Transcription - Le PM Trudeau prononce une allocution au gala du 30e anniversaire de la Marche des vivants
Le PM Trudeau prononce une allocution au gala du 30<sup>e</sup> anniversaire de la Marche des vivants
Je tiens à remercier toutes les personnes rassemblées ici, au Gala de la Marche des vivants, pour votre accueil chaleureux. Je veux d’abord dire quelques mots au sujet de mon cher ami Nate, qui a si courageusement partagé son témoignage avec d’innombrables Canadiens. De concert avec d’autres survivants de l’Holocauste, dont beaucoup sont dans la salle ce soir, il a jeté la lumière sur l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire, nous rappelant ainsi notre responsabilité commune de ne jamais laisser la haine s’enraciner dans nos foyers, nos écoles et nos sociétés. À Eli Rubenstein et aux organisateurs de l’activité de ce soir : le président national, Heshy Altbaum, la présidente de Toronto, Marcy Abramsky et les présidentes du dîner, Ruth Ekstein, Tammy Glied et Jennifer Green – j’aimerais dire merci pour tout votre soutien à l’égard de cette importante et formidable initiative.
Et Tammy, comme je l’ai fait un peu plus tôt, je tiens à souligner publiquement la perte de votre père, Bill, à souligner notre perte de Bill, et saluer tout ce qu’il a fait afin de sensibiliser les gens à l’Holocauste.
À mes amis Michael Levitt et Marco Mendicino, merci de ce que vous faites pour promouvoir et appuyer cette importante initiative.
Justice Rosalie Abella, merci d’être des nôtres ce soir et d’être une si bonne amie. Et un autre ami ici que je tiens à saluer dans l’auditoire et pour qui le 8 mai est également une journée importante : Irwin Cotler. Où êtes-vous, Irwin? Irwin…
C’est l’anniversaire d’Irwin aujourd’hui. Irwin est un bon ami depuis longtemps, et il m’a aidé à comprendre, à mes débuts comme politicien, ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Et il me le rappelle encore à chacune de nos rencontres. C’est un vrai professeur.
Je suis honoré qu’on me donne la chance de vous dire quelques mots en cette importante soirée. Depuis les 30 dernières années, des milliers de marcheurs se sont rendus en Pologne pour honorer la mémoire de six millions de juifs qui ont été brutalement assassinés par les nazis. La Marche des vivants, un hommage aux survivants et aux victimes de l’Holocauste, témoigne de la force et de la résilience de la communauté juive, de génération en génération. Je tiens à rendre hommage encore une fois au leadership et au dévouement incroyables d’Eli Rubenstein, qui dirige cette marche depuis sa création, en 1988.
Grâce à son travail d’éducation et de sensibilisation, il nous a rappelé notre responsabilité collective, comme juifs et comme amis de la communauté juive, de veiller à ce que la devise « N’oublions jamais » ne soit jamais oubliée. Alors merci, Eli, de tout ce que vous faites, particulièrement en éduquant et en inspirant nos jeunes..
Être avec vous aujourd’hui, à l’occasion du trentième anniversaire de la marche, me rappelle ma propre visite en Pologne, durant laquelle j’ai visité Auschwitz en compagnie du Rabbin Scheier. C’est là que j’ai rencontré Nate Leipciger, dont l’expérience a rendu la mienne encore plus émouvante. Les souvenirs évoqués par Nate ont clairement mis en évidence non seulement le mal de l’Holocauste, mais également l’espoir face à une situation qui semblait insurmontable.
Ensemble, nous avons regardé fixement les clôtures de fil barbelé qui, un jour, séparaient les gens réduits à l’esclavage de leurs ravisseurs. Nous avons marché le long des rails sur lesquels tant de juifs ont été menés à leur mort. Nous avons touché les wagons dans lesquels des mères, des sœurs, des pères et des fils ont été arrachés de leurs foyers et éloignés les uns des autres, y compris la famille de Nate. Ensemble, nous avons pleuré, près du crématorium, toutes les vies innocentes qui ont pris fin trop tôt en raison de la haine, de l’intolérance, du racisme et de l’antisémitisme. Ma visite à Auschwitz restera dans ma mémoire à jamais et me guidera dans ma tâche de premier ministre, mais également en tant que père, époux, fils, frère et citoyen. La tragique réalité de l’Holocauste en est une que je n’ai pas vécue. Mais le fait d’entendre le témoignage de Nate et de voir les reliques de ce chapitre dévastateur de l’histoire a renforcé ma détermination à perpétuer la mémoire de ceux qui ont péri. Elie Wiesel a dit : « Lorsqu’on entend un témoin, on devient un témoin. » Ce jour-là, je suis devenu un témoin de Nate, tout comme des milliers de marcheurs sont devenus témoins des survivants et des victimes de l’Holocauste tous les ans, depuis les 30 dernières années.
L’Holocauste nous a appris le pouvoir meurtrier du silence. Les conséquences dévastatrices de l’inaction ont mis en lumière la culpabilité de ceux qui sont restés sans voix face à l’injustice, à la discrimination et au racisme. Contrer la haine, l’intolérance et l’antisémitisme, chaque instant, dans toutes ses formes; ce n’est pas seulement la responsabilité des gouvernements, ou des membres d’une même communauté religieuse; c’est une responsabilité partagée, qui requiert les efforts et l’engagement de tous les membres de la société, peu importe leurs croyances, leurs origines ou leur âge. En tant que citoyens, nous avons tous le devoir de rappeler les histoires de ces femmes et de ces hommes innocents, dont la vie a été volée et, ainsi, de veiller à ce que de telles atrocités ne se répètent jamais. Encore aujourd’hui, d’après les chiffres les plus récents, 17 pour cent de tous les crimes haineux au Canada visent des Juifs. Je regrette de dire que les Juifs sont victimes de crimes haineux plus que tout autre groupe religieux. Il faut donc faire plus en tant que société pour mettre fin aux attitudes xénophobes et antisémites qui résident dans nos communautés et dans nos écoles, et dans nos milieux de travail.
L’un des aspects de la Marche qui m’inspire énormément est l’importance qu’on y accorde à l’éducation, qui transparaît dans tout ce que vous faites. Lorsque j’ai appris que vous alliez annoncer des bourses qui porteront le nom de survivants, je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’il n’y a vraiment pas de meilleure façon de rendre hommage à l’héritage qu’ils ont laissé. Après tout, l’éducation et le savoir sont nos outils les plus puissants pour mettre en échec l’ignorance et la haine qui ont alimenté l’Holocauste. Et je suis fier de dire que mon gouvernement partage l’importance que vous accordez à la sensibilisation face à l’Holocauste. J’aimerais saluer les innombrables contributions que les survivants et leurs familles ont apportées à la communauté juive, mais également, et essentiellement, à notre tissu national.
Je suis ici, en ce 8 mai, pour marquer le tout premier Mois du patrimoine juif au Canada, qui a été adopté en avril dernier à la Chambre des communes.
Cependant, comme pays, nous devons apprendre de nos réussites tout comme de nos échecs. De 1933 à 1945, le gouvernement canadien a seulement accepté environ 5 000 réfugiés juifs en vertu de la politique d’immigration de l’époque qui affirmait « Aucun, c’est trop. » Un exemple flagrant de cette politique mal avisée est survenu en 1939, au moment où le Canada a repoussé le MS Saint Louis. Le gouvernement du Canada a honteusement tourné le dos à 907 juifs allemands qui fuyaient la persécution. Forcés à retourner en Europe, 254 d’entre eux ont par la suite été tués durant l’Holocauste. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur cette vérité désagréable qui porte sur nous et sur notre pays, ni sur le rôle que le Canada y a joué. Nous devons apprendre de cette histoire, la garder à l’esprit et faire en sorte qu’à l’avenir, les leçons que nous en tirons guident les gestes que nous posons. C’est pourquoi je suis fier d’annoncer que le gouvernement du Canada présentera des excuses officielles au Parlement pour ce qui est arrivé au MS St. Louis et à ses passagers.
Quand nous avons cruellement refusé l’entrée du navire au Canada, nous avons laissé tomber non seulement les passagers, mais aussi leurs descendants et notre communauté. Nous n’avons pas su leur démontrer la gentillesse et la compassion qu’ils méritaient.
Bien entendu, des excuses à la Chambre des communes ne changeront rien à ce sombre chapitre de notre histoire. Elles ne ramèneront pas ceux qui ont péri et ne répareront pas les vies qui ont été brisées par la tragédie. Mais nous espérons que ces excuses, qui auraient dû être présentées il y a longtemps, nous feront prendre conscience de nos échecs pendant que nous faisons le serment de ne jamais laisser l’histoire se répéter. Je suis impatient de présenter ces excuses sur le parquet de la Chambre.
Encore une fois, merci à tous de votre accueil chaleureux et de tout ce que vous faites. De cette initiative, le gala de la Marche des vivants, ainsi que tout ce que vous accomplissez chaque jour pour contribuer à la force de votre communauté. Mais, par-dessus tout, merci de contribuer tous les jours à la force de notre extraordinaire pays.
Merci, mes amis. Merci.