mon pouvoir pour que cela demeure le cas au cours des années à venir. Mais j’espère que vous savez que vous avez tous un important rôle à jouer dans cette amitié. Le Canada et Cuba continueront d’accomplir de grandes choses ensemble, mais nous n’y parviendrons pas sans l’aide de jeunes actifs et mobilisés comme vous. Sur ce, mettons-nous au travail.