Transcription - Discours du premier ministre Trudeau devant le Parlement européen
Discours du premier ministre Trudeau devant le Parlement européen
Monsieur le Président Tusk, monsieur le Président Tajani, distingués parlementaires, mesdames et messieurs.
Bon avant-midi. C’est un privilège pour moi d’être ici aujourd’hui. On m’a informé que c’est la première fois qu’un premier ministre canadien en poste prend la parole devant le Parlement européen donc je tiens à vous remercier sincèrement de m’accorder cet honneur.
Comme vous le savez, j’étais à Bruxelles il n’y a pas si longtemps pour signer officiellement l’Accord économique et commercial global et l’Accord de partenariat stratégique.
Le président Tusk, le président Juncker, le premier ministre Fico et moi avons fait un grand pas en vue d’approfondir notre relation et d’accroître les échanges commerciaux libres et progressistes entre le Canada et l’Union européenne.
Et hier, nous avons franchi une autre étape importante.
Une étape que nous avons franchie après des décennies de travail.
Cette année, nous célébrons le 41e anniversaire de l’établissement de la mission diplomatique de la Commission européenne à Ottawa.
Et dans le cadre de notre partenariat historique, le Canada et l’UE se sont montrés solidaires sur les enjeux importants.
Des enjeux comme le maintien de la sécurité mondiale.
La promotion des valeurs de paix et de justice.
Et la détermination d’assurer la prospérité de nos populations grâce au commerce et à l’investissement.
Nous avons travaillé ensemble dans des dossiers comme les changements climatiques et les droits des femmes et des filles dans le monde.
Et, mesdames et messieurs, je suis certain que nous accomplirons de grandes choses ensemble au cours des années à venir – pour les pays que nous représentons et, surtout, pour les gens que nous servons.
L’Union européenne est une réalisation vraiment remarquable, ainsi qu’un modèle sans précédent de coopération pacifique. Le Canada sait qu’une voix européenne forte sur la scène mondiale est non seulement préférable, mais essentielle.
Nous savons que l’UE est le plus important donateur au monde en ce qui a trait au développement et à l’aide humanitaire. Et ensemble, vos États membres représentent l’une des économies les plus grandes du monde. De plus, vous êtes un acteur crucial et central dans la résolution des défis communs auxquels font face les membres de la communauté internationale.
En effet, le monde entier bénéficie d’une UE forte.
Au nom des Canadiens, je vous remercie d’entretenir une relation soutenue et respectueuse avec notre pays. En effet, les liens qui unissent le Canada et l’Union européenne sont devenus un exemple de collaboration internationale.
J’aimerais remercier Dan Costello, l’ambassadeur actuel du Canada auprès de l’UE, d’avoir servi notre pays de façon exemplaire. Dan a offert un appui incroyable à notre nouvel ambassadeur, l’honorable Stéphane Dion.
Stéphane, que je considère comme un ami proche et un mentor, est un homme qui s’est longtemps battu pour faire de notre pays un endroit meilleur pour tous les Canadiens. Il représentera fièrement le Canada, avec courage et conviction, alors que nous amorçons ce nouveau chapitre important.
Maintenant, permettez-moi de souligner encore une fois à quel point je suis honoré de représenter le Canada dans ce lieu historique aujourd’hui. C’était une priorité pour moi de venir à Strasbourg et de m’adresser à vous, parce que j’accorde beaucoup de valeur à notre relation et à ce que nous partageons.
Je suis persuadé que si la relation entre le Canada et l’UE est aussi résiliente, c’est parce qu’elle repose sur nos valeurs communes. Des valeurs qui nous façonnent et nous définissent. Des valeurs que partagent les Canadiens et les Européens.
Voyez-vous, collectivement, nous croyons en la démocratie, la transparence et la primauté du droit. Nous croyons en la reconnaissance et le respect des droits de la personne. Et nous croyons en l’inclusion et en la diversité.
Nous savons que, dans un monde de plus en plus interconnecté, nous devons choisir d’être les chefs de file de l’économie mondiale, plutôt que de simplement en subir les aléas.
Et nous savons que l’État a un important rôle à jouer – non seulement pour soutenir ses citoyens, mais aussi pour aider à créer les conditions propices au progrès.
Et sur ce dernier point, comme nous venons de le démontrer au monde entier, collectivement, nous valorisons le commerce et la promesse de prospérité qui l’accompagne pour tous nos citoyens.
Hier, en plus d’avoir ratifié l’Accord de partenariat stratégique, ce Parlement a voté en faveur de la ratification de l’Accord économique et commercial global.
Après des années de négociations, cet important accord commercial s’apprête à franchir la ligne d’arrivée. Et je pense que nous pouvons tous nous entendre pour dire que l’AECG était un projet extrêmement ambitieux mais qui s’avèrera aussi être l’une de nos plus grandes réalisations.
J’aimerais exprimer ma sincère reconnaissance à l’ancienne ministre du Commerce international du Canada – qui est maintenant ministre des Affaires étrangères – Chrystia Freeland, à notre négociateur en chef, Steve Verheul, ainsi qu’à leurs homologues de l’Union européenne, pour les efforts inlassables qu’ils ont déployés en vue de conclure cet accord.
Et je suis certain que notre nouveau ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, sera une voix forte pour le Canada sur la scène internationale au cours des prochaines années.
Mettons toutefois les choses au clair – un accord aussi ambitieux que l’AECG demande énormément de travail. Chacun d’entre nous, ici dans cette salle, sait que cela n’a pas été chose facile. Nous avons dû faire beaucoup d’aller-retour. Nous avons dû tenir de longues discussions et de longues négociations. Faire des rencontres au Canada et aux quatre coins de l’Europe.
Mais le produit final est une réalisation dont nous pouvons tous être incroyablement fiers. Je suis persuadé que l’AECG deviendra la référence pour les futurs accords commerciaux d’une telle ampleur et d’une telle complexité.
Et c’est tout simplement extraordinaire.
La devise de l’Union européenne, « Unie dans la diversité », est un excellent rappel de ce qu’il est possible d’accomplir lorsque, malgré leurs différences, des pays se rassemblent pour servir l’intérêt commun de leurs citoyens.
Cependant, nous vivons à une époque où certaines personnes s’inquiètent de voir le système actuel ne profiter qu’à une élite très restreinte. Et c’est une préoccupation légitime.
Cette anxiété à l’égard de l’économie et du commerce – l’inquiétude de voir nos enfants ne pas avoir accès aux mêmes emplois et aux mêmes possibilités que nous – ne peut être apaisée que si nous veillons à ce que le commerce soit inclusif et à ce que tout le monde puisse profiter des retombées.
Et c’est précisément ce que cet accord – l’Accord économique et commercial global – nous permettra d’accomplir.
Parce que, dans son essence même, l’AECG définit un cadre qui donnera lieu à des échanges commerciaux profitables pour tous.
Cet accord mènera à la création de bons emplois bien rémunérés pour la classe moyenne. Il permettra d’assurer le bien-être des familles et contribuera à faire croître et à renforcer nos communautés.
Disons que vous êtes un jeune entrepreneur qui propose une idée innovatrice ou un nouveau produit. Vous avez peut-être du mal à joindre des nouveaux consommateurs. Eh bien, l’AECG vient d’ouvrir la porte vers de nouveaux marchés.
Et si vous êtes un consommateur qui souhaite acheter des biens importés, mais qui se bute à des droits de douane trop élevés? Vous étiez peut-être intéressé par des Mukluks fabriqués par Manitobah, une entreprise canadienne fondée par des Autochtones et qui offre des produits sur lesquels une taxe de 17 % est actuellement imposée en Europe. Eh bien, grâce à la ratification de l’AECG, ces tarifs douaniers sont éliminés et vous, comme consommateur, pourrez payer moins cher lorsque vous passez à la caisse.
Le commerce libre et équitable se traduit par une réduction des délais et des formalités administratives à nos frontières pour les transactions internationales.
Il signifie que les fabricants peuvent étendre la circulation de leurs produits dans le monde, gagner des parts du marché et être concurrentiel avec les meilleurs du monde.
Et cela veut dire que les gens qui travaillent dans les secteurs des services comme l’ingénierie, l’architecture et les technologies de l’information profiteront d’une prévisibilité et d’une transparence accrues lors de leurs transactions avec des clients internationaux.
En somme, le Canada et l’UE souhaitent faire ce qu’il y a de mieux pour leurs populations.
Nous voulons que les gens qui travaillent fort puissent bien gagner leur vie et assurer le bien-être de leurs familles. Nous voulons que les mères et les pères soient en mesure d’offrir à leurs enfants des possibilités qu’eux-mêmes n’ont jamais eues. Nous voulons que chaque génération de Canadiens et d’Européens s’en tire mieux et ait un niveau de vie meilleur que la génération qui les a précédées.
Et les accords comme l’AECG – qui est axé sur le concept du commerce libre et équitable – nous permettront d’y parvenir.
En somme, en facilitant l’achat et la vente de produits, nous pouvons multiplier les opportunités pour nos entreprises – au Canada et partout dans l’UE. Nous pouvons créer des emplois pour la classe moyenne et faire en sorte que nos citoyens profitent des retombées du commerce.
Soyons clairs : il ne s’agit pas uniquement de commerce, d’importations et d’exportations, d’argent qui entre et qui sort. Il s’agit d’améliorer la vie des gens. L’AECG est un plan d’action complet pour assurer la coopération économique responsable entre les pays.
Cet accord moderne et axé sur l’avenir est le reflet d’un agenda commercial réellement progressiste – un agenda qui protège la capacité qu’ont les sociétés de favoriser l’intérêt public. Par exemple, l’AECG prévoit des dispositions visant à protéger la main-d’œuvre.
Des dispositions sur les pratiques responsables en matière d’investissement.
Sur la salubrité des aliments et la sécurité des consommateurs.
Sur la gestion des forêts, des pêches et de l’aquaculture.
Et des dispositions visant à assurer la bonne gestion de l’environnement.
Mes amis, il s’agit véritablement de l’un des accords commerciaux les plus durables et progressistes au monde. Et grâce à lui, le Canada et l’Union européenne ont écrit une page d’histoire.
À tous les députés présents, merci du travail acharné que vous avez accompli au cours des dernières années pour faire de cet objectif ambitieux une réalité. Je sais que tous nos citoyens s’en trouveront mieux servis.
Le Canada et l’Union européenne sont des amis, des partenaires et des alliés depuis très longtemps. Et notre relation naturelle et cordiale est fondée sur ce que nous partageons.
Nous partageons des objectifs et des aspirations qui visent à faire du monde un endroit meilleur, plus sûr et plus juste.
Nous voulons agir pour le bien des travailleurs et des familles qui nous ont élus pour les représenter.
Et nous accueillons le changement à bras ouverts en cherchant des occasions d’être des chefs de file dans une économie mondiale qui évolue constamment.
L’AECG et l’APS – ces accords historiques – sont à l’image de ce que nous avons en commun. Et ils seront profitables pour les Canadiens comme pour les Européens pour des générations à venir.
Dans tout ce que nous avons convenu à ce jour, et dans les discussions qui nous attendent, le partenariat stratégique Canada-UE sera toujours fondé sur le respect, avec un œil tourné vers l’avenir.
Chers amis et chers collègues, nous pouvons affirmer que ce n’est qu’un début. Pour le Canada comme pour l’Union européenne, le meilleur reste à venir.
Merci beaucoup.