Transcription - Discours de graduation du premier ministre Trudeau à l’intention des diplômés postsecondaires
Discours de graduation du premier ministre Trudeau à l’intention des diplômés postsecondaires
Bonjour tout le monde.
D’abord, félicitations.
Vous avez travaillé tellement fort pendant tant d’années pour arriver jusqu’ici et vous avez de quoi être fiers.
Mais disons-nous les vraies choses.
Cette graduation n’est pas exactement ce que vous aviez en tête. Personne n’aurait pu prédire l’état dans lequel notre monde se trouve en ce moment.
Et c’est pas facile.
Vous étiez censés célébrer avec vos amis, prendre des photos dans vos toges avec votre famille et assister à votre cérémonie de remise des diplômes en personne.
Compter les secondes jusqu’à ce que quelqu’un comme moi finisse son discours et penser à tous les parties auxquels vous irez plus tard ce soir – c’est un rite de passage.
Mais cette année, c’est différent.
Vous êtes différents.
Aucun étudiant ne choisit le monde dans lequel il gradue, mais si vous aviez le pouvoir, vous n’auriez probablement pas choisi le monde de 2020.
Des feux de brousse en Australie liés aux changements climatiques. L’écrasement d’avion tragique en Iran. La tuerie la plus meurtrière de l’histoire de notre pays. Des scènes horrifiantes de brutalité policière envers les Noirs et les Autochtones.
Et bien sûr, la raison pour laquelle on ne se réunit pas en personne aujourd’hui, la COVID-19, qui a déclenché la plus grande crise sanitaire et économique depuis des générations.
Vous faites donc face à des obstacles additionnels et ça crée beaucoup d’incertitude dans votre vie.
Et vous avez dû faire des sacrifices considérables au cours des derniers mois.
Vous avez dû complètement repenser vos plans pour l’avenir et donc tous les stress se multiplient.
Tous ces événements ont aussi exposé les failles et les limites de notre monde – du monde que vous êtes sur le point d’hériter.
Et c’est inquiétant, même alarmant.
Mais ça provoque aussi une prise de conscience parce qu’on réalise à quel point on a besoin de vous.
Votre génération a toujours senti ce qu’il n’allait pas dans le monde et ce qui devait changer.
Vous avez marché pour le climat.
Vous avez eu le courage de dire « Moi aussi ».
Vous nous avez poussés le long du chemin de la réconciliation.
Vous êtes allés manifester pour Black Lives Matter.
Vous avez lutté pour la liberté d’aimer qui on aime et d’être qui on est.
Obtenir son diplôme c’est tout un exploit.
Mais vous n’avez jamais eu besoin d’un morceau de papier pour dénoncer l’injustice.
Vous n’avez pas attendu d’avoir terminé vos études pour exiger du changement. Pour être porteurs de changement.
Peu de promotions auront fait face à un défi de cette taille en sortant de l’école, mais celle de 1939 me vient en tête.
Les membres de la Plus Grande Génération sont sortis de la Dépression pour combattre dans une guerre mondiale qu’ils n’avaient pas déclenché.
Et face aux ravages de ce conflit, ils ont choisi de se retrousser les manches et d’unir leurs forces pour bâtir un monde meilleur.
Ils ont érigé les institutions multilatérales qui nous ont soutenues pendant la deuxième moitié du 20e siècle.
Ils ont fait du monde un endroit plus solidaire, plus compatissant et plus pacifique.
Ils ont fait des sacrifices énormes, ils ont rêvé grand et ils ont travaillé très fort pour nous laisser un monde meilleur que celui qu’ils avaient hérité.
Le défi qui vous attend n’est pas si différent.
Les choix que vous ferez, les gestes que vous poserez au cours des prochaines années décideront de l’avenir de notre pays et de notre monde.
Et je ne peux pas imaginer des gens mieux préparés que vous pour nous montrer la marche à suivre.
La COVID-19 vous a enlevé plusieurs choses, dont la possibilité de participer à une cérémonie de remise des diplômes en personne.
Je sais que les derniers mois ont été très frustrants.
Mais on a aussi tiré plusieurs leçons importantes de la pandémie.
D’abord, on a appris à quel point on a besoin les uns des autres pour concrétiser nos ambitions.
Pour en finir avec le virus, tout le monde doit faire sa part, et vous n’avez pas manqué à l’appel.
Vous avez fait des sacrifices pour protéger nos aînés.
Vous avez terminé votre dernier semestre en ligne.
Vous n’avez pas serré vos amis dans vos bras ou eu une date depuis des mois.
Vous avez choisi d’aller aider vos parents, vos grands-parents et votre communauté pendant cette période difficile.
Que vous fassiez du bénévolat dans une banque alimentaire ou que vous aidiez une entreprise à s’adapter à la nouvelle réalité, vous faites votre part.
Vous avez compris.
Ce qui est important, c’est de prendre soin des plus vulnérables, de saisir l’impact de nos gestes et d’être là les uns pour les autres.
C’est ce que ce chapitre de notre histoire vous apprend. Et nous rappelle tous.
Que l’amitié est importante. Que les gens qui nous entourent sont importants.
On doit redéfinir ce que ça veut dire être un bon ami, un bon voisin, être engagé dans notre communauté, autant en ligne que dans notre vie de tous les jours.
Et c’est quelque chose que vous êtes particulièrement bien préparés à faire.
Vous avez grandi dans un monde où vous pouviez voir et échanger avec des gens qui ne parlaient pas la même langue que vous ou qui n’avaient pas le même passeport que vous, mais qui partageaient votre passion, vos valeurs, votre colère.
Vous avez été façonnés lors d’événements comme Occupy Wallstreet, le printemps arabe, les carrés rouges, Idle No More, et cette montée du populisme à travers l’Occident.
Plus récemment, vous vous êtes joints aux appels à la démocratie venant de Hong Kong. Vous avez amplifié les appels à plus de justice, plus de reddition de comptes, plus d’égalité depuis Minneapolis.
Vous comprenez non seulement la valeur, mais le pouvoir de l’esprit communautaire mieux que la plupart.
Et c’est pour cette raison que je crois que vous allez devenir la Plus Grande Génération du 21e siècle.
Vous savez ce qui ne fonctionne pas dans le monde et vous êtes prêts à le changer.
Maintenant, votre travail consiste non seulement à mettre les gens comme moi au défi, mais aussi à nous amener avec vous.
Ce ne sera pas toujours facile.
Vous allez vous heurter à des obstacles et connaître des déceptions et des peines en cours de route.
Mais vous avez tout ce dont vous avez besoin pour réussir.
Vous êtes brillants, talentueux, créatifs et ambitieux.
Vous êtes aussi passionnés, gentils et remplis d’empathie.
Et vous êtes Canadiens.
Vous êtes connectés et vous êtes les bienvenus aux quatre coins du monde.
Vous appréciez les privilèges, les opportunités et les responsabilités qui viennent avec le fait d’être Canadiens.
Mais vous savez aussi que notre pays est loin d’être parfait.
Vous savez qu’on a encore beaucoup de travail à faire.
Votre génération n’a jamais eu peur de se confronter à cette dure vérité.
Et ça ne diminue aucunement notre fierté canadienne.
Au contraire, notre détermination à faire mieux, notre volonté à apprendre et notre optimisme par rapport à l’avenir est au cœur de qui nous sommes en tant que pays.
On sait tous que le Canada n’est pas devenu le pays qu’il est par accident et qu’il ne va pas continuer sans effort.
Et si l’exceptionnalisme canadien existe, ce n’est pas parce qu’on croit que le Canada est le meilleur pays au monde.
C’est parce qu’on est convaincu qu’on peut le devenir.
Que notre travail n’est jamais terminé.
Que le meilleur reste toujours à venir.
Je sais qu’en ce moment, l’avenir peut paraître sombre.
Mais faites-moi confiance quand je dis que vous avez tout ce dont vous avez besoin non seulement pour réussir et rebâtir, mais pour être heureux.
Personne ne choisit le monde dans lequel il obtient son diplôme.
Mais c’est à vous de choisir le monde que vous laisserez derrière vous.
Votre promotion est différente.
Vous avez toujours été différents.
Les événements récents nous ont ouvert les yeux à ce qui était toujours devant nous.
Que vous vous souciez les uns des autres.
Que vous vous souciez de ce qui arrive à des gens que vous n’avez jamais rencontrés et que vous n’allez jamais rencontrer.
Que vous vous souciez profondément de la suite des choses.
Je sais que vous êtes prêts.
Vous le savez aussi.
Merci.