Transcription - Appel aux Canadiens pour qu'ils s'entraident durant la lutte contre la COVID-19
Appel aux Canadiens pour qu'ils s'entraident durant la lutte contre la COVID-19
Monsieur le Président,
Je prends la parole ici, en ce moment, dans cette Chambre, parce que notre génération est confrontée à son plus grand défi jusqu'à maintenant.
On suit tous les traces de nos prédécesseurs.
De tous ces Canadiens qui ont autrefois traversé des périodes difficiles et tumultueuses de notre histoire.
Il y a 103 ans aujourd’hui, des jeunes soldats canadiens se trouvaient dans des tranchées en France, à des milliers de kilomètres de chez eux.
Le lendemain, ils prendraient d’assaut la côte 145 et participeraient à la dernière bataille de la crête de Vimy.
Aujourd’hui, à l’aube de ce sombre anniversaire, nous nous souvenons de leur courage et de leur sacrifice.
Nous nous souvenons des soldats qui ont façonné le pays que nous connaissons aujourd’hui.
Vingt ans plus tard, beaucoup d’entre eux allaient être envoyés au front de nouveau.
Le soir du 14 novembre 1940, mon grand-père, le jeune député de Vancouver Nord, a pris la parole dans le cadre de ses fonctions pour parler de l’effort de guerre. Mais il a d’abord remercié tous les députés plus seniors qui l’avaient autorisé à prendre la parole avant eux parce que son congé de l’Aviation royale canadienne avait pris fin ce soir-là et qu’il était sur le point de s’embarquer pour l’étranger.
Jimmy Sinclair allait ensuite passer trois années et demie en Europe et en Afrique du Nord, loin de sa jeune famille, loin de son travail dans cette Chambre des communes, loin de ses électeurs en Colombie-Britannique, pour servir son pays de la meilleure façon dont il pouvait.
Il est revenu en Chambre au début de 1944, à peine quelques mois avant le jour J, pour demander aux Canadiens de continuer à faire les sacrifices et les efforts nécessaires pour remporter la guerre.
« C’est cette année qui déterminera si l’on assistera à une victoire rapide ou à une guerre prolongée; c’est une année où les hommes, femmes et enfants au Canada devront accorder aux hommes qui combattent toute l’aide, tout le soutien et tous les encouragements possibles, peu importe ce qui leur en coûtera sur le plan personnel. »
Ces épreuves ont façonné notre pays, et encore plus ses citoyens.
Et maintenant, encore une fois, nous sommes mis à l’épreuve.
Monsieur le Président, nous ne sommes pas en temps de guerre.
Mais ça n’empêche pas pour autant la crise actuelle de ne pas être aussi destructrice et dangereuse.
Toutefois, il n’y a aucune ligne de front délimitée par des barbelés. Aucun soldat déployé outre-mer. Aucun combattant ennemi à défaire.
À la place, la ligne de front est partout.
Dans nos maisons. Dans les hôpitaux et les centres de soins. Dans les épiceries et les pharmacies. Dans les haltes routières et les stations-service.
Et les gens qui travaillent à ces endroits sont nos héros des temps modernes.
Séparés de leur famille, ils mettent leur santé en péril en se rendant au travail chaque jour pour qu’on puisse se nourrir.
Pour qu’on puisse recevoir des soins.
Pour qu’on puisse faire notre part.
Parce que chacun d’entre nous a un rôle à jouer pour protéger le pays contre la menace qui plane.
En temps difficiles, le courage et la force ne se mesurent pas à ce que nous faisons et disons haut et fort en public, mais plutôt aux gestes que nous posons silencieusement, dans notre vie personnelle.
Comme en restant à la maison.
Même en étant séparés, nous demeurons unis par notre détermination à faire ce qu’il faudra jusqu’à ce que la COVID‑19 soit vaincue.
Monsieur le Président, nous sommes ici aujourd’hui pour faire adopter la Subvention salariale d’urgence.
Il s’agit de la politique économique canadienne la plus importante depuis la Deuxième Guerre Mondiale.
Cette subvention va permettre aux Canadiens de garder leur emploi et un chèque de paie pendant cette crise.
C’est ce sur quoi nous voterons cet après-midi.
Cette subvention s’appuie sur les démarches déjà entreprises pour venir en aide aux Canadiens, comme l’offre de prêts garantis aux petites entreprises et la Prestation canadienne d’urgence pour ceux qui ont perdu leur emploi.
Encore une fois, dans cette Chambre, nous sommes appelés à soutenir ceux qui sont dans le besoin et je sais que nous ne les laisserons pas tomber.
Monsieur le Président, alors que le Canada fait face à cette crise, nous sommes tous appelés à servir.
À combattre pour chacun de nos concitoyens ainsi qu’à leurs côtés.
À combattre pour la mère de quelqu'un. Pour le grand-père de quelqu'un. Pour le voisin de quelqu'un.
Notre travail en tant que Canadiens est de préserver la dignité et le caractère sacré de la vie de tous, riches ou pauvres, jeunes ou âgés, malades ou en santé.
C’est notre devoir.
Sans hésitation, sans interruption, nous devons combattre corps et âme contre cette maladie.
Nous devons nous entraider et mettre tous nos efforts pour protéger notre avenir collectif.
Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, nous ferons face à de nombreux obstacles.
Nous traverserons d’autres moments incertains.
La peur et l’inquiétude continueront de faire partie de notre quotidien pour la plupart d’entre nous.
Et malheureusement, nous pleurerons ensemble la perte des nôtres.
Même si nous prenons toutes les précautions nécessaires, la situation risque d’empirer avant de s’améliorer.
C’est la triste réalité à laquelle notre pays est confronté.
Notre détermination à en finir avec ce virus – notre engagement à veiller les uns sur les autres – seront mis à l’épreuve.
Mais je sais que nous sommes à la hauteur du défi devant nous.
Les Canadiens font partie des gens les plus privilégiés de la planète.
Malgré les défis que nous avons à surmonter, malgré les injustices qu’il nous reste à corriger, nous vivons dans un pays où nous prenons soin les uns des autres.
Où nous veillons les uns sur les autres.
La générosité et la compassion existaient bien avant que ce virus ne nous atteigne, et ces valeurs perdureront lorsqu’il sera éliminé, parce qu’elles reflètent qui nous sommes.
Monsieur le Président, notre pays est en deuil.
Trop de familles ont perdu un être cher en raison de cette pandémie.
Cette maladie est d’autant plus cruelle puisqu’elle nous empêche de se rassembler pour pleurer la perte de ceux qui nous ont quittés et de célébrer leur vie entre amis et en famille.
Au nom de tous les Canadiens, j’offre mes plus sincères condoléances à ceux qui ont perdu un proche.
Cependant, ce long week-end marque aussi le début d’une renaissance et d’un renouveau.
À Pâques, les chrétiens honorent la Passion, le sacrifice et la résurrection de Jésus de Nazareth, ainsi que ses enseignements sur la compassion, le pardon et l’amour.
À la Pâques juive, les Juifs se rappellent du pacte que Dieu a conclu avec le peuple d’Abraham, Isaac et Jacob, Sarah, Rébecca, Rachel et Léa. Et l’héroïsme de Moïse, qui a délivré son peuple de l’esclavage.
À l’occasion du Vaisakhi, les sikhs et les hindous célèbrent le Nouvel An et la récolte printanière.
Et même pour ceux qui ne célèbrent aucune fête, le printemps est toujours une période de renouveau.
Ces moments nous rappellent que l’amour, le courage et la force d’âme forment l’antidote au désespoir.
Qu’il n’existe aucun défi que nous ne puissions pas relever ensemble.
Donc promettons-nous solennellement les uns les autres ce week-end que nous y arriverons.
Durant ce long weekend, prenons un engagement entre nous de faire ce qui s’impose aussi longtemps qu’il le faudra.
Et dans cette Chambre, faisons notre part pour remplir cet engagement.
Prenons nos responsabilités et venons en aide à ceux qui sont dans le besoin.
Monsieur le Président, en me tenant ici aujourd’hui, je pense aux jeunes hommes qui ont perdu la vie en s’emparant de la crête de Vimy.
Je pense à la plus grande génération, qui a grandi durant la Crise économique et qui a combattu durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette génération nous a montré à combattre pour ce en quoi nous croyons et à faire des sacrifices pour ce qui nous est cher.
Aujourd’hui, partout au pays, les derniers membres de notre plus grande génération vivent dans des maisons de soins et des établissements de soins de longue durée. Ou ils vivent dans leur petit appartement, dans la maison qu’ils ont construite de leurs propres mains il y a déjà longtemps.
Ils sont les plus menacés par cette maladie.
Ils ont combattu pour nous, durant toutes ces années, et aujourd’hui, nous nous battons pour eux.
Nous nous montrerons dignes du magnifique pays qu’ils ont construit.
Et pour eux, et pour leurs petits-enfants, nous ferons des sacrifices, nous persévérerons et nous l’emporterons sur cette maladie.