Transcription - Allocution du premier ministre lors du forum GLOBE 2022
Allocution du premier ministre lors du forum GLOBE 2022
Bonjour tout le monde.
C’est toujours un grand plaisir de revenir à Vancouver. J’ai passé beaucoup de temps ici, en Colombie-Britannique. J’y ai passé des étés avec mes grands‑parents, fait des voyages en canoë le long de la côte, et enseigné ici pendant plusieurs années. Alors être ici me donne toujours l'impression de rentrer à la maison.
Permettez-moi tout d'abord de souligner qu'on se trouve sur le territoire traditionnel des Salish du littoral que se partagent les peuples Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh. Je tiens également à remercier le chef Sparrow, le conseiller Williams et le chef Thomas pour leur accueil.
Et merci à toi, Steven, pour cette présentation, et pour tout ce que tu fais pour réaliser de grandes choses en matière de climat. Steven, ton leadership et ta vision nous ont menés ici aujourd’hui.
Merci, mon ami.
Je veux commencer aujourd'hui en parlant de l'Ukraine.
Les gens me demandent comment cette situation va se terminer, et je peux vous dire que ce n'est pas la question que se posent les Ukrainiens. Ils parlent plutôt de la façon dont cette situation doit se terminer : un retrait complet des troupes russes, et le rétablissement de la paix, de la démocratie, de la liberté et de la souveraineté.
Les Ukrainiens et leur président Volodymyr Zelenskyy font preuve d'une détermination incroyable. Ils se battent non seulement pour leur pays, mais aussi pour nous tous, car ils défendent la démocratie contre la dictature. C'est pourquoi il est si important que le Canada et ses alliés du monde entier continuent de soutenir fermement l'Ukraine en apportant une aide militaire, économique et humanitaire, en offrant refuge aux personnes qui fuient la guerre, comme le font toujours les Canadiens.
On doit demeurer résolus à punir cette invasion criminelle par des sanctions très sévères contre le président Poutine et son cercle intime, pour les faire payer, aussi longtemps qu'il le faudra. Si le président Poutine pense qu'on n'a pas l'endurance nécessaire pour aller jusqu'au bout, il a tout à fait tort.
Oui, il y aura des défis à relever, et le processus sera douloureux.
Et, oui, de nombreux habitants de démocraties comme la nôtre seront confrontés à une hausse des prix de l'énergie et des aliments. Mais d'autres personnes dans le monde risquent d'être confrontées à de véritables pénuries et à la famine, et ce, pendant que les Ukrainiens eux-mêmes se battent pour leur vie et paient de leur vie. N'oublions pas cela.
Hier encore, j'ai parlé une fois de plus avec le président Zelenskyy. La semaine dernière, j'ai rencontré nos alliés au Sommet de l'OTAN. J'ai aussi pris le temps de visiter des entreprises ukrainiennes et de participer à des rassemblements communautaires, de Toronto à Montréal, et je le ferai plus tard aujourd'hui, ici, à Vancouver. Ce que j'entends partout où je vais, c'est que les Canadiens veulent contribuer à l'effort.
Au cours des prochains mois, le Canada peut aider des gens à subvenir à leurs besoins et à joindre les deux bouts. Et pour les années à venir, on peut accélérer le rythme de nos efforts afin d'être prêts pour l'avenir qui nous attend. Les dirigeants avec lesquels je me suis entretenu en Europe au cours des dernières semaines ont été clairs : ils ne veulent pas seulement mettre fin à leur dépendance au pétrole et au gaz russes; ils veulent accélérer la transition vers une énergie propre et verte. Et les Canadiens ont un rôle important à jouer à cet égard.
Voilà donc la situation dans laquelle notre monde se trouve aujourd'hui. C'est dans ce contexte que je vous parle de la lutte contre les changements climatiques, de la protection de notre planète et de la réussite des Canadiens dans l’édification d’un avenir plus vert, ce qui est tout aussi important.
On n’a pas à choisir entre une économie forte et un environnement sain. C’est ce que j’ai dit il y a six ans lorsque j’étais ici à ce forum. À l’époque, beaucoup de gens, surtout dans cette salle, étaient d’accord. Mais, honnêtement, la lutte contre les changements climatiques était encore trop souvent considérée comme une responsabilité sociale seulement. On ne la voyait pas comme un élément central des plans économiques et des plans d’affaires.
Aujourd'hui, les choses ont changé. Et si elles ont changé, c'est en grande partie parce qu'on s'est rendu compte que l'action climatique et l'économie vont réellement ensemble.
Au cours des six dernières années, le Canada a prouvé au monde entier qu'il est possible de prendre des mesures climatiques concrètes tout en bâtissant une économie forte et prospère. Et comme toujours, la Colombie-Britannique a pris les devants.
On a mis… oui, vous pouvez applaudir la Colombie-Britannique!
(Applaudissements)
On a mis un prix sur la pollution dans tout le pays, et on a mené notre combat jusqu'à la Cour suprême. Le résultat? Pas la fin de l'économie canadienne comme certains politiciens conservateurs l'avaient prédit. En fait, c'est plutôt le contraire. La tarification de la pollution permet toujours de mettre plus d'argent dans les poches des Canadiens et de réduire la pollution dans l’air. Et elle facilite la tâche des entreprises qui souhaitent investir dans leur propre avenir à faible émission de carbone.
On s'est engagés à soutenir l'innovation propre au Canada, puis on s'est tournés vers des projets qui permettraient de favoriser la création de bons emplois et la croissance propre dans toutes les régions du pays. Et les chiffres? Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Au cours du dernier mois seulement, on a annoncé la création de 2 500 emplois à Windsor grâce à la construction d'une usine LGES-Stellantis qui fabriquera des batteries pour véhicules électriques. Il y a quelques années à peine, une telle entente de plusieurs milliards de dollars aurait paru illusoire.
Aujourd'hui, c'est le nouvel avenir des travailleurs canadiens, et un nouveau visage pour les investisseurs mondiaux.
On a émis avec succès les toutes premières obligations vertes du Canada, d'une valeur de 5 milliards de dollars, et le secteur privé a saisi l'occasion d'investir dans les technologies propres au Canada. Et on a poursuivi notre engagement historique envers le transport en commun en investissant des centaines de millions de dollars supplémentaires dans des projets qui contribueront à réduire la pollution, à créer des emplois et à rendre la vie plus facile… et toutes ces annonces n'ont été faites qu'au cours du dernier mois.
Tout ça, c’est bien, mais il faut également prendre des mesures en faveur de l’environnement indépendamment du reste. Pendant qu’on crée des emplois et qu’on remet plus d’argent dans les poches des gens, on protège aussi une superficie de nature plus importante que jamais.
Quand on a signé l’Accord de Paris il y a six ans, environ seulement 1% des zones marines canadiennes étaient protégées. Aujourd’hui, ce sont près de 14 % de ces zones qui sont protégées, et on a conservé des espaces d’habitats sauvages équivalents à la moitié de la superficie du Manitoba.
Soyons clairs : il est possible à la fois de faire croître l'économie et d'agir en faveur du climat.
En fait, comme vous le savez tous ici à GLOBE depuis plus de trois décennies, la protection de l'environnement permet d’ouvrir des possibilités économiques.
Bien sûr, il y a toujours ceux qui veulent nous faire reculer. Il y a toujours des politiciens qui insistent pour que l'action climatique soit remise à un autre moment, à un autre endroit.
Mais à quel autre moment?
Si on ne le fait pas maintenant, il sera trop tard.
Et à quel autre endroit?
Il n'y a pas de plan B, car il n'y a pas de planète B.
La question n'est pas de savoir si on doit continuer à agir pour le climat. Mais plutôt ce qu'on peut faire de plus, et à quel rythme?
Parce que si les six dernières années nous ont montré que l'action climatique est la voie à suivre, elles nous ont aussi montré qu'on doit maintenant rehausser nos ambitions. On ne peut pas faire comme si de rien n'était lorsque des inondations dévastatrices emportent des autoroutes et des fermes. Ou que des communautés sont détruites par des feux de forêt. Des vies et des moyens de subsistance sont en jeu, parce qu'il n'y a pas de doute, il va y avoir un prix à payer si on n'agit pas immédiatement.
Et ce sont les Canadiens ordinaires qui vont en payer le prix; ce sont nos enfants qui vont en payer le prix.
Et je ne parle pas seulement de crise, mais aussi de potentiel perdu.
Cette année, l'activité économique mondiale dans le domaine des technologies propres devrait s’exprimer en milliers de milliards de dollars. Pas en millions ou en milliards de dollars, mais en milliers de milliards de dollars.
Les concurrents du Canada sont en train de passer à l’action. En fait, comme me l’ont dit nos alliés européens, l’invasion illégale de l’Ukraine par Poutine ne fait qu’accélérer leur recherche d’énergies renouvelables. Le monde prend le virage propre. Le Canada ne peut pas se permettre de passer à côté. On doit saisir cette occasion pour un air pur, pour une économie forte, et c’est de ça qu’on va parler aujourd’hui.
Ce matin, notre gouvernement dévoile le Plan de réduction des émissions du Canada, notre plan le plus puissant et détaillé à ce jour.
C’est un plan ambitieux et responsable. Ce plan historique va nous permettre de réduire nos émissions de 40 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005, et de réaliser nos objectifs de neutralité carbone d’ici 2050. On va y parvenir en procédant secteur par secteur, en réduisant les émissions et en multipliant les perspectives dans l’ensemble du pays et de l’économie.
Ce matin, notre gouvernement présente le Plan de réduction des émissions du Canada.
Il s’agit de notre mesure la plus audacieuse et la plus spécifique à ce jour. Il est ambitieux et réalisable.
Il est ambitieux parce qu’il va nous permettre de réduire nos émissions à 40 % de ce qu’elles étaient en 2005 d’ici 2030, et d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Il est réalisable parce qu’il aborde chacun des secteurs en définissant des moyens de réduire les émissions et de créer des opportunités dans l’ensemble du pays et de l’économie.
Alors, commençons par les secteurs qui rejettent le plus d’émissions dans notre air : le secteur pétrolier et gazier, et les transports. Ce plan décrit une contribution claire et planifiée du secteur pétrolier et gazier aux réductions d’émissions, soit une réduction d'un peu plus de 30 % par rapport aux niveaux de 2005, et d'un peu plus de 40 % par rapport aux niveaux actuels. On définit une contribution claire et raisonnable que le secteur doit apporter pour qu’on puisse progresser dans notre volonté de plafonner et de réduire les émissions.
S’il y a un secteur pétrolier et gazier dans le monde qui peut y arriver, c’est bien celui du Canada.
S’il y a une main-d’œuvre dans le monde qui peut opérer ce virage, c’est bien celle du Canada.
En matière d’innovations propres, on est déjà passés par là. Il suffit de penser à l’aluminium et à l’acier. À une certaine époque, le monde pensait qu’il était impossible de produire de l’aluminium sans produire du même coup d’importantes quantités de pollution. Mais, depuis des années, le Canada produisait déjà de l’aluminium plus propre. Puis le projet ELYSIS a vu le jour au Québec, ce projet a donné naissance au tout premier procédé au monde pour la production sans carbone de l’aluminium, tout en créant des emplois.
À une certaine époque, le monde pensait qu’acier rimait avec cheminées géantes. Mais maintenant en Ontario, Dofasco et Algoma abandonnent leur processus de fabrication de l’acier à base de charbon pour des fours électriques à arc. Ces fours sont alimentés par des énergies renouvelables comme l’hydroélectricité. En plus d’être vert, ce changement va faire accroître la compétitivité de l’acier canadien sur le marché mondial tout en assurant un avenir prometteur aux travailleurs et à leurs familles.
J’ai confiance dans l'industrie canadienne, dans les travailleurs canadiens et dans le Canada qu’on peut bâtir ensemble. C’est vrai pour le secteur pétrolier et gazier comme pour tout autre secteur. Les travailleurs et les ingénieurs canadiens sont les meilleurs au monde. Et une journée de travail dans une usine de production d’hydrogène qui fait appel au captage du carbone ne sera pas très différente d’une journée de travail dans une raffinerie.
La volonté est là – les industries font déjà des efforts de leur propre chef. Et l’argent est là, lui aussi. Le moment est venu pour le secteur pétrolier et gazier, qui réalise des profits records, d’investir dans un avenir durable qui sera bénéfique pour les affaires, les communautés et notre avenir.
Les grands lobbys du pétrole ont connu leur heure de gloire. Maintenant, l’heure est aux travailleurs et aux ingénieurs qui vont mettre au point des solutions pour leur secteur, leurs communautés et leurs enfants.
Évidemment, si on aspire à un avenir industriel propre, on doit aussi avoir pour but de conduire des véhicules propres. La demande est là, partout dans le monde. D’ailleurs, chaque semaine il se vend maintenant autant de véhicules électriques que le total des ventes pendant toute l’année de 2012. Notre gouvernement a déjà investi dans le secteur de la fabrication au Canada. Je pense notamment à l’usine Ford à Oakville qui crée des emplois ainsi qu’à la nouvelle installation de fabrication de batteries à Bécancour.
Notre gouvernement investit aussi dans la vie quotidienne des gens.
On installe des bornes de recharge et on a mis sur pied un programme incitatif afin de rendre les véhicules électriques plus abordables pour la classe moyenne. Et on fixe maintenant un objectif de vente obligatoire encore plus ambitieux pour les véhicules électriques.
Ce plan de réduction des émissions prévoit un nouvel objectif de vente obligatoire pour les véhicules électriques. Au moins 20 % de tous les nouveaux véhicules personnels vendus au Canada seront des véhicules zéro émission d’ici 2026, parce que quand on se rend chez le concessionnaire avec l’intention de se procurer un véhicule électrique, on ne devrait pas être mis sur une liste d’attente. D’ici 2030, au moins 60 % de toutes les nouvelles voitures personnelles vendues seront des VZE et, d’ici 2035, toutes les nouvelles voitures personnelles vendues au Canada seront des véhicules zéro émission.
(Applaudissements)
Jusqu'à maintenant, j’ai parlé de réduction des émissions, parce que c’est ce qu’on doit faire pour lutter contre les changements climatiques. Et réduire la pollution, c’est important, mais la création d’opportunités l’est tout autant. Tout le monde mérite une grande carrière qui le rend fier de son travail et qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Ici, en Colombie-Britannique, vous nous montrez la voie à suivre grâce à des projets créateurs d’emplois comme l’usine juste ici, à Richmond. Ils utilisent le captage du carbone pour éviter de libérer les émissions dans l’air et les stocker de façon permanente dans du ciment.
Ce plan va s’appuyer sur des initiatives comme cela pour créer de bons emplois pour la classe moyenne à la grandeur du pays. Et là où la transformation du marché mondial exige une transformation de l’économie locale, on va aider les gens. On est résolus à créer un fonds de l’avenir pour l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador pour veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.
Quand Amazon a investi 700 millions de dollars dans une centrale solaire en Alberta, ils ont choisi l’Alberta précisément pour l’accès aux énergies renouvelables. Quand, ce mois-ci, l’association qui représente l’industrie de l’extraction pétrolière et gazière en mer à Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé un virage pour inclure les énergies renouvelables, elle l’a fait en sachant qu’il y a de l’espace pour la croissance.
L’industrie croit en ces communautés, et notre gouvernement aussi.
En fait, on voit déjà les résultats de nos investissements. Je pense à la toute première centrale géothermique qu’on appuie en Saskatchewan – un projet qui va créer des emplois tout en alimentant les maisons avec de l’énergie propre. Pour tant d’autres communautés, voilà un avenir prometteur.
On peut et on va le bâtir en travaillant ensemble.
Ce n’est qu’une fraction de ce que prévoit notre plan.
Je pourrais vous parler de notre engagement à protéger les forêts anciennes ou à accroître nos immenses investissements dans des projets d’énergie propre avec les communautés autochtones. Mais ce qu'il faut retenir, c'est ceci :
Ce n’est pas simplement un plan pour nous protéger contre les changements climatiques, c’est un plan pour bâtir un avenir meilleur. Et il donne lieu à de vrais résultats pour de vraies personnes dès maintenant. De l’air pur pour nos enfants, et des lacs et forêts en santé pour les générations à venir. Des véhicules électriques abordables dans nos entrées et des factures de chauffage mensuelles moins élevées pour les familles. De bons emplois pour les travailleurs et une économie forte pour tout le monde.
De l’air pur, des factures mensuelles réduites, de bons emplois pour la classe moyenne, une économie forte pour les générations à venir.
C’est ça, nos objectifs. C’est ça, l’avenir que notre plan va nous aider à bâtir.
J’ai commencé mon discours en parlant de la guerre en Ukraine.
Je sais que certaines personnes vont dire qu’en temps de guerre, ce n’est pas le moment d’agir pour le climat, de se tourner vers des solutions propres afin de bâtir une économie concurrentielle. Ce sont les mêmes qui disaient que la pandémie n’était pas un bon moment d’agir pour le climat. On ne les a pas laissés nous arrêter à ce moment-là non plus. Pour exercer notre leadership de façon responsable, il fallait qu’on s’attaque à cette crise et qu’on construise pour l’avenir.
À ces gens-là, je dis ceci :
Ce n'est pas le moment de trouver des excuses. C’est le moment de prendre des mesures encore plus audacieuses pour le climat parce que c’est toujours le bon moment quand il s'agit d’aborder une crise de front, c’est toujours le bon moment quand il est question de protéger les travailleurs, et c’est toujours le bon moment de bâtir un bon avenir pour tous les Canadiens.
On n’a pas à choisir entre la croissance économique et la santé de l’environnement. On n’a pas à choisir entre des objectifs ambitieux et des objectifs réalisables. Si on travaille ensemble, on va continuer de bâtir un avenir prometteur pour tout le monde.
En sortant de cette salle, on est tout de suite inspirés à la vue des splendides montagnes de la rive nord. Et partout au pays, la géographie du Canada nous inspire et nous impressionne. Elle nous impressionne parce qu’on sent inévitablement à quel point elle est plus vaste que chacun de nous, mais elle nous inspire parce qu’elle nous rappelle qu’on est ses protecteurs qui vont en assurer la conservation pour les prochaines générations.
C’est notre responsabilité collective.
C’est le défi qui nous attend, et c’est un défi qu’on va être capables de relever, je le sais.
Merci beaucoup mes amis.