Transcription - Discours au sommet des chefs d’État et gouvernement de la Plateforme internationale pour la Crimée
Discours au sommet des chefs d’État et gouvernement de la Plateforme internationale pour la Crimée
LE TRÈS HONORABLE JUSTIN TRUDEAU (premier ministre du Canada) :
Merci, mes chers amis. Monsieur le Président. Volodymyr. Mustafa-aga, chef des Tatares de Crimée. Chers partenaires. Chers alliés. Je me joins à vous aujourd’hui de Toronto, en compagnie du chancelier allemand, mon ami Olaf Scholz.
L’an dernier, quand le Canada a pris part au premier sommet de la Plateforme pour la Crimée, personne ne savait que le président Vladimir Poutine lancerait une offensive majeure sur le reste de l’Ukraine malgré une absence de provocation. Aujourd’hui, à la veille du Jour de l’indépendance de l’Ukraine, nous voulons réitérer notre soutien inébranlable au plein recouvrement de votre indépendance, de votre intégrité territoriale et de votre souveraineté.
Nous sommes ici pour rappeler au reste du monde qu’à l’intérieur des frontières ukrainiennes internationales reconnues, il y a la Crimée. La Crimée fait partie de l’Ukraine, et non de la Russie. En fait, on ne peut oublier que l’invasion du président Poutine en Ukraine a véritablement commencé en 2014, quand il a tenté d’annexer et d’occuper illégalement la Crimée et la ville de Sébastopol. Le peuple ukrainien a le droit de se défendre, et cela vaut aussi pour la Crimée.
Le Canada restera là pour vous soutenir et nous savons que nos alliés, comme l’Allemagne, continueront de faire de même.
Le Canada va toujours être là pour soutenir la démocratie et le respect du système international fondé sur des règles. Quand la Russie a envahi la Crimée, elle s'est attaquée à ce système. Ses actions en Crimée et ailleurs en Ukraine sont inacceptables. Quand j'ai visité l'Ukraine en mai, j'ai vu toute la brutalité de cette guerre menée par Vladimir Poutine, et la détresse humanitaire est alarmante.
Le président Poutine et ses complices ne peuvent agir en toute impunité. Depuis 2014, le Canada, en collaboration avec ses partenaires, a imposé des sanctions qui ont durement éprouvé plus de 1 750 personnes et entités de la Russie, de l’Ukraine et du Bélarus. Et, aujourd’hui, nous annonçons l’imposition de nouvelles sanctions à 62 personnes de plus et à une entité du secteur de la défense qui sont complices de la guerre menée par la Russie en Ukraine. On devrait tous s’inquiéter sérieusement des conséquences de cette guerre, autant en Ukraine que dans le reste du monde.
Je pense entre autres à l’inflation ainsi qu’à l’insécurité économique, énergétique et alimentaire. Par l’intermédiaire du FMI, nous avons récemment offert un prêt de 450 millions de dollars à l’Ukraine pour l’aider à se procurer du mazout en prévision de l’hiver. Nous avons maintenant décaissé la somme de 1,95 milliard de dollars que nous nous étions engagés à prêter cette année. Sur le plan de la sécurité alimentaire, le Canada a proposé une initiative de concert avec l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, et nous investissons 52 millions de dollars pour corriger l’insuffisance des capacités d’entreposage de céréales en Ukraine.
J’aimerais répéter encore une fois que nous n’imposons aucune sanction relativement aux aliments. Quand le régime russe met la crise alimentaire mondiale sur le dos des sanctions, c’est de la désinformation. Nous devons continuer de lutter contre la désinformation russe. C’est pourquoi le Canada mettra sur pied une équipe dont la tâche sera d’accroître la capacité à surveiller et à détecter la désinformation menée par la Russie ou parrainée par d’autres États. Cette initiative nous permettra de resserrer la collaboration internationale, notamment dans le cadre du Mécanisme de réponse rapide du G7.
Le Canada offrira aussi d’autre soutien à des institutions du secteur de la sécurité ukrainien dans le cadre de deux différents projets.
Le premier projet vise à appuyer la police nationale et les services d’urgences de l’Ukraine, notamment en leur fournissant du matériel et des articles essentiels.
Et le deuxième projet vise à offrir un soutien et des conseils techniques au ministère de la Défense de l’Ukraine.
On ne doit pas s'habituer à cette guerre de la Russie et à ses horreurs. On doit continuer d'être là pour nos amis ukrainiens. Merci de m'avoir donné l'occasion de parler aujourd'hui et merci à tous et à tous les participants de continuer à faire leur part!
Notre soutien à l’Ukraine et à la Crimée demeure inébranlable. Et c’est pourquoi je suis si heureux d’être ici, aujourd’hui, en compagnie de mon ami, le chancelier de la République fédérale d’Allemagne, Olaf Scholz.
DMYTRO KULEBA (ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine) : merci, Votre Excellence, et bien sûr nous donnons maintenant la parole au chancelier fédéral d’Allemagne, Olaf Scholz. Monsieur, je vous en prie.
OLAF SCHOLZ (chancelier d’Allemagne) : Monsieur le Président. Justin. Mes chers collègues et amis de l’Ukraine. Merci beaucoup de m’avoir invité au Sommet de la Plateforme pour la Crimée cette année. Huit ans après l’annexion illégale de la Crimée par la Russie et six mois après le début de la plus récente guerre d’agression éhontée de la Russie, le moment est très bien choisi pour se réunir entre partenaires dans le cadre de ce forum important.
Aujourd’hui, au moment où nous commémorons les victimes du stalinisme et du fascisme, nous affirmons clairement, une fois de plus, que la communauté internationale n’acceptera jamais l’annexion impérialiste illégale par la Russie d’une portion du territoire ukrainien. La guerre d’agression non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine s’est heurtée à la défense courageuse menée par le peuple ukrainien. Ce peuple a tout mon respect. Le monde entier admire sa détermination et sa bravoure. Ce peuple rejette l’idée d’un monde où la force fait loi, mais les grandes puissances peuvent engloutir les plus petits États si elles le souhaitent. Cependant, ce sommet démontre que les partenaires de l’Ukraine sont plus unis que jamais en ce moment. Je peux vous assurer aujourd’hui, tout comme à Elmau lorsque j’ai rencontré mes homologues du G7, que l’Allemagne appuie fermement l’Ukraine et le fera aussi longtemps que l’Ukraine aura besoin de soutien.
De concert avec nos partenaires, nous maintiendrons nos sanctions sans précédent. Nous offrirons un soutien financier à l’Ukraine. Nous continuerons de lui envoyer des armes. Nous lui envoyons d’ailleurs un nouvel arsenal, qui contient un autre système de défense aérienne moderne, des lance-roquettes et des tonnes de munitions, des dispositifs contre les drones et des véhicules blindés de dépannage. Nos hôpitaux continueront de traiter les Ukrainiens blessés. De plus, nos frontières, nos écoles et notre marché du travail resteront ouverts à tous ceux qui doivent fuir la terreur de la Russie.
Qui plus est, en collaboration avec nos partenaires et nos alliés, nous avons intensifié nos démarches auprès de pays tiers afin de renforcer encore plus le soutien international offert à l’Ukraine. Sous la présidence allemande du G7, l’Argentine, le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Inde et l’Indonésie ont été invités au Sommet d’Elmau en tant que pays partenaires et ont participé de près à nos discussions sur les répercussions de la guerre d’agression menée par la Russie.
Que ce soit par l’intermédiaire du G7, de l’Union européenne, des Nations Unies ou de la Plateforme pour la Crimée, nous poursuivrons nos démarches sur la scène internationale et mettrons en lumière la dimension mondiale de ce conflit. Nous condamnons les efforts réalisés par la Russie pour intégrer de force des portions du territoire ukrainien. Notre message est clair. Tout référendum bidon ou autre tentative visant à modifier le statut de certaines portions du territoire ukrainien ne seront jamais reconnus et écarteront toute possibilité de négociations.
C’est la Russie, avec sa guerre d’agression, qui est responsable de l’escalade de la crise alimentaire et de ses graves répercussions dans le reste du monde. Au sommet d’Elmau cette année, en réponse à cette crise, le G7 a fourni une somme supplémentaire de 4,5 milliards de dollars américains pour la sécurité alimentaire mondiale. Nous accueillons favorablement l’accord récemment conclu sous les auspices des Nations Unies sur les exportations de céréales par nos corridors maritimes sûrs.
Comme l’Union européenne, nous avons facilité les exportations de céréales par voies terrestres et maritimes, ce qui a permis l’exportation de plus de 8 millions de tonnes de céréales ukrainiennes entre le mois d’avril et la mi-août au moyen de nos « voies de solidarité ». Nous constatons aussi que des pressions sont encore exercées sur les capacités d’entreposage en Ukraine. Pour corriger cela, le Canada, l’Allemagne et le Japon financent à hauteur de plus de 60 millions de dollars américains un nouveau programme de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture.
Ce programme, mené en coordination avec le gouvernement ukrainien, offre à des exploitations agricoles de petite et moyenne taille des solutions d’entreposage temporaires et permanentes pour leurs céréales et oléagineux. De plus, la communauté internationale doit s’engager activement dans la reconstruction à long terme de l’Ukraine en étant consciente de l’ampleur du défi. Nous devons accélérer les travaux entamés à Lugano. Dans cette optique, et en tant que président du G7, je tiendrai une conférence internationale spécialisée de haut niveau sur la reconstruction en collaboration avec la Commission européenne à Berlin au mois d’octobre.
Nous voulons tirer parti des connaissances internationales à cet égard le plus tôt possible et faire avancer les propositions déjà présentées.
Mesdames et Messieurs, je suis certain que l’Ukraine traversera les heures sombres de la guerre parce que c’est un pays fort, courageux et uni dans sa lutte pour l’indépendance et la souveraineté et parce qu’il a des amis en Europe et partout dans le monde. J’espère que mes collègues et mes amis ukrainiens auront droit à des festivités en toute sécurité pour leur fête nationale de l’indépendance, demain.
Merci.