Transcription - Le PM Trudeau prononce une allocution au dîner de remise des prix Global Citizen du Atlantic Council
Le PM Trudeau prononce une allocution au dîner de remise des prix Global Citizen du Atlantic Council
Je suis sincèrement ravi d’être des vôtres ce soir. C’est un grand privilège, et un grand honneur, de recevoir ce prix. Cela me touche profondément. Quand j’étais jeune, j’ai eu la chance de rencontrer pas mal de dirigeants du monde quand je voyageais avec mon père. Ce qui m’a frappé à l’époque, et ce qui me frappe encore aujourd’hui, c’est l’humanité rassurante ressentie lors de ces rencontres. Aussi puissant ou exceptionnel puisse-t-il être, un leader demeure un être humain.
Et ceux que j’ai rencontrés veulent en majorité faire ce qu’il faut pour leurs citoyens et le reste du monde, et je leur en suis reconnaissant. Si ce n’était pas le cas, nous vivrions dans un monde beaucoup plus dur. La difficulté du leadership – l’essentiel du leadership, devrais-je dire – est de maintenir l’équilibre entre les intérêts conflictuels de divers groupes de gens qui, parfois, ont des objectifs et des besoins très différents. Mais il arrive que les événements se cristallisent. À certains moments, nos grands besoins et objectifs deviennent universels. Et je crois que nous vivons à une époque où c’est le cas.
Certains pourraient croire que la mission confiée à ce conseil il y a un demi-siècle, soit celle de promouvoir la coopération des deux côtés de l’Atlantique, est élitiste, ou qu’elle rappelle un idéal d’un autre siècle. Eh bien, rien ne pourrait être plus loin de la vérité. Nous vivons à une époque où la paix et la sécurité mondiale, les échanges commerciaux libres et équitables, les droits de la personne et la liberté, sont plus interconnectés que jamais. Autrement dit, dans cette période d’après-guerre, ils n’ont jamais été aussi en danger, et n’ont jamais aussi eu besoin de notre engagement actif et profond. Les alliances qui favorisent la sécurité, la prospérité dans le monde depuis 1945, sont mises à l’épreuve. Et les défis auxquels nous sommes confrontés – les changements climatiques, les sécheresses, l’inégalité des revenus, l’extrémisme violent, les guerres civiles et les migrations de masse qui en résultent, sont de plus en plus urgents. Je vais prendre quelques instants pour répéter ce passage en français pour les gens à la maison.
Certains pourraient croire que la mission confiée à ce conseil il y a un demi-siècle, soit celle de promouvoir la coopération des deux côtés de l’Atlantique, est élitiste, ou qu’elle rappelle un idéal d’un autre siècle. C’est faux. Nous vivons à une époque où la paix et la sécurité mondiale, les échanges commerciaux libres et équitables, les droits de la personne et la liberté, sont plus interconnectés que jamais. Autrement dit, dans cette période d’après-guerre, ils n’ont jamais été aussi en danger, et n’ont jamais aussi eu besoin de notre engagement actif et profond. Les alliances qui favorisent la sécurité, la prospérité dans le monde depuis 1945, sont mises à l’épreuve. Et les défis auxquels nous sommes confrontés – les changements climatiques, les sécheresses, l’inégalité des revenus, l’extrémisme violent, les guerres civiles et les migrations de masse qui en résultent, sont de plus en plus urgents.
Dans le monde entier, l’ordre international établi depuis des lustres est mis à l’épreuve. Avec l’annexion illégale de la Crimée par la Russie, et son ingérence en Ukraine, nous sommes devant la première grande prise de contrôle territoriale en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ce n’est pas le moment de se replier. Les démocraties de l’Atlantique doivent renouveler leur engagement à l’égard des normes universelles relatives aux droits et libertés, appliquées selon un ordre multilatéral fondé sur des règles qui a permis de favoriser la paix et la stabilité à travers les époques.
Nous devons tous unir nos efforts et renouveler notre engagement à l’égard des alliances de longue date telles que l’OTAN et le NORAD et des organisations telles que les Nations Unies et l’OMC. La sécurité mondiale doit pouvoir reposer sur une puissance brute en cas de besoin. C’est pourquoi, plus tôt cette année, le Canada a annoncé un réinvestissement important à long terme dans nos forces militaires et l’augmentation des dépenses visant l’équipement et la formation dont nos hommes et femmes en uniforme ont besoin pour faire leur travail.
Le deuxième grand pilier de la paix et de la sécurité mondiales est, bien entendu, le commerce libre et équitable. Comme vous le savez, comme vous le savez peut-être, enfin j’espère, le Canada tente en ce moment de moderniser l’Accord de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique.
Nous travaillons sans relâche, et nous sommes impatients d’accueillir nos partenaires à Ottawa ce weekend pour la troisième série de négociations. Comme vous l’avez peut-être vu dans les médias, le Canada a fait preuve d’une grande ambition dans le cadre de ces pourparlers, en particulier pour favoriser un commerce progressiste qui met l’égalité des sexes, les droits des Autochtones, la protection environnementale et les normes du travail au cœur même de la discussion.
Je dois cependant dire qu’il semble y avoir eu de la confusion autour de cela. Comme si les gens s’attendent à ce que nous empruntions la même approche commerciale que nos parents, il y a un quart de siècle. Et pourtant, nous avons un précédent. L’AECG, l’accord commercial historique entre le Canada et l’Europe, sera mis en œuvre de manière provisoire dans deux jours. C’est l’accord commercial le plus progressiste dans le monde d’aujourd’hui, et ce n’est pas pour rien que nous l’avons créé ainsi. Les échanges commerciaux, tels que nous les connaissons depuis longtemps, bien qu’en majorité positifs, n’ont pas toujours été parfaits. S’ils l’avaient été, il n’existerait pas de courants politiques contre la mondialisation. Pourtant, ces courants existent bel et bien, surtout dans les endroits où l’industrie de la fabrication traditionnelle est perturbée par l’automatisation, la mécanisation ou la délocalisation. Nous devons donc en faire plus pour nous assurer que les échanges commerciaux profitent à la classe moyenne, et à tous ceux qui travaillent fort pour en faire partie, pas seulement aux mieux nantis.
Nous sommes parvenus à un accord et nous avons dit aux gens que le commerce, et tout ce qui l’accompagne, donnerait une bouffée d’air à tous, qu’il profiterait à tous. Les gens se demandent quand la majorité en profitera. C’est ce que nous devons changer. Nous devons en faire plus pour aider ceux qui perdent leur emploi en raison de fluctuations économiques, pour qu’ils puissent obtenir un emploi bien rémunéré et subvenir aux besoins de leur famille. La solution réside en grande partie dans la défense des droits des travailleurs, non seulement dans notre propre pays, mais partout dans le monde. Encore une fois, cela est important, alors je vais le répéter pour les gens à la maison.
Les échanges commerciaux, tels que nous les connaissons depuis longtemps, bien qu’en majorité positifs, n’ont pas toujours été parfaits. S’ils l’avaient été, il n’existerait pas de courants politiques contre la mondialisation. Pourtant, ces courants existent bel et bien, surtout dans les endroits où l’industrie de la fabrication traditionnelle est perturbée par l’automatisation, la mécanisation ou la délocalisation. Nous devons donc en faire plus pour nous assurer que les échanges commerciaux profitent à la classe moyenne, et à tous ceux qui travaillent fort pour en faire partie, pas seulement aux mieux nantis. Et nous devons en faire plus pour aider ceux qui perdent leur emploi en raison de fluctuations économiques, pour qu’ils puissent obtenir un emploi bien rémunéré et subvenir aux besoins de leur famille. La solution réside en grande partie dans la défense des droits des travailleurs, non seulement dans notre propre pays, mais partout dans le monde.
En bref, le commerce progressiste n’est pas un luxe. En plus d’être la bonne chose à faire, c’est une nécessité d’ordre pratique sans laquelle il ne serait pas possible de maintenir l’appui de la population envers le programme de croissance.
Le troisième pilier de la paix et de la sécurité est l’avancement des droits de la personne, de la liberté et de la tolérance – d’une importance vitale pour nos sociétés. Cela dit, je me plais à penser que nous pouvons aller au-delà du mot « tolérance ». Quand on utilise le mot « tolérance » dans une phrase, par exemple « Je tolère que tu existes », cela manque de compassion. Aucune religion au monde ne dit de tolérer son prochain. Dans certains coins de la planète, un peu de tolérance peut grandement aider, mais dans des pays comme le Canada et les États-Unis et dans les démocraties de l’Atlantique, nous devons faire plus que tolérer l’autre et aller davantage vers des mots comme « amitié », « acceptation » et, oui, « amour ». C’est aussi moralement nécessaire que physiquement vital. Le respect de l’autre, quelles que soient son apparence, sa langue, sa religion ou la personne qu’il aime, permet à la famille humaine de bien s’entendre. Et bien s’entendre les uns les autres permet la survie de l’humanité.
Dans les années 1980, quand j’étais adolescent, la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud dominait la conversation mondiale. Le Canada, par son leadership au Commonwealth, a joué un rôle important pour aider à rallier l’opinion mondiale contre l’apartheid. Nous devons être aussi forts, aussi vigilants dans notre opposition aux fléaux que sont le racisme, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, le sectarisme ethnique et religieux, le néofascisme, le néonazisme et l’extrémisme violent de Daech auxquels nous sommes confrontés en 2017.
Nous ne pouvons pas nous dérober. Ce serait inacceptable de faire même un seul pas en arrière dans les normes de respect de l’autre que s’est donnée la grande famille humaine après avoir souffert dans les combats les plus difficiles du siècle dernier. Vous êtes nombreux dans cette pièce à vous souvenir de ces combats, et nous ne devons plus les revivre.
Cela me ramène au début. Lorsque l’on comprend que tous les leaders sont des êtres humains, nous en venons à prendre conscience que rien n’est assuré. Que l’ordre mondial que nos grands-parents et nos parents ont établi n’est pas immuable, qu’il peut changer pour le pire ou, comme je préfère le croire, pour le mieux. Mais pour que cela se produise, notre définition du leadership, et des leaders eux-mêmes, doit être élargie. Chacun de nous ici est un leader. Chaque citoyen, dans les choix qu’il fait, dans ce qu’il décide de dire ou de taire, de faire ou de ne pas faire, d’enseigner ou pas à ses enfants, est un leader. Ce n’est pas seulement chaque vote qui compte, c’est chaque choix qui compte.
Je vais donc conclure sur ceci : soyons de bons leaders. Soyons les meilleurs leaders possibles. Tous ensemble, retroussons nos manches et attelons-nous à la tâche difficile, mais complètement réalisable et vitale, de laisser derrière nous un monde meilleur que celui que nous avons reçu. Nos enfants et nos petits-enfants ne méritent rien de moins.
Merci beaucoup.